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3.71/5 (sur 7 notes)

Né(e) à : Allemagne , 1904
Mort(e) à : USA , 1984
Biographie :

Née en 1904 en Allemagne morte en 1984 aux USA Hilde Bruch était une psychanalyste et psychiatre spécialisée dans les troubles des conduites alimentaires.

Source : Wikipédia
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Que se passe-t-il dans ces familles qui fasse qu'un enfant échoue à vivre normalement ? La réponse n'est pas facile car les différents facteurs sont souvent très subtils. La plupart du temps, la famille présente, en surface au moins, l'image de personnes profondément attachées à l'enfant, s'efforçant de répondre du mieux possible à ses besoins éducatifs et culturels et de faire pour lui "ce qui est bien". Chez certains parents, une bonté exagérée peut être l'indice de difficultés sous-jacentes.
Les difficultés de ces familles rejailliront sur l'enfant dont le sentiment d'autonomie sera handicapé. Dans ces familles où tout semble bien marcher, j'ai souvent rencontré une totale indifférence totale aux désirs exprimés ou inexprimés de l'enfant. Fréquemment, la mère choisit les activités de son enfant, prévoit toute chose bien en avance et cherche à élever son enfant à sa propre image. Pour leur part, les enfants n'arrivent pas à acquérir un sentiment de leur propre personnalité et ont l'impression de vivre leur vie à travers la vie d'une autre personne. Ce genre de mère prétend comprendre parfaitement son enfant, connaître ses désirs et elle attribue à l'enfant ses propres sentiments. D'une certaine façon, ces malades n'ont jamais fait face à des situations familiales où leurs sentiments et leurs désirs étaient reconnus et respectés.
Une partie importante du traitement consiste à clarifier et à corriger les conclusions qui dérivent de ces expériences déformantes, qu'elles soient ou non justifiées et en accord avec les événements et les expériences vécues.
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Conversations avec des anorexiques illustre merveilleusement la méthode interactive de la thérapie pratiquée par le Dr Bruch. "Une participation active", c'était l'une de ses phrases favorites. Son but, c'était de faire de nous des participants actifs dans la vie, mais elle appliquait cette maxime à elle-même aussi. Les séances de thérapie étaient très différentes de celles que j'avais connues avec d'autres thérapeutes qui restaient silencieux, et qui pensaient que les malades devaient trouver des solutions par eux-mêmes. J'ai écrit dans mon journal : "Elle savait de quoi elle parlait et elle l'expliquait. Ou bien elle décrivait les symptômes d'autres malades qui avaient un rapport avec la conversation. Elle exprimait un savoir et une sûreté que je n'avais trouvés chez aucun autre médecin... Je pouvais entendre, reconnaître et accepter ses analogies bien que je n'aie pas pu exprimer les concepts aussi succinctement moi-même."
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Bien que parler de ses secrets espoirs l'ait aidée à trouver une certaine spontanéité, elle s'accrocha encore longtemps à sa discipline rigoureuse : "On s'engage à s'imposer cette sorte de discipline. Je ne pourrais pas imaginer vivre sans une discipline spéciale. Une fois qu'on l'a fait, il y a en vous un mécanisme de contrôle extrême qui vous condamne à continuer tout le reste de votre vie, du moins jusqu'à ce que votre corps se remette à fonctionner normalement."
Je lui dis alors : "Vous mettez les choses à l'envers. Aussi longtemps que vous exercerez cette discipline sur votre corps, il ne pourra fonctionner normalement. Je sais que vous êtes très fière de cette discipline et que vous poursuivez interminablement vos sacrifices pour continuer à être fière. Personne ne peut vous obliger à y renoncer mais aussi longtemps que vous vous glorifierez de ce que personne n'arrive à faire, vous devrez en subir les conséquences. Et tant que vous récolterez l'admiration et la reconnaissance des autres pour ce que vous faites, vous ne serez pas prête à y renoncer."
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Le Docteur Bruch souligne avec insistance l'absence abyssale d'estime de soi de ces malades-qu'on peut attribuer à l'extrême intrusion bien intentionnée des parents dans leur vie-à laquelle le thérapeute doit faire de façon permanente.
La majorité des malades décrites ici pensaient que l'essentiel était de faire plaisir à leurs parents en se comportant selon leurs aspirations pour elles, même si ces aspirations étaient en conflit avec leurs besoins et leurs ambitions.
Elles sont incapables d'exprimer ou même de reconnaître la colère profonde que fait naître en elles les exigences, parfois réelles, parfois imaginées, de leurs parents.
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La mauvaise interprétation et la fausse conception des sensations et des expériences corporelles s'expliquent relativement facilement. Pendant leur enfance, les anorexiques n'ont pas été encouragées à être honnêtes ou précises dans la communication verbale ou dans leurs opinions sur le monde.
Au contraire, on les a encouragées et félicitées parce qu'elles présentaient une façade artificielle. Logiques par rapport avec ces premières expériences, les malades décrivent leur sentiment de soi, de leurs corps et de leurs relations à autrui en termes honnêtes mais inexacts. Les thérapeutes qui ne se rendent pas compte de la façon dont une patiente a été élevée et de ses expériences antérieures, s'attachent exagérément aux déclarations "mensongères" et irréalistes, au lieu de considérer les déclarations de la patiente comme le fidèle reflet de son expérience passée. Une relation thérapeutique positive ne peut s'établir que lorsque le thérapeute se met au diapason avec la patiente. La malade anorexique ne peut faire de sensibles progrès dans la découverte d'une attitude moins douloureuse de vivre, lorsqu'une relation humaine chaleureuse s'établit entre elle et son thérapeute et lorsque leurs échanges verbaux revêtent le caractère direct et ouvert d'une conversation ordinaire. C'est ce qui m'a fait choisir ce titre : Conversations avec des anorexiques.
