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Critiques de Hugues Micol (87)
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3

Ce livre est le premier livre de son auteur Hugues Micol.

Ses carottes de Patagonie à lui.

Un premier essai.

Un champ d'expérimentation.

Un apprentissage en direct.

Il ne faut donc pas trop chercher le sens de cette histoire. Un vaste ballet balistique et aérien en trois temps, opposant deux clans rivaux dans une mégapole d'inspiration asiatique.

Un peu comme dans Bourbon Thret de Miller et Darrow. Un feu d'artifice d'action sans le moindre enjeu.

3 est un exercice de style, une improvisation et un banc d'essai qui ne cherche pas autre chose que de multiplier les scènes les plus délirantes.

On sens plâner les ombres de Tsui Hark et John Woo pour l'action débridée.

Patfois, c'est Aeon Flux de Peter Chung qui s'impose à moi pour la grâce de ces corps en mouvement.

Mais il y a aussi quelque chose d'infiniment personnel dans ce délire.

Parce que nous assistons à la naissance d'un auteur. On sens un mélange d'application et d'excitation, qui se mue en euphorie.

Le trait se libère. Le chaos s'organise. Mais la folie ne retombe jamais vraiment. Comme dans l'exaltation de la première fois. 3 est un bordel foutraque, dans lequel Micol se fait plaisir et teste ses limites. Son plaisir transparaît dans ses pages. Et son livre, sans prétendre être un chef d'oeuvre, se révèle très amusant. Presque jouissif.
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Agughia

À la fois récit d’aventure survolté, thriller écologique et comédie politique mordante, Agughia n’est pas de tout repos… et c’est l’une de ses grandes qualités !
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
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Agughia

Avec Agughia, Hugues Micol réussit une aventure de science-fiction ultra divertissante, mais aussi politique et écologique, servie par un dessin vintage et virtuose.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Agughia

Dans Agughia l’élément perturbateur est pertinent et convaincant. Habillé d'une véritable dynamique narrative et servi par des options graphiques séduisantes, l’engagement, même s’il n’évite pas tous les clichés du genre, mérite d’être salué.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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Agughia

Une BD qui se passe dans le futur ET aussi en Corse… Un mélange des genres hilarant, pour une bd qui tient autant de Valérian que d’un Astérix né Corse. C’est d’autant plus amusant que l’analyse des thématiques qui sont abordés en toile de fond est très fine. Nous vous recommandons.
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Agughia

Je n'ai pas trop aimé cette BD cyberpunk dont l'action se situe dans le futur.



Le dessin est déjà très spéciale avec ses couleurs criardes et son trait anguleux. Il faut vraiment aimer ce style graphique datant des années 70. J'ai eu vraiment beaucoup de mal.



Par ailleurs, au niveau du scénario, nous avons un récit assez chaotique qui met en scène des personnages assez bizarres dans un monde en perdition et profondément injuste. Le ton est assez décalé avec un peu d'humour malgré tout.



Le thème est celui du tourisme spatial qui peut détruire l'environnement. C'est une île où les habitants semblent être dépossédés de leur coin. Le responsable est un puissant lobby qui œuvre à l'aménagement du territoire pour son plus grand bénéfice. On peut dire sans se mouiller que c'est une transposition de ce qui se passe en Corse.



Je préfère pour une fois passer mon tour. On ne peut pas tout aimer dans la BD. C'est ainsi.

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Agughia

​Récit de science fiction s'articulant autour de thèmes chers à l'île de beauté: le tourisme de masse et la pollution, Agughia nous transporte en Corse, dans un futur peut être pas si lointain que ça, un territoire devenu l'eldorado touristiques d'une élite qui vit habituellement dans l'espace, et un coin de survie pour les pauvres.



Point de paradis, mais une explosion de décadence, un monde où vit Agughia, voleuse à la tire, qui s'en sort assez bien sauf cette fois où elle vole le sac d'un fonctionnaire d'une grande compagnie, Radius. Pensant à un possible attentat des écologistes de l'île, la police se met à sa poursuite, tout comme Radius qui dépêche sur place un homme robot. Il est hors de question pour Radius qu'un secret dévoilé l'empêche de mettre son projet à exécution: découper l'île est la transporter dans l'espace afin qu'une élite en ait l'exclusivité.



