Elle accueille le nouveau moi, celui prêt à lui offrir sa vie.
Aie confiance, tu es forte. Tu es la beauté. Tu es une muse, une déesse. Tu créeras de la poésie, tu créeras de l'amour. Tu seras une étoile qui brillera en plein jour.
Parfois, il s'imagine s'envoler, loin du monde, loin de tout.
Parfois, il s'imagine partir, se demandant ce qu'il y a ailleurs, lui qui n'a connu que la grande ville.
Oui, parfois, il s'imagine vivre une autre vie.
Douceur. Mélodie. Envie. Toi.
Cinq jours entiers.
Mon cœur tambourine et me chante que j'ai cinq jours pour profiter de la vie.
Depuis le départ de Mel, le gamin que j'étais est devenu une flamme éteinte. Même entre mes quatre murs stables et ma vie bien rangée, j'ai toujours l'impression d'être un itinérant, une barque sans attache qui dérive et se cogne aux rochers.
J'ai perdu mon ancre.
Je n'ai tout simplement plus de maison.
Sans elle, je ne suis chez moi nulle part.
La nature est là pour nous rappeler ce que nous ne sommes plus : la grâce, la force, l’innocence que nous avons perdues
Respire. Il faut bien que tu lui dises.
- Parce que je ne suis jamais tombée amoureuse.
Voilà. C'est dit aussi.
Elle relève le nez et jette ses longues mèches blondes en arrière. Ses yeux sont rouges et gonflés d’avoir trop pleuré. Elle renifle, elle hoquette, et elle pleure de plus belle. Ses joues sont trempées et ses yeux mouillés de larmes. Ça coule, encore et encore, comme un torrent de rage et de chagrin. Mais malgré ce flot ininterrompu, j’arrive à voir deux yeux bleus qui rayonnent derrière cette vague de larmes. Pas du même bleu de glace que ceux de mon boss. Les siens sont bleu clair comme le ciel le plus pur. Un ciel dans lequel j’aimerais m’envoler et me fondre.
Elle essuie grossièrement ses larmes avec ses manches, renifle une
dernière fois et plante ses yeux dans les miens.
Et là, je me sens mal.
J’ai mal au coeur.
Dehors, l’orage n’en finit pas de déchirer le monde. La pluie tombe, encore et encore, s’abat sur nous comme une malédiction, comme un châtiment divin. Les éclairs percent le ciel, le craquent, le fissurent, l’illuminent. Ces lignes le fendent avec violence, sans aucune pitié. J’ai envie de hurler, de leur demander si c’est bien elle que je cherche depuis tant d’années. Leur demander si mes souvenirs et ma folie sont réels, ou s’ils ne sont que tromperie. Et que si tout est vain, je leur crie de prendre ma vie à l’instant, de me foudroyer, d’éclater cette vitre, de brûler cette chambre, car il y a bien trop longtemps que j’attends, et que je n’en peux plus.
Ça me rend dingue mais ça me ramène à la réalité. Une fille comme elle, ça ne reste pas seule longtemps. Je sais qu’elle est toujours célibataire, je sais qu’elle a déjà repoussé les avances de plusieurs gars. Mais un jour, l’un d’eux la séduira. Il se pavanera avec elle à son bras, l’amènera au lac et au cinéma, la fera danser au bal, l’embrassera à s’en meurtrir les lèvres et goûtera sa chance quand son corps sera nu contre le sien.
Ce gars-là qui fera tout ça, ce sera moi.
Mais là, il va falloir que mon pauvre petit cœur se calme. Car au rythme où il s’emballe, il risque de lâcher avant que j’aie pu approcher l’être de mon désir.