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Critiques de Ivan Brandon (26)
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Drifter, tome 1

Attirée par le résumé du 4ème de couverture de ce comics Planet-opera , ce sont surtout les dessins fabuleux de Nic Klein qui m'ont décidée à acheter cet album.



---> plutôt déçue par le scénario d'Yvan Brandon (le commandant Abram Pollux (!) se crashe avec son vaisseau spatial sur une étrange planète où les extraterrestres réagissent aussi bizarrement que les colonisateurs humains)...un scénario à l'ambiance western dans "un village fantôme", qui s'avère finalement très nébuleux et ne réussit pas à convaincre.

Je sais bien que c'est un premier tome qui sème les (trop ?) nombreux cailloux de base pour la suite, mais on aimerait avoir au moins une (!) réponse aux multiples questions qu'on se pose...

- Abram est-il réellement dans le présent et pour quelle raison prétend-il avoir mérité son sort ?

- Qui sont ces pilleurs (qui pillent quoi d'ailleurs ?), sortant de nulle part et qui s'enfuient devant ce monstre fait d'éclairs et d'électricité statique ?

- Pourquoi et comment ce curé immonde et squelettique zigouille-t-il des hommes de stature imposante ?

- Qu'est ce qui peut lier ces hommes et femmes, oubliés par le reste de l'humanité, aux extraterrestres ?

- Qui est-ce... enfin je ne vais pas vous énumérer toutes mes interrogations...



---> mais absolument conquise par l'art dynamique du dessinateur Nic Klein !

Dure, directe, réaliste, sa représentation des paysages planétaires, monstres, mutants, extraterrestres et cette poignée restante d'humains, m'a entraînée directement dans son monde a l'éventail de couleurs peaufiné...



Toutefois, est-ce que je me laisserai dériver une deuxième fois vers Drifter 2 ?
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VS, tome 1 : Ligne de front

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5 de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Ivan Brandon, dessinés et encré par Esad Ribić, avec une mise en couleurs réalisée par Nic Klein. Il comprend également les couvertures alternatives réalisées par Dan Panosian et Jae Lee.



Des dizaines d'années dans le futur, sur une planète avec un anneau, sous la supervision et la surveillance de gouvernants ayant élu domicile dans des satellites spatiaux, une bataille va commencer. Les soldats d'une faction sont campés sur leur position, ayant du mal à supporter le silence de l'attente. Non loin de là, le commando ennemi vient d'arriver. Il se compose de 6 soldats, avec pour chef un vétéran nommé Satta Flynn équipé d'un exosquelette dorsal avec 4 bras supplémentaires. Il donne l'ordre à 2 soldats de se déployer sur les flancs, et aux 3 autres de le suivre. À quelques mères en hauteur, de nombreuses caméras filment tout. Le soldat parti en vol autonome se fait descendre dès la première minute. Un autre reçoit en projectile en pleine poitrine. L'une des caméras annonce une pause pour les écrans publicitaires. En fait il s'agit d'une rediffusion que Satta Flynn regarde depuis son lit d'hôpital car il a été grièvement blessé pendant cette campagne. 86 jours après sa blessure, il peut enfin sortir de l'hôpital, avec une nouvelle jambe cybernétique à la place de celle qui a été amputée. Il sort en fauteuil roulant, mais se met debout malgré la douleur, pour le bénéfice des journalistes présents à l'entrée. Il est rapidement pris en charge par le représentant de l'entreprise qui l'emploie, et par Xem, une jeune femme qui lui est attachée.



Quelques jours plus tard, Satta Flynn est de retour sur le champ de bataille. Il court pour éviter les tirs de l'ennemi, tout en progressant de l'avant. Il finit par débusquer le chef de peloton ennemi en le surprenant. Il s'engage dans un combat acharné au corps à corps. L'autre réussit à lui trancher une artère du cou. Flynn ne se rend pas pour autant, et enfonce sa propre lame dans le cou de son adversaire, le tuant. Mais il se fait lui-même poignarder dans le dos par un autre ennemi à l'agonie sur le terrain. Il se retourne dans un sursaut pour le tuer également, et s'effondre sur son cadavre. La bataille est parvenue à son terme, et les services médicaux et autres pénètrent sur le terrain pour s'occuper des blessés et enlever les cadavres. Satta Flynn n'est pas mort, mais il a échoué. La sanction est double : son entreprise n'a pas gagné la partie et va perdre des territoires de vente. Lui-même va perdre des sponsors et donc des revenus financiers. Par contre, ça ouvre la porte à de nouveaux soldats pour prendre sa place, des plus jeunes.



A priori, le lecteur est attiré vers ce comics, à la fois par le dessinateur, à la fois par le scénariste. Esad Ribić s'est fait connaître par ses pages s'apparentant à des illustrations pour des projets comme Loki (2004, scénario de Robert Rodi), Silver Surfer: Requiem) (2007, scénario de Joe Michael Straczynski), Sub-Mariner: The Depths (2009, scénario de Peter Milligan), Secret Wars (2016, scénario de Jonathan Hickman). Le lecteur note toutefois que l'artiste n'a pas réalisé lui-même sa mise en couleurs. Elle a été réalisée par Nic Klein qui a déjà travaillé avec Ivan Brandon, en particulier pour la série de science-fiction Drifter. S'il l'a lue, le lecteur garde en souvenir des visuels envoûtant et une structure narrative déroutante, exigeant un bon degré d'investissement pour rassembler les pièces du puzzle du scénario, dispersées aux quatre vents des épisodes. Du coup, il peut éprouver un peu d'appréhension à se plonger dans ce nouveau récit de Brandon. D'un autre côté, il s'agit d'un récit complet en 5 épisodes, donc nécessitant moins d'effort que pour les 19 épisodes de Drifter. En outre les premières pages donnent l'impression qu'Esad Ribić a réalisé ses planches tout seul, tellement Nic Klein a calqué sa mise en couleurs sur la méthode de Ribić. Enfin les 12 premières pages narrent une opération militaire de terrain, tout en action.



Ivan Brandon n'a quand même pas abandonné complètement sa manière de raconter une histoire, et ce n'est que progressivement que le lecteur découvre les raisons et les enjeux de ces affrontements entre professionnels. Cependant, il n'est pas compliqué de comprendre ce qui est en train de se jouer. Le récit se concentre essentiellement sur Satta Flynn, ce combattant vétéran émérite, tout entier focalisé sur son métier. La jeune Xem n'apparaît que le temps d'une page et n'est même pas une récompense pour Flynn, selon toute vraisemblance encore moins une compagne. Les seuls femmes à jouer un rôle de premier plan sont 2 combattantes comme Flynn, Mama Martine et Major Devi, cette dernière étant plus jeune et plus compétente que lui. Satta Flynn embrasse donc complètement sa condition de combattant célèbre et redoutable, sans état d'âme, sans autre motivation que celle de sortir vainqueur. Sa blessure grave ne remet pas en question sa motivation. Il n'éprouve pas de peur particulière face à la mort. Seule la supériorité de Major Devi le déroute, impliquant la fin de sa supériorité, une déchéance vraisemblable à court terme. Du coup Satta Flynn n'est pas un héros parce qu'il est difficile de l'admirer du fait de son absence de questionnement, mais il n'est pas complètement antipathique parce que le lecteur ressent de l'empathie pour son obsolescence proche.



