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4.22/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1977
Biographie :

Jb Hanak est musicien, auteur et plasticien. Avec Frédéric Hanak, ils ont créé le groupe dDamage : baptisés par la presse musicale, les « Moutons noirs de la French touch », ils ont été reconnus et salués pour leur parcours artistique sans concession.
Sales Chiens est son premier roman.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Hanak
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Et puis il y a Ourko : le chien.
Ourko n’existe pas, il n’a jamais existé. Quand j’avais six ans, j’en avais très peur, Fred l’utilisait comme une menace pour me trimballer dans des chantages de gosse cruel. Il a toujours su, pour ma peur des chiens. Un danger invisible – persuasion et conditionnement -, ça fout la pétoche à n’importe quel gamin. Avec les années, c’est devenu un leitmotiv. Fred est en retard, c’est la faute du chien. Ourko l’a retardé, pas la peine de s’énerver, le simple fait de mentionner ce nom me fait passer la pilule. Chien à la con. Je lâche un rire, résigné. Mieux vaut prendre de l’avance, direction embarquement.
Fred a cinq ans de plus que moi. Lorsqu’on était gosses, son meilleur ami à l’école était un fils de flic. On raffolait de toutes les histoires tordues que ce mec tenait de son père. L’une des plus dingues restant celle du chien invisible :
Interrogatoire de nuit – le père flic s’est, un soir, retrouvé à bout de forces. Seul dans un box face à un suspect n’ayant pas décroché un mot durant plusieurs heures, il a fini par perdre les pédales :
« Il se fout de ma gueule. C’est un malin, lui, hein ? T’entends ça, Ourko ? Il me prend pour un con. T’es pas d’accord ? Il me prend pour un con ou quoi ? »
Le père flic parlait à Ourko, le chien invisible. Ça a duré une heure, sous les yeux du gars menotté à sa chaise, qui, au bout du compte, a fini par sortir de son mutisme :
« Monsieur, mais à qui vous parlez, là ?
– Ta gueule ! Je parle à mon chien !
– Mais y a pas de chien !
– T’as vu ça, Ourko ? Il me coupe la parole, ce petit con.
– Mais, monsieur, il est où, votre chien ?
– Putain, il continue à se foutre de moi. Me coupe pas la parole, je parle à Ourko ! »
Un premier coup de poing est parti. Puis le flic a continué à parler à Ourko, alternant de plus en plus rapidement tartes dans la tronche et conversations imaginaires :
« Ourko ! va chercher ! Voilà… Là, c’est bien. Ça, c’est un bon chien. »
En plus de parler, le père flic jouait avec le chien invisible dans le box d’interrogatoire, à courir dans tous les sens, allant parfois se nicher juste derrière la chaise du type menotté.
« Attaque, Ourko ! Attaque ! » »
Le flic se mettait alors à mordre, en remuant la tête toutes dents serrées. Ourko est un fantôme qui s’incarne en celui qui fait appel à lui. Morsure jusqu’au sang, la victime hurle :
« Au secours ! Laissez-moi sortir ! »
Le but premier, c’est de faire sortir le suspect de son mutisme.
« C’est pas bien, Ourko ! Mauvais chien ! Pourquoi t’as mordu le monsieur ? Méchant chien ! Non ! Méchant chien ! »
C’est maintenant qu’il faut donner sa correction au clébard. Un jeu de chaises musicales, le flic voit Ourko à travers son interlocuteur. C’est le moment de le tabasser :
« Vilain chien ! Mauvais chien ! Ourko, sale bâtard ! »
Une nuit entière à ce régime. Faire le chien. Mordre celui qui lui fait face, lui faire tenir le rôle du chien… Bon chien, mauvais chien. Jouer avec le chien, debout, à quatre pattes, imiter le chien, faire des bruits de chien et, surtout, ne jamais parler directement au suspect. Toujours parler au chien, parce que le chien, c’est l’autre.
Fred a tellement aimé cette histoire qu’il a fini par adopter Ourko. J’y ai eu droit durant mes années d’enfance, saloperies d’engueulades entre frères, je me prenais toujours la parade du chien dans la figure. Avec le temps, j’ai fini par aimer Ourko, par l’apprivoiser.
Le seul chien que j’aime, c’est un chien qui n’existe pas.
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Mon grand frère, c’est Fred. La personne que j’aime le plus au monde. On fait de la musique depuis l’enfance. Deux gamins de Maisons-Alfort ; on a tout fait ensemble depuis le début. Notre premier album est sorti début 2000, sous le nom de dDamage. Fiers de tous nos disques, nous avons enchaîné labels miteux, tournées de bras cassés, ventes minables et promotion zéro. Dix années bien tassées à manger de la vache enragée.
Janvier 2010, j’en suis là : prisonnier depuis plusieurs mois d’un job alimentaire, je quitte mon boulot à la con ou j’accepte de m’enterrer dans une vie sans avenir. Rien ne changera jamais : la musique, elle, je l’aime. Et l’amour aveugle, c’est toujours la meilleure raison de se tromper de direction. Dans l’erreur, j’ai toujours été bon. Une fausse note, c’est ce qui ouvre le champ des possibles, ça permet de sortir des gammes imposées. Donc, connerie pour connerie, plus que jamais, aujourd’hui, j’ai une bonne raison de me faire la malle.
Nous venons de signer sur un nouveau label : Spartan Music. Je n’ai pas de pognon de côté, rien pour me couvrir. Mais on est sur le point de sortir notre meilleur disque, avec mon frangin. Les frais de production ont déjà été engagés par le label, nous avons une tournée devant nous : Angleterre, Allemagne, Italie, France.
Spartan Music. Le label est tenu par Bossian, un ancien des majors. Il a fait ses débuts pendant l’âge d’or des années 1990. Une époque où vendre du disque était une activité indécente. Face à la crise, sa science du métier lui a permis de s’extirper du panier de crabes agonisants, pour devenir indé de manière clairvoyante. Son label est une petite machine de guerre. Pas de fioriture, ni de temps à perdre. Sa dernière signature est l’un des plus mythiques duos de hip-hop de Los Angeles : Gino et Kurt, ce qui fait de nous leurs collègues de label.
La tournée est sur le point de débuter, on va pour le moment voyager en train. Deux simples concerts pour commencer. Londres et Berlin : une mise en bouche en attendant la suite. Spartan Music loue un van à notre retour pour la seconde partie de l’aventure : Italie, France ; c’est là que Gino et Kurt, avec qui nous partagerons la scène, doivent nous rejoindre.
Après dix années à encaisser des concerts sordides, voilà enfin des conditions décentes.
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Mon grand frère, il faut que je lui annonce la mort de Kurt, il faut que je lui demande de rappliquer au plus vite : râteau, Gui-Gui, couteau, pitié, Fred, viens avec une arme ; les bruits de pas sont proches, la porte bouge légèrement. Ils vont faire valdinguer mon armoire. Je vais crever, bordel, si je ne fais rien, je vais crever. Je dois prévenir mon frère, mais je suis paralysé. Il n’y a plus rien d’autre à faire qu’attendre de mourir. Fred, je te jure, t’es la dernière personne à qui je pense avant d’y passer, t’es ma dernière pensée ; y a personne de plus important que toi dans ma vie, Fred, t’es mon grand frère.
Silence. Rien ne bouge. Tout doucement, ça gratte à la porte. J’entends gémir. Moi, je suis rassuré. Tout va bien. j’ai compris, je cours pour aller ouvrir. C’est lui. Enfin. Ourko a retrouvé son chemin.
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