Petite fille, elle est restée timide, inhibée, impressionnable, dissociée d’elle-même, spectatrice de la violence et des actes de maltraitance qu’on lui infligeait. Elle a été d’autant plus oubliée dans son coin qu’elle ne réclamait rien ; on l’a d’autant moins consolée qu’elle semblait passive, absente à sa propre vie. Toutes ces choses inexplicables, les cris, les coups, les larmes, les changements, l’indifférence, ont fait naître en elle ces axiomes monstrueux, ces vérités nichées au plus profond de son être, jusqu’à devenir la substance même dont elle était faite :
Papa a raison
Papa a raison, sinon il tape
Papa a toujours raison, sinon il tue maman
Les hommes ont toujours raison, sinon ils nous tuent