« Il n'avait existé qu'un seul drame dans sa vie, suffisamment fort pour passer à l'acte »
Ce drame est celui qui n'a pas de nom, qui ne peut parfois être nommé par celles ou ceux qui en sont victimes.
Ce drame est celui qui vous atteint dans la pure intimité de votre être, celle de votre corps et de sa sensualité.
Ce drame est un viol.
Celui d'une femme en l'occurrence.
Marie, marié à Laurent.
Ils se connaissent depuis dix ans et occupent chacun, la trentaine à peine passée, une très bonne situation.
Il faut dire qu'ils sont bien nés. Issus tous deux d'un milieu bourgeois bon teint, militant contre le mariage pour tous ou autres petites douceurs réactionnaires.
Rien ne peut les toucher.
Il ne leur manque plus qu'un enfant.
Ils le désirent cet enfant. Ils le décident.
Eux qui sont habitués a décider de tout, à maîtriser leur vie.
Mais aussi puissants qu'ils semblent se penser, ils oublient qu'il existe encore plus puissants qu'eux.
« On ne peut vivre longtemps dans la frénésie. La tension était trop forte en ce monde qui promettait tant, qui ne donnait rien. »,
Georges Perec dans “Les Choses” (épigraphe du roman).
C'est ce dont Marie va prendre conscience.
Violée par son supérieur hiérarchique, sauvagement. Il ne peut en être autrement.
Marie va cruellement faire l'expérience de la barbarie.
Incapable de se défendre, meurtrie dans son corps, dans sa chair, elle ne trouvera d'autre défense que le silence, face à la honte incommensurable qui la submerge. Jusqu'à la folie.
C'est ce récit implacable auquel nous soumet
Inès Bayard. Il n'y a pas de suspense. On connaît les causes, Les conséquences. On connaît la fin dès le début, mais on ne peut le lâcher jusqu'à la dernière page.
Bien sûr, dans cette construction, on pense à “
Chanson douce” de
Leïla Slimani, mais l'auteur apporte ici un supplément par ses thèmes abordés, par son ton.
Marie, prisonnière de sa condition, jusqu'à l'impensable ?
« Du meurtre à l'amour, du sperme au sang, du désir à la mort, c'est bien la chair qui l'emporte »
Un premier roman parfaitement maîtrisé.
Lu en août 2018.
À prolonger avec mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
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