Des individus, des sociétés coloniales et des sociétés de géographie s'emploient à promouvoir l'idée coloniale. Les sociétés de géographie, fondées à partir ds années 1820 (la première à Paris en 1821), ont d'abord pour fonction d'aider les explorateurs et de publier leurs écrits. La Société royale de géographie britannique (1829) contribue à financer par exemple des voyages d'exploration au cœur de l'Afrique. Les sociétés de géographie commerciale ou maritime, qui se multiplient autour de 1870, instruments d'acculturation des réseaux de notables à la colonisation, mettent davantage l'accent sur la nécessité de l'expansion.
L’exploration européenne du continent africain, pour l’essentiel, n’est pas concomitante de la conquête coloniale. Lorsqu’elle commence, dans les années 1790, les Européens ne sont présents que sur les côtes, où ils ont érigé des comptoirs fortifiés pour pratiquer la traite, en accord avec les autorités autochtones auxquelles ils versent des « coutumes ». À quelques exceptions près (Algérie, Afrique du Sud, Sénégal), la souveraineté reste africaine jusque dans les années 1880 ou 1890. Pendant près d’un siècle, donc, les explorateurs qui parcourent le continent ne sont pas en terrain conquis. Ils doivent obtenir l’autorisation des souverains locaux pour traverser leurs États et ils dépendent, pour subsister comme pour se déplacer, des sociétés africaines au sein desquelles ils ne sont que des étrangers de passage, exerçant l’étrange métier de voyager par curiosité, et non pour le commerce.