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A quelques exceptions près, les parents disent généralement qu'ils sont une famille heureuse et que l'enfant anorexique s'est toujours montré inhabituellement gentille, obéissante et toujours prête à faire ce qu'on lui demande. Au début, les malades prétendent généralement qu'elles n'ont pas connu de difficultés en famille et parlent avec admiration de la supériorité de leur famille et de leurs proches. Cela dit, il est essentiel de découvrir ce qui s'est passé dans la petite enfance de la malade à défaut de quoi, celle-ci risque de conserver ses idées fausses le reste de sa vie. A mesure que le traitement progresse et que la patiente modifie son attitude figée à l'égard de son passé et fait peu à peu confiance à sa propre conscience, cette image de perfection commence à s'effriter. Cette révélation des circonstances dans lesquelles l'enfance s'est déroulée, est un aspect fondamental du traitement de l'anorexique.
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Plusieurs mois plus tard, elle revint sur ce sujet mais dans un contexte différent : "Il faut que je trouve une excuse à tout ce que je fais. Je pense que lorsqu'on est déprimé et qu'on se met à perdre du poids... personne ne peut vivre de cette façon. C'est pourquoi on a besoin de se mentir à soi-même. Cela vous aide à tenir le coup, enfin, c'est mon cas... je pense que ça m'empêche de sombrer dans la dépression, tous ces mensonges que je raconte à moi-même et aux autres." Je lui fis remarquer que j'avais déjà entendu cela sous une autre forme : "Quand je suis malheureuse, je maigris et cela me donne l'impression d'être digne d'intérêt." Elle rétorqua : "C'est vrai, c'est toujours le même processus mensonger. Pour penser que je suis digne d'intérêt parce que je maigris, je suis obligée de me raconter des histoires, comme lorsqu'on prétend qu'on n'a pas faim alors qu'on est affamé !"
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L'explication d'Annette au sujet de sa perte de poids récent était typiquement anorexique. Elle avait pendant plusieurs semaines rendu visite à des amis et à des proches et s'était sentie obligée de maintenir son "image", c'est-à-dire celle d'une personne qui mangeait très peu. Elle expliqua qu'il lui était impossible de manger plus lorsqu'elle se trouvait avec une personne donnée qui l'avait vue manger très peu. "Conserver son image" aux yeux des autres lui importait au plus haut point et resta un grand problème tout au long du traitement. Par ce refrain, elle interdisait ou niait que se produisaient des changements considérables malgré elle. Il reflétait sa conviction profonde de ne pas avoir de personnalité ou d'identité propre, de se percevoir seulement à travers les yeux d'autrui, tandis qu'elle restait "vide", qu'elle n'était "rien".
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Nous avons beaucoup parlé des différents stades de la guérison.
Ida se souvint : "Ma première démarche positive, c'est quand j'ai eu envie d'être curieuse, je voulais voir "comment ce pouvait être autrement". C'était la période pendant laquelle je me comportais avec beaucoup de condescendance. Mais en dépit de cela j'ai compris que la vie était plus riche : "Bon je peux toujours essayer pendant quelque temps. Je verrai bien..." D'ailleurs c'était mon attitude quand je suis venue ici. Je trouvais un peu bizarre toute cette histoire parce que je pensais sur deux plans. Je pensais d'un côté m'observer en train de changer et d'un autre, et ça m'a frappé d'un seul coup-c'était l'époque où j'ai tellement maigri-, je ne pouvais pas me regarder en train de changer et de ne pas changer vraiment. C'était plus complexe que cela. J'ai compris que je ne pouvais pas jouer la comédie pour l'éternité. Je me disais : "Oh, je m'en tirerai toujours avec un compromis." Après, je me suis paniquée parce que j'ai compris que je ne pourrais pas faire des compromis éternellement. Il fallait que je montre quelque chose. Alors, j'ai grossi un petit peu, ensuite j'ai maigri de nouveau, puis repris du poids. La question de combien de poids je me permettrais de prendre voulait dire : "Quel est le minimum nécessaire pour obtenir un traitement psychologique ?" Puisque j'étais obligée de parler énormément, ce que je n'avais jamais fait avec personne et c'était agréable, j'avais envie de continuer."
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C'est avec tristesse et plaisir que j'écris ce texte sur l'ouvrage posthume d'Hilde Bruch. Avec tristesse car le monde a perdu un éminent professeur et un être admirable et avec plaisir car je sais que sa très grande contribution à la connaissance et au traitement de l'anorexie mentale se perpétueront grâce au présent ouvrage. En tant que professeur et chercheur clinicien, Hilde Bruch non seulement a exercé une profonde influence sur la psychiatrie et la médecine interne, mais elle a aussi réussi à transmettre son savoir aux non-professionnels par des ouvrages d'une lecture accessible et séduisante. Elle était douée de ce que Nietzsche appelait la vertu du Don.
Le Dr Bruch était surtout connue pour ses travaux sur les troubles de l'alimentation, par lesquels elle apporta une vision nouvelle de l'obésité et de l'anorexie mentale, mais elle fut également une spécialiste de premier plan du traitement des troubles schizophréniques et cette connaissance alliée à son grand savoir-faire contribua aux succès qu'elle obtint avec les malades anorexiques.
Théodore Lidz, Professeur de psychiatrie, Emeritus, Yale University
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