Les premières pages impressionnent le lecteur commençant par 2 dessins en pleine page, puis 3 pages avec 3 ou 4 cases, comme une sorte de travelling avant vers le champ de bataille, en partant depuis l'espace. Le lecteur retrouve les formes tracées à grand trait d'Esad Ribić, noyées dans des camaïeux de couleurs pastel, des brumes mangeant les détails. Il lui faut donc un peu de temps pour se rappeler que la mise en couleurs a été faite par Nic Klein et pas Ribić. Cela devient un peu plus apparent par la suite car les formes deviennent détourées par des traits encrés, attestant que le dessinateur a un peu changé de mode de représentation. Cela l'incite d'ailleurs à représenter plus de détails, à se montrer plus concret. Cela constitue un plus pour le récit, car du coup les éléments de science-fiction sont plus palpables, plus tangibles. Le lecteur peut voir la technologie futuriste, les quelques vaisseaux, les tenues d'anticipation, les armes du futur. Les représentations ne s'inscrivent pas dans une démarche prospective d'anticipation à partir de la science d'aujourd'hui, mais elles permettent au lecteur de s'immerger dans un monde cohérent, différent du présent. L'observation des dessins lui permet de se faire une représentation des constructions de cette planète, de son degré d'avancée sur l'échelle de la civilisation, de son urbanisme, même si le scénario ne s'appesantit pas sur la vie quotidienne.



Nic Klein effectue un remarquable travail de mise en couleurs, avec des teintes assez pâles, un peu blafardes. Il les utilise pour accentuer le relief des formes, et apporter des informations sur les sources d'éclairage. Il établit une teinte dominante par séquence pour lui conférer une ambiance particulière. Il nourrit les fonds de case lors des affrontements car les champs de bataille se trouvent en zones sauvages, ou dans des zones dévastées. Le lecteur pourrait craindre que ces choix graphiques rendent la lecture un peu difficile, mais en fait Esad Ribić conçoit des personnages et des tenues avec des spécificités assez fortes pour que le lecteur sache tout de suite qui il est en train de regarder attaquer, ou où se situe l'action. Le choix de couleurs délavées peut donner l'impression que le récit manque d'éclat, mais le lecteur constate rapidement que les combats sont spectaculaires, avec des déroulements inventifs, et que certains lieux en imposent soit par des constructions gigantesques, soit par la beauté de la nature. La narration graphique emmène donc le lecteur sur une autre planète peuplée d'humanoïde, dans un futur lointain, au milieu de combats menés par des professionnels jusqu'à la mort.



Ainsi immergé, le lecteur se laisse prendre par la fureur des combats, par la détermination professionnelle de Satta Flynn. Comme lui, il absorbe les informations quand il en a le temps, pour comprendre quels sont les enjeux réels de ces affrontements. Ivan Brandon ne s'est pas contenté de concevoir une intrigue, il a également travaillé sur la forme, avec l'insertion de pages de publicité, comme dans la retransmission des combats, aidé par Tom Muller, un designer. Il s'agit de produits inventés pour l'histoire, mais fonctionnant comme des échos de produits existants, telle une célèbre marque de soda. L'effet produit est de faire remarquer au lecteur que ces combats s'inscrivent dans une forme de gouvernement, un système fonctionnant sur le principe du capitalisme, où le terme guerre économique peut être pris au pied de la lettre. En soi, le propos ne s'avère pas original, mais sa mise en forme (récit de SF, dessins à la forte personnalité) en fait une fable pour adultes, débarrassée de toute naïveté. Le scénariste utilise le genre SF pour mieux faire ressortir les principes sous-jacents qui conduisent les personnages à se comporter ainsi. Il a réussi à trouver le juste équilibre entre récit au premier degré et critique du système.



Au vu des créateurs de cette histoire, le lecteur peut se retrouver tiraillé entre 2 a priori conflictuels, entre curiosité pour un scénario ambitieux et des dessins personnels, et appréhension pour une structure de récit trop alambiquée, et des dessins trop fades. Il se trouve qu'Ivan Brandon, Nic Klein et Esad Ribić ont combiné le meilleur de leurs particularités, pour un récit de science-fiction basé sur l'action, avec une dimension réflexive, et des dessins riches à la mise en couleurs personnelle.
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Viking : Un long feu de glace

Je n'irai pas par 4 chemins malheureusement. Cette bd a été très décevante à sa lecture par son côté très confus aussi bien dans le scénario que dans le graphisme trop brouillon et imprécis. Il y a dès fois où cela fonctionne et dès fois où on a envie de refermer les pages très rapidement.



Je reconnais qu'il y avait du potentiel. Cependant, la mise en exploitation a été désastreuse à commencer par un déroulé beaucoup trop abrupt. Le découpage n'aide pas beaucoup entre les différentes scènes. Le décor est très minimaliste. Les dialogues sont insipides. Les deux héros existent-ils réellement ?



Bref, tout est réuni pour passer un mauvais moment de lecture. On pourra très vite oublier ce viking en se portant sur d'autres choix plus judicieux sur le même thème. Ce n'est pas ce qui manque...
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Drifter, tome 2 : Veillée

Ce tome contient les épisodes 6 à 9, initialement parus en 2015, écrits par Ivan Brandon, dessinés, encrés et mis en couleurs par Nic Klein. Il faut avoir lu le premier tome avant.



Ce tome commence immédiatement là où s'était arrêté le précédent, avec la shérif Lee Carter qui a bien du mal à croire qu'elle vient de tuer un homme. 2 Wheelers (une race extraterrestre indigène de la planète Ouro) arrivent immédiatement pour enlever le corps du défunt, tombé en pleine rue. Dans le bureau du Wheeler qui parle aux humains (situé à l'étage du bar principal de la ville), Castillo se voit remettre un insigne de shérif. Ailleurs dans la ville, la population procède aux rites funéraires suite au décès de Jonah Tupu. Contrairement à la coutume, le corps est incinéré, plutôt que d'être remis aux Wheelers pour recyclage.



Le lendemain de la cérémonie, Abram Pollux vient trouver Lee Carter pour lui indiquer qu'une équipe constituée d'une demi-douzaine de personnes va effectuer une mission au-delà des canyons pour aller récupérer des métaux sur une épave de vaisseau spatial. Carter choisit de dépêcher Castillo. L'équipe compte 3 femmes dont la pilote Della, Gita habile avec une arme à feu, Chuck (qui a eu les mains abimées dans le tome précédent), et encore 3 autres non nommés. Pendant leur absence, Lee Carter provoque un grand balaise dans le bar, le coffre en cellule, et s'applique à le mater.



Le premier tome de cette série établissait une ambiance peu commune sur Ouro, cette planète éloignée des routes stellaires, en suivant un pilote rescapé d'un crash qui découvrait cet environnement. le lecteur était prié de bien s'accrocher car tout n'était pas expliqué, et encore moins explicite. Pour ce deuxième tome, les auteurs poursuivent dans ce même mode de narration cryptique, qui montre mais qui n'explique pas. le lecteur doit s'accrocher pour suivre le fil narratif. Un exemple parmi d'autres : les personnes composant l'équipe de récupération ne sont pas toutes nommées. Elles disposent toutes d'une apparence spécifique qui permet aisément de les identifier visuellement, mais leurs prénoms ou leurs noms n'apparaissent pas tous dans les dialogues. de la même manière, l'armoire à glace ayant débarqué dans le bar en cherchant la bagarre n'est pas nommée. Il n'y pas d'explication à son comportement, ni à celui de Lee Carter qui lui fait face.



À ce compte, le lecteur n'a d'autre choix que de se laisser porter par la narration, en se contentant de ce que les auteurs veulent bien lui montrer. Il ne fait pas non plus espérer retrouver les intrigues secondaires du premier tome. Où sont passés Bell Emmerich et la petite fille Lima ? Mystère. L'aspect abscons va même jusqu'à s'afficher en couverture, avec un dessin très sombre, rendu encore plus difficile à déchiffrer par la superposition d'une trame à base de petits cercles (heureusement la couverture originale se trouve à l'intérieur, sans la grille de ronds, plus lisible).



Le lecteur suit donc les actions de la shérif, qui se sent visiblement coupable d'avoir tué un homme, et qui se punit elle-même en se soumettant aux coups de l'armoire à glace du bar. Pourquoi pas ? Il se fait poignarder dans le dos, pourquoi pas ? Il est vrai qu'à l'issue des séquences consacrées à ce fil narratif, le lecteur reste dubitatif. Qu'est-ce qu'elles apportaient à l'intrigue ? Mystère. Leur exécution visuelle est intéressante avec en particulier une violence qui n'a rien d'édulcorée, ni de d'idéalisée de manière romantique. Cependant, le lecteur a dû mal à croire que l'armoire à glace puisse se remettre aussi facilement d'un tel coup de couteau dans le dos. Il comprend bien également le besoin de Carter de s'infliger une forme de pénitence pour expier sa faute d'avoir tué quelqu'un.



