Au lieu de servir à notre lecteur une théorie aride, avec une oasis de quelques rares reproductions, faisons-lui grâce, — et il nous approuvera, — des considérations ex cathedra et parlons en simple amateur {passionné, mais fort capable d'hérésie, ce qu'on voudra bien nous pardonner; la reliure est par excellence une matière fertile en erreurs : tel qui s'y croit fort, s'y trompe, à commencer far les relieurs eux-mêmes. De celui qui n'aura jamais péché ou dit d'énormité sur le sujet, nous recevrons sans nom plaindre la première pierre). Nous ne donnerons pour ainsi dire qu'une légende, accompagnant une série très développée de reproductions caractéristiques.
En d'autres termes, nous ouvrons une nouvelle salle dans le Musée de la Reliure, si richement commencé pour les reliures anciennes par les planches annexées par centaines aux récents traités, aux catalogues de librairies et de ventes publiques.
ABOYEUR DE VOITURES
C’est le métier de ceux qui n’en ont pas et qui vivent des hasards de la rue, un métier qui n’exige de ses adeptes que de bonnes jambes, des poumons solides, et l’accent de Belleville et de Montmartre.
ALLAIS (Paul), né à Paris le 13 avril 1837.
Graveur, fils de graveur, triplement petit-fils de graveurs et de graveuse, arrière -petit -fils de graveur : voilà , certes , une belle généalogie
artistique. Son arrière-grand-père est Pierre-Claude Briceau, mort en 1795, peintre, et qui a gravé à la manière du crayon une petite pièce de Baudouin (les Plaisirs réunis), et une autre, très voluptueuse, d'après Lainé (l'Agréable Repos).
La fille de Briceau, Angélique, qui épousa Jean-Louis Allais , gravait fort bien en couleur ; elle a publié, à l'époque de la Révolution, une série de grands médaillons de Rousseau, Mirabeau, Chalier, Lepelletier, Marat, Charlotte Corday, Barra et Viala ; puis les Vingt-cinq Préceptes de la Raison, et plus tard, des Vues de jardins. Elle est morte en 1827.
Jean-Baptiste Fosseyeux , grand-père maternel de notre artiste, est élève de Nicolas de Launay, et s'est fait connaître par diverses estampes de la Galerie du Palais-Royal et du Musée Français, notamment par une reproduction de la Femme hydropique de Gérard Dow. Nous venons de dire que sa fille épousa J.-A. Allais. Paul Allais, élève de Drolling et de son père, a commencé par graver, comme ce dernier, par le procédé de burin joint à la manière noire. Depuis il a eu recours, tantôt à ce procédé mixte, tantôt au burin seul. C'est un des graveurs accrédités de notre époque , pour les reproductions de tableaux remarqués aux Salons, publiées par les grandes maisons qui font le commerce des estampes. Il a gravé à lui seul une partie importante du fonds de l'éditeur Bulla.
Vu le nombre immense des articles qu'elle renferme, _ plusieurs millions, - on peut, sans enflure, appeler la Bibliothèque Nationale un océan de livres; océan sans évaporation qui, au contraire du tonneau des Danaïdes, ne laisse jamais rien perdre, et reçoit, reçoit constamment, de sorte que son niveau monte, monte chaque jour !
SAINT-MARTIN (Paul de), peintre. - À reproduit ses tableaux de paysages en un album lithographié sous le titre de œuvre de Paul de Saint-martin, vers 1857. - Autre album : Poésies des champs. - Cours de paysage.
BASSET, marchand d'estampes à Paris.
Les collectionneurs d'estampes révolutionnaires trouvent encore à glaner quelques pièces intéressantes dans le fonds de Basset. Mais à partir de l'Empire il ne fournit plus que des images d'une extrême vulgarité ; des costumes militaires , des placards représentant les maréchaux, etc.
Nous signalerons, au point de vue de la mode, une caricature sur la Nouvelle manière d'essayer les culottes de peau (il faut quatre personnes et deux treuils pour les faire entrer) ; elle ne manque pas d'humour.
LE FONTAINIER
Turlututu Turlututu, et la trompette du fontainier, au ton suraigu, vous entre de force sa chanson dans l’oreille ; note gaie de la rue, à Paris, mais qui est en train de disparaître. Partout maintenant, jusqu’au dernier étage des hautes maisons neuves, l’eau de source arrive à portée de la main ; partant plus de fontaines en grès et plus de raccommodeurs de robinets.
Une illusion à détruire en passant. Le public est tenté de considérer le dépôt légal comme un moyen certain et infaillible de possession pour la Bibliothèque. Or, il n'en est rien dans la pratique,et voici où est le défaut. La loi du dépôt légal oblige l'imprimeur à déposer l'imprimé - tel qu'il l'imprime-; elle ne l'oblige pas à déposer le livre - tel qu'il est édité- (p. 25)
Au moment de rappeler les grands exploits, les performances bibliophiliques que notre génération vit s'accomplir sous ses yeux, une invocation à la Muse serait tout à fait en situation. Mais elle est bien « vieux jeu », l'invocation à la Muse ! Aussi la remplaçons-nous par un moderne coup de clairon.
Sonnez la charge! Nous voici en 1871, les bibliophiles sont frémissants, leurs budgets pléthoriques, leurs porte-monnaie chargés à mitraille, les livres prêts à défiler, les enchères à monter. Tara, tarala, tatarata!
GUÉRIN (Christophe) , de Strasbourg, né en 1758, fils d'un graveur de coins; élève de son père et de Muller. Il fut professeur de dessin à Strasbourg, et conservateur du musée vers 1830.