Révélations du
journal l'express sur Greenpeace
L'hebdomadaire "L'Express" publie en avant première les extraits de 2 ouvrages : "
Enquête sur trois secrets d'Etat" de
Jacques DEROGY (grand reporter à
L Express) et "
Dans le secret des princes " de
Christine OCKRENT et Alexandre de MARENCHES. le magazine titre en couverture : "Des révélations explosives"
Illustration par des extraits (ONP) du Rainbow Warrior dans le port d'Aukland / Photo...
Ce mercredi 17 janvier 1945, très tôt le matin, une voiture quitte le numéro 6 de la rue Tatra.
A son bord, Raoul Wallenberg. Diplomate, appartenant à l'une des familles les plus puissantes de Suède. Arrivé en Hongrie, il y a six mois et huit jours, il a sauvé à lui seul, environ 100 000 Juifs.
On doit le conduire vers le maréchal Malinovski. Ses camarades à qui, il a fait ses adieux ignorent qu'ils ne le reverront plus...
La guerre sera bientôt finie pour tout le monde, une vie normale reprendra pour tous. Pour tous, sauf pour lui.
Action secrète, diplomatie secrète et cinq spectaculaires victoires militaires ont assuré la survie d'un pays deux fois plus petit que la Suisse, deux fois moins peuplé que la seule ville du Caire, mais qui détient le record mondial de densité historique.
Elles n'ont pas résolu pour autant le problème crucial de sa place et de son rôle au carrefour géographique de deux cultures, de deux civilisations, de deux modes de vie, entre l'Orient et l'Occident.
C'est l'époque où, avec Waddia Haddad, Abou Nidal et le fameux "Carlos," l'Internationale de la terreur donne toute sa mesure avec, entre autres, le détournement sur Entebbé, en Ouganda, d'un Airbus d'Air France de la ligne Tel-Aviv-New-York.
L'exploit que constitue sa riposte - un raid sans précédent de 4 000 km - va permettre à Israël de surmonter son traumatisme de l'après-Kippour en renouant avec l'esprit de commando, et de lui rendre ainsi confiance en Tsahal.
Convaincu que Talleyrand était en route pour accomplir sa mission d'apaisement, alors que celui-ci ne parcourait que les couloirs - tout aussi aventureux - du palais du Luxembourg, Bonaparte en était resté à l'esprit de la dépêche qu'il avait adressé le 6 juillet d'Alexandrie au chargé d'affaires français à Constantinople : "Vous devez convaincre la Porte de notre ferme résolution de continuer à vivre en bonne intelligence avec elle."
De mémoire de combattants, on n'avait jamais vu un tel rassemblement de couleurs et d'uniformes de diverses nations coalisées dans un tel cliquetis d'armes de toutes formes et de toutes provenances : Druzes en pantalons larges et aux épées courtes, Mutualis vêtus de blanc, Maghrébins enveloppés de burnous, Kurdes aux manteaux écarlates, mamelouks aux bottes énormes et aux vestes étriquées sur leurs gilets bariolés... et, surprise, Juifs coiffés de bonnets de poil de chèvre noire, dont le détachement fermait la marche en hissant fièrement leurs drapeaux bleus frappés de l'étoile de David !
Depuis sa victoire du 25 avril à Saint-Jean-d'Acre sur l'armée de Djezzar Pacha écrasée sous les décombres de sa forteresse ou enfuie par mer, à bord de bateaux anglais, le corps expéditionnaire de Bonaparte n'a cessé de grossir, renforcé par tous ces volontaires des tribus venues des régions voisines répondre massivement à l'appel de son chef.
Ayant perdu son pari syrien, Bonaparte, de peur de perdre un enjeu encore plus important, décide donc de rentrer en Europe à la première occasion, quitte à noyer ses intentions dans un brouillard à sa façon. Ses actions, dès lors, ne pourront que déconcerter son entourage et accroître la déception et l'animosité de Kléber. Celui-ci, ayant servi tour à tour d'appât et de bouc émissaire, est devenu un chêne à abattre... A l'heure de la retraite, c'est lui qui reçoit le commandement le plus exposé : celui de l'arrière-garde. A Acre d'abord. Au Caire, trois mois plus tard, quand Bonaparte lui fait la surprise d'un cadeau empoisonné : le commandement en chef de l'armée d'Orient !
Il est vrai que Bonaparte a lui-même donné l'exemple pour impressionner ses troupes et enrayer la panique. Faisant confiance à son étoile et peut-être se croyant investi de pouvoirs hors du commun, il fait, le 11 mars, une(( longue visite aux pestiférés de Jaffa, geste qu'immortalisera, après coup, le célèbre tableau du peintre Antoine Gros.
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Quel homme est-il donc celui qui, un jour, fait passer à la baïonnette 1 041 êtres humains, pour produire un certain effet, et qui, le lendemain, avec le même calme, afin de produire un autre effet, accomplit un acte devant lequel de grands saints même auraient reculé ?
Haïfa était devenue un havre pour tous les hors-la-loi. Ses habitants troquaient leur eau et leurs aliments avec les pirates contre les marchandises clandestines et des produits de contrebande. La rade fonctionnait comme un port franc. Aussi bien est-ce à Haïfa qu'avait débarqué en septembre 1798 le rabbin Nahman de Bratzlav, après s'être vu refuser l'entrée au port de Jaffa où sa redingote noire et sa barbe l'avaient fait prendre pour un espion de Bonaparte. Il était sûr, à Haïfa, de ne risquer aucun contrôle.
Un gâchis que Kléber n'hésite pas à condamner en ces termes à la table du général Murat : "Nous avons attaqué à la turque une place défendue à l’européenne."
A peine arrivé de Galilée, le jour même, avec la brigade du général Verdier, Kléber s'indigne de la façon dont le siège a été mené. Lui qui a toujours été soucieux du sang de ses soldats et qui a perdu de trop nombreux amis dans les assauts successifs, ne peut accepter la vanité d'un tel acharnement : "Bonaparte, maugrée-t-il, n'est qu'un général à deux mille hommes par semaine."