Côté fil narratif principal, le premier épisode sert d'épilogue au premier tome, en montrant les conséquences de l'imprudence d'Abram Pollux. Les ambiances chromatiques sont denses à souhait. Nic Klein réalise des cases où les Wheelers sont absolument indéchiffrables dans leur morphologie extraterrestre. L'équipe de récupérateurs part en exploration dans une zone éloignée de la ville, et vraisemblablement peu hospitalière au vu de l'appréhension des membres de ladite équipe. Ce premier épisode se termine sur un dessin en double page, d'une beauté à couper le souffle. La qualité de la composition (à commencer par le point de vue) place le lecteur au milieu d'un spectacle nocturne merveilleux, le transporte sur une autre planète, lui offre la vision époustouflante d'une faune et d'une flore extraterrestres, comme s'il y était.



Il ne s'agit pas de photoréalisme ou de plausibilité, mais de logique de la composition, et de son exécution. Nic Klein réalise lui-même sa mise en couleurs, vraisemblablement à l'infographie, avec une intégration au dessin digne du travail de Dean White habillant les dessins de Jerome Opeña. Il ne s'agit pas d'une occurrence isolée. L'épisode 2 commence avec la suite de cette scène, coupant le souffle de la même manière. C'est parti pour une exploration dans des paysages extraordinaires, dans le sens où ils sortent de l'ordinaire. le lecteur profite pleinement du fait qu'en lieu et place de la chaîne de production habituelle des comics, ces pages sont réalisées par un seul et même artiste qui n'a pas ménagé sa peine.



Par la suite une partie des membres de l'équipe pénètre dans les entrailles d'un vaisseau spatial hors service. Nic Klein continue de maîtriser l'ambiance par un savant éclairage. Il rend compte de l'étroitesse des coursives sans qu'elles n'en deviennent minuscules, faisant ainsi passer un sentiment diffus de claustrophobie, sans donner dans l'exagération. le lecteur voit des images en cohérence avec le récit, pas de source d'énergie dans le vaisseau, une lumière faible, des parties intactes, et des parties dépecées. Ça fait du bien ces dessins qui échappent aux stéréotypes des vaisseaux sans personnalité des opéras de l'espace produit à la chaîne.



Les attitudes et les gestes des personnages sonnent justes, avec des mouvements plausibles, des expressions de visage adultes et nuancées. Les tenues vestimentaires sont adaptées à l'exploration, au voyage à bord de la navette volante, aux caractéristiques du milieu extérieur. le lecteur peut voir les caractéristiques des individus qui se heurtent à l'équipe quand elle arrive à proximité du vaisseau spatial. L'artiste réalise des dessins très impressionnants du Wheeler qui accompagne l'équipe, en montrant sa force physique même quand il est au repos, et ses réactions qui ne sont pas celles d'un être humain. le lecteur se retrouve complètement immergé dans ces endroits à la faible luminosité, avec des individus hostiles à proximité.



Ainsi transporté sur cette planète étrangère, le lecteur est motivé pour distinguer dans les dialogues, les pièces du puzzle qui permettraient d'établir la nature des enjeux, d'éclaircir les relations de pouvoir, et d'éclairer la situation. Ivan Brandon construit son intrigue autour du fil directeur qu'est l'exploration, et l'affrontement avec le groupe déjà présent au bord de l'épave du vaisseau spatial. le lecteur dispose donc de cet axe narratif clair pour se repérer. Il est ébahi par le dessin en double page en fin du premier épisode. Derrière la beauté de l'image, il se rend compte que les auteurs ont également réussi à saisir l'essence d'un moment où une personne se retrouve sous le charme d'un paysage de toute beauté. Ainsi au-delà de l'exotisme de science-fiction, c'est le mécanisme de cet instant d'émerveillement qu'ils font apparaître, grâce au décalage de l'environnement imaginaire. Ils utilisent les conventions de la science-fiction pour évoquer le plaisir d'un voyage de découverte.



Captivé par les dessins, le lecteur se familiarise petit à petit avec cette narration elliptique et apprécie ce que le manque d'explicite peut faire ressortir. Sous le charme de cette exploration, il se rend compte avec surprise au cours de l'épisode 3 qu'Abram Pollux converse avec un personnage qui fournit quelques pièces maîtresse du puzzle pour comprendre la situation présente. Comme dans une vraie discussion, ce personnage ne fournit pas une explication détaillée sous la forme d'un cours magistral, mais répond brièvement aux questions de Pollux, en imposant son point de vue qui repose sur des sous-entendus. le lecteur doit donc continuer de fournir un effort d'écoute (ou de lecture soutenue) pour saisir la portée de ce qui est dit, mais la compréhension commence à s'élargir (même si on est loin d'avoir une complète de l'image que composent les pièces du puzzle).



Et puis, les auteurs déstabilisent à nouveau complètement le lecteur, dans la séquence finale, avec des pages à nouveau de toute beauté pour l'envol peu commun d'un vaisseau spatial, avec des conséquences pas immédiatement compréhensibles pour les personnages (il faudra attendre le tome suivant). le spectacle est à nouveau de toute beauté, à couper le souffle.



Ce deuxième tome se situe dans la droite lignée du premier, avec une narration toujours aussi cryptique. Nic Klein est monté en puissance de manière exponentielle et réalise des illustrations de science-fiction dignes des maîtres du genre, sans rien perdre en qualité de narration. Ivan Brandon fait avancer son intrigue, avec un fil conducteur facile à suivre, ce qui permet de mieux s'accrocher pour extraire les maigres bribes d'information contenues dans les dialogues. Ce n'est pas une lecture à recommander pour quelqu'un appréciant les récits clairs et explicites. Elle s'adresse plus aux lecteurs avides de science-fiction élaborée et visuellement sophistiquée, acceptant que l'univers recèle des recoins incompréhensibles où l'individu doit accepter les choses comme elles viennent s'il souhaite survivre.
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Drifter, tome 2 : Veillée

Le scénario est particulièrement elliptique et intriguant, mais aussi frustrant de ce point de vue. Il faudra donc attendre la suite, en espérant avoir enfin les réponses.
Lien : http://bulles-et-onomatopees..
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Drifter, tome 3

Ce tome fait suite à Veillée (épisodes 6 à 9) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il comprend les épisodes 10 à 14, initialement parus en 2016, sur la base d'une histoire conçue par Ivan Brandon & Nic Klein, avec des dialogues d'Ivan Brandon, des dessins, encrages et couleurs de Nic Klein, et un lettrage d'Aditya Bidikar. En fin d'ouvrage se trouvent les couvertures variantes réalisées par Goran Parlov, Mike Huddleston, Devmalya Pramanik, Aurélie Neyret, Tony Sandoval.



Abram Pollux est en train de faire un cauchemar dans lequel un individu retire sa cagoule pour révéler un crâne en feu. Il se réveille brusquement pour se retrouver dans un vaisseau naufragé sur une étendue rocheuse, avec ses compagnons de voyage en train de s'extraire de l'épave. Ils émergent dans un lieu désolé au milieu de formations rocheuses, sous un ciel gris masquant le soleil et occasionnant une faible luminosité grisâtre, avec une atmosphère ou volètent des cendres. À Ghost Town, la ville minière de cette planète Ouro, la shérif Lee Carter emmène une petite dizaine de citoyens au bar pour aller trouver le plénipotentiaire des Wheelers, la race indigène de la planète Ouro.



