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Critiques de Hugues Rebell (14)
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La Nichina

Qu'il est bon, au détour d'un sentier, de sortir un petit bijou comme ce livre! Hugues Rebell, à mon avis un peu vite oublié, brosse ici un superbe portrait de femme. Un peu comme Flaubert avec son Emma, il se fait féministe en faisant de la femme violée une courtisane, mais une courtisane combattante contre l'ignominie masculine. Puisque les hommes ne sont mus que par leur queue et l'amour du fric, elle leur prendra les deux...
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Le fouet à Londres

Un petit roman érotique plein de rebondissements, délicieusement léger et savoureux, derrière lequel se profile le portrait d'une société défunte, toute d'élégance, d'hypocrisie et de perversité charmante. A l'image de la couverture, c'est un régal !
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La Nichina

Lucina Ferro, dite la Nichina, est le personnage central de ce roman.

Devenue courtisane, malgré elle, dans la Venise de la Renaissance, la Nichina raconte sa vie tumultueuse.En fait, Hugues Rebell s’est inspiré d’une célèbre actrice/courtisane Valtesse de la Bigne, pour décrire le personnage de la Nichina… …

Au travers des aventures de la Nichina, l’auteur en profites pour régler ses comptes avec la religion. En effet, il met en avant tous les travers de l’Eglise catholique c'est-à-dire pédophilie, homoxexualités, nombreuses maitresses, richesse, etc.

Le personnage du moine Arrivabene est l’exemple type du moine débauché. Son côté paillard fait penser au personnage de Gargantua.

Hugues Rebell a écrit ce roman en 1894.

C’est le reflet d’une société (la haute bourgeoisie) qu’il juge perverti …







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Les délices du fouet - Illustré (La bibliothèque ..

Mouais, mouais, mouais...



Les ébats érotiques d'un frère et d'une sœur traumatisés à cause de deux gouvernantes très sévères. C'est franchement cliché, bien qu'agréable à lire, pas vulgaire mais... vraiment basique comme livre.

À savoir qu'il est vraiment centré sur la flagellation et pas vraiment sur le sadomasochisme général (il y a une différence entre les deux que je vous conseille d'étayer avec la lecture de Psychopathia sexualis). Avec un peu de soumission/domination incestueuse...



Le tout, encouragé et plus qu'adopté par les tantes des deux morveux respectifs auxquelles ils finissent par avouer leur vilenie.



Mouais, donc.



À la fin, le jeune garçon passe de main en main et de fouet en fouet et c'est un peu mieux, moins infantile. Les descriptions restent très sympas à lire et cela change des écritures modernes.
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Les nuits chaudes du Cap français

Un livre qui mériterait une bonne correction...mais c'est pour son bien!
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La Camorra

Hugues Rebell est assurément l'une des plumes les plus subversives de la Belle-Époque. Son oeuvre est encore ponctuellement réimprimée, à l'attention d'un public amateur de livres scandaleux et maudits. Dans ce domaine restreint, Hugues Rebell avait pour lui la qualité d'être un écrivain difficile à catégoriser. Littérairement parlant, il est plutôt rattaché à l'école symboliste, mais on trouve chez lui une grande influence de la littérature populaire et du roman historique, ainsi que celle du Marquis de Sade dont il est, d'une certaine manière, l'héritier le plus direct.

Pour autant, contrairement au Divin Marquis, il n'a signé que peu de romans ouvertement érotiques. Ses livres sont véritablement des oeuvres inclassables, partant généralement d'une intrigue politique historique à la Alexandre Dumas, pour évoluer vers une sorte de portraits de moeurs inavouables, où le sexe et le sang se mêlent de façon effrénée, comme si chacun de ses romans était un délire né d'une crise nerveuse, comme si le fait même d'écrire amenait l'auteur à un enfièvrement croissant au fur et à mesure qu'il avançait dans la rédaction.

Sa carrière fut très brève, et se tient majoritairement, même si quelques ouvrages mineurs avaient été publiés précédemment, entre 1896 et 1905, date de sa mort prématurée d'une péritonite soudaine. Il n'avait que 37 ans, et souffrait déjà d'arthrite…

Avant 1896, ce jeune bourgeois nantais, dont le vrai nom est Georges Grassal de Choffat, avait été un grand voyageur, qui semble avoir beaucoup pratiqué le tourisme sexuel. Vraisemblablement détraqué depuis son adolescence, le futur Hugues Rebell passait ses nuits auprès de prostituées ou de mineures appâtées par le gain. Il eut d'ailleurs les pires problèmes avec les parents de l'une d'elles, rencontrée à Naples, et qui le traquèrent jusqu'à Paris, car en Italie, on ne plaisante pas avec la virginité des filles.

