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Citation de mandarine43


[ Incipit ]

C'EST le 15 juin 1767 que Côme Laverse du Rondeau, mon frère, s'assit au milieu de nous pour la dernière fois. Je m'en souviens comme si c'était d'hier. Nous étions dans la salle à manger de notre villa d'Ombreuse ; les fenêtres encadraient les branches touffues de la grande yeuse du parc. Il était midi ; c'est à cette heure-là que notre famille, obéissant à une vieille tradition, se mettait à table ; le déjeuner au milieu de l'après-midi, mode venue de la nonchalante cour de France et adoptée par toute la noblesse, n'était pas en usage chez nous. Je me rappelle que le vent soufflait, qu'il venait de la mer et que les feuilles bougeaient.
« J'ai déjà dit que je n'en voulais pas et je répète que je n'en veux pas », fit Côme en écartant le plat d'escargots.
On n'avait jamais vu désobéissance plus grave. Le baron Arminius Laverse du Rôndeau, notre père, coiffé d'une perruque Louis XIV descendant jusqu'aux oreilles et démodée comme tout ce qui lui appartenait, siégeait à la place d'honneur. Entre mon frère et moi était assis l'abbé Fauche-lafleur, chapélain de notre famille, notre précepteur. En face de nous, la générale Konradine du Rondeau, notre mère, et notre soeur Baptiste, la nonne de la maison. Au bas de la table, en costume turc, l'avocat AEneas-Sylvius Carrega, hydraulicien, régisseur de notre propriété et notre oncle naturel.
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