Une dizaine de Wheelers investissent le bar et barrent l'accès à l'escalier qui mène à la pièce où se tient le plénipotentiaire de leur race. La shérif a beau menacer, ils restent muets et refusent de bouger. Abram Pollux finit par revenir à Ghost Town, ayant lui aussi acquis la certitude que le nuage de cendres a été causé par les actions d'un Wheeler. Il se rend lui aussi au bar et, devant l'immobilité des Wheelers et leur absence de réponse, et même de réaction, il tire à bout portant dans le crâne de l'un deux. Le plénipotentiaire sort de son bureau et descend l'escalier. Mais le face-à-face prend une tournure imprévisible. Dans une zone sauvage éloignée de Ghost Town, Bell Emmerich et la petite fille Lima sont arrivés au pied d'un autre vaisseau spatial, avec la ferme intention de pénétrer à l'intérieur.



Ouhlala ! Qu'est-ce qui se passe ? C'est la première réaction du lecteur qui se demande s'il n'aurait pas raté un chapitre. Passé la première page, il n'est pas bien sûr d'avoir saisi ce qu'apporte ce bref cauchemar. Il n'est pas bien sûr de savoir d'où vient toute cette cendre et qui a vraiment déclenché ou causé cette catastrophe. Il essaye également de se remémorer de quel vaisseau il s'agit exactement. Fort heureusement, il reprend pied avec la séquence suivante qui se déroule à Ghost Town. Les personnages sont mieux ancrés dans sa mémoire à commencer par la shérif. Il déduit de ce qu'il lit que le plafond nuageux de cendres est imputé aux actions d'un Wheeler. Il se souvient également que le tome précédent exigeait un bon niveau d'investissement de sa part pour établir les liens de cause à effet entre les événements.



La narration conserve sa caractéristique cryptique dans ce troisième tome et le lecteur doit à nouveau consentir un vote de confiance aux auteurs. Comme dans le tome précédent, les actions des uns et des autres finissent par permettre de discerner le fil conducteur : les Wheelers sont peut-être responsables de la catastrophe climatique qui remet en cause le mode de vie des colons miniers, et ces derniers veulent obtenir au minimum une explication, en se frayant un chemin jusqu'à leur plénipotentiaire. Mais les scénaristes montrent petit à petit que la situation recèle des degrés de complexité. Pour commencer, l'accès au plénipotentiaire est bien gardé. Ensuite les quelques phrases qu'il prononce sont tout aussi cryptiques que la narration et n'apportent pas beaucoup d'informations. En outre tous les colons n'ont pas les mêmes objectifs. Certains veulent une explication coûte que coûte, d'autres sont prêts à attendre que la situation revienne à la normal. D'autres encore aimeraient bien que les affaires continuent, en particulier en exploitant la mine. Derrière la confrontation ente humains et Wheelers, le lecteur finit par voir apparaître l'opposition entre indigènes et colons. La coexistence déconcertante qui existait auparavant n'a pas résisté au phénomène des cendres, les Wheelers adoptant un comportement semblant constituer une adaptation à ce phénomène qu'ils connaissent peut-être déjà, qui peut être cyclique (va savoir), alors que les humains ne savent quelle attitude adopter. Il est possible d'y voir le désordre entre 2 communautés d'une société quand l'une obéit à des règles inconnues de l'autre, et qu'en plus la seconde dépend de la première. Alors le fragile équilibre de la coexistence est rompu et la supériorité des Wheelers remet en cause l'existence même de la colonie humaine sur la planète Ouro.



Le lecteur est surtout revenu pour les illustrations de Nic Klein, artiste qui donne une rare consistance à cet environnement de science-fiction. Dès la première page, il assiste à une magnifique utilisation des couleurs. Comme dans les tomes précédents, l'artiste utilise la mise en couleur directe, ou à l'infographie, pour accentuer le relief de chaque surface, en complément des traits encrés. Dans la mesure où Klein fait tout lui-même, les 2 techniques se complémentent de manière harmonieuse, sans que le lecteur n'ait l'impression que l'une écrase l'autre. La couleur rend également compte de l'ambiance lumineuse, avec des teintes principales en fonction des circonstances. Il y a donc une teinte entre gris et vert pour montrer la faible luminosité causée par les cendres omniprésentes dans l'atmosphère. Il y a une teinte entre vert et violet pour les scènes se déroulant dans le bar de Ghost Town. Il y a une teinte entre gris et bleu nuit pour l'étrange progression d'Abram Pollux dans une caverne comprenant une grande étendue d'eau. De temps à autre, un élément visuel présente une couleur qui tranche fortement avec le reste, comme celle du voile de protection porté par l'un des personnages, à l'extérieur.



Le regard du lecteur se laisse donc immédiatement séduire par l'aspect plastique de chaque page, par ces formes parées de belles couleurs. Il constate que cet environnement de science-fiction n'a rien perdu de ses spécificités qui lui donnent une plausibilité remarquable. Les tenues vestimentaires des personnages présentent un décalage suffisant avec celle du monde contemporain pour attester que la série se passe dans le futur, mais elles restent plausibles, pratiques, adaptées au climat. Elles ne sont pas tape à l'œil, mais juste ce qu'il faut de décalé. Il en va de même pour la technologie. Nic Klein ne se contente pas de détourer de vagues contours de panneaux métalliques, en reprenant les stéréotypes initiés par Jack Kirby. Klein trouve le bon équilibre équivalent à celui pour les vêtements, entre des technologies contemporaines existantes et des visions futuristes. La technologie qu'il montre n'est pas propre et rutilante. Elle a été mise en œuvre par des individus cherchant des solutions pratiques pour terminer le montage, avec des câbles passant par-dessus, en utilisant parfois des matériaux de récupération.



L'une des difficultés à laquelle sont confrontés tous les auteurs de science-fiction est de créer des races extraterrestres. A priori, il n'y a pas de raison pour que ces races soient similaires ou très proches de la race humaine. Mais d'un autre côté, pour pouvoir montrer une forme de cohabitation entre humains et extraterrestres, il faut que ces derniers soient finalement compatibles en termes de biologie avec la forme humanoïde. Nic Klein et Ivan Brandon ont décidé de se plier à cette contrainte, et le dessinateur donne à voir des êtres humanoïdes avec une forme humaine, mais assez éloignée d'un être humain pour qu'il ne puisse pas y avoir méprise. Il augmente la différence entre humains et Wheelers, par le biais des postures et des mouvements des Wheelers, différents de ceux d'un humain. La somme de ces composants traités avec passion aboutit à un environnement très tangible, donnant au lecteur une sensation d'immersion totale.



Même s'il se retrouve perdu dans l'intrigue, le lecteur peut jouir de cette immersion aux côtés des personnages. Il ressent cette ambiance de fin du monde avec des cendres qui volètent dans l'atmosphère. Il ressent l'appréhension à se tenir face aux Wheelers qui empêchent d'accéder à l'escalier menant au plénipotentiaire. Il sourit devant Lima se moquant du mystérieux Ben Emmerich. Il croit rêver quand Abram Pollux s'enfonce dans le lac souterrain. Il ressent la montée du désespoir chez les humains qui prennent petit à petit conscience de la dégradation de leur situation.