Album aux couleurs des BD des années 70-80, avec ses personnages rétro, Agughia pénètre l'actualité: les changements climatiques et cette quête d'une "terre d'accueil", le capitalisme et la corruption, le tourisme et ses dérives, et cette sur communication avec ses réseaux d'info et de fake.

La nature est en danger et le message passe, le tourisme loin de faire connaître les beautés du monde, les détruit. Belle histoire rythmée qui est peut être plus proche d'une future réalité que d'une fiction.


Lien : https://stemiloubooks.wordpr..
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Agughia

Ce futur là n’a rien d’engageant. Une Corse envahie par un tourisme de masse XXL, tenue par un grand groupe industrio-immobilier nommé Radius.

Agughia, jeune activiste locale, vole un sac appartenant à un employé de Radius… la course poursuite peut commencer…. Qu’ y a-t-il dans ce sac ? Pourquoi suscite t il autant de convoitises ?



Le récit dynamique nous laisse impatient de connaître la suite… Au départ un peu déconcerté par ce dessin haut en couleurs, je me suis peu à peu laissé embarquer dans ce récit d’aventures dystopique. On y croise pas mal de trouvailles futuristes intéressantes, Hughes Micol est il un visionnaire, pas trop espérons le !



Hommage à la BD des années 80, Moebius Christin-Mézières en tête, cet album rappellera des souvenirs aux nostalgiques de la BD d’anticipation… avec ici des sujets d’actualité liés à l’écologie, au capitalisme…



Au final, un album rythmé et engageant, une histoire à suivre avec un personnage féminin attirant dans un univers graphique vintage bien marqué.

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Agughia

Voici une bd qui propose une histoire assez originale, mélangeant préoccupation environnementale, science-fiction et activisme terroriste.

Dans un monde futuriste où la Terre est devenue une poubelle où seuls quelques îlots sont encore préservés et où l'argent gouverne non seulement notre monde mais celui de l'espace, Hughes Micol nous entraîne à la suite d'une voleuse à la sauvette qui va se retrouver malgré elle au cœur d'une intrigue politique.

Le travail autour des couleurs donne à l'histoire une teinte franchement étonnante, parfois désarçonnante mais totalement en adéquation avec le propos de l'histoire.

Une belle découverte grâce à l'opération Masse Critique de Babelio.
Lien : http://boumabib.fr
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Agughia

C’est beau – trait semi-réaliste maîtrisé et fluide, décors léchés, mise en couleurs étonnante –, c’est drôle, mais ça reste au final assez anecdotique.
Lien : http://www.bodoi.info/agughia/
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Agughia

« Le futur, c'est déjà demain ». Agughia, récit d'aventure trépidant et de science-fiction situé dans un futur proche aurait très bien pu figurer dans le premier numéro De La nouvelle mouture de Métal Hurlant.



Ô Corse île de plaisir pour les Ailleurs

Pour les habitants, minés par la pauvreté, l'île de beauté n'a plus de beauté que le nom et ce n'est pas eux qui en profitent. Ils voient déferler des hordes de touristes venant De La plus basse plateforme des Ailleurs, colonies de la Terre peuplées de l'élite. Au programme, profiter De La nature bien sûr mais aussi du confort dernier cri: maquis sécurisé, circuits de randonnée aseptisés, rivières chauffées et plages climatisées. Or, en raison du dérèglement climatique, la saison touristique est de plus en plus courte ce qui précarise d'autant plus les autochtones.

« Évidemment que je veux me barrer ! Tout l'avenir de cette foutue île est enterré ici ! Avec vous ! Pourquoi j'resterais ? » Et pour se barrer, elle a trouvé la solution : se faire un maximum de blé pour aller installer son business (un salon de blanchiment dentaire pour les expatriés !) dans les Ailleurs. Elle, c'est Agughia, jeune voleuse à la tire qui, à la faveur d'un accident De La route, va dérober son sac à un employé de Radius, la toute puissante multinationale chargée de transformer l'île en « un territoire riche de sa culture, mais tourné vers la modernité et la croissance ». Véritable MacGuffin, ce vol va déclencher toute l'affaire. Et non seulement la police municipale dirigée par un pinzutu borné qui veut à tout prix mettre ça sur le dos de Rage de vert, une organisation écologiste radicale, mais également un mystérieux homme masqué vont se lancer à la poursuite De La jeune voleuse afin de récupérer l'objet contenu dans le sac qui, soit dit entre nous, n'est pas banal. Et le larcin d'Agughia, la « reine du braco » tel le battement d'aile du papillon …



