Citations de Jacques Braunstein (16)
"J'arrive à l'âge où chaque jour je m'invente un nouveau regret. Et je me laisse aller à les explorer. Ils me permettent de me replonger dans ma jeunesse passée. J'envisage ce que j'aurais pu ou dû faire. Ai-je fait les bons choix ? Pas toujours. D'autres auraient-ils été plus justes ou plus profitables ? Sans doute. Même s'ils n'auraient rien changé au fond. La délectation avec laquelle je m'abandonne à ces conjectures a quelque chose de morbide. Elles me détournent de ce qui aujourd'hui encore est jeune en moi, de ce qui est jeune dans le monde qui m'entoure." (p. 11 - Incipit)
Quand les gens vous annoncent qu'ils se séparent, on a envie de leur dire : « Non. Vous formez un si beau couple ! » Mais qu'est-ce qu'on en sait ? Ils sont là, dans le paysage. On s'est habitués à les voir ensemble, un peu comme les Daft Punk... Mais personne ne sait vraiment s'ils s'entendent bien sous leurs casques. Peut-être qu'on ne s'écoute pas, qu'on se croise sans se connaître vraiment. Je pensais à tout ça en parlant avec ma soeur.* En fait je pensais à ma séparation, et donc pas vraiment à elle. C'est sans doute pour ça qu'on voit des psys.
On paie pour être vraiment écoutés.
(p. 50)
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* dialogue avec la soeur (p. 49) :
- T'es sûre que c'est pas une engueulade passagère ?
- Non, j'ai pris ma décision. Quand je lui en ai parlé, il m'a dit que c'était courageux de ma part. Qu'il n'aurait pas osé faire le premier pas.
- Evidemment.
[ enfants, au square - Camille présente Basile, le fils du nouveau compagnon de sa mère ]
- C'est Basile, c'est mon frère.
- Même pas vrai ! Avant les vacances, t'avais pas de frère.
- Ben maintenant, j'ai un quasi-frère.
- Et c'est quoi, un quasi-frère ?
- C'est un frère que t'es trop BÊTE pour comprendre !
(p. 41)
« Mes souvenirs, j’en ai fait ce que je te raconte là, à force de revenir inlassablement sur cette poignée de réminiscences en désordre. Il n’y a pas d’autres témoins. Personne qui ait fait le lien à part moi. Je ne suis d’ailleurs pas le moins crédible. » (p. 25)
La famille recomposée par rapport à la famille classique , c'est comme le Nescafé par rapport au vrai café. Plus le temps passe, plus ça y ressemble, mais ça ne sera jamais tout à fait ça. On met un certain temps à s'en rendre compte. Et chacun fait de son mieux.
C'est un immeuble normal. Enfin, un bel immeuble du centre-ville. Parquet et cheminée à tous les étages. On insiste sur la mixité du quartier, mais on est bien content qu'il y ait deux digicodes, une gardienne et un arbre dans la cour.
(p. 11)
Ceux d'aujourd'hui vivent dans la société d'abondance, dans le trop-plein. Les parents n'arrêtent pas de jeter les vieux jouets pour faire de la place aux nouveaux. Sarah, la fille de Stéphanie, vient d'avoir 12 ans mais a plus d'électronique dans sa chambre qu'il y en avait dans l'immeuble où travaillait mon père.
JAi-je fait les bons choix ? Pas toujours. D'autres auraient-ils été plus justes ou plus profitables ? Sans doute. Même s'ils n'auraient rien changé au fond.
« Peut-être que le Bus a toujours été comme ça, une boîte pour jeunes gens des beaux quartiers qui croyaient s’encanailler. Pour voyous et paumés qui pensaient côtoyer du beau monde. Le Bus n’était peut-être qu’un malentendu organisé. J’ai peut-être passé ma jeunesse sur un malentendu. » (p. 93)
« Enfermés toute la journée, nous ne disposons que de nos soirées pour avoir dix-huit ans. » (p. 30)
« Ne t’inquiète pas, je n’essaie pas de te saouler. Il y a encore trop de choses que tu ne sais pas. » (p. 118)
[...] Un jour, ce jeune homme modèle a voulu se transformer en père de famille modèle. Père, ça a été... De famille, il a dû y renoncer. Trois ans plus tard, on s'est séparés, la mère de Basile et moi. J'ai songé à la famille recomposée mais c'est resté au stade de projet. En fait j'ai opté plus ou moins définitivement pour la famille décomposée. L'enfant la semaine chez sa mère et le week-end avec moi. La famille en 5/2 comme dit ma voisine qui bosse en intérim.
« Ce printemps-là, j’oscillais constamment de l’abattement à l’euphorie, de la peur panique à l’indifférence. » (p. 74)
« Pour moi, la musique est devenue un continuum… » (p. 161)
- S'il veut être banquier, c'est son droit.
- Faut pas exagérer quand même.
- Bon ben moi je veux pas être le père d'un jeune acteur français.
Samedi matin, huit heures et des poussières. Avant-hier je me suis couché vers cette heure-là... Mais là, mon enfant dort à côté. Je pourrais dire qu'il m'oblige à me réveiller tôt mais ça se discute.