Rentrée de janvier 2022 en grands formats
Hervé, le deuxième conseiller en patrimoine financier, est particulièrement nerveux. Il sait qu'il n'a pas été à la hauteur durant ce premier trimestre. Marie a de la peine pour lui. La petite cinquantaine, en fin de carrière, elle le sent particulièrement désespéré par son travail, par ses clients, par le rythme qu'imposent les nouveaux diktats de l'entreprise. Il voudrait ne plus continuer, mais il n'a pas le choix. Il doit assurer le remboursement de son crédit immobilier, fournir de l'argent de poche à son adolescente ingrate, entretenir sa femme avec laquelle il n'envisage plus aucun avenir amoureux depuis des années et garder un peu d'argent pour sa passion, l’ornithologie.
Pages 27-28, Albin Michel, 2018.
La terrible vérité des femmes au foyer apparaît seulement quand ces femmes se retrouvent face à leurs ennemies devenues les femmes actives.
Page 157, Albin Michel, 2018.
Laurent n'est pas un homme différent des autres, il ne l'a jamais été. Il n'est qu'un homme qui veut pouvoir prendre sa femme quand il le désire. « Ainsi la femme se tient-elle immobile comme une cuvette de cabinet pour que l'homme puisse y faire ses affaires. » Cette phrase de l'écrivaine Elfriede Jelinek lui revient soudain en mémoire. On lui avait prêté le livre Lust des années avant son viol. Elle se souvient ne pas l'avoir fini. Elle l'avait trouvé choquant, injuste, dégueulasse, cette phrase tout particulièrement. Une connasse de féministe. Les choses sont différentes aujourd'hui.
Page 125, Albin Michel, 2018.
Au cœur de la nuit, face au mur qu'elle regardait autrefois, bousculée par le plaisir, le malheur du bas lui apparaît telle la revanche du destin sur les vies jugées trop simples.
Page 42 et 4ème de couverture, Albin Michel, 2018.
On ne peut vivre longtemps dans la frénésie. La tension était trop forte en ce monde qui promettait tant, qui ne donnait rien.
Georges Perec, Les Choses
Épigraphe page 9, Albin Michel, 2018.
Le danger vient essentiellement de l'anesthésie agréable que procure le confort des habitudes. Mais, un homme sans habitudes se perd. Peut-être Laurent ne dira-t-il pas la vérité à sa femme.
Page 248, Albin Michel, 2018.
Il ment, comme sa femme. Le mensonge pour se défendre, pour ne pas exciter les gens, pour les rendre plus maniables, plus flexibles, pour atteindre la sérénité douce et paisible, le temps d’avoir le courage un jour de tout révéler.
Page 235, Albin Michel, 2018.
Du meurtre à l’amour, du sperme au sang, du désir à la mort, c’est bien la chair qui l’emporte.
Page 144, Albin Michel, 2018.
Elle pense que c'est mieux comme ça et que de toute façon si elle voulait lui avouer, elle ne pourrait pas trouver la bonne façon de le faire. Il la regarderait toujours différemment, plus seulement comme sa femme, mais comme la victime, la femme qui s'est fait violer, sodomiser en premier par un autre sexe que le sien.
Elle avait honte. La honte qui prend les femmes du début à la fin de leur vie. Toujours la même. La honte du corps qui n'est pas parfait, qui n'est pas blanchi, désapprouvé par la vertu collective, le corps qui souffre, gémit, se tord, saigne, change, évolue, grossit et mincit, pénétré toute sa vie, engrossé, ouvert, vidé, refermé, gonflé et dégonflé en fonction des épreuves, bourré de paracétamol et d'ibuprofène pour le contraindre à se calmer.