Après notre entretien avec Chloé Deschamps, créatrice du compte Instagram @aquoibonlespoetes, nous poursuivons notre exploration de l'univers poétique.
Dans la 2ème partie de cet épisode spécial Poésie, nous sommes en compagnie de Laure, libraire à Dialogues.
Bibliographie :
- le Pas d'Isis, de Jeanne Benameur (éd. Bruno Doucey)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130380-le-pas-d-isis-jeanne-benameur-editions-bruno-doucey
- Made in woman, d'Hélène Dassavray (éd. La Boucherie Littéraire)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/16144462-made-in-woman-helene-dassavray-la-boucherie-litteraire
- Prends ces mots pour tenir, de Julien Bucci (éd. La Boucherie Littéraire)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20480403-prends-ces-mots-pour-tenir-bucci-julien-la-boucherie-litteraire
- Faiseur de miracles, de Fadhil Al-Azzawi (éd. Lisières)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/15531936-faiseur-de-miracles-suad-labiz-ed-lisieres
- Brûler, Brûler, Brûler, de Lisette Lombé (éd. L'Iconoclaste)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/17378935-bruler-bruler-bruler-lisette-lombe-l-iconoclaste
- Des Frelons dans les coeurs, de Suzanne Rault-Balet (éd. L'Iconoclaste)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/17378693-des-frelons-dans-le-coeur-suzanne-rault-balet-l-iconoclaste
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Et puis l’amour
Tous un peu écorchés
tous une peine intérieure
tous régulièrement face à l’impensable
tous quelque chose de cassé
Chacun règle l’angle de vue
chacun sa combine avec la mort
chacun sa part
Dans un monde globalement barbare, il est réconfortant de savoir qu'entre le moment où ils se sont rencontrés et celui où ils se sont perdus, ils se sont aimé.
[citation d'ouverture que l'on doit à Enki Bilal]
Sans être une autre
Je n'aime pas celle que tu aimes
Je ne l'aime pas
Même si c'est moi
C'est le moi que je n'aime pas
Trop docile
Trop curieuse
Trop fragile
Même si c'est moi
Ce n'est pas moi
Bien trop soumise
Bien trop taiseuse
Ce n'est pas cette femme là
Que j'attends de moi
Cette femme là
Perdue en toi
Trop amoureuse
Subordonnée
A son désir
A ton plaisir
Je ne l'aime pas
Je n'aime pas celle que tu aimes
Même si c'est moi
Toussaint
Trois magnifiques roses jetées
sur le cercueil de l'absolu
il retourne à ses affaires
D'un œil pluvieux
elle contemple les fossoyeurs
réalisant l'absence de certitude
qu'il y ait assez d'air sur cette planète
pour lui permettre de reprendre son souffle.
Déroute
Éloignée de toi comme l'on se sauve
Retrouvée à la dernière station
Les warnings allumés
Le champ de bataille dévasté
Les draps sur les traits tirés
Reconstruire les routes
Remettre en selle
Les rêves désarçonnés
La belle échappée
Sans le savoir elle sait
Qu'il la tient enfermée
Dans ce qu'il sait des femmes
Planqué le jour de l'évasion
Derrière ses lunettes noires
Il ne la calcule pas
Occupé à compter
La palanquée
De menus fretins
Qu'il garde sous la main
Par quatre chemins
D'abord la grille
Et l'interphone
Ensuite le code
La porte blanche
C'est la clé ronde
Pour la suivante
Au moins blindée
Est la dernière
Il est derrière
Un homme
Ou un rat
Prisonnier
Comme toi et moi
De tout ce qu'il garde
Prisonnier
De tout ce que l'on ne donne pas
Une femme voit couler son sang à chaque lune,
peut-être est-ce pour cela
qu'elle éprouve moins le besoin
de verser celui des autres.
Les adieux
Pleurer ton absence
C'est rester avec toi
Maintenant je vais t'oublier
Un petit peu, puis un plus grand peu
Je ne sais pas jusqu'où
Je vais t'oublier
Je ne sais pas jusqu'à quelle profondeur
De mon épiderme
Tu m'as colonisé
(P42)
À Nadia Valori-Gauthier
Une femme danse
Une femme danse une minute par jour
Des femmes dansent sur la place
des femmes dansent à ta place
en face de la violence
les femmes dansent
le courage dans le corps
les femmes dansent
ainsi la vie
Des femmes dansent sur la place
des femmes dansent à ta place
Quand les femmes ont dansé
dit la légende
quand les femmes ont dansé
le monde est à sa place