Mon père lui, il mange pas seul. Y a l'autre prisonnier avec lui, et tous les deux, ils regardent la télé pendant les repas -- il me l'a dit dans une lettre. Moi, je mange seule, avec ma mère qui me regarde, qui attend et qui me parle.
Dans quelques heures, mon prénom va sortir avec moi, il va servir à nouveau, dans plein d'endroits et de situations cette fois ; il ne sera plus la propriété exclusive et bienveillante de quelques très proches. Et mon numéro d'écrou ne sera lui, que le souvenir d'une plaie.