François Maspero
- François MASPERO, éditeur : les livres interdits publiés par lui ; la surveillance exercée sur lui par la
police ; pourquoi il ne se considère pas comme un révolutionnaire ; comment il conçoit son métier d'éditeur ; son passé de militant de gauche ; ses études ; la mort de son père,
Henri MASPERO, à Buchenwald et de son frère dans le maquis ; ses débuts de libraire ; ses
origines,...
Il est impossible de conter ici en détail la légende du dieu ; elle tient la plus grande partie du plus célèbre et du plus populaire des romans chinois, le p.312 Roman des Trois Royaumes. La scène la plus célèbre, celle que le théâtre représente le plus souvent, est le « Serment des Trois dans le jardin des Pêchers ». Lieou Pei, le futur empereur, fondateur de la dynastie des Han de Chou (Sseu-tch'ouan, un des trois royaumes ; les deux autres étant Wei, bassin du fleuve Jaune et Nord de la Chine, et Wou, bassin inférieur du fleuve Bleu et provinces du Sud) vivait pauvrement avec sa mère veuve et gagnait son existence à faire des souliers et des nattes, quand, un jour, il vit une affiche appelant des hommes de courage pour combattre les rebelles Bonnets Jaunes ; et, après l’avoir lue, il se retirait en soupirant, quand il s’entendit appeler et vit un homme extraordinaire, un colosse à la tête de léopard, à la barbe de tigre, aux yeux ronds, à la voix pareille au roulement du tonnerre : c’était le riche boucher et marchand de vin Tchang Fei, qui lui proposa de s’unir à lui pour répondre à l’appel du gouverneur. Tous deux entrèrent dans une taverne pour discuter leur projet, et, pendant qu’ils buvaient, survint un homme d’aspect terrible qui, en entrant, annonça son intention de s’enrôler lui aussi. Lieou Pei et Tchang Fei le firent asseoir auprès d’eux, et, quand il eut dit son nom, Kouan Yu, et raconté son histoire, ils lui découvrirent leurs desseins, après quoi tous trois allèrent à la maison de Tchang Fei. Derrière la maison était un petit jardin de pêchers, et les arbres étaient tous en fleur ; ils y allèrent pour causer, puis, sur la proposition de Tchang Fei, ils se jurèrent mutuellement d’être frères, en offrant au Ciel un cheval blanc et à la Terre un bœuf noir. Puis ils partirent à la ville du gouverneur, emmenant avec eux une bande de jeunes gens de leur entourage.
Il suffit d’avoir pensé une seule fois avec concentration à Amitâbha pour être sauvé : aussi son culte est-il très répandu. Il y a une cinquantaine d’années, Edkins a vu, dans un grand temple, des religieux qui se faisaient enfermer plusieurs mois dans une salle obscure afin de s’adonner plus complètement à la méditation et à la répétition du nom d’Amitâbha.
VI. Les Dix-Huit Arhats et les Huit Immortels
Il y a des groupes de personnages, les uns bouddhistes, les autres taoïstes, dont le rôle est de protéger la religion et d’instruire les hommes. Les premiers sont les Dix-Huit Arhats, (che-pa lo-han), ou encore, en grossissant le nombre, les Cinq cents Arhats ; les seconds sont les Huit Immortels (pa-sien).
Les dieux chargés de s’occuper de l’homme
individuellement
I. Kouan-ti
Dans son rôle de régent du monde terrestre pour l’Auguste de Jade, qui lui appartient depuis longtemps, le Grand Empereur du Pic de l’Est est en passe de se voir supplanter par une divinité d’origine récente, mais qui a pris une importance prodigieuse, l’Empereur Kouan, Kouan-ti. On ne se le représente pas, ainsi que le Pic de l’Est, entouré d’une bureaucratie considérable chargée de tout enregistrer, mais plutôt comme une sorte de paladin toujours prêt à intervenir contre tous ceux qui troublent la paix du peuple, ennemis étrangers, rebelles intérieurs, sorciers ou mauvais esprits de toutes sortes, animaux malfaisants. Aucun démon n’ose lui résister ; tout maléfice est rompu dès que son nom est prononcé, même la seule vue d’un acteur jouant son rôle au théâtre met en fuite les revenants.
