Peinture française, peinture allemande : ce qui les oppose, ce qui les rapproche - Séminaire de... .
Peinture française, peinture allemande : ce qui les oppose, ce qui les rapproche Dimanche 17 février 2013 à 11h Avec : Georges-Arthur Goldschmidt, germaniste et traducteur, Jacques le Rider, professeur à l?École normale supérieure, Jean-Claude Milner, linguiste, philosophe. Un débat animé par Alexis Lacroix Poursuivez la réflexion avec les ouvrages évoqués durant ce séminaire : "Juifs de la Vienne fin de siècle" Jacques le Rider Albin Michel, 2013, 368 pages "Malaise dans la peinture. A propos de la mort de Marat" Jean-Claude Milner INHA-OPHRYS, 2012, 65 pages
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La Galicie, associée ou non à la Volynie, est l’une de ces marches qui ont été disputées entre plusieurs royaumes ou empires au cours des siècles. Formée comme une des principautés de la Rus’ de Kiev, au xie siècle, elle est régie par des descendants de saint Vladimir (traditionnellement appelés Rurikides) jusqu’au début du xive siècle et adopte le christianisme de rite orthodoxe.
Mais sa situation au sud-ouest de la Rus’ médiévale, en contact direct avec la Pologne et la Hongrie, sur un itinéraire de commerce déjà fréquenté, lui donne une ouverture particulière sur les chrétientés de rite romain. L’apogée politique de cette première Galicie porte d’ailleurs la marque de ces deux influences, puisque Daniil Romanovič, un Rurikide, reçoit une couronne royale du pape, en 1253. À partir du xive siècle, tandis que la famille princière locale s’éteint, la Galicie passe sous la tutelle polonaise pour plus de quatre cents ans, jusqu’à ce que les partages de la fin du xviiie siècle l’attribuent à l'Autriche.
Les ruines