L'émission complète : https://www.web-tv-culture.com//emission/victoria-mas-le-bal-des-folles-51653.html
Elle est l'une des révélations littéraires de cette fin d'année 2019. Avec son « Bal des folles », Victoria Mas a su se faire un prénom.
Evoluant depuis sa naissance dans un univers artistique auprès de sa mère, la chanteuse Jeanne Mas, la jeune Victoria découvre la littérature à l'adolescence avec Maupassant puis Marguerite Duras. Son envie d'écrire la pousse à des études littéraires même si ses premiers pas professionnels seront dans le cinéma en tant qu'assistante de production.
S'intéressant à la place de la femme et à l'évolution de la société à la fin du XIXème siècle, elle découvre ce fameux bal des folles que Jean-Martin Charcot avait instauré pour les femmes internées à l'hôpital de la Salpêtrière. Là, une fois par an, la bonne société parisienne venait danser avec ces démentes, costumées et grimées. Comble du voyeurisme mais aussi véritable exercice thérapeutique, ce bal était l'occasion pour ces pauvres femmes de sortir de leur isolement au cours d'une soirée mais aussi lors des semaines la précédant.
Prenant prétexte de ce fait authentique, Victoria Mas a su plonger au coeur de la personnalité de ses personnages, se focalisant sur trois femmes, Eugénie, Louise et Geneviève, chacune avec son histoire, ses fragilités et ses résistances.
S'appuyant sur une documentation sérieuse sans sacrifier à la qualité de l'écriture, la jeune primo-romancière nous offre un livre très abouti, qui résonne étrangement avec notre époque contemporaine.
Dans ce Paris des années 1885 en pleine évolution, où les plus faibles sont laissés de côté, le roman interpelle sur la place des femmes et le rôle de la médecine, à une époque où les asiles étaient aussi la possibilité de se débarrasser de ceux que l'on jugeait différents.
Un sujet passionnant et un livre très réussi. « Le bal des folles » de Victoria Mas est publié chez Albin Michel.
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Regarder, regarder encore, regarder toujours, c'est ainsi seulement qu'on arrive à voir.
Les « Leçons sur les Maladies des vieillards et les Maladies chroniques, » commencées à une époque de la vie où l’horizon ne paraît pas encore limité, avaient été conçues sur un plan très vaste ; il ne s’agissait, en effet, de rien moins que de remanier, à la lumière d’observations personnelles, l’histoire de ces affections nombreuses et variées qui ne se rencontrent et ne s’étudient guère que d’une façon incidente, dans les hôpitaux ordinaires, tandis qu’elles se montrent, au contraire, à profusion dans les hospices, en particulier dans ce grand asile qu’on appelle la Salpêtrière.
Il y a tantôt 12 ans, reprenant dans l'enceinte de cet hospice un enseignement qui, en ce temps-là, datait de quatre années déjà, j'émettais l'espoir que ce grand asile des misères humaines, où tant de maîtres de la médecine française se sont illustrés, deviendrait quelque jour, pour les maladies du système nerveux, un centre régulièrement organisé d'enseignement et de recherches.
Où trouver ailleurs, disais-je alors, autant de matériaux particulièrement appropriés à ce genre d'étude ? De simples modifications dans l'arrangement intérieur de rétablissement suffiraient cependant, ajoutais-je, pour qu'on pût les mettre en pleine valeur !
Les études d’ailleurs si remarquables, dont la paralysie diphthérique du voile du palais a été récemment l’objet, laissent subsister encore des desiderata assez nombreux. On ignore, par exemple, sur quels éléments, nerfs ou muscles, portent plus particulièrement les altérations, dans cette forme de paralysie ; si ces altérations sont, comme on dit, purement dynamiques, ou si, au contraire, elles se révèlent à l’anatomiste par des modifications de texture. Le fait que nous avons l’honneur de présenter à la Société de biologie pourra contribuer à combler la lacune que nous signalons.
Les observations d’hémorrhagie cérébrale que nous allons rapporter ont pour la plupart été recueillies avec grands détails et plusieurs ont été déjà publiées in-extenso. Les limites dans lesquelles nous devons nous renfermer et le but spécial de ce travail nous ont déterminé à ne les reproduire ici qu’en abrégé. Nous nous efforcerons cependant d’indiquer au moins sommairement, les caractères qui légitimaient le diagnostic porté.
Comme je ne crois guère à l’efficacité des généralités privées de leur substratum matériel, surtout en matière d’anatomie pathologique, j’invoquerai un certain nombre d’exemples, qui nous serviront, pour ainsi dire, de point d’appui. Ces exemples, je les détacherai d’un des chapitres les plus importants de la pathologie de l’encéphale, celui où il est traité de la localisation dans les maladies cérébrales.
Le champ que nous allons parcourir ensemble appartient, vous le voyez. Messieurs, à la pathologie la plus usuelle, la plus vulgaire et il pourrait vous sembler au premier abord que, dans ce domaine tant de fois exploré par les grands maîtres, les voies soient partout largement ouvertes et qu’il n’y ait plus, pour celui qui s’y engage, d’obstacles à redouter.
L'affluence, aujourd'hui, d'un auditoire plus nombreux que de coutume, me semble une preuve convaincante que je ne m'étais pas trompé lorsque je pensai, il y a cinq ans, que ce grand emporium des misères humaines, où nous nous trouvons rassemblés, pourrait devenir un jour le siège d'un enseignement théorique et clinique vraiment utile.
Le cours que nous inaugurons aujourd’hui est destiné à vous faire connaître les caractères généraux qui distinguent la pathologie des vieillards de celle des adultes, et à fixer votre attention sur quelques-unes des maladies qu’on rencontre plus spécialement dans les asiles consacrés à la vieillesse.
Il est d’ailleurs, Messieurs, personne de vous ne l’ignore, au moins deux grands côtés par lesquels l’anatomie pathologique peut être envisagée. La lésion doit être, en effet, considérée d’abord en elle-même, anatomiquement, ou si vous voulez encore à l’état statique.