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Citations de Iris Brey (47)


Le female gaze doit exister à contre-courant. À contre-courant des classiques, à contre-courant du système, à contre-courant des références cinéphiles. Et les films qui y recourent, lorsqu'ils parviennent à voir le jour, nécessitent qu'on se batte pour eux afin qu'ils ne tombent pas dans l'oubli ou le silence.
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De Renoir à Game of Thrones, en passant par Bresson, le viol n'est jamais montré comme ce qu'il est, le consentement de la victime doit paraître ambigu pour pouvoir représenter l'agression, à croire que ce moment de flottement rend le viol plus acceptable, ou du moins, montrable. Le visage de l'héroïne baigné de l'arme incarne la souffrance engendrée par l'acte, mais filmer cette expérience de son point de vue demeure impossible.
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C'est peut-être la première fois, dans leur expérience cannoise, que les spectateurs et les spectatrices ressentent la puissance du désir d'un personnage féminin sur un écran géant. Je ne l'ai moi-même éprouvé qu'une poignée de fois dans ce contexte. Ce n'était pas pendant la projection de La Vie d'Adèle en 2014 (où les corps des comédiennes, pourtant sujets désirants dans le film, étaient réduits à des objets masturbatoires lors des scènes de nudité et de sexe), mais en 2016 devant le film Aquarius du réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho, et en 2019 face à Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma.
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Il existe un regard féminin, ou female gaze, un regard qui nous fait ressentir l’expérience d’un corps féminin à l’écran. Ce n’est pas un regard créé par des artistes femmes, c’est un regard qui adopte le point de vue d’un personnage féminin pour épouser son expérience. Pour le faire émerger, les cinéastes ont dû tordre le corps de la caméra, inventer et réinventer une forme filmique afin de s’approcher au plus près de l’expérience des femmes. D’Alice Guy, qui utilise pour la première fois le gros plan au cinéma à des fins dramatiques dans Madame a des envies en 1906, à Phoebe Waller-Bridge, qui utilise le regard caméra pour créer non plus une distanciation mais un lien entre l’héroïne et les spectateur.trice.s (Fleabag, 2016), le regard féminin est là, sous nos yeux.

Pourtant, même si de nombreuses œuvres privilégient cette perspective depuis les débuts du cinéma, le regard féminin semble avoir été relégué à une culture souterraine, invisible. Dès lors, il s’est doté d’une autre puissance, d’une autre aura, celle des œuvres secrètes qui existent dans un murmure, dans les soupirs de celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans le cinéma dominant. Un régime d’images qui appellent à désirer autrement, à explorer nos corps, à laisser nos expériences nous bouleverser. Des images qu’il faut aujourd’hui nommer et définir.
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J’aimerais bien parfois quitter mon esprit. Il m’envahit. Alors je fais ce qu’il faut pour le mettre en sourdine. Le corps est mon allié pour mettre l’esprit en sourdine.
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Cette scène de sexe entre femmes reste marquante parce qu'elle sort d'une tradition érotisant les scènes de sexe lesbien. Par exemple, dans La Vie d'Adèle, Abdellatif Kechiche dévore la chair de ces héroïnes avec sa caméra libidineuse visant à nous montrer à tout prix leurs fentes (d'ailleurs, il filme le sexe d'Adèle Exarchopoulos dans un travelling lent qui part de ses pieds jusqu'à sa bouche entrouverte par une cigarette). Les scènes de sexe ne sont que dans la performance, nous ne ressentons pas l'émotion des personnages, nous ne savons pas si elles jouissent, elles émettent des couinements au fil des changements de positions. Nous sommes en plein male gaze.
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Notre culture véhicule l'idée que le désir vient de la domination, comme si l'égalité ne pouvait pas être source d'excitation. Spoiler alert, c'est faux! C'est pourquoi il est important de voir d'autres images, des images où de désir naît de l'égalité entre les partenaires.
