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Citation de meslinoulautre


Nous les haïssons au point au point de vouloir les torturer, de vouloir laisser brûler la pellicule trop longtemps devant la lampe, en image fixe afin de nous en rassasier avidement tout en la disloquant, nous les haïssons au point de vouloir les défigurer, les mutiler, les rayer à la pointe d'une aiguille à même le film, pour qu'ils ne nous narguent plus, ces vilains mirages, ces trop beaux mirages. Car sans cesse tu me trompes avec elle et je te trompe avec lui ; je me trompe avec lui et tu te trompe avec moi. Le souvenir ne se raye pas si facilement.

L'appareil photo est bien un petit corps autonome, avec son diaphragme, ses temps d'ouverture et de rétractation, son boîtier comme une carcasse, mais il est un corps mutilé, on doit le porter sur soi comme un enfant, il est lourd, il se fait remarquer, on l'aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle.


On raconte que, pour rendre quelqu'un de rétif amoureux de soi, il suffit de laisser pourrir à son insu, sous son lit, une pomme verte dans laquelle on a planté des clous de girofle. La photo est une semblable manipulation, comme un sort que je te jetterais : en prenant ta photo je te lie à moi si je te veux , je te fais entrer dans ma vie, je t'assimile un peu, et tu n'y peux rien.
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