Micol, Mézières et les autres

Hugues Micol est un auteur complet qui se définit lui-même comme un dessinateur d'histoires. Chez lui, la démarche graphique est toujours antérieure au récit, et c'est à travers le dessin, le trait qu'il essaie de l'incarner. Ici, sa volonté était de faire une BD au style graphique des années 70. Aussi a-t-il réalisé des dessins très fouillés et opté pour une palette de couleurs acidulées. L'intrigue se déroulant dans un futur proche, voilà qui a de quoi surprendre. Oui mais si on ajoute une histoire de SF« à la Valérian , avec un côté fable, on comprend mieux. Et Moebius aussi est De La partie ... Je dois reconnaître que les années 70, que ce soient les tapisseries à grosses fleurs orange ou jaunes, les coupes de cheveux, les pattes d'eph ou l'esthétique graphique, ce n'est pas ce que je préfère. Personnellement, je suis plus sensible au sublime noir et blanc et à l'inventivité graphique exprimée dans Black-Out son précédent ouvrage sur un scénario de Loo Hui Phang. Quoi qu'il en soit, ce choix d'une esthétique vintage fonctionne parfaitement et en ravira certains.

Comme dans les derniers Valérian, tout en étant divertissant, ce récit d'anticipation porte un regard critique sur le monde dans lequel nous vivons et a pour toile de fond l'impact du tourisme de masse, le capitalisme sans oublier bien sûr l'écologie.



Hugues Micol a rempli sa mission. Sur un ton décalé non exempt d'humour, il nous offre là un sympathique divertissement dans lequel scènes d'action et rebondissements s'enchaînent sans faillir et nous réservent quelques surprises. Ne boudons pas notre plaisir !



Merci à Babelio et aux éditions Dargaud qui m'ont permis de découvrir cet album lors d'une opération Masse critique.
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Agughia

Ambiance de dystopie cyberpunk sur une île de méditerranée transformée en station balnéaire du futur, les touristes s’entassent, les autochtones s’en sortent comme ils peuvent, c’est pollué, sale, grouillant de monde. Hugues Micol nous présente un futur pas très reluisant.

Un touriste se fait voler un colis dans un taxi, Agughia est la voleuse, une trafiquante, débrouillarde et agile qui essaye de s’en sortir avec des petites combines. Le problème, c’est que le touriste volé travaille pour un grand consortium installé en orbite, et l’affaire prend de bien trop lourdes conséquences.

Je n’ai pas été très emballé par le graphisme, efficace et dynamique, mais les couleurs sont trop agressives et l’ensemble trop fouillis. Par contre, l’intrigue est prenante, pleine de suspense, bien construite, l’aspect dystopique assez glaçant, basé sur un capitalisme sans éthique, et les personnages classiques dans ce genre mais bien campés. C'était un bon moment de lecture.
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Agughia

Dejà, le style du dessin, en fait j'ai carrément adoré, les couleurs criardes, l'epaisseur des trait, ça fait vieux punk décalé. Quand à l'histoire c'est du grand n'importe quoi mais c'est un peu normal cela se passe en Corse (hahaha) et pourtant c'est dynamique (hahaha), je trouve que l'on ne s'ennuie pas et qu'on peut y revenir avec plaisir. Et puis, je trouve qu'il y a une morale générale pas seulement écologique mais humaine et rien que pour cela j'ai presque envie de le mettre dans mon top des BD.
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Black-out

Le format de cette BD est plutôt luxueux, c'est ce qui nous frappe au premier abord. C'est une BD en noir et blanc sur de grandes cases et de belles planches. On sera vite subjugué par la beauté de ces illustrations. Sur la forme, il n'y a rien à redire.



Cela raconte le parcours d'un jeune homme qui souhaite percer à Hollywood dans les années 30 et 40. C'est l'acteur célèbre Cary Grant qui va le guider dans ce milieu cinématographique.



Ce métis noir d'origine chinoise et amérindienne va essentiellement jouer des rôles ethniques dans les plus grands classiques du cinéma de cette âge d'or des productions hollywoodiennes : chef indien, révolutionnaire mexicain, dandy oriental. Son nom sera souvent oublié des génériques de fin.