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" Interroger le male gaze d'un film c'est réfléchir à la manière dont un ou une cinéaste met en scène le corps féminin et l'imaginaire liée aux femmes.Ce n'est donc pas s'opposer au désir d'un cinéaste de filmer des femmes comme des culs, mais interroger la manière dont ces culs sont filmés et ce qui résulte du regard que porte le ou la cinéaste sur les êtres. L'utilisation de ce terme ne sert qu'à questionner l'esthétisme d'un film, non pas à le censurer"
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La step mom, figure érotique d'une féminité présentée comme décomplexée et exubérante qui "s'assume", est omniprésente, bien au-delà des frontières du X. Tout comme la Milf, elle a fini en tant que pornème par faire son entrée dans le langage courant pour désigner une catégorie de personne. Elle est cette maman sexy qui n'a pas encore abdiqué face aux désirs des hommes, cette femme qui s'entretient et que l'on félicite pour cela puisqu'elle remplit cette double fonction : à la fois la gardienne du foyer et créature érotique dont la valeur dépend du regard masculin. Elle fait presque figure de modèle puisque dans ce gigantesque et improbable fantasme, elle maintient, même de façon totalement dysfonctionnelle, la cohésion familiale. Son succès, lié à son capital sympathie, nous amène à cette interrogation : comment en sommes-nous arrivé.es à accepter lidée aberrante d'un inceste sexy, amusant, divertissant et surtout consenti?
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Ce brouhaha empêche de réfléchir aux mécanismes de domination qui perdurent. On veut toujours contourner cet inceste qui nous gêne, on recrée du silence autour du viol. Car, s'il n'est pas en réalité interdit de l'infliger, il est toujours tabou d'en parler. Personne ne semble vouloir réfléchir à pourquoi un homme viole un petit garçon. Pourtant la réponse est simple : parce que lui-même a intégré qu'il pouvait le faire.
Les rouages du monde patriarcal, de la culture de l'inceste et du viol empêchent femmes et enfants, ainsi que les personnes LGBTQIA, d'être entendus. Cet empêchement de la parole est systémique.
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« Le female gaze est inclusif, il n’exclut personne. » (p. 39)
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Le female gaze ne définit pas une essence féminine mais analyse, grâce à une approche phénoménologique et féministe, une spécificité qui renvoie à l'expérience du corps féminin. Une approche cruciale et urgente puisque les personnages féminins dont on ressentira l'existence et qui sortiront du statut d'objet ont été jusqu'ici absents, effacés, minimisés et avant tout discriminés de nos écrans et de notre culture. Le female gaze peut nous aider à voir et à regarder en dehors du modèle dominant.
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Quand les souvenirs contredisent le langage du corps, quand la société entière cultive le doute sur une source exogène à la souffrance psychique et encourage à passer à autre chose par tous les moyens de diversion - ne devrait-t-on pas dire de dissociation possible qu’elle voit reste-t-il ? Faut-il continuer à hurler sa douleur et sa colère, sans savoir acquis ou à quoi elle s’adresse aux risques de faire peser ce reproche sur l’entourage ? Faut-il se soumettre à des techniques de remémoration impitoyable, au risque d’en perdre l’esprit. ? Là encore, n’est-ce pas cette culture de la haine des survivants qui prétend que seul la douleur et le savoir rendent libre ? ( p 40-41)
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Je soutiendrai que le cinéma a joué une place prépondérante dans l'élaboration d'une culture de l'inceste où l'inceste n'est pas présenté comme un acte de domination ni comme un crime, mais banalisé sous la forme d'une relation de domination érotisée.
Le manque de récits du point de vue de la victime (homme on femme) et la fabrication de la figure de Lolita ont fait basculer notre culture dans un monde où l'inceste non seulement n'est pas tabou, mais où la responsabilité de l'inceste entre l figure paternelle et la victime féminine est placée sur la petite flle "séductrice" ; et celui entre un garçon et sa mère est représenté comme une étape constructive de sa virilité. Il existe donc une différence genrée dans la représentation de l'inceste: les scénarios répètent que la responsabilité en revient toujours aux filles et aux femmes, jamais aux hommes ni aux garçons.
