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Citations de Ivan Jablonka (426)


... l’emprise est en soi une violence.
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... pour comprendre un fait divers en tant qu’objet d’histoire, il faut se tourner vers la société, la famille, l’enfant, la condition des femmes, la culture de masse, les formes de la violence, les médias, la justice, le politique, l’espace de la cité – faute de quoi, précisément, le fait divers reste un mythe, un arrêt du destin ...
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Dans tous ces moments, j'ai été avec Laëtitia , elle ne m'a pas quitté, j'ai cherché des mots pour dire son silence, j'ai mis de la continuité à la place de la déchirure, j'ai essayé de suivre les sentiers de liberté qu'elle s'est frayés dans l’épaisseur du malheur. "Obéissante, mais aussi rebelle."
La vie ne nous a pas réunis. De toute façon, cela aurait été impossible: elle n'est jamais allée à Paris, je ne suis jamais allé à Pornic avant sa mort, elle m'aurait trouvé vieux et barbant, moi je n'aurais pas su quoi lui dire, elle s'intéressait surtout à son portable et à des séries télé que je ne regarde pas, mes questions lui auraient paru sans intérêt. Nous n'avons rien en commun, et pourtant, Laëtitia, c'est moi.
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L’affaire Laëtitia révèle le spectre des masculinités dévoyées au XXIe siècle, des tyrannies mâles, des paternités difformes, le patriarcat qui n’en finit pas de mourir : le père alcoolique, le Nerveux, histrion exubérant et sentimental ; le cochon paternel, le pervers au regard franc, le Père-la-Morale qui vous tripote dans les coins ; le caïd toxico, hâbleur, possessif, Celui-qui-ne-sera-jamais-père, le grand frère qui exécute à mains nues ; le Chef, l’homme au sceptre, président, décideur, puissance invitante. Delirium tremens, vice onctueux, explosion meurtrière, criminopopulisme : quatre cultures, quatre corruptions viriles, quatre manières d’héroïser la violence.
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La joie est le passage de l'homme d'une moindre perfection à une plus grande.
Spinoza, L'Éthique.
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Au lieu de dédaigner le fait divers comme le symbole du mauvais goût populaire ou la marotte d'un journalisme dégradé, rappelons-en la potentialité démocratique : il émeut les gens, mais surtout il nous parle d'eux.
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Dans les médias à flux continu, même quand il ne se passe rien, il faut qu'il se passe quelque chose.
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Les mots sonnent faux quand ils doivent remplir l'espace laissé vacant.
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Nous avons de la distance vis-à-vis de nos morts, alors que la souffrance d'autrui nous happe, nous habite, nous hante, ne nous lâche plus. Pour nous-mêmes, il n'y a plus rien à faire. Notre blessure, c'est nous-mêmes, le drame et la routine de notre vie, notre névrose apprivoisée, et nous y sommes habitués, comme à une infirmité.
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Un fait divers émerge, naît à la conscience publique, parce qu’il se trouve à l'intersection d’une histoire, d’un terrain médiatique, d’une sensibilité et d’un contexte politique.
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Au lieu d'analyser le problème à froid, le président a choisi la politique du bouc émissaire, qui consiste à désigner des coupables au sein de la société et à annoncer des "sanctions" en réponses à des "fautes" individuelles et collectives.
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Mon père n'était pas un "baba-cool cradoque", mais il acceptait, il voulait que ses enfants dorment sous une tente, mangent par terre, courent dépenaillés sur les dunes, pissent dehors, se lavent un jour sur trois, ignorent les conventions, oublient d'être déférents avec leurs parents. Il professait qu'un enfant n'a pas à respecter son père et, d'ailleurs, le fait de voyager, d'être quotidiennement dépaysé, était un défi à toute autorité. Lui qui avait grandi sans père, il avait choisi de garder le meilleur de la paternité. (p. 116)
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J'ai toujours cru que le poète et le romancier donnaient du mystère aux êtres qui semblent submergés par la vie quotidienne, aux choses en apparence banale. […] C'est le rôle du poète et du romancier, et du peintre aussi, de dévoiler ce mystère et cette phosphorescence qui se trouvent au fond de chaque personne.
