Le Coupable idéal (2019) - bande-annonce
Quand j'ai commencé à consulter les recherches menées au sujet des faux aveux, je me suis rendu compte à quel point ceux-ci étaient courants. Et il ne s'agit aucunement d'un phénomène récent. Suite à l'enlèvement en 1932 du nouveau-né de Charles Lindbergh ,le célèbre aviateur ayant pour la première fois traversé l'Atlantique en solitaire ,plus de deux cents personnes se sont rendues à la police pour se prétendre coupables. Presque autant ont, au fil du temps, avoué le meurtre du ministre d'Etat suédois Olof Palme.
1- Le patient n’a-t-il eu aucun souvenir des faits pendant un long moment ? Ces souvenirs ont-ils « refait surface » au cours du processus thérapeutique ? Si oui, il y a de grandes chances qu’il s’agisse de souvenirs inventés.
2- Les entretiens se penchant sur ces souvenirs ont-ils été enregistrés ? Si oui, il est possible d’analyser toute influence exercée. Sinon, il se peut que le thérapeute ne puisse isoler l’interaction ayant mené à de faux souvenirs.
3- Les suspicions s’appuient-elles sur autre chose que sur les propres déclarations du patient (empreintes digitales, tests ADN, preuves matérielle) ? Si ces déclarations sont les seules sources de suspicion, il convient alors de les analyser en détail afin de déterminer si ces informations ont pu être tirées de sources extérieures, par exemple des médias.
S’il y a le moindre risque que des souvenirs aient pu voir le jour au cours de la thérapie, les déclarations du patient doivent être soumises à l’expertise d’un psychiatre ayant suivi une formation universitaire dans le domaine de la psychologie des témoins. […] Si le verdict de la cour se fonde sur de tel souvenirs sans avoir procédé à l’analyse recommande il y a risque d’erreur judiciaire.
Nils Wiklund.
Psychiatre agrée,
maître de conférences en psychiatrie légale, spécialiste en psychiatrie clinique.
Les critiques d'Astrid Holgersson incriminaient également Sven Ake Christianson, dont les interventions dans l'enquête furent qualifiées d'immorales et non scientifiques, l'expert de la mémoire cherchant, "à force de suggestions et de manipulations" ,à tirer de Quick un récit n'allant pas à l'encontre des faits établis sur le meurtre . Holgersson attira également l'attention sur le fait que Christianson remplissait un second rôle professionnel du côté de l'accusation ,tout en servant les tribunaux "en qualité d'expert capable d'évaluer la valeur de ses propres découvertes dans l'enquête" .Endosser ces deux rôles en même temps était tout simplement immoral, d'après Holgersson.
Tout commença avec un article du DN Debatt de Dan Larsson, un ancien mineur de Malmberget reconverti en reporter chargé des affaires criminelles pour le Norrlandska Socialdemokraten. Il avait couvert les procès pour le meurtre des époux Stegehuis et celui de Charles Zelmonovits et était persuadé de l'innocence de Quick. Dans son article, Larsson pointait du doigt un certain nombre d'éléments perturbants, parmi lesquels le fait que l'enquête ait toujours été menée par le même petit groupe soudé d'individus. Il souligna également que pour chaque meurtre dont il était accusé, Quick avait désigné un complice dont l'implication était fortement incertaine.
Lorsqu'un meurtre dont l'enquête s'est étirée sur une longue période est enfin résolu, on se rend généralement compte que l'auteur du crime est apparu au moins une fois au cours de l'investigation. Mais ce n'était pas le cas cette fois. Nulle trace de l'homme qui, dix ans plus tard, avoua le meurtre. Un autre détail perturba les enquêteurs : Thomas Quick ,jusqu'alors connu pour tuer uniquement des jeunes garçons, prétendait soudainement avoir brutalement assassiné au couteau un couple de trentenaire.
D'après Wiklund, le principe de confrontation était complètement absent des procès de Quick, puisque le procureur et l'avocat partageaient le même point de vue. Son observation pouvait également s'appliquer au procès en cours, l'avocat Claes Borgstrom revendiquant non seulement la culpabilité de son client ,mais invitant également les journalistes ,les psychologues et les juristes prenant part au débat à "réfléchir à la portée de leurs déclarations".
Aucun lien n'avait encore était établi entre Quick et les meurtres avoués, pas plus qu'il n'avait été jugé ni condamné, mais cela n'empêcha pas les médias de le proclamer coupable. Ses parents subirent le même traitement ,les accusations de viol, de violences et de tentatives de meurtre à l'encontre de leur fils étaient acceptées comme des vérités.
Les frères et sœurs de Thomas Quick ,ainsi que ses neveux et nièces, furent désemparés et scandalisés par les horreurs racontées dans les médias sur la cruauté parentale. Dans la famille Bergwall, Sture devint un sujet tabou. Si nécessaire ,on faisait référence à lui par "TQ". Sture Bergwall n'existait plus.
Plus il racontait des horreurs, plus on l'écoutait et on le récompensait avec des médicaments.
J'ai observé la main qui, à en croire la personne à qui elle appartenait, avait tué au moins trente êtres humains.
Sa main était moite quand je l'ai serrée.
Les gardiens avaient disparu.
J'étais seul avec le cannibale.