Ce troisième tome de la série est tout aussi envoutant qu'irritant. Le lecteur est à nouveau séduit par la narration visuelle. Nic Klein réalise des planches magnifiques qui donnent corps à la science-fiction, qui lui permettent de prendre chair pour devenir concrète. Il y a à nouveau des moments hallucinants dans ce qui se passe, mais aussi dans l'image spectaculaire qui semble sortir d'un cauchemar. D'un autre côté, la narration de l'intrigue est construite pour déstabiliser le lecteur. Elle se partage entre 3 principaux personnages : la shérif Lee Carter, Abram Pollux, Bell Emmerich accompagné de Lima. Dans ce tome, le lecteur n'en apprend pas plus sur leur personnalité ou sur leur histoire personnelle. Il se débat dans pour identifier les schémas, pour identifier les causes au vu des conséquences qu'il découvre. Chaque séquence apporte son lot de divertissement et d'action. Au fur et à mesure, il se dessine des questionnements sur la nature de la relation qui unit humains et Wheelers, sur la légitimité des populations indigènes, sur la forme d'exploitation des ressources par des êtres humains, inconscients des cycles naturels de la planète Ouro. La série reste donc fascinante, mais ce tome s'avère plus irritant que les précédents.
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Drifter, tome 1

Quelques belles planches, des dessins soignés, sans être très originaux. Pas grand chose de nouveau, une entame de série qui ne m'a pas emballé. Un ersatz de Dune, le génie en moins, puisque copié, croisé avec un Marvel, univers que je n'apprécie pas,. Une voix off, d'une platitude affligeante, une histoire confuse plus que intrigante, des personnages peu crédibles, de la science fiction commerciale, sans message, bref … à oublier.
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Viking : Un long feu de glace

J'ai choisi cette BD parce que le titre "Viking un long feu de glace" était attirant pour une passionnée de littérature nordique et de légendes vikings et que la page couverture est vraiment superbe. Dès les premières vignettes, j'ai cependant déchanté: il est extrêmement difficile de suivre cette histoire à cause des dessins confus, des personnages difficiles à identifier, du manque d'informations de base nécessaires à une bonne introduction (temps, lieux, personnages, situation initiale). De plus, il y a beaucoup d'actions, mais très peu d'explications, ce qui fait que le lecteur a bien du mal à s'y retrouver. Les illustrations ne sont pas toujours belles et pas toujours faciles à décoder non plus, donc je ne peux pas dire que j'ai apprécié ma lecture tellement ces éléments m'ont dérangée. Pourtant, certains passages intéressants donnaient un aperçu de ce que l'histoire aurait pu être sans cette impression de brouillon.
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Drifter, tome 4 : Remains

Ce tome fait suite à Lit by fire (épisodes 10 à 14) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Dans la mesure où il s'agit d'une histoire complète en 4 tomes, il avoir commencé par le premier. Celui est le dernier de la série et il contient les épisodes 15 à 19, initialement parus en 2017, sur la base d'une histoire conçue par Ivan Brandon & Nic Klein, avec des dialogues d'Ivan Brandon, des dessins, encrages et couleurs de Nic Klein, et un lettrage d'Aditya Bidikar. Ce tome contient également les couvertures variantes réalisées par Nic Klein (*3), David Rubin, Mike Hawthorne, Thomas van Tummant, Ben Caldwell.



Après les catastrophes survenues à la fin du tome précédent, les survivants essayent de s'organiser. La nuit dans le campement de fortune, Abram Pollux n'arrive pas à dormir ; il se lève et part se baigner dans le plan d'eau à côté. Il constate que sa blessure au ventre est en train de cicatriser et qu'il y a survécu sans difficulté. La shérif Lee Carter vient l'observer et discute un peu avec lui de la situation sur un ton peu amène. Elle lui indique que pendant sa période d'inconscience, il a prononcé le nom de Jenny ; Abram la corrige en précisant qu'il s'agit du prénom Ginny. Ils voient passer un couple de Wheeler (les extraterrestres indigènes de la planète Ouro) dont l'un porte une cicatrice sur le front, sortant de l'eau du lac. Le jour finit par se lever.



Non loin de là, la petite navette volante de Bell Emmerich et de la petite fille Lima subit des soubresauts. Emmerich est obligé de la poser en catastrophe juste à côté du campement de fortune. Emmerich sort de la navette comme un beau diable et tire sur Abram Pollux sans semonce. La shérif Lee Carter s'interpose, mais elle est tenue en joue par Lima. Le duel entre Emmerich et Pollux continue, le dernier ayant pris refuge derrière un rocher. Emmerich réussit à le blesser, arrachant l'oreille droite, puis le touchant à la cuisse droite. Pollux refuse de se laisser abattre et agresse physiquement son opposant, avec ses poings dans un corps à corps brutal.



La quatrième de couverture indique clairement qu'il s'agit du dernier tome de la série, et de la conclusion de l'histoire, les 4 tomes formant un récit complet qui n'appelle pas de suite. Ayant fait l'investissement des 3 premiers tomes, le lecteur revient par curiosité, sûr de trouver des visuels époustouflants, beaucoup moins sûr de comprendre l'histoire, échaudé par le tome précédent. Cependant le texte de la quatrième de couverture promet également que tous les mystères seront résolus, toutes les questions trouveront réponse, et tous les comptes seront réglés. En se lançant dans ce quatrième tome, le lecteur n'en attendait pas tant. Pas tout à fait convaincu par de telles promesses, il commence surtout par apprécier les illustrations.



Nic Klein a réalisé la mise en images et en couleurs de l'intégralité de la série, tous les 19 épisodes. Il lui aura fallu deux ans et demi pour la boucler, ce qui n'est pas si long que ça au vu de la qualité graphique de la narration. Dès la première page, le lecteur retrouve l'ambiance lumineuse si particulière de la planète Ouro, en particulier ses nuits bleutées. Les pages 6 et 7 sont occupées par une unique image qui montre le lever du jour sur la planète depuis le point de vue d'Abram Pollux, encore en train de se laver. Le lecteur observe les étranges formations rocheuses, les couleurs inédites dans le ciel. Durant la journée, il retrouve la couleur orange du sol, entre orange aurore et orange bisque, ainsi que la teinte bleutée du ciel, entre bleu givré et bleu Tiffany. Tout du long de ces épisodes, Nic Klein utilise la couleur pour transcrire les ambiances lumineuses différentes de celle de la Terre. Il utilise bien sûr la couleur pour indiquer celle des vêtements, des accessoires et des éléments naturels, ainsi que pour indiquer les zones moins éclairées. Il l'utilise également pour accentuer le relief des éléments dessinés, ainsi que pour ajouter quelques informations comme des tâches de sang. Mais le lecteur est avant tout happé par les ambiances chromatiques qui attestent que le récit ne se déroule pas sur Terre. Il remarque aussi la manière dont l'artiste surimpose des trames de couleurs irrégulières, comme des griffures, lors des séquences de souvenirs sur le vaisseau spatial.



Quelles que soient ses réserves concernant l'intelligibilité de l'intrigue, le lecteur retombe immédiatement sous le charme de la narration visuelle. Outre le travail sur les couleurs, Nic Klein met en scène des personnages immédiatement reconnaissables (heureusement parce que le scénariste ne rappelle quasiment jamais leur nom). Il a conçu et développé un monde cohérent, que ce soient les accessoires issus d'une technologie futuriste, des vêtements adaptés aux conditions de vie, des environnements naturels cohérents. Le lecteur retrouve donc les éléments récurrents comme le modèle particulier du blouson d'Abram Pollux, la cape et le masque de Bell Emmerich, le caisson de soin issu du vaisseau spatial, les armes laser, le vaisseau spatial lui-même, etc. Il retrouve également le site de crash du vaisseau spatial, la zone désertique, le cimetière en plein désert, etc. La cohérence visuelle de ces endroits tout du long de la série participe pour beaucoup à la cohérence du récit, et la logique des révélations effectivement contenues dans ce tome. C'est en revisitant ces endroits bien définis que le lecteur peut associer de manière logique ce qu'expliquent les personnages, et ce qui s'est passé sous ses yeux dans les tomes précédents, qui n'avait alors pas beaucoup de sens.



Avec les explications fournies, le lecteur prend conscience de tout ce que racontaient les dessins et qui n'était pas repris dans les dialogues. Il continue de prendre plaisir à la fluidité de la narration visuelle. Nic Klein sait concevoir des plans de prise de vue pour que les scènes de dialogue soient vivantes et visuellement intéressantes, en montrant les gestes des personnages, ainsi que le lieu où ils se trouvent. Le déroulement des scènes d'action est facilement compréhensible, à commencer par ce duel entre Abram Pollux et Bell Emmerich occupant 9 pages. À plusieurs reprises, le scénariste se repose sur les dessins pour raconter l'histoire, sans un seul mot, qu'il s'agisse de Pollux pilotant le vaisseau spatial, ou du même progressant dans le désert. Indépendamment des promesses de la quatrième de couverture, le lecteur trouve son compte dans cette projection sur une planète extraterrestre, parmi ces individus dont il est devenu familier, pour un récit de science-fiction dont la dimension visuelle offre un ailleurs différent, consistant, cohérent et dépaysant.