Patrick Modiano
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je voulais montrer qu'un fait divers peut être analaysé comme un bojet d'histoire. Un fait divers n'est jamais un simple "fait "et il n'a rien de "divers"
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Laëtitia désirait de toutes ses forces avoir une famille, entrer dans un cercle relationnel affectueux. Face à la perversion, elle est une victime sans anticorps.
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Mon épouse m'a dit, les larmes au yeux : elle a été un bébé dans les bras de sa maman. Je lui ai répondu que je n'en étais même pas sûr : dès le commencement, la vie de Laëtitia a été chaos, déchirure.
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Deux cartes postales. Sur le côté gauche, à l'encre bleu clair, un tampon rond de la Préfecture de police dans lequel s'inscrivent, en arc de cercle, les mentions : « Camp d'internement de Drancy » et « Bureau de la censure ». Sur le côté droit, un timbre couleur bordeaux de 1,20 franc à l'effigie du maréchal Pétain. Oblitéré. Le cachet de la poste en fait foi : « Drancy, 2-3-43 ». Une heure avant la déportation, les employés juifs des camps font le tour des chambres et distribuent une carte à chaque partant. On l'écrit à la hâte, appuyé sur le dos d'un voisin ou sur un mur : il faut faire vite, les voisins attendent le crayon, les employés vont bientôt revenir. Il est 5 heures du matin, en ce 2 mars 1943 : « Mes très chers enfants, nous vous écrivons cette carte à titre d'adieu... » Matès et Idesa ne peuvent écrire un si bon français. L'écriture du camarade bilingue qui recueille leurs dernières volontés occupe tout l'espace de la carte, jusqu'à en toucher le bord. Il fait quelques fautes d'orthographe, que je corrige dans la retranscription, comme on lisse le visage des défunts lors de la toilette mortuaire.
Les dernières lettres de Drancy sont souvent haletantes d'inquiétude et d'urgence, sans queue ni tête, et le désespoir se mêle à l'assurance que « le moral est bon », qu'« on se reverra bientôt ». Baisers, ultimes recommandations se mêlent aux soucis du quotidien qu'il faut régler au moment de partir : s'acquitter d'une dette, récupérer des clés, envoyer ou recevoir des vêtements, de la nourriture, de l'argent. Ces phrases déboussolées, ces propos décousus reflètent l'angoisse des gens qu'on arrache à la vie ; mais elles sont encore dans la vie. Pas celles de Matès et Idesa. Ces lettres d'innocents condamnés, je ne les lis jamais. Elles sont un bloc d'humanité nue et, quand on a la force d'y poser le regard, le temps s'arrête, on tombe dans une tristesse dans âge, sans fond, on se sent atteint d'un mal incurable. Matès et Idesa prennent congé de la vie. Ils ne savent pas avec notre savoir d'aujourd'hui, mais ils savent. Au seuil de l'autre monde – pas nécessairement la mort, mais un lieu où l'on n'a plus d'espoir, plus d'avenir, plus de joie, où l'on n'existe plus comme être humain –, leurs voix s'élèvent pour parler aux enfants une dernière fois, les embrasser, les consoler, leur demander pardon, leur insuffler assez d'amour pour toute la vie. Malgré les privations et l'épuisement, malgré le départ « sans effets ni provisions », rien n'occupe leur esprit que les enfants, et c'est pour organiser l'après. Cette abnégation d'êtres déjà abolis m'inspire une terreur sacrée (pp. 293-4).
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La nature humaine est complexe. On n'est jamais complètement un salaud, c'est ça qui est affreux.
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Quand Laëtitia avait trois ans, son père a violé sa mère ; ensuite, son père d'accueil a agressé sa sœur ; elle-même n'a vécu que dix-huit ans.
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 À certains moments de ma vie, lors de réceptions à la Sorbonne ou à l’Élysée, j’ai toujours eu une pensée pour mes quatre grands-parents artisans, pour mon arrière-grand-mère illettrée, pour les habitants du misérable shtetl de Pologne, avec ses roulottes et ses chevaux, où mon grand-père faisait de la sellerie. Quels que soient mes succès et mes échecs, je n’ai jamais oublié d’où je viens. Je viens du pays des sans-pays. Je suis avec ceux qui traînent leur passé comme une caravane. Je suis du côté des marcheurs, des rêveurs, des colporteurs, des bringuebalants. Du côté du camping-car.
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