La "griffe sombre" rassemble les œuvres qui sonnent l'alarme d'un monde vacillant, après la Seconde guerre mondiale, y faisant converger, comme sur un miroir concave, les inquiétudes et doutes de l'époque. L'invisibilité des causes soumet l'homme "total" , déshabillé de ses habits de civilisé, à la peur, à la joie, à l'exaltation et au désespoir quand les tonalités sombres de la palette et du bronze semblent concomitantes des ruptures d'équilibre et des changements de cap qui agitent l’œuvre de nos trois artistes.
Ces regards en apparence rétrospectifs montreraient que le monde dans la tête ne connaît pas le temps. S'ils ont bien conscience de n'être pas en esprit un Primitif, un Égyptien, un moine fresquiste, un sculpteur africain, Derain, Balthus, Giacometti peuvent, par leur regard esthétique et par le pouvoir de la démiurgie artistique ("l'artiste façonne le monde" d'Honoré de Balzac), les comprendre, déchiffrer le génome de ces réalités fictionnelles et en rallier la chaîne.