Quant à ces jeunes amoureux du livre, pratiquant la bibliophilie sous une nouvelle forme, les vénérants les regardaient de l'oeil dédaigneux de Clavaroche toisant Fortunio. Ce qui, on le sait, est un tort. Ils appelaient les nouveaux venus, membres de la Société des Amis des Livres et autres : les minores.
Il faut dire que la bibliophilie est, de tous les collectionnismes, le plus fermé au sentiment de l'art. A manier tableaux, bronzes, médailles, ciselures, céramiques, bref, tous les objets où intervient le dessin, on arrive forcément à quelque teinture d'art. Mais le livre non illustré est, sous ce rapport, fort desséchant, et l'esprit semble se rétrécir plus que s'étendre à son contact prolongé. Aussi, quand survient l'illustration, on n'est pas apte à la juger.
Le vrai plaisir du collectionneur n'est pas de posséder, c'est d'acheter : de chasser, de fusiller le gibier. Ce n'est pas d'engloutir une fois un morceau de trente mille francs et d'aller le digérer comme le boa, en se retirant du marché pendant de longs mois; c'est d'acheter souvent, constamment. « Donnez-nous notre livre de chaque jour », telle est la prière d'un bibliophile. Or, le gibier abondait, et à quel prix!
BRAQYEMOND (Felix), tient une place considérable dans la gravure contemporaines ; c'est des artistes qui ont le plus puissamment contribué à relever en France l'eau-forte originale.