AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de torpedo


Nous volions plus lentement que de coutume, et je pouvais suivre de l'oeil les changements qui par degrés se manifestaient sur ma terre natale. C'était un panorama sans fin : des bois, des bruyères, des champs, des ravins, des rivières ; de loin en loin, des églises et des villages, puis encore des champs, des ravins, des rivières. J'étais de mauvaise humeur, indifférent, ennuyé. Et si j'étais ennuyé et chagrin, ce n'est pas parce que je volais au-dessus de la Russie. Non ! mais cette terre, cette étendue plate au-dessous de moi, tout le globe du monde avec sa population éphémère, chétive, suffoquant de besoins, de douleur, de maladies, attachée à cette motte de misérable poussière, ... cette écorce fragile et rugueuse, cette excroissance sur le grain de sable de notre planète, sur laquelle a filtré une moisissure ennoblie par nous du nom de règne végétal, ... ces hommes-mouches, mille fois plus méprisables que les mouches, leurs demeures de boue, les petites traces de leurs misérables et monotones querelles, leurs ridicules batailles contre l'immuable et l'inévitable... Ah ! que tout cela m'étais odieux ! Mon coeur se soulevait par degrés, et je ne voulus plus contempler un tableau si insignifiant, une caricature si triviale. J'étais ennuyé, plus qu'ennuyé : je n'éprouvais même plus de pitié pour mes semblables. Tous mes sentiments se fondaient en un seul, que j'ose à peine avouer, le dégoût, et, qui est pis, le dégoût de moi-même.
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}