Maximus Wyld n'a pas été une grande vedette mais il a été le premier à ouvrir la voie à d'autres qui se sont fait remarquer comme Eddie Murphy ou Will Smith. Il est vrai que je préfère nettement Morgan Freeman ou Denzel Washington.



On va revisiter d'une manière différente le mythe du rêve hollywoodien. On va découvrir ce qui se cache derrière et cela sera assez loin d'une vision réconfortante. La ségrégation faisait également rage dans le cinéma.



J'ai beaucoup aimé cette biographie car elle va au-delà de l'histoire de ce jeune homme qui va devenir acteur, à la fois guerrier, gangster ou dissident. Il est question du pouvoir des images. Il se rend compte que le film divertissement est un mirage assez séduisant mais qui ne reflète pas la réalité historique comme le massacre des peaux-rouges par l'homme blanc quand le western nous montre tout le contraire au point de soutenir le cow-boy.



C'est quand même un triste destin que de terminer condamné injustement pour espionnage à la solde des soviétiques dans le cadre du maccarthysme et de se voir disparaître de toutes les bobines de films tournés antérieurement comme pour effacer votre trace. C'est quand même tragique dans le fond.



Cette BD est assez intelligente dans le concept, dans la narration et dans la mise en forme. C'est indéniable. Et puis, elle semble réparer une injustice même s'il s'agit d'une fausse biographie. Cela rend un véritable hommage au talent et au courage des artistes noirs.



Je pense notamment à Hattie McDaniel qui jouait Mammy dans « Autant en emporte le vent » ce qui lui a valu l'oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1940. Nous la retrouverons d'ailleurs dans cette présente œuvre comme d'autres protagonistes de cette grande époque du cinéma.



J'ai également bien aimé cette conclusion avec une Rita Hayworth, le sex-symbol féminin des années 40, qui ne l'a pas oublié malgré sa maladie d’Alzheimer à la fin de sa vie.
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Black-out

De la boxe au cinéma, ou Hollywood, planète du grand écran et ses relations avec les différentes races et ethnies. Je suis peut être habitué à un certain formalisme, mais l'absence de cases et l'utilisations d'encres noires où se nichent de longs dialogues m'ont rapidement fait perdre le fil et l'envie de suivre l'histoire.
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Black-out

Le septième art se nourrit souvent de la bande dessinée car maints albums trouvent leur adaptation sur grand écran. Mais on a tendance à oublier que la réciproque existe également. Il n’est que de songer aux collections lancées par Glénat : « 9 1/2 » ou Dupuis « Les Etoiles de l’histoire » consacrées aux biopics de réalisateurs et acteurs célèbres mais aussi à deux parutions récentes marquantes : « Hollywood menteur » de Luz chez Futuropolis et Freaks parade de Fabrice Colin et Joëlle Jolivet chez Denoël Graphic qui relatent deux tournages mythiques , celui des « Misfits » de John Huston et du « Freaks » de Tod Browning.



Avec « Black-out », paru aux éditions Futuropolis également, Loo Hui Phang et Hughes Micol combinent les deux exercices : ils réalisent une biographie fictive d’un acteur des années quarante et retracent ainsi l’histoire de l’âge d’or du cinéma hollywoodien à travers l’évocation de tournages mythiques. Dans ce magnifique roman graphique fort de plus de 200 pages, ils montrent les grandeurs et les misères de cette industrie dont ils dénoncent également les faux semblants.



Il était une fois Hollywood



Tout commence comme un conte de fées : Cary Grant repère un jeune garçon dans un club de boxe d’un quartier déshérité de Los Angeles. Subjugué par sa gueule d’ange et son aplomb, il lui fait passer un bout d’essai à Hollywood. Ce pauvre orphelin, Maximus Ohanzee Wildhorse, est d’origine comanche, afro-américaine, mexicaine et chinoise. Son visage, « comme un diamant à mille facettes » peut tout incarner d’après Frank Capra qui l’engage aussitôt. Le garçon entame alors une carrière fulgurante comme le second rôle ethnique de service : il joue ainsi un tibétain dans « Horizons perdus », un turc dans « Le faucon maltais », un égyptien dans « La terre des pharaons » , un indien dans « La flèche brisée », un latino dans « Vertigo » ou encore un domestique noir dans « Autant en emporte le vent ». Il incarne les premiers rôles dans les « race movies » d’Oscar Micheaux mais cela ne lui suffit pas : il veut être un jeune premier tout court dans les grandes productions blanches et sortir toutes les minorités dont il est la quintessence de leur anonymat à l’écran. Il caresse un moment son rêve du doigt puisque Louis B Mayer le prend sous son aile et lui promet qu’il sera Othello.