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Il me semble au contraire que la fixation de l'image de l'enfance innocente renforce la possibilité de I'exercice de l'inceste. Je m'en explique. Tout d'abord, elle rigidifie le mythe de l'enfance comme monde merveilleux et naif, et interdit d'enquêter sur les rapports de pouvoir multiples qui s'y déroulent. Elle repose ensuite sur l'idée que les enfants devraient être tenu-es à l'écart de toute information concernant la sexualité et les violences sexuelles. La conséquence directe en est que les enfants se voient privé.es de l'accès à tout un ensemble de ressources et d'outils d'analyse, qui leur permettraient à la fois de pouvoir nommer ce qui se déroule dans les violences incestueuses, et de les dénoncer. En partant de là, on produit effecti- vement une vulnérabilité accrue des enfants : on les rend ignorant-es.
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Aujourd'hui, chaque individu obtient une place sociale en congruence avec un nombre d'années. Cela est particulièrement vrai pour les personnes de moins de 18 ans. En ce sens où le régime juridique de mineur instaure une condition de dépendance à la famille occidentale définie plus haut. Prenons conscience des racines communes de 'mineures', 'minorité' et 'minorisé' . Les mineur-es ne peuvent disposer d'iels-mêmes : travailler, voter (se présenter aux élections), jouir de capacités et de moyens financiers et juridiques propres. Certes nous sommes tou-tes interdépendant-es; nul-le ne peut survivre en dehors des liens sociaux. Mais interdépendance ne veut pas dire domination. Notre culture vient autonomiser les uns (par exemple les personnes adultes, les personnes valides) et accentuer la dépendance des autres. Cette dépendance est justifiée à la fois par des discours scientifiques essentialisant et par la notion dévoyée de 'protection' qui dans les faits signifie plus souvent mettre sous tutelle, contrôler, dominer plutôt que, par exemple, apprendre à l'autre à mettre ses limites et a les faire respecter.
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Tout se passe comme si, en matière de violences sexuelles contre les enfants, chacun pouvait être ramené à un état d'enfance et incapable de penser de quoi sont capables certain-es adultes.
Ce doute du corps social dans son ensemble, les survivant-es I'entendent bien. Si la tempête neurologique déclenchée par les actes inconcevables n'y a pas suffi, ce bain d'invalidation anticipée y parviendra. Les victimes oublient ou doutent. Le doute profitera à celui ou celle qui ne sera jamais accusé-e!. Tant que les victimes ignorent, culpabilisent, et sont convain- cues que leurs symptômes parlent de qui elles sont et non de ce qu'elles ont vécu, leur souffrance paraît sans fin et la culture de l'inceste se perpétue, de génération en génération.
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Je propose d'analyser, dans cet article, I'inceste commne un acte de domination structurel, et donc également structurant, de notre société. Comme un acte de domination pour asseoir et bénéficier des positions de domination liées à l'âge et au sexe qui fondent la famille occidentale. Comme un acte de domination d'une nature spécifique, « par le sexe »>, lié au sexisme. Comme un acte de domination parmi d'autres qui s'inscrit dans le fonctionnement général d'une société basée sur le principe de domination.
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« Les séries constituent une alternative nécessaire à l’heure où la sexualité est incarnée par un puritanisme excessif au cinéma, soit par la pornographie réductrice des sites Internet. Entre ces deux extrêmes, les séries proposent une vision subversive des sexualités féminines en articulant un discours libérateur. Elles nous aident à repenser la sexualité linguistiquement et visuellement tout en mettant en scène les transformations profondes de notre société. Elles nous font jouir de nouvelles idées et de nouvelles images. Elles assurent une relève féministe et instaurent une véritable révolution (télé)visuelle. » (p. 18)
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Les découvertes neurobiologiques ont permis de formaliser la manière dont le corps marque les coups ( p29)
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