Dès le premier épisode de ce tome, les auteurs tiennent l'une de leur promesse : un duel entre Emmerich et Pollux. Si le dénouement en est bien clair, il n'explique rien. Une fois de plus, il n'est pas possible de comprendre pourquoi ces 2 personnages sont des ennemis, ni d'où sort Lima (la petite fille), ou le rôle des Wheelers dans cette histoire. Le lecteur se dit que le rédacteur de la quatrième de couverture y a été un peu fort et que l'intérêt du récit réside dans le voyage, plus que le pourquoi. Aussi, il ressent un grand étonnement quand l'épisode 17 revient dans le vaisseau spatial piloté en alternance par Abram Pollux et par Bel Emmerich et quand ce dernier explique la particularité de l'écosystème de la planète Ouro à une autre passagère. C'est une révélation car les situations des tomes précédents acquièrent du sens, même celles qui semblaient les plus parachutées. Le lecteur se souvient pêle-mêle de plusieurs d'entre elles. Il se rappelle du rêve d'Abram Pollux en ouverture du tome 3, avec le crâne en feu. Il en va de même pour les différentes séquences sans suite logique relatives au vaisseau spatial dans les premiers tomes. Il y avait bel et bien un lien logique, une suite chronologique, mais masquée par les phénomènes générés par l'écosystème d'Ouro. Le lecteur ressent un sentiment étrange, entre une forme de détachement pour une révélation tardive, et une satisfaction de voir que ce jeu de devinettes avait un sens. Effectivement, malgré la suite décousue d'événements, il n'avait pas pu empêcher son cerveau de se livrer à des conjectures, d'essayer de découvrir un schéma.



Ivan Brandon et Nic Klein ont pris un risque difficilement croyable : raconter une histoire volontairement incompréhensible, en tablant sur la curiosité du lecteur. Ils ont tout misé sur l'attractivité de la narration, en espérant que le lecteur les suive, sans même indiquer qu'il s'agit d'un récit complet, sans rien dire du nombre d'épisodes. Ce pari insensé a porté ses fruits pour les lecteurs qui sont restés jusqu'au bout. Il a porté ses fruits en proposant des scènes irréelles, des situations semblant déconnectées de rationalisme, valant pour leur émotion ou leur poésie. Il porte également ses fruits au bout du compte car le récit fait sens sans que le lecteur n'ait à se replonger dans les tomes précédents pour le comprendre. Il découvre l'ampleur de la tragédie, ainsi que le fait que la situation globale dépasse la dichotomie bien/mal. Avec cette révélation, l'histoire prend la dimension d'un questionnement moral, sans réponse simple. Abram Pollux reprend la place de personnage principal, et il est confronté aux conséquences de ses choix, ainsi qu'aux alternatives qu'il aurait pu suivre. Ses actions sur Ouro font apparaître que ses choix sont dictés par les situations et que le jugement moral porté par les autres dépend de chaque situation. Les auteurs mettent en scène la manière dont le comportement de chaque individu dépend du système dans lequel il se trouve et que sa valeur morale est contextuelle et ponctuelle. Abram Pollux est jugé d'une manière pour ses choix à bord du vaisseau spatial et d'une manière pour ses choix sur Ouro.



Ce dernier tome vient conclure l'histoire avec un éclairage que le lecteur n'attendait plus, mais qui donne un sens à toutes les séquences depuis le début. Le lecteur est toujours sous le fort pouvoir de séduction des dessins, et il prend conscience de l'ampleur du risque pris par les auteurs, de par la forme de leur récit. Si le voyage comprenait des étapes moins enthousiasmantes que d'autres faute de pouvoir les comprendre, la destination transforme les souvenirs de ce voyage de belle manière. 5 étoiles pour ce tome, et 5 étoiles pour la série rétrospectivement.
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Viking : Un long feu de glace

Malgré un début un peu confus où on a du mal à identifier chaque personnage et ses ambitions, l'intrigue se met progressivement en place et les scènes d'action sont efficaces. Finn et Egil, les deux frères guerriers, développent chacun leur personnalité; celle tourmentée d'Egil m'a beaucoup plu. Le roi m'interpelle aussi par son caractère fort et les zones d'ombres qu'il semble cacher. La fin de la BD soulève quelques questions pour lesquelles on a hâte d'avoir des réponses. Le dessin est parfois brouillon et la profusion de vignettes dans la fin dessert un peu l'histoire, mais il est efficace dans les scènes d'action.
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Our Army At War

Ce tome regroupe 5 numéros spéciaux parus en novembre 2010, indépendants de toute continuité.



Our Army at War (scénario de Mike Martz, illustrations de Victor Ibáñez) - Le scénario met en parallèle l'attaque de Pearl Harbor et celle du 11 septembre 2001. Suite à ces 2 violations du territoire américain, Anthony Sigliano répond à l'appel de l'Oncle Sam pour lutter contre les forces de l'Axe pendant la seconde guerre mondiale, et Keyon Jasper s'engage pour aller traquer le terroriste en Afghanistan. Le premier croise le chemin du Sgt. Rock et de l'Easy Company, le deuxième celui du Capitaine Duncan et de ses Gods of War. D'escarmouche en affrontement, il apparaît que la guerre c'est moche mais qu'il faut quand même la mener pour faire triompher la justice. Les illustrations sont très agréables, assez sophistiquées et d'une parfaite exactitude pour le matériel militaire. Le scénario est prenant, mais il ne remet pas en cause la guerre comme manière d'agir, et l'ennemi reste un groupe de gens sans identité, de la chair à canon générique, sans humanité. 4 étoiles.



Weird Ward Tales (3 histoires courtes) - La première histoire (7 pages) est réalisée par Darwyn Cooke (scénario et illustrations) ; il s'agit d'une farce mettant en scène les plus grands chefs de guerre sous forme de fantômes squelettiques. Là encore, Cooke s'appuie sur le stéréotype qui veut que tous les commandants et généraux aiment la guerre et les massacres. 2 étoiles. La deuxième histoire par Ivan Brandon et Nick Klein (7 pages) se déroule à bord d'un sous-marin coulé où les membres de l'équipage suffoquent un à un. Il s'agit surtout d'une histoire d'horreur rapide et anecdotique. 2 étoiles. La troisième histoire (Jan Strnad au scénario et Gabriel Hardman aux illustrations) se déroule dans un village français où il ne reste qu'une poignée d'américains soumis au pilonnage des allemands. L'histoire se focalise sur 2 amis coincés dans une ferme. C'est une histoire beaucoup plus adulte qui illustre le coût psychologique nécessaire pour durer dans ces combats avec des dessins réalistes et légèrement noirs parfaits. (5 étoiles). Et il ya une superbe pleine page de transition réalisée par Steve Pugh, magnifique.



Our Fighting Forces (scénario de B. Clay Moore, dessins de Chad Hardin et encrage de Wayne Faucher) - La hiérarchie a confié une mission aux Losers (Gunner, Storm, Sarge, Johnny Cloud et P.T. Boat Skipper, équipe créée par Robert Kanigher, puis reprise par Jack Kirby dans The Losers) : prendre une piste d'atterrissage située au milieu d'un champ. La lettre de mission suggère 3 chemins possibles pour s'en rendre maître. Les Losers décident d'improviser. Il s'agit d'une bonne histoire d'action en temps de guerre avec hauts faits, usage d'armes à feu et tactiques militaires. Malgré la poisse qui accompagne les Losers, le scénariste n'arrive pas non plus à s'extraire du carcan dictant que la guerre doit être menée, et une fois encore l'ennemi est une masse de soldats sans personnalité, sans identité. 3 étoiles.