Hugues Rebell, qui n'était pas particulièrement séduisant, semble avoir beaucoup joué auprès des jeunes filles le rôle d'un aristocrate libertin pourvoyeur de richesse. Par extension, il s'est aussi présenté comme aristocrate dans les milieux littéraires, se réclamant là aussi monarchiste, nationaliste et légitimiste, bien que rien de tout cela ne transparaisse dans son oeuvre.

En réalité, cette prétendue aristocratie ne reposait que sur son nom à particule, qui n'est pas pourtant celui d'une grande famille. Il est probable que l'un de ses ancêtres se nommait simplement Grassal et habitait un lieu-dit nommé Chauffat. Sa progéniture fit sans doute changer son nom en Grassal de Chauffat pour tenter une montée dans la hiérarchie sociale.

Né à Nantes dans une famille bourgeoise assez nombreuse et très traditionnaliste, il est certain que le petite Georges fut vite la honte de la famille, d'autant plus que ses premières ambitions littéraires étaient tournées vers la poésie. Un premier essai, « Union des Trois Aristocraties » (1894) le fait remarquer par la frange ultraréactionnaire du milieu des lettres parisien, mais à la suite de la publication de son chef d'oeuvre, « La Nichina », en 1896, beaucoup de lettrés se détourneront de lui, outrés d'une littérature aussi abjecte.

Car en effet, ce monarchiste passéiste, qui refusait même, dans son logement parisien, d'utiliser ces diableries modernes que sont le gaz et l'électricité, et s'acharnait à empuantir tout le quartier en faisant brûler du bois de hêtre en permanence dans sa cheminée, est loin d'être pour autant le gardien des vertus aristocratiques que l'on s'imagine. Bien au contraire, Hugues Rebell, corrompu autoproclamé se réclamant patricien élitiste, était une sorte d'anarchiste et de nihiliste qui ne respectait rien, ni la morale, ni la vertu, ni la religion, ni même la politique.

En vérité, Hugues Rebell se situait dans la continuité d'un individualisme autocentré et lubrique, suivant l'esprit du Marquis de Sade et de Casanova, tout en préfigurant, avec un demi-siècle d'avance, les écrivains dits "hussards" et les anarchistes de droite.

À cette différence près qu'Hugues Rebell écrit d'une manière impulsive qui n'appartient qu'à lui, parfois d'un exquis raffinement, parfois au contraire avec une brutalité et un sadisme de feuilletoniste qui ne craint pas les grosses ficelles. Néanmoins, le caractère instable de son style ajoute encore à sa personnalité littéraire. Rédigeant ses romans d'un trait et probablement sans se relire, Hugues Rebell a créé une littérature qui suit fidèlement, à la minute près, les lubies maladives de son esprit, et qui parait d'autant plus effrayante que l'on sent un écrivain qui ne s'impose aucun filtre, aucun tabou, aucun interdit d'aucune sorte. Un roman d'Hugues Rebell est un magma de lave en fusion, où un lecteur à l'esprit délicat ou fragile peut aisément se brûler.

de nos jours, Hugues Rebell reste essentiellement connu pour un roman pornographique sorti anonymement en 1903 « sous le manteau » comme on disait alors, « Journal d'une Enfant Vicieuse », et qui est attribué à Hugues Rebell sans qu'il y ait de certitude absolue. Il est également révéré pour sa trilogie thématique italienne, un ensemble de trois romans qui se déroulent, totalement ou en partie, en Italie : « La Nichina » (1896), « La Câlineuse » (1899) et « La Camorra » (1900). Ces trois romans n'ont rien en commun, sinon de se dérouler à Venise (pour le premier) et à Naples (pour les deux autres) et d'avoir été écrits non pas comme des romans sur l'Italie, mais comme des romans italiens, c'est-à-dire à la manière italienne. Même si « La Nichina » est de loin supérieur aux deux autres romans, il faut bien reconnaître que pour chacun d'eux, on n'a absolument pas l'impression de lire un écrivain de langue française. Ni par le style, ni par la rhétorique, Hugues Rebell ne semble avoir même un esprit cartésien français. Son académisme est international, il puise ses racines dans le monde antique, dans les tragédies grecques ou romaines. Avec le temps, on réalise que ses récits préfiguraient clairement l'âpreté goguenarde du cinéma italien du XXème siècle. Indéniablement, Hugues Rebell, qui avait véritablement vécu à Venise et à Naples, s'était imprégné de l'âme italienne, au point d'en tirer, comme disait Rabelais, la substantifique moelle.

