Jacques Brenner

J 'ai découvert cet auteur en lisant la biographie de Marie-Dominique Lelièvre sur Claude Perdriel, ami proche, côtoyant Françoise Sagan,Henri Thomas, Bernard Frank...Curieux de cet auteur je suis allé chez mon libraire favori pour dénicher un de ces livres, pouvoir brûler mon désir dans l'un des ces romans, Daniel ou la double rupture sera le hasard de cette quête.

Ce roman semble se froisser de notre époque, de nos conventions actuelles, des codes anciens fleurissent de cette lecture à l'écriture d'un temps révolus où les mots ont cette force de la phrase dans son ensemble comme un soupir, un souffle méthodique caresse ses pages littéraires aspirant mon esprit vers ce monde perdu, une force lointaine respirant la vitalité d'un vie ancienne où l'amour s'alourdit de principe bourgeois.

Daniel ou la double rupture est un conte d'amour passionnel, cet héros navigue sa vie amoureuse dans l'asséchement du désir, s'isolant dans une vie monotone, d'une routine d'amitié et de soirée codifiée sans folie apparente, berceau d'une enfance bourgeoise.

Puis la foudre d'un visage explose le quotidien de ce jeune polytechnicien( est-ce un clin à son ami Claude Perdriel lui aussi polytechnicien), ce jeune ingénieur va glisser petit à petit dans la déchéance du corps, s'offrir sans concession dans une relation platonique et ridicule avec une jeune fille de vertu plus ou moins douteuse .

Un jeux s'installe entre ses corps et esprit différent, les dialogues savoureux, un croustillant jeux de chien et chat débute avec douceur et tendresse.....

La passion déborde souvent d'un physique attirant, d'une pulsion animale, l'amour reste un sentiment plus profond.

Dans ce cours roman Jacques Brenner joue avec le sentiments passionnels, décode les humeurs bourgeoises, délivre l'amour de sa passion des corps.

J'ai aimé me perdre dans ses sentiments, de m'évaporer dans ses mots où coule l'atmosphère de cette époque....

Un jeune journaliste, Patrice, rencontre un garçon issu d'un milieu défavorisé, Jeannot. Pour gagner quelques sous, celui-ci repère les hommes qui pourraient avoir "besoin" de lui, bref, il vend son corps. Il trouve toujours le moyen de se faire entretenir par l'une de ses nombreuses relations. Patrice se laisse apitoyer et s'attache à Jeannot. Pourtant, très vite, il s'aperçoit qu'il lui ment. Jeannot est finalement arrêté pour prostitution. Patrice remuera ciel et terre pour le tirer de ce faux pas et en parallèle, il va à la recherce de tous ceux qui ont connu Jeanneot, sa famille, ses amants. Difficile pour lui de s'avouer qu'il s'est laissé berner. Il comprend aussi que Jeannot n'est pas qu'une victime puisque sur sa route, un autre jeune issu du même milieu réussit par sa volonté à s'en sortir. L'auteur n'en tient pas beaucoup le cas mais c'était utile pour éclairer à la fois Patrice et le lecteur. Petit roman facile à lire et bien plaisant.

Ce livre a été publié dans les années 50. Il m'a fait penser à une nouvelle de Henri Troyat qui se trouve, si mes souvenirs sont bons, dans le recueil «L'éternel contretemps».



Ici, Jacques Brenner exploite très bien un thème assez délicat. J'aurais lu ce livre il y a quelques années, j'aurais peut-être tiqué. J'aurais peut-être pensé qu'il aurait été impossible d'accuser quelqu'un sur de simples témoignages sans preuves. Or, l'affaire des enfants d'Outreau montre bien qu'on est à l'abri de rien. Je serais tentée de dire que Jacques Brenner est un visionnaire. Par un texte court, il a su faire monter la tension, montrer comment quelque chose peut très vite déraper. En effet, les interrogatoires de Suzanne, de Gerlier, et d'autres, n'ont lieu que parce que leurs noms ont été cités, et qu'on ne pense pas que les enfants peuvent mentir. Les adultes interrogés sont tout de suite traités en coupables, alors qu'il n'y a aucune preuve contre eux. Tout ceci est assez effrayant. Si l'auteur avait su que ce genre de choses arriverait, mais en beaucoup plus grave, l'aurait-il cru? D'autant que dans cette sorte d'affaires, il est très difficile de démêler le vrai du faux. Le fait que les enfants soient ou non vierges est une preuve suffisante si ceux-ci admettent avoir menti, mais s'ils n'avouent pas et parlent d'attouchements ou d'actes buccaux... cela peut vite se transformer en chasse aux sorcières.

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