G.I. Combat (scénario de Matthew Sturges, illustrations de Phil Winslade) - Le Haunted Tank participe à la libération de la France lors de la seconde guerre mondiale. Il s'agit d'un tank léger de modèle M3 Stuart ; le fantôme du général confédéré Jeb Stuart apparaît régulièrement au lieutenant Jeb Stuart (l'un des membres de l'équipage du tank). Dans cette aventure, ce tank léger se trouve pris sous le feu d'une mitrailleuse lourde dans un village français. Matthew Sturges rend hommage aux histoires de guerre mettant en scène cet équipage (parues dans G.I. Combat de 1961 à 1987, rééditées dans le format Showcase, avec un sens sûr du suspense et des dessins réalistes et légèrement noirs parfaitement adaptés. 4 étoiles.



Star-spangled war stories (scénario de Billy Tucci, dessins de Justiniano et Tom Derenick, encrage d'Andrew Mangum) - Mademoiselle Marie (française expatriée en Angleterre) est parachutée en France pour prendre contact avec la résistance. Elle dispose de fonds destinés à armer la résistance. Billy Tucci déroule une aventure risquée pour rependre contact avec le trafiquant d'armes, sur fond de trahison et de soldats allemands très présents. Cette histoire se lit rapidement, malgré quelques transitions assez abruptes et quelques phrases en très mauvais français. Les dessins sont de style comics avec un bon niveau de détails. 3 étoiles (vite lu, vite oublié, dommage, Tucci a fait beaucoup mieux dans le même genre avec Sgt. Rock - The Lost Battalion).



Il faut également mentionner les couvertures, chacune réalisée par un grand nom : Joe Kubert (elle a l'air d'avoir été dessinée un peu vite), Darwyn Cooke (un groupe de squelettes habillés en soldats d'époques différentes, bof), Mark Schultz (une image des Losers donnant tout ce qu'ils ont dans le ventre, rageur), Geoff Darrow (une image baroque du Haunted Tank dans laquelle il ne manque aucune cartouche, ironique) et Brian Bolland (une Mademoiselle Marie magnifique).



Si vous cherchez des histoires de guerre plus adultes et moins respectueuses de l'ordre imposé, je vous conseille les tomes 1 et 2 des War Stories de Garth Ennis, ainsi que sa série des Battlefields (The Night Witches, Dear Billy, The Tankies, Happy Valley, The Firefly and His Majesty et Motherlands), avec une mention spéciale pour "Dear Billy".
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Drifter, tome 1

Le Capitaine Abram Pollux écrase son vaisseau spatial sur une planète inconnue et désertique. Il va arriver dans une ville appelée " ville fantôme " conséquence d'un épuisement des ressources naturelles trop poussées du à la colonisation où il va découvrir et apprendre à connaître les autochtones et la faune locale. Il va être vite connu (apprécié ou pas) grâce à son caractère bien trempé voir assez impulsif et sa curiosité. Malgré que l'on ressent au fur et à mesure que l'histoire avance une certaine violence en lui, l'homme est emprunt d'une certaine justice...

Un très bon comics de science fiction où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Des créatures, des personnages hauts en couleurs, un univers cohérent et intrigant, le tout desservi par des planches graphiques magnifiques ! Je suis déjà devenu fan et j'attends avec impatience le 2ème tome.
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Drifter, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2014/2015, avec un scénario d'Ivan Brandon, des dessins, un encrage et une mise en couleurs de Nick Klein qui réalise également les couvertures.



Le vaisseau spatial d'Abram Pollux (commandant de bord) s'écrase sur la planète Ouro, pour une raison mal définie. Pollux en ressort vivant et reprend connaissance dans l'eau emberlificoté dans des câbles. Il réussit à regagner la surface et la rive. Alors qu'il gît sur le dos, un être bleu extraterrestre s'approche de lui. Pollux lui enfonce un éclat tranchant dans le cou.



Plus tard il reprend connaissance dans une ville de fortune habitée par des êtres humains, sur la même planète. Lee Carter l'informe qu'il est resté sans connaissance pendant plusieurs jours. Elle lui fait faire le tour de la ville, puis il est pris en main par le Prêtre Arkady qui l'emmène boire un coup dans le bar du coin. Enfin Abram Pollux part à la recherche de l'épave de son vaisseau spatial.



Ivan Brandon et Nick Klein avaient déjà collaboré sur la série Viking. Ils collaborent de nouveau pour une série de science-fiction. À l'évidence le récit se déroule dans le futur puisque les voyages spatiaux sont une réalité. Le personnage principal se retrouve sur une planète frontière dont la population vivote en ramassant les excréments d'énormes vers de terre, qui constituent une source d'énergie. Le lecteur découvre cet environnement en même temps que lui, en essayant d'ordonner les quelques pièces d'un puzzle dont il ne connaît par la forme générale. Cet exercice ne se révèle pas si facile que ça.



Ivan Brandon ne facilite pas le travail du lecteur. Il faut être bien concentré pour repérer les noms des personnages qui ne sont pas rappelés souvent et qui n'arrivent pas forcément dès leur première apparition. Il y a donc le commandant du vaisseau qui s'est écrasé, dont on ne connaît ni la provenance, ni la mission : Abram Pollux. Lee Carter fait office à la fois de docteur et de marshal dans la ville. Le lecteur est rassuré de voir que Nick Klein a donné une apparence mémorisable à chaque personnage, aidant à les identifier, même quand ils portent une combinaison pour se protéger des conditions climatiques à l'extérieur de la ville. Il est facile de reconnaître le prêtre du fait de sa silhouette longiligne, il faut un peu de temps pour s'assurer qu'il s'appelle Arkady. Parmi la galerie de personnages, il convient encore de mentionner un mystérieux individu peu loquace appelé Bell Emmerich, et une jeune femme qui ressemble à une jeune fille prénommée Lima. Le lecteur n'apprendra pas grand-chose de ces personnages, ni même de leur relation. Il ne découvre pas grand-chose non plus sur le personnage principal.



Malgré cette narration un peu cryptique, le lecteur se laisse emporter dans la narration grâce à la qualité des dessins. Lors de la séquence d'ouverture, la chute du vaisseau à travers l'atmosphère est spectaculaire. La créature bleue qui s'approche d'Abram Pollux présente une peau un peu dure, et un appendice caudal qui lui donne une apparence nuancée, malgré sa forme anthropoïde. En regardant la pièce où Pollux reprend connaissance, le lecteur constate un mélange de haute technologie et d'appareils portant l'usure du temps. La double page présentant la rue principale (peut-être l'unique rue de la ville, ou du campement) reproduit ce mélange de vieux et de neuf. La composition est saisissante, car son point de fuite se trouve au centre d'une arche circulaire monumentale à la fonction impossible à deviner.



Le lecteur est également séduit par la qualité des couleurs. Elles présentent une qualité européenne, à mi-chemin entre la peinture traditionnelle et l'infographie, apportant texture et volume, par le biais d'un subtil jeu de nuances. Elles rendent très bien compte de la lumière naturelle, et l'artiste opte pour des teintes moins attendues (violet, vert) pour les lumières artificielles. Le lecteur s'immerge donc dans un univers pleinement réalisé, avec des ambiances lumineuses attestant d'un monde extraterrestre.



De séquence en séquence, le dépaysement attendu d'un univers de science-fiction est bien présent, avec une qualité adulte, sans simplification pour élargir le lectorat, ou du fait d'un dessinateur pressé ou pas assez expérimenté. La première scène de bar donne l'impression de pouvoir toucher le matériau de la table, d'être assourdi par le bruit des conversations, de devoir cligner des yeux pour s'assurer d'où on met les pieds. Alors qu'Abram Pollux et Lee Carter progressent vers l'épave du vaisseau spatial, le lecteur peut ressentir la chaleur de la lumière crépusculaire. Plus tard il ressent celle plus forte de cette zone désertique en plein jour.