Tel une bonne fée, le magnat veille à sa transformation et l’on assiste donc à la métamorphose de Maximus dans l’usine à rêves d’Hollywood. Il est rebaptisé Maximus Wyld avec un « y » pour gommer le côté agressif, prend des cours de chant, de danse, de diction et de technique dramatique, doit suivre un régime, un entraînement sportif et subir un relooking intégral. On réécrit sa biographie car « chaque acteur sous contrat devenait une fiction inscrite dans l’American dream ».



Hollywood menteur



C’est d’ailleurs une des excellentes raisons qui justifient l’invention du personnage de Maximus : en quelque sorte, Loo Hui Phang et Hugues Micol ne font que reproduire les pratiques des studios qui créaient de toutes pièces des personnages (publiques) à partir des personnes. Cet acteur fictif est la représentation de la fabrique de mensonges qu’est Hollywood. La fiction devenant ainsi vérité. On notera donc que gravitent autour de Maximus de vraies personnalités de l’âge d’or hollywoodien dont les destins entrent en résonnance avec le sien : Julia Turner repérée dans un drugstore rebaptisée Lana et relookée ; Margarita Cansino dont on a totalement changé l’implantation capillaire au prix de terribles souffrances et arraché les molaires pour lui creuser les joues avant de raccourcir son prénom et de lui trouver un patronyme plus glamour (Rita Hayworth) ou encore Ava Gardner qui dut batailler ferme pour perdre son accent campagnard et Vivien Leigh dont on gomma les aspérités et l’immoralité en lui interdisant de fréquenter son amant Lawrence Olivier pendant le tournage d’ «Autant en emporte le vent »…



Mais « Black-out » permet surtout de montrer comment Hollywood réécrit l’histoire. Dans ses films, les maîtres entretiennent tous des liens affectueux avec leurs esclaves et les conditions de travail pénibles dans les plantations ainsi que les exactions du Klan disparaissent sur pellicule pour laisser la place à une vision ô combien paternaliste. On comprend aussi comment les westerns ont évolué puisqu’au temps du muet les indiens étaient montrés comme des sages et après la crise de 1929 la grande crise en a fait des barbares de fiction … Comme le dit O Selznick dans l’album : « nous avons besoin de mythes fondateurs. Le cinéma est là pour ça ! » Hugues Micol s’était déjà penché sur les mythologies américaines dans « Scalp » ou dans son exposition de peintures « Americana ». Ici, les deux auteurs dénoncent la propagande effectuée par le 9e art américain et nous présentent le hors-champ de la belle image dispensée par Hollywood en son âge d’or. Le prologue, comme dans les tragédies antiques, en énonçant la destinée de Maximus souligne d’emblée que son avenir ne sera pas celui qu’il escomptait et le reste de l’album va déployer à la fois la vie du héros et les mécanismes d’Hollywood (et de l’Amérique) qui vont l’amener à sa perte en transformant le rêve en cauchemar.



L’envers des rêves



De nombreuses planches de ce roman graphique présentent un geste de dévoilement : Maximus dans une pleine page révèle ainsi en soulevant une draperie ce qui se trouve derrière le Shanghaï en toc de « Shanghaï Gesture » et dans la planche suivante, avec le même rideau créant une équivalence, il montre comment le mariage de Ava Gardner et Mickey Rooney est aussi une mascarade orchestrée par les studios. L’album souligne aussi le processus d’invisibilisation et d’uniformisation à l’œuvre : Les homosexuels n’ont pas le droit de cité et les acteurs (dont Cary Grant) doivent cacher leur orientation sexuelle pour ne pas être mis au ban, les femmes sont totalement réifiées et les minorités reléguées au rôle de figurants. Le héros, héraut de ces opprimés, s’élève contre cela et va mener un combat pour briser l’hégémonie masculine blanche et hétérosexuelle régnant sur le grand écran.

