Elle était pauvre et de temps en temps acceptait de l'argent. Comment vivait-elle ? John ne la surprit jamais à faire de la cuisine, elle n'allait pas au restaurant. Souvent elle cousait, une fois elle lavait du linge. Mais surtout elle s'occupait à polir, à oindre sa propre statue, tout en veillant sur son bien, deux malles légères de robes et de dentelles avec quelques bijoux.
Je sais qu'un sculpteur connu, qui est mort, l'avait eue pour maîtresse. Elle s'en souvenait certains soirs, quand elle ouvrait les malles, en les respirant, pour se faire belle. Elle l'était alors splendidement, et son corps, du tissu et des parures qu'il gonflait, faisait de la chair encore - "A ces moments-là, m'a dit John, mon imagination lui élargit ses bracelets et les fait glisser sur elle toute..." Au matin, le petit logis banal, cette femme trop belle pour son âge, inconsciente et détendue, ne peuvent inspirer que déception et remords, tristesse qu'on n'exprime pas.
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Amours
Alexandre Dumas, c'est tout d'abord un nourrisson des bois, des rivières, d'une clairière dans une grande forêt; c'est ensuite un gamin entré dans le monde des oiseaux et qui pratiquera la chasse avant l'âge. Ce sera bientôt un adolescent familier des pelouses et des ronds-points, reçu dans de vieux châteaux Louis XIII entourés de parcs, amoureux d'un essaim de fraîches jeunes filles. La vie de ce garçon prendra et gardera pendant des années un caractèe de franche, saine, éclatante idylle, comparable dans notre histoire littéraire aux jeunes années de Rétif de la Bretonne et à celles de Gérard de Nerval.