Dans l'épisode 3, Ivan Brandon a conçu une scène ambitieuse alors qu'Abram Pollux se retrouve à intégrer une équipe explorant des tunnels de mines pour récupérer les déjections d'une sorte de ver géant. À nouveau, Nick Klein fait des merveilles pour installer une atmosphère légèrement oppressante, sombre tout en restant lisible. Le lecteur assiste comme Abram au passage d'un de ces vers géants, très impressionnant. Plus tard, il voit surgir dans les tunnels des Wheelers (la race extraterrestre à la peau bleue), avec une allure saisissante dans cette pénombre.



Un peu plus tard, Pollux est convoqué par un Wheeler dans une salle au-dessus d'un bar (un autre). La séquence est baignée d'une lumière verdâtre, assez ténue, donnant une apparence singulière à ce Wheeler peu représentatif de sa race. Le lecteur constate la morgue d'Abram Pollux bien décidé à ne pas s'en laisser compter, ni à se laisser impressionner. Il voit sa résolution vaciller en fonction de ce que lui dit son interlocuteur, alors qu'il doit lutter contre un malaise physique provoqué par la présence de cet extraterrestre.



L'artiste donne donc une consistance travaillée aux séquences imaginées par le scénariste. Le lecteur s'appuie sur ces détails, sur ces matières pour s'orienter dans le récit. D'une scène à l'autre, il peut se sentir perdu, comme si la narration oscillait entre puzzle à recomposer et onirisme. Il n'est pas toujours possible d'établir les liens de cause à effet. L'auteur s'ingénie à déstabiliser le lecteur en ne lui donnant pas tous les repères. Il est compréhensible que la reprise de conscience d'Abram Pollux (après le crash) s'accompagne d'une désorientation totale, du fait de l'environnement d'une planète inconnue. Par contre, il est évident que le scénariste joue avec le lecteur quand l'infirmière indique à Pollux qu'il est resté dans connaissance pendant trois jours, puis qu'il découvre que son vaisseau s'est écrasé il y a à peu près un an. L'auteur ne fournit aucune explication sur ce décalage temporel. Mystère.



De la même manière, le lecteur ne saura pas dans ce tome comme est organisée la société des Wheelers. Mystère. Pourquoi Lima ressemble à une petite fille ? Mystère. Quelle mouche a piqué le prêtre Arkady pour qu'il ait un comportement aussi violent ? Mystère. Qu'est-ce que vient faire Bell Emmerich dans cette histoire ? Mystère. Pourquoi les agresseurs successifs du commandant Pollux le laissent en vie ? Mystère. Dans la mesure où il manque beaucoup de liens de cause à effet, le lecteur finit par ressentir l'arbitraire dans la succession des séquences. Il y a le risque qu'il s'en désintéresse, assez faible quand même du fait de la qualité de la narration visuelle de Nick Klein. Il y a la possibilité qu'il finisse ce tome exaspéré par une intrigue décousue pour le moment, et donc un peu vaine. Il peut aussi souhaiter revenir pour le deuxième tome pour la saveur de la narration, capable d'accoler des moments de torture à cet inconnu insondable que représentent cette petite ville et ses habitants. Il est fort probable qu'il soit sous le charme de cet environnement pleinement réalisé, de ces personnages mystérieux, de ces comportements mystérieux, et de ces extraterrestres mystérieux. 4 étoiles.



Le tome termine avec la reproduction des couvertures variantes, réalisées par Esad Ribic, Cliff Chiang (* 2), Jason Latour, Becky Cloonan, Marco Djurdjevic (un superbe portrait du prêtre Arkady), Rafael Albuquerque, et Skottie Young (avec un sens de l'humour toujours aussi pertinent).
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Drifter, tome 1

Intrigante, entêtante, visuellement riche, cette série de science-fiction a tout pour elle.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Viking : Un long feu de glace

Dans une approche qui rappelle le grand David Mack (Kabuki, Daredevil, Alias), Klein fait preuve d’une virtuosité au pinceau qui éclate vraiment dans les rouges/jaunes (cette manière de rendre palpable l’incandescence d’un feu de bois) et les bleus profond, sa spécialité.
Lien : http://www.bodoi.info/viking..
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VS, tome 1 : Ligne de front

La guerre comme profession et jeu vidéo, interrompue par des pauses. Satta Flynn est un vétéran, blessé, la technologie l'a retapé, et il repart à la casse. Mais il n'est plus aussi bon. Paradoxalement et contre toute attente, le peuple le plébiscite alors même qu'il échoue. Les maîtres du jeu veulent se débarrasser de lui. Mais il a des alliés.

Un côté classique (gueule et muscles du vétéran) et moderne (exosquelette de l'armure), emprise de la publicité sur nos vies. Intéressant.
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VS, tome 1 : Ligne de front

Ce premier album de VS nous a peu intéressés au final, mais nous attendons tout de même de voir la direction que prend la série ces prochains mois, car il y a quelques bonnes idées à retenir...
Lien : https://www.actuabd.com/VS-T..
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VS, tome 1 : Ligne de front

Ce VS laisse sur sa faim. Étant donné le soin apporté à la forme et aux ambiances, dommage que les auteurs n'aient pas pris plus de place pour développer leur projet.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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Viking : Un long feu de glace

Viking souligne les qualités de Nic Klein et Ivan Brandon autant qu'elle en pointe les défauts de jeunesse.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Drifter, tome 1

Je n’était pas grand fan du catalogue Glénat Comics, mais la lecture de l’excellent « Lazarus » m’a incité à tenter une autre des trois séries qui marquent le renouveau du catalogue. J’avais donc le choix entre « Sex Criminals » et « Drifter » et j’ai finalement opté pour le second, imaginé par Ivan Brandon et mis en images par Nic Klein. Je ne suis pourtant pas friand de récits de science-fiction, mais le graphisme du dessinateur allemand m’a immédiatement séduit.



Ce premier volet, qui reprend les cinq premiers épisodes de la saga, débute par le crash du personnage principal, le commandant Abram Pollux, sur une planète pas vraiment accueillante. Jusque-là, tout le monde suit… même si on ne sait pas vraiment où le héros se rendait et comment son vaisseau en est arrivé là. Le problème, c’est qu’ensuite, l’auteur ne semble pas vouloir éclairer notre lanterne… bien au contraire… il s’amuse à multiplier les intrigues et les situations bizarres, sans véritablement nous offrir de fil rouge. Le garçon se prend ainsi une balle dans le dos sans savoir pourquoi, il se réveille ensuite dans une « ville fantôme » après trois jours de coma alors qu’un an se semble écoulé depuis son naufrage et il va ensuite rencontrer des créatures et des personnages pour le moins étranges.



Si l’errance du bonhomme permet de découvrir un univers certes assez hostile, mais plutôt intéressant, ainsi que des personnages bien typés et intrigants, le lecteur ne trouve malheureusement pas beaucoup de réponses aux questions qu’il se pose concernant le but du héros et les règles qui animent cet étrange environnement. Les zones d’ombre ont donc plutôt tendance à se multiplier et l’intrigue à se complexifier. Si le récit demeure captivant, la nébulosité de l’intrigue et les actions non-réfléchies de cet héros impulsif et imprévisible ont fini par me déranger à la longue. La narration est trop brouillonne et je n’aime pas refermer un tome qui ne livre aucune réponse.



Heureusement, visuellement, Nic Klein livre de l’excellent boulot, que ce soit au niveau de l’ambiance et des décors, ou au niveau des personnages. Le dessinateur allemand, qui a déjà travaillé avec Ivan Brandon sur « Viking » (paru chez Image Comics), livre une atmosphère apocalyptique à mi-chemin entre le western et le space-opera et des personnages aux trognes burinées qui marquent les esprits dès leur première apparition.



Graphiquement c’est donc splendide et au niveau du scénario, le potentiel est certainement présent, mais je trouve dommage de ne recevoir aucune clef de compréhension et de ne pas savoir où se dirige ce comics.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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