Initialement, l’album devait s’appeler « Palm Springs » du nom de la ville huppée de Californie où les stars des années 40-60 se faisaient bâtir de somptueuses résidences. Les auteurs ont finalement choisi « Black-out », titre polysémique évoquant pêle-mêle l’ostracisme (les noirs dehors ou les noirs hors-jeu), le fait de couvrir quelque chose et l’évanouissement ou la perte de mémoire. La lutte principale du personnage est d’occuper l’espace, d’occuper l’écran sous toutes les formes et de créer une stratégie de visibilité. Cette lutte pour la représentation des minorités au cinéma entre bien évidemment en écho avec des problématiques toujours actuelles : on pensera au discours des césars de Aïssa Maïga et à tous les événements récents ayant eu lieu aux Etats-Unis et dépassant bien largement le cadre du cinéma. La préface de Raoul Peck , l’auteur célébré de « I Am Not Your Negro » film documentaire retraçant la lutte des Noirs américains pour les droits civiques, prend alors tout son sens : l’album se mue ainsi en essai sur la représentation des minorités au cinéma et en un violent réquisitoire contre le déni de l’Amérique blanche.

Par son acuité et sa documentation rigoureuse, il s’oppose ainsi par exemple à la série « Hollywood » de Ryan Murphy qui mêle, comme lui, faits réels et inventés, personnages ayant réellement existé et purs personnages de fiction mais pèche par son révisionnisme et son édulcoration de la ségrégation. La série Netflix envoie le message qu’avec un peu de courage on triomphe des obstacles permettant, dans une uchronie sirupeuse, à Ana May Wong d’obtenir une statuette et à Rock Hudson d’effectuer son coming-out dès 1946 en s’affichant au bras d’un scénariste noir en pleine cérémonie des Oscars ! Dans « Black-Out », Ava Gardner obtient le rôle de métis qui aurait dû revenir à la chanteuse afro-américaine Lena Horne ; les films qui ne respectent pas le code Hayes et montrent des relations interraciales sont brûlés ; les amours de Maximus et de Rita Hayworth sont clandestines et broyées par le système comme la carrière de Paul Robeson. A contrario de l’optimisme de mauvais aloi de la série, le roman graphique martèle la violence qui s’exerça en continuum sur les minorités aux Etats-Unis à Hollywood comme ailleurs…

Il faut enfin parler du dessin de Micol qui présente en noir et blanc, de véritables eaux-fortes, où règnent le macabre, l’humour noir et l’onirisme. Elles sont d’une époustouflante beauté et bénéficient d’une belle mise en valeur grâce au grand format adopté par l’éditeur pour leur rendre justice. On saluera le fantastique travail réalisé en chara design pour représenter les icônes de l’époque et surtout la magnifique mise en page. Les planches montrent une constante invention dans le découpage et développent un équivalent visuel à la métaphore du vertige et de la chute qui parcoure l’album. On évoquera ainsi les pleines pages hallucinées dans lesquelles Maximus tombe dans le chignon de Kim Novak dans une reprise inspirée du tourbillon de l’affiche de « Vertigo », les rencontres récurrentes (et anachroniques) en de splendides doubles pages entre le héros et Peg Entwistle la starlette qui, pour avoir trop souvent été coupée au montage, se jeta du « H » du Mont Lee. On citera aussi l’évocation de la célèbre séquence surréaliste du rêve mise en scène par Dali dans le « Spellbound » d’Hitchcock ou le héros incarne l’homme masqué ainsi que les pages oniriques dans lesquelles Maximus voit son ancêtre comanche comme une Nemesis ou les intrigantes pages syncrétiques d’ouverture. On y plonge littéralement dans la psyché et les cauchemars du héros qui transcendent et transforment le rêve hollywoodien en lui rendant sa part d’ombre (ce que signifie d’ailleurs son patronyme amérindien).



Ce roman graphique est donc une somme. On ne sait si l’on est devant une évocation historique des années 1940-60, un ouvrage de vulgarisation présentant de petits topos sur le cinéma (le code Hayes, les race movies, les minstrel shows…), une satire du rêve américain et de sa réécriture des origines , un roman de formation, une contre-histoire du 7e art, un essai sur la place des minorités dans le cinéma, un brûlot politique, un ouvrage onirique. « Black-out » est tout cela et un peu plus … Réalité et fiction se mélangent dévoilant mensonges et vérités dans une narration vertigineuse et de toute beauté au dessin habité. Un ouvrage érudit, exigeant et parfois déroutant à la langue ciselée et aux multiples niveaux de lecture qui fait indubitablement partie des albums immanquables de la rentrée.

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Black-out

Black-out ressemble à un documentaire, un témoignage sur le cinéma hollywoodien.

Maximus Wyld est un acteur métis, de sang indien, noir, asiatique, européen. Il perce à Hollywood dans les années 30 à 50, dans la mesure où un métis peut le faire. A travers cette biographie, on découvre la perversion et l’hypocrisie de cet univers, le racisme passif, ou plus ouvert, son éthique douteuse, et aussi l’anticommunisme avec son apogée à l’époque du MacCarthysme.

Le graphisme est en noir et blanc, inspiré du style brut des comics pulp au dessin réaliste des années 50. Il nous immerge dans l’ambiance de l’époque.

Ma lecture a été assez heurtée au début, les dialogues ne sont presque que des discours militants, des griefs, des revendications. Il n’y a pas vraiment de rythme, le récit n’est qu’un amoncellement de faits, de rencontres, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire. Mais sur la fin, cela s’emballe un peu, cela devient alors plus politique, avec la lutte contre le communisme qui vient s’ajouter au racisme institutionnel.

Le plus important ne se situe cependant pas là, le tour de force de cette bande dessinée, c’est d’avoir réussi à faire passer cette fiction pour un véritable témoignage, et peut-être que ce faux rythme de narration participe à cette réussite. On a envie que cette histoire soit vraie, les faits réels se mêlent à la fiction, c’est un véritable documentaire sur le milieu hollywoodien de cette période, sur l’organisation raciale, cette forme d’apartheid, et dans tous ça, Maximus Wyld prend réellement vie, j’avoue même que je doute encore de son inexistence, et c’est justement l’objectif de cette bande dessinée, est-ce vraiment une fiction et peut-on effacer quelqu’un de l’histoire, on entre dans une problématique orwellienne, l’épilogue de cette bande dessinée est vertigineuse.

Si cette lecture a été lassante par moments, elle laisse une très forte impression au final.

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Black-out

S'adressant autant aux néophytes curieux qu'aux cinéphiles expérimentés, Black-out constitue une porte d'entrée saisissante sur le Hollywood des années 50 : entre propagande anti-communiste, ségrégation raciale, femmes transformées et magnats surpuissants.

Une certaine irréalité troublante se dégage des planches, qui parviennent à traduire avec brio l'immondice d'un monde sans foi ni loi, règne de la fiction, de l'hypocrisie et des stars éphémères.

C'est pourtant un autre récit qui s'élève : celui des utopistes engagés et acharnés, poussant les barrières d'une Amérique et d'un cinéma par et pour les Blancs. C'est celui d'un homme libre, qui a tenté de tromper cette industrie titanesque, mais qui n'a laissé à l'histoire que des dizaines de films remontés.
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Black-out

Moi aussi j'aurais aimé que cette histoire soit vraie...mais voilà une bande-dessinée qui dont le but est de dénoncer les travers d'Hollywood et pour cela l'auteur invente un personnage mi indien mi afro-américain, ce que m'a laissé dans le flou...artistique aussi : je n'ai pas aimé le graphisme....
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Black-out

On aurait adoré que cette biographie soit une histoire vraie ! A travers l’histoire (fictive donc) de Maximus Wyld, jeune acteur aux origines diverses capable de jouer à la fois des personnages noirs, indiens ou asiatiques, Black-out raconte la face sombre de l’âge d’or hollywoodien. Un personnage fictif au milieu de personnages réels. C’est très bien documenté, bourré d’anecdotes probablement vraies et absolument hallucinantes, avec une vraie poésie dans ses passages expressionnistes qui complètent superbement l’ambiance documentaire de l’ensemble. Il faut un peu s’accrocher car parfois presque trop didactique, mais c’est un beau voyage à travers le cinéma classique américain, et les travers de son époque. On en sort avec le sentiment que, parfois, la réalité est encore plus folle que la fiction.
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