Ses doigts se faufilent sous mon tanga pour titiller mon clitoris. Lorsqu’il s’apprête à goûter à mes chairs intimes, son portable se met à sonner et le coupe dans son élan. Je grogne pour lui montrer mon mécontentement alors qu’il jette un regard par-dessus son épaule.
— Vu qu’avec les bonnes manières ça ne fonctionne pas, c’est simple ! Tu vas bouger ton petit cul bandant de ce transat, car ton mari m’a demandé de te promener. Jouer au baby-sitter me fait déjà bien assez chier comme ça, donc sois un peu sympa et écoute ce qu’on te dit, merde ! C’est assez clair ? On peut y aller maintenant ?
Elle m’observe avec son regard bleu perçant, totalement abasourdie. Eh ouais, ma cocotte, moi aussi je peux m’énerver. Je ne lâche pas ses iris. Kaya peut me sortir ses airs de poupée canadienne, je ne céderai pas, jamais ! Même si ça me gonfle de la trimballer, pour ma fierté, elle doit accepter.
Si on appose deux miroirs l’un à côté de l’autre, dans le premier il y aura le reflet d’une famille heureuse avec la joie comme maître mot. Tandis que dans le second, il y aura juste l’image d’un type seul dégageant une aura aussi noire que son âme. Nous sommes l’exemple même de deux exacts opposés. Ce bonheur flagrant, et qui donne envie à tant de gens, je ne le représente pas et surtout, je ne le veux pas. Alors s’ils sont heureux avec leurs quatre mômes, leur mariage, leur immense maison et leur chien, grand bien leur fasse, moi ça ne m’intéresse pas.
Apprécier ce qui nous entoure, la beauté de la nature et les gens. Je ne demande pas grand-chose, juste à avoir du temps pour nous, nous éloigner de notre quotidien, pour profiter du couple que nous formons. Son travail est une partie intégrante de lui ; en épousant Allan, je l’ai aussi épousé. En soi, ça ne me dérange pas, car nous exerçons le même. Alors oui, le job nécessite du temps et de la rigueur. Je comprends aussi que de ne pas plaider un dossier soit frustrant, seulement les collaborateurs sont là pour prendre le relais en cas de besoin.
Je l’avais prévenue que ce ne serait que du cul et rien que du cul. Elle devrait déjà s’estimer heureuse de se faire sauter par celui que je suis.
Entre nous, c’est du bon temps, rien d’autre. La prendre dans tous les sens est excitant, jouissif, et ses gémissements me prouvent que pour elle aussi. Nous nous complétons sur le plan sexuel. Du moment que je peux me vider en elle lorsque j’en ai besoin, ça me va. De toute façon, elle ne dit jamais non. C’est facile avec elle, je lui fais faire ce que je veux, quand je veux. Elle est à ma merci.
Bordel, si elle m’avoue qu’elle n’a jamais vu une queue de sa vie avant son mariage, nous risquons de finir dans le fossé. Une femme aussi bonne n’est plus encore vierge ! Et surtout, Allan me l’aurait dit ! Du coin de l’œil, j’analyse son physique proche de la perfection. Sa robe courte dévoile ses jambes fuselées, son décolleté laisse imaginer une poitrine généreuse sans pour autant que ça ne soit trop opulent, et l’air détendu qui enjolive ses traits la rend plus appréciable. Donc définitivement, non elle n’est pas vierge ! Impossible.
Visiblement, jouer au petit mec est plus facile que d’assumer ce geste innocent. Les gosses finissent par s’éloigner alors que Nina, la doyenne, effectue quelques pas vers nous, appuyée sur une canne. Elle me serre dans ses bras et n’hésite pas une seconde à en faire de même avec celle qui m’accompagne, laquelle se crispe de surprise avant de lâcher prise. Nina est certainement la femme la plus forte que j’aie jamais rencontrée. Cet endroit, c’est chez elle et malgré sa pauvreté, elle ne partirait pour rien au monde.
En petite robe d’été et en sandales, elle n’a pas vraiment la tenue adéquate pour l’endroit où nous allons, mais pour mon plus grand plaisir, je peux mater ses longues jambes fines. Après deux minutes de marche, durant lesquelles Kaya n’a cessé de me demander où nous allions, des cris et des rires nous parviennent. Nous effectuons une dizaine de pas avant de voir des enfants jouer au foot avec un ballon usé. Cela ne semble pas les déranger, vu les sourires sur leurs visages malgré le jeu fatigué.
Ça n’a rien à voir avec de la jalousie, car ma façon de vivre, je l’ai choisie. Je préfère coucher à droite, à gauche, plutôt que me poser. La stabilité, ce n’est pas mon truc. S’attacher, c’est montrer ses faiblesses, ouvrir son âme à une autre pour finalement s’en mordre les doigts, avoir une faille supplémentaire. La distance, l’indifférence, c’est ce qui me ressemble, me caractérise. Je peux paraître froid, égoïste, ça m’est égal.
Il est juge depuis des années et a un certain talent pour la persuasion. Lorsqu’on s’y confronte, on en ressort rarement indemne. Visiblement, elle y est arrivée. Je me demande ce qu’elle fout avec Allan. C’est une fille qui semble avoir besoin de défis et d’être défiée. Pas de quelqu’un qui va tout lui apporter sur un plateau d’argent. Elle paraît assez intelligente pour contrer un homme qui est un juriste hors pair et sans pitié.