Dans le peuple, la divinité de la Petite Vérole, Teou-chen, est une des plus craintes. On dit qu’elle est particulièrement chargée de punir l’infanticide, fréquent dans certaines provinces où on noie beaucoup de petites filles à leur naissance, et qu’elle empêche les coupables d’avoir une postérité.
« Que j’ai peur ! Mes trois houen ne restent pas en place et mes sept p'o sont en pleine confusion ! Mais on considère chacun des deux groupes comme un tout, et on ne dissocie pas les houen les uns des autres (ni les p'o), de sorte que, pratiquement, tout se passe comme si les hommes avaient seulement deux âmes. Elles ne sont pas pareilles et ont des qualités et des attributions distinctes. Après la mort, elles se séparent : les p'o restent auprès du corps dans la chambre mortuaire, dont ils ne peuvent sortir à cause des dieux des Portes, tandis que les houen, emmenés par les satellites du Dieu des Murs et des Fossés, à qui leur mandat d’amener sert de passe auprès des dieux des Portes, commencent leur voyage vers le monde infernal et les renaissances futures.
III. Le Bodhisattva Ti-tsang (Kshitigarbha)
Pour délivrer les âmes des morts des supplices, on implore l’aide de Ti-tsang (c’est la traduction chinoise du nom sanscrit de Kshitigarbha), un Bodhisattva qui a reçu de l’Auguste de Jade le titre d’Instructeur des Régions Ténébreuses, et qui voyage sans cesse à travers les enfers pour secourir les damnés. Ti-tsang était, il y a des âges incalculables, un jeune brahmane qui, converti par le Bouddha de ce temps, fit vœu de devenir lui aussi un jour un Bouddha parfaitement accompli, mais pas avant d’avoir sauvé tous les êtres enfoncés dans le péché, de leur avoir fait franchir le courant de vie et de mort, et de les avoir conduits dans les Terres Bienheureuses.
VII. Les deux protectrices taoïque et bouddhique des femmes
Si la famille dans son ensemble, en tant que groupement, a une série de divinités protectrices, les femmes ont leurs patronnes spéciales qui s’occupent particulièrement d’elles et de leurs besoins. Suivant les régions, cette patronne est de type taoïque ou de type bouddhique : dans le premier cas, c’est la Princesse des Nuages Bigarrés ; dans le second, c’est « le Bodhisattva qui Écoute les Bruits », c’est-à-dire les plaintes et les prières des êtres vivants, Kouan-yin p'ou-sa p.327 (Avalokiteçvara) sous une forme féminine toute particulière et inattendue, « Kouan-yin donneuse d’enfants » (Song-tseu Kouan-yin).
Ô Bodhisattva des Ténèbres, dont l’excellence est inexprimable,
Dont les véritables Corps de Transformation sont en tous lieux à la fois,
Afin que ceux qui sont sur les trois (mauvaises) routes d’entre les six voies
(des renaissances) entendent la Loi merveilleuse,
Et que les dix classes d’êtres nés des quatre sortes de naissances soient
baignées de votre Bienveillance,
Vous dont la Perle précieuse éclaire les routes des Palais célestes,
Dont la Verge de métal ouvre les portes des Enfers,
Puissiez-vous daigner conduire l’âme du défunt,
Afin que sur la terrasse en fleur de lotus (c’est-à-dire dans le Paradis
d’Amitâbha) elle adore le Très-Miséricordieux.
Or, l’expression « Bodhisattva aux vêtements blancs », Po-yi ta-che, n’est pas un terme quelconque dû au caprice du dessinateur : c’est le nom d’une forme déterminée de Kouan-yin, forme féminine d’origine tantrique ; en fait, c’est le nom chinois de l’aspect doux de Târâ que les Tibétains appellent ordinairement la Târâ Blanche, mais dont les Chinois ont traduit exactement le nom sanscrit de Pândaravâsinî (vêtue de blanc) : on la représente vêtue d’une robe blanche, tenant une fleur de lotus blanc, pour symboliser la pureté du cœur qui, ayant émis le vœu de devenir Bouddha, reste fermement attaché à son vœu