Les grandes grandes vacances 5
- Tu enterres la radio?
- Oui, les allemands ne veulent pas qu'on écoute les informations venues de Londres. Un de ces jours, ils vont passer par ici la confisquer.
Ce jour-là, la peur est entrée dans nos vies, la transformant à jamais.
- Pétain... Pétain... c'est pas le vieux général de la guerre de 14 ?
- Oui... Tu te souviens, on l'a appris en classe !
- Pétain... Pète un coup, oui !!!
Cette nuit-là, j'ai à nouveau fait de terribles cauchemars. La bête m'attendait au sommet de la colline... Dans les hurlements du vent, des millions de voix infernales psalmodiaient sans fin un nom que je comprenais enfin... Les entrailles de l'enfer s'étaient déchirées et vomissaient sur moi la lave brûlante de l'horreur.
- La pauvre... C'est qu'avec un cochon, tu nourris toute une famille pendant des mois !
- QUOI ? Ils mangent les cochons ?
- C'te question ! Toi aussi, t'en manges ! Le jambon, le saucisson, le pâté... Tu crois que ça vient d'où ?
[p21]
"Tu ne trouves pas qu'il a des yeux bizarres, ce chat ?
- Tu as remarqué aussi ? Je connais les chats aux yeux jaunes ou verts, les siamois aux yeux bleus...mais je n'avais jamais vu de chat aux yeux d'argent ..."
(p.9)
Ce jour-là, nous avons marché des heures... Nous étions tellement nombreux sur la route... Comme si toute la région avait décidé de déménager en même temps !
[p10]
A ce moment-là, nous avons compris que nous ne reverrions pas nos parents avant longtemps. Mais mon grand frère Ernest et moi étions incapables d'imaginer toutes les aventures que nous allions vivre pendant ces grandes grandes vacances...
- Vous savez ce qu'il y a de plus bête qu'un garçon ? DEUX garçons !
[p33]
Son raisonnement sur la relation possible entre les bêtes égorgées et la multiplication des chats m'a vraiment troublé. Il y a quelques jours encore, cette idée m'aurait juste fait rire. Mais il y a quelques jours, il n'y avait pas de chats noirs autour de la maison. Et mes nuits n'étaient pas traversées de rêves angoissants remplis de cris et de flammes. Des rêves d'enfer dont il ne reste au matin que de vagues images et un mal-être profond.