Citations de Isabel Komorebi (55)
Si je croyais au destin, je dirais qu’il a décidé de me faire une vilaine blague et de la jeter contre moi pour me tenter et me faire souffrir.
Elle est là, devant moi.
Le destin se moque de moi.
Je me sens tel un insecte. Un insecte attiré par le timbre de sa voix. Je l’entends encore dans ma tête, comme une musique entêtante. Il a une voix sucrée qui coule entre ses lèvres, une voix qui semble chanter. Un chant qui pleure et qui cherche à s’éveiller en même temps.
Un chant sur lequel j’ai envie d’écrire des paroles.
Et je prends sa main dans la mienne. Je suis prise de vertiges, car je sens alors des battements frénétiques dans sa paume et dans la mienne.
Puis, je les entends distinctement. J’entends chanter.
J’entends le chant de nos deux coeurs entremêlés.
Douceur. Mélodie. Envie. Toi.
Les mots sont venus dans un soupir, dans un frémissement, dans un espoir. Je les déguste, car ils sont rares, car ils sont précieux. En à peine quelques heures, nous avons franchi ensemble une ligne qui va pourtant marquer le tournant de nos deux vies.
Lorsqu’elle s’éveille à la vie, chaque Âme est cassée. C’est une grande injustice mais c’est ainsi. Dès lors, chaque morceau cassé n’a de cesse de retrouver la partie qu’on lui a arrachée.
Je ne veux pas que tu m’offres quoi que ce soit, je ne veux rien de toi. Ce que je veux de toi, tu ne peux pas me l’offrir.
Si les anges parlent, je suis certain à cet instant qu’ils ont cette voix-là.
Je me souviens de ce que m’a fait mon coeur quand elle m’a regardé. Il s’est contracté, il s’est craquelé, il s’est fissuré.
Je sais que Mina aime l’art, qu’elle suit des cours de poterie, de peinture et de dessin en dehors du lycée. Elle s’attarde sur chaque œuvre avec bonheur. Moi, je n’y comprends pas grand-chose, mais ses yeux à elle brillent de fascination devant chaque peinture. Et moi, les miens brillent de la voir si belle et si heureuse.
Les jeunes enfants sont fascinants, ils ont un esprit si vif et si ouvert qu’ils comprennent souvent plus vite que les adultes.
J’en suis désolée pour lui, mais j’ai du mal à m’exprimer, à parler, à m’ouvrir aux autres. Sur le papier, c’est facile, les mots sortent avec une telle facilité que parfois, ça m’énerve. Mais dès qu’il s’agit de paroles, les mots restent accrochés sur ma langue, incapables d’être formulés correctement par mes lèvres. Et ça m’énerve encore plus.
Ça me rend dingue mais ça me ramène à la réalité. Une fille comme elle, ça ne reste pas seule longtemps. Je sais qu’elle est toujours célibataire, je sais qu’elle a déjà repoussé les avances de plusieurs gars. Mais un jour, l’un d’eux la séduira. Il se pavanera avec elle à son bras, l’amènera au lac et au cinéma, la fera danser au bal, l’embrassera à s’en meurtrir les lèvres et goûtera sa chance quand son corps sera nu contre le sien.
Ce gars-là qui fera tout ça, ce sera moi.
Mais là, il va falloir que mon pauvre petit cœur se calme. Car au rythme où il s’emballe, il risque de lâcher avant que j’aie pu approcher l’être de mon désir.
D’habitude, il y a toute une meute de filles avec elle. Car une fille, ça ne se déplace qu’avec ses copines, ce qui rend les tentatives de contact encore plus difficiles.