Paradoxalement, les secrets d'ateliers ne se seront jamais aussi bien portés qu'à la renaissance, alors que l'invention de l'imprimerie aurait dû sensiblement accélérer leur divulgation. (...)
Il nous faut signaler la place toute particulière tenue au sein des émaux clairs par deux ensembles très spécifiques d'émaux cloisonnés à jour, généralement désignés depuis les travaux de Joan Evans sous le nom d'émaux en "résille sur verre". (...)
Le sujet reste épineux (...). Nous ne savons pas quels orfèvres pratiquaient l'émail en résille sur verre au XVIIième siècle. Même le nom donné à cette technique nous échappe. On trouve dans un inventaire parisien de 1651 une mention "d'émaux à la façon du sieur Arondelle". (...) Mais l'énigmatique orfèvre Arondelle n'a pas laissé d'autre témoignage de son art.
Vers 1450, pour orner le cadre du diptyque destiné à la cathédrale de Melun que lui commandait Étienne Chevalier, Jean Fouquet inventa des "médailles" en camaïeu d'or sur cuivre émaillé de bleu sombre. L'une d'entre elles, conservée au Louvre, reproduisant les traits de l'artiste, permet d'observer la complexité d'une technique qui associe application au pinceau et enlevage à l'aiguille ; ce médaillon offre ainsi à la peinture française son premier autoportrait - et à l'art de l'émail peint un précédent sans rival.
Parmi les innombrables richesses d'art léguées à la ville de Paris en 1902 par les frères Dutuit et conservés maintenant au musée du Petit Palais, figuraient deux reliquaires ornés d'émaux mosans du XIIième siècle. L'authenticité de ces deux triptyques, dont la mention la plus ancienne remonte à la vente Soltykoff en 1861, a été contesté par Neil Stratford dans différentes publications, mais l'expertise du C2RMF a confirmé l'authenticité de toutes les plaques émaillées ainsi que celle des anges de ces deux triptyques.
http://www.petitpalais.paris.fr/fr/collections/reliquaire-de-la-vraie-croix
Les orfèvres ont de tout temps cherché à rehausser leurs œuvres de l’éclat coloré offert par les pierres dures et précieuses, ou par leurs substituts plus répandus et moins onéreux, parmi lesquels le verre, serti à froid ou appliqué par fusion et alors communément dénommé émail. Les origines et les premiers développements de cette dernière technique, qui relève donc à la fois des arts du feu et du décor métallique, ne sont pas aisés à discerner. Le berceau se situe probablement dans le Bassin méditerranéen.