« La Camorra » est le dernier volume de cette trilogie, et sans doute le moins réussi, ce qui ne veut pas dire pour autant que ce roman est dénué d'intérêt. Il mérite le détour notamment par sa violence et sa crûdité inédite, et par le sentiment d'oppression et de paranoïa qui s'en dégage. C'est un récit d'une grande noirceur, mais dont la lecture est intense et suffocante.

le roman se déroule donc à Naples, quelques années après la chute du Royaume des Deux-Siciles. Nous sommes peu familiers en France avec l'histoire de l'Italie, de par son extrême complexité, et ce n'est hélas pas la lecture de ce roman qui apportera de l'eau à notre moulin, car selon sa bonne habitude, Hugues Rebell choisit des périodes très pointues de l'Histoire sans sacrifier à la moindre pédagogie. le lecteur est censé savoir aussi ce que l'auteur sait lui-même, et, de toute façon, Naples n'est ici que le décor terrestre d'une représentation personnelle de l'Enfer.

Ce qu'il faut néanmoins savoir, pour apprécier pleinement ce roman, c'est que l'Italie, à la base, a suivi un peu le même destin que le Royaume-Uni : la grande péninsule en forme de botte était jusqu'au milieu du XIXème siècle un conglomérat de territoires plus ou moins en harmonie, obéissant à des régimes politiques différents (Royaume, Duché, République, États Pontificaux). le plus vaste d'entre eux était le Royaume des Deux-Siciles, qui couvrait à lui seul toute la moitié sud de la péninsule, plus l'île de la Sicile (qui était alors la Sicile du Sud, la partie italienne étant la Sicile du Nord, d'où les "Deux Siciles").

Ce royaume avait traditionnellement un roi issu de la famille française des Bourbons, tandis que les autres royaumes et duchés de l'Italie du Nord obéissaient à la Maison de Savoie. Lors des grandes révolutions de 1848, qui déchirèrent à peu près tous les pays d'Europe – et où l'on vit chuter ici le roi Louis-Philippe et la monarchie toute entière -, la Maison de Savoie et le Royaume de Piémont-Sardaigne, qui était inquiets de leur avenir, décidèrent d'accompagner ce mouvement pour faire chuter le Royaume des Deux-Siciles, en ayant l'air extérieurement de le faire pour des raisons républicaines. En réalité, il s'agissait juste de renforcer leur propre monarchie en torpillant une monarchie rivale.

Après une longue lutte, le roi François II dut se contraindre à l'exil, et le Royaume des Deux-Siciles devint en 1861 le Royaume d'Italie, couplé avec l'ex-Royaume de Piémont-Sardaigne au nord. Pris en tenaille, les Duchés et les États Pontificaux, situés au centre de l'Italie, rejoindront le royaume d'Italie quelques décennies plus tard, à la notable exception du Vatican, unique état pontifical encore indépendant de par sa qualité de siège neutre du Saint-Siège de l'église catholique.

« La Camorra » se déroule donc dans les années qui suivent cette unification, que l'on désigne aujopurd'hui sous le nom italien "Risorgimento", c'est-à-dire : Renaissance. Ceci pour dire que quand on parle de "Renaissance Italienne", notamment en art, il ne s'agit pas du tout d'une époque contemporaine de la Renaissance Française.

le roman se déroule autour de la mise en place fictive d'une tentative de coup d'état pour remettre François II sur le trône - situé originellement à Naples. Ce coup d'état est fomenté par Don Prina, un évêque du Vatican, resté fidèle à la dynastie des Bourbons. Pour accomplir cette mission d'importance, Don Prina compte sur la "Camorra", un syndicat du crime  dont est originaire l'actuelle mafia sicilienne. La Camorra était à la base un syndicat rassemblant des repris de justice, afin de leur permettre de se réinsérer plus facilement dans la vie professionnelle, une fois leur peine accomplie. Mais de fil en aiguille, ce syndicat est devenu une organisation criminelle tentaculaire, qui a aussi bien perduré sous le nouveau royaume que sous l'ancien. Mais la répression étant plus dure sous l'autorité du nouveau roi de Savoie, les membres de la Camorra sont ici plutôt favorables à revenir sous autorité sicilienne, et veulent bien prêter la main à une révolution.

Pour cela, la Camorra a besoin de son chef, Marco Ascalona, beau garçon très apprécié, surtout par la gent femelle napolitaine. Et c'est là que réside le problème, car Ascalona est marié avec une femme à demi-folle, obsédée par les bijoux, qui se prostitue quotidiennement pour obtenir de ses clients, soit l'argent pour acheter de nouvelles pierres, soit les bijoux qu'eux-mêmes portent sur eux.

Pour fuir le désastre de son foyer, Marco Ascalona multiplie les aventures, notamment avec une danseuse aux moeurs légères, nommée Barborin, relation fort dangereuse car elle copule aussi avec nombre de représentants du Royaume d'Italie. Mais c'est surtout à partir du moment où il rencontre une touriste anglaise, à la blondeur rare sous ces latitudes, la très belle et très sage (en apparence) Helen Morgan, que nombre de ses amis s'inquiètent, au fur et à mesure que la date fixée pour le coup d'état se rapproche.

En effet, cette Helen Morgan vit chez son oncle, Francis Scamler, colonel britannique, et connait aussi son ami, le lieutenant piémontais Fortiguerri, en réalité un espion envoyé par le roi d'Italie, pour faire arrêter Marco Ascalona.

Tout le roman consiste donc en un interminable chassé-croisé entre les conspirateurs Ascalona et Don Pruna, et ceux qui veulent leur perte, tout le long d'une errance labyrinthique et souvent nocturne, où chaque mouvement est induit par les innombrables filles perdues de Naples, que ce soit les catins de luxe Barborin ou Helen Morgan, ou les paillasses des bas-quartiers, restées siciliennes de coeur, mais aussi femmes jalouses, possessives, qui se heurtent, se blessent, se tuent entre elles, pour un homme qui, pourtant, s'acharne à les fuir. Tout cela se terminera dans un abominable bain de sang véritablement halluciné, mâtiné de viols, de tortures, de mutilations, de lynchages et de suicides.

Bien qu'omniprésent tout au long du récit, le sexe et la lubricité ne sont ici que des pouvoirs dominants, d'autant plus impérieux s'ils sont exercés de manière perverse ou déviante. Face aux hommes qui tentent de mettre en place une révolution au nom d'un idéal, les femmes sont presque toutes ici des prédatrices bestiales qui, hostiles aux idéaux politiques des hommes, tentent d'exercer sur eux une emprise permanente et hystérique, marquée par une impudeur ordurière, une nymphomanie borderline ou une attitude provocante et indigne, notamment en usant ponctuelement de flatulences plus ou moins chargées qui sont, selon l'auteur, une particularité prononcée des femmes napolitaines.

Mais bon, on l'a bien compris, le Naples d'Hugues Rebell est purement imaginaire, n'a au final rien à envier à un tableau de Jérôme Bosch. C'est une vision infernale et tourmentée, misanthrope, misogyne et impie, où le contexte historique n'est rien d'autre qu'un décor dantesque pour des bacchanales sanglantes et arbitraires.

le roman n'aurait que peu d'intérêt s'il visait la provocation gratuite. Mais c'est un récit enfanté par un cerveau malade, dont on sent, à chaque page, la joie féroce et sauvage d'Hugues Rebell à coucher sur le papier les visions horribles, obscènes et mortifères qui naissent en son esprit tourmenté.

On reconnaît difficilement l'auteur hédoniste et joyeusement immoral de « La Nichina » dans ces bas-fonds labyrinthiques, où tous les rapports humains ne sont constitués que de défiance, de violence et de haine. C'est effectivement le roman d'un homme dont la raison est à l'agonie, et qui ne voit en Naples que l'antichambre d'un Enfer qui ne va pas tarder à l'engloutir.

Tout cela fait qu'en dépit du bon sens, « La Camorra » est un livre fascinant, que l'on ne lâche pas avant la fin, mais que l'on referme en se disant qu'on ne le relira jamais. Néanmoins, comme chacun des romans d'Hugues Rebell, « La Camorra » est une oeuvre à part, unique, inimitable, et dont jamais les siècles n'éroderont la perversité intrinsèque et venimeuse.

De combien d'autres livres pourrait-on dire cela ?  
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Rien n'est vice, rien n'est péché



Hugo Rebell n’est pas un primo – romancier de cette rentrée littéraire et pourtant pour moi, son écriture, sa prose et ses poésies flamboyantes, sont une découverte récente. Je dois cette lecture à la belle édition établie par Nicolas Estienne d’Orves chez Bouquins.



En couverture, « La Vérité sortant du puits » de J.L. Gérôme, donne le ton, qui se confirme dans la nécessaire introduction.



Hugo Rebell (1867-1905) n’est pas vraiment dans les sélections d’ouvrages littéraires à connaître, j’ai donc vraiment apprécié la mise dans le contexte de cette édition.



J’adore découvrir des célèbres oubliés qui sont représentatifs d’une époque.



J’avais lu quelques chose sur lui il y a bien longtemps, une chronique lapidaire sur son obscénité.



Le livre que j’ai tenu dans les mains est un recueil riche et complet de l’ouvrage de Rebell et après avoir lu plusieurs de ses écrits, j’aimerais bien dépoussiérer l’étagère de l’oubli qui les enferme.





Le personnage mériterait un film sur sa vie débauchée et toujours dans la provocation.



Notre artiste, né fortuné, se délecte des plaisirs de la vie et aime séduire et provoquer.



Hugo Rebell ne peut pas être uniquement décrit comme écrivain érotique, aimant choquer par l’obscénité. C’est aussi un poète dont Les Chants de la pluie et du soleil, dédiés à son ami René Boylesve, ont inspiré André Gide dans Les Nourritures Terrestres.



Son histoire de la Camorra est un portrait lucide et exact de la Mafia napolitaine à son époque.



Libéral dans les mœurs et réactionnaire en politique, il mourra jeune et pauvre en payant une vie de recherche de l’extrême.



L’écrivain parfois volontairement grotesque, est capable de trouver sa place dans une étagère visible chez moi.



Une lecture qui a pris un certain temps, des moments de réflexion, un approfondissement sur la vie de Rebell, une répulsion pour sa vision politique et finalement la compréhension de sa recherche du sublime, même dans les excès.



J’ai aimé, d’ailleurs comme les lecteurs de son époque une partie de ses écrits, pas la totalité.



Je suis ravie par contre du livre du « Bouquin (s) qui est une nécessité pour ne pas perdre de vue des auteurs qui ont un rôle dans notre passé littéraire.



Découvrez Rebell, vous aussi !
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Les nuits chaudes du Cap français

J’ai senti comme une langueur étrange, une sorte de fatigue précipitée, d’épuisement fébrile, presque une lassitude de rédacteur, dans la composition de ce roman donnant l’impression d’une hâte inquiète et ténue, d’urgence en sourdine à boucler de la page. Ce récit à l’objectif indistinct tendrait à établir une atmosphère typiquement coloniale avec esclaves primitifs et vicieux, et ambitionnerait d’induire de l’érotisme par touches brèves, sans renoncer à peindre des mœurs de la fin du XVIIIe siècle. Il réalise une histoire à gros mouvements dont le style seul est passable, consistant en rigueur et en aisance, mais le reste m’a paru d’une notable superficialité, notamment les ressorts de l’intrigue à laquelle on ne sent pas tenu de croire, ce qui est toujours de quelque inconvénient quand on lit pour d’autre raison que pour passer le temps. Le dépaysement même, peut-être factice, ne vaut pas, selon moi, l’inutilité de l’ouvrage qui s’oublie presque déjà en cours de lecture, comme ces romans dont on devine tôt qu’il ne sert à rien d’en retenir les péripéties parce qu’elles ne s’anticipent pas par des voies élaborées et logiques. Les personnages également sont excessifs, faussement humains, fabriqués pour susciter des compassions grosses, de sorte que bientôt on ne les examine plus comme vraisemblables, et l’on doit concéder ainsi à la suite quantité de phénomènes fictifs et de procédés narratifs qui ne visent qu’à transmettre des émotions fortes à condition de ne les pas questionner avec sens et réalisme. Le meilleur que je garde de cette œuvre consiste en une sensation de sombreurs et d’odeurs fauves, d’humidité lourde et de préciosité en décadence, comme le reliquat d’un parfum cher mûri longtemps sur une peau transpirante, et c’est encore un compliment excessif que ce signalement pittoresque qui nie ellipses et précipitations, toutes inconséquences par quoi un auteur indique ses négligences et sa distraction, et qu’il n’écrit là en somme que pour un projet contingent.

Je déplore surtout la construction volontairement « populaire » du livre, sa manifeste facilité où l’on suscite chez le lectorat vaste des réflexes de plaisir accessible et bas, l’absence d’innovation et de profondeur, le goût des adhésions prochaines, la superficialité des images suscitées, l’impression plutôt que l’immersion, toute la façon de susciter immédiatement sans impliquer d’empreinte durable sur l’esprit. Je crois notamment qu’un auteur capable de formuler ses phrases comme Rebell est aussi logiquement apte à bâtir de solides et bonnes intrigues en y prenant le temps, qu’ainsi il a abandonné dans la préparation de ce récit plus d’inconséquence et de précipitation qu’il n’était digne pour une telle plume. C’est surtout une écriture qui, faute de réflexion dense sur la nature et la transmission de fantasmes, échoue dans son ingrédient érotique : les scènes sexuelles y sont elliptiques, imprécises et superficielles, elles seraient même encore prudes si elles avaient été pensées avec soin et détaillées, mais comme toutes sont déjà terminées en une page, c’est à peine si l’on peut dire qu’il s’agit d’un travail sur le désir et le plaisir, et je me demande bien comment Caraïbéditions, qui suggère davantage avec la couverture qu’avec le contenu du livre, peut estimer l’intensité de son émoi à deux sur trois (entre les mentions « Coquin », « Érotique », et « Porno ») – suis donc forcé de supposer qu’un roman de catégorie « Coquin » use quelquefois du mot « peau » et évoque un baiser sans la langue (« Porno », autrement). La dimension sensuelle est même si insatisfaisante qu’on passe son temps à se dire avec perplexité que la scène mort-née qu’on vient d’achever ne peut justifier un tel classement, et ainsi que le récit doit se rattraper par quantité d’orgies délicieuses et immondes probablement situées à la fin – en vain. Cela donne, pour exemple au hasard : « « Vois donc si les blanches ont des nênets comme ceux-ci ! » Elle ouvrait sa chemise et montrait ses seins, larges et rigides, puis, comme il avançait les lèvres, elle évita son baiser en riant. Elle n’avait plus envie de partir. Vite elle laissa couler candale et jupe ; vite la toile fine dont elle était enveloppée se roula, se froissa autour de ses épaules et de ses hanches, tomba à ses pieds, et elle apparut comme une idole de bronze. Un instant, elle jouit de l’admiration de Dubousquens qui devant cette superbe nudité avait abandonné ses airs d’orgueil et d’insouciance, et l’attirait, la bouche avide, les yeux brillants ; mais bientôt l’idole s’anima ; le corps s’échappait, se lançait en des jeux sveltes et gracieux. Dubousquens tendait les mains, ou les fermait sur le vide, il ne pouvait la saisir ; Zinga courait par la chambre, se glissait derrière les meubles, les jetait au-devant de lui avec des rires gutturaux pareils au cancanage des jeunes aras. Et ses bonds, ses détours, ses glissades, semblaient n’être qu’une malice voluptueuse pour projeter, faire saillir davantage les magnificences du sexe, que la gracilité de son buste rendait plus apparentes : cette croupe vaste qui se tendait menaçante et narquoise, ces seins énormes qui semblaient écraser la poitrine. Enfin, il l’étreignit, mais comme pour assurer sa défaite. Il l’avait prise à bras le corps sur le canapé, et elle semblait lutter avec lui, le fouler sous son ventre en rut, dans l’effort et sous la saccade de ses fesses majestueuses. « Quelle impudicité révoltante » dis-je au docteur. » (pages 136-137) Il est inutile de poursuivre la citation, les amants n’iront pas plus loin, c’est là apparemment tout ce qui suffit pour combler le lecteur à plus de la moitié du livre, lecteur certainement inexpérimenté et chaste, seulement avide de petits frissons et de rougissements courts, et c’est d’ailleurs l’une des trois plus longues scènes érotiques du livre. On trouvera peut-être que ce n’est encore pas si mal pour un 1902 : quel sinistre contentement ! je ne me suis jamais fait à de tels prétextes : les mœurs ? Les sensibilités bourgeoises ? Le délit d’outrage ? Mais oblige-t-on des auteurs à écrire sur la sexualité si c’est pour s’arrêter avant d’en avoir raconté le commencement du vrai ? Plutôt se taire ou parler d’autre chose que d’affecter la capacité ! Et Baudelaire qui, cinquante ans plus tôt, avait déjà publié son célèbre et sulfureux recueil, sans parler de Sade et des nombreux « décadents » qui abondèrent la fin du XIXe siècle de toutes sortes de sensualités sophistiquées et d’indécences insolites. Le malheur de ma lecture déçue vient sans doute de ce que j’ai trop d’ambition pour la littérature érotique, que je ne l’estime pas un genre de relégation pour la seule distraction du peuple en grand mal d’excitations instantanées, et que j’admets qu’il est possible d’apprendre beaucoup des attraits et des effets sexuels à partir de la fiction – après tout, un fantasme est d’abord une imagination avant de se concrétiser en tentatives et en pratiques. Un livre troublant et profond pourrait ainsi aisément donner des idées non seulement de sensations méticuleuses mais de réalisations expertisées – en l’occurrence, femmes, je ne sais s’il est bien stimulant que vous couriez nue à travers la pièce pour vous faire attraper : c’est qu’à vrai dire, sauf à vivre dans un château aux salles vastes, une telle poursuite ne saurait se prolonger, je pense, au-delà d’une trentaine de secondes, ce qui confère bien de l’absurde et du ridicule à l’entreprise et au récit, on doit le reconnaître. C’est en général le défaut de toutes les suggestions du roman : on ne les visualise pas, ni Rebell non plus ; ou alors qu’on m’explique dans l’extrait non pas même comment Zinga parvient à fuir parmi et avec les meubles (c’est bien de la figure, tout ça, c’est déjà purement décoratif, une vision abstraite d’échappatoire et de brutalité parce que des objets tombent, très flou et pas appréhensible par une pensée qui voudrait réellement s’appliquer à visualiser), mais comment la femme noire à la « croupe vaste » et aux « seins énormes » (ce n’est pas moi qui l’invente) peut ainsi entretenir des jeux « sveltes et gracieux » et disposer d’un buste « gracile » ?

Enfin, c’est manqué, voilà tout : je m’étais promis de ne pas en dire grand-chose dès lors que pérorer reviendrait artificiellement à en chercher des subtilités qui ne s’y trouvent pas, et c’est déjà plus de mille mots. Reste que c’est pour moi un lamentable écueil que la plupart de cette littérature dite « érotique » qu’on voit fleurir partout, volubilement entretenue, qui est sans couleur et sans odeur, qui ne correspond à presque rien en l’homme et en la femme, fleurs pastel de papier-crépon, imageries pseudo-audacieuses comme tirées d’un univers alternatif, représentations figées en « gris » passable ou passé mais ni noir ni blanc, tout en mesures acceptables et généralistes, qui entretient des mœurs sans en offrir de nouvelles plus éclatantes ou plus affolantes, qui réalise le paradoxe d’une subversion conservatrice, aguichages foncièrement puritains pour Contemporains craintifs, ne proposant que des nuances dans le respect des bornes de la norme, ne relevant aucune des vérités sensuelles et haletantes situées au cœur même de la sexualité, sans vertige, sans anatomie, comme déconnectée, et s’efforçant surtout, suivant telle consigne éditoriale j’espère, de ne heurter personne, d’accompagner des fadeurs distanciées et pâles plutôt que d’innover des expériences crues et fauves comme la moiteur envoûtante du sexe lui-même, et de complaire ainsi à des opinions plutôt que d’explorer des entrailles, ce qui est à l’encontre d’une littérature vraie visant à fondre la toile du récit avec la substance même du réel – mais existe-t-il encore un lecteur pour vouloir opérer ce mélange en lui-même et pour ramasser en lui le matériau florissant d’un livre ? Je n’ai pas feuilleté par exemple un ouvrage érotique récent qui fût matérialiste ou psychologique, soucieux de vérité prosaïque, poétique ou mentale, et ce que j’ai pu lire de plus exact, soigné et excitant en la matière, consiste en planches anatomiques, en descriptions médicales et en recueils statistiques comme le rapport Hite. Quelle pauvreté d’une époque qui, censée être libérée des carcans de la morale publique, a cessé de produire des auteurs qui parlent de nous impudiquement !… pour la raison, certes, qu’il n’existe plus de Contemporain c’est-à-dire qui ne soit pas un être falot et vide, content de l’effacement qu’on lui propose en le dépaysant hors de lui-même et qui représente ses ambitions les plus hautes, à savoir : se sentir toujours au faîte de sa propre humeur relativiste. Et ainsi se fabriquent par séries nombre de livres sans écho, sans lubricité ni sécrétions, sans suggestions pour ne pas humilier en donnant à découvrir une culture qui ne serait point seulement divertissement, sans trouvaille que des variations. Et même le sexe fut abâtardi par la passivité, sexe imaginaire autant que sexe réel, à ce que je crains, puisqu’aucune des nullités mentionnées dans ces livres ne scandalise le lecteur présent : c’est la même tranquillité monotone au lit et entre les pages, la même impassibilité foncière, le même ennui veule qui aguiche mollement. Ce Français décidément n’a plus rien à apprendre, il ne peut plus s’édifier de rien, il ne reconnaît même plus ce qui lui enseigne à vivre : il a déjà sa vie toute faite, il préfère que les arts y adhèrent, c’est toujours ce qu’il achète : les œuvres qui parlent de son néant. Un ennui tout nouveau accueille l’humanité du confort : nouveau car si c’est un ennui dont d’autres ont déjà parlé avant cette époque, c’est peut-être, pour la première fois, un ennui pleinement satisfait, l’ennui sis dans une routine qu’on craint de perdre parce que cet ennui a au moins le mérite des sentiments prévisibles, et passifs, placidement normaux, et, ainsi, qui rassurent.
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Le fouet à Londres

Lady Helling, femme vertueuse d’une quarantaine d’année, veuve et mère de Jenny (environ 16 ans) découvre le plaisir de la chair grâce au Colonel Boldman en la fessant ou flagellant. Elle devient aussi la maîtresse du sommelier et du révérend Gowerson. Tout en découvrant la vie amoureuse de la mère, nous découvrons celle de sa fille avec sa cousine, un lieutenant - futur père de son enfant - pour enfin finir dans les bras du révérend Gowerson.

Ce roman écrit en 1905 décrit une société anglaise baignant dans le pêché avec appétit. Je me suis laissée entraînée par cette histoire légèrement érotique. L’écriture est très plaisante et je me suis attachée aux deux personnages principaux que Lady Helling et Jenny.
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Rien n'est vice, rien n'est péché

"Rien n’est vice, rien n’est péché" : une vision nietzschéenne de la créature humaine, culminant dans l’innocence de la force, l’affirmation ludique et vertigineuse de l’existence.
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Rien n'est vice, rien n'est péché

Les textes de ce jusqu’au-boutiste de l’amoralisme charnel frappent par l’étonnante tonicité d’une plume drue et verte : Rebell pique droit, avec une verve de conteur.
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Les nuits chaudes du Cap français

J'ai découvert ce livre au fonds du grenier de mes parents. Je me suis plongé par curiosité dans cet univers colonialiste d'une époque révolue.

J'avoue avoir parfois été dérouté par le propos teinté de racisme et d'érotisme.

L'écriture soignée m'a permis d'aller jusqu'au terme du livre. Cependant je m'interroge sur la volonté de l'écrivain , nous divertir , nous provoquer, dénoncer ou au contraire défendre cette société disparue qui exploitait leurs congénères de race dite inférieure.

Au final, ce livre soulève une inquiétude avons nous beaucoup évolué depuis où tout ceci est -il caché derrière une mascarade de faux sentiments. La montée du nationalisme pourrait nous apporter une première réponse.







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Odes à l'ogresse Elisabeth Bathory

Deux textes fort rares sur la comtesse Bathory. Tout amateur digne de ce nom se doit de posséder cet ouvrage de grande qualité. A ranger avec le Valentine Penrose sur votre étagère de monstruosités
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Le fouet à Londres

Laissez vous délicieusement pervertir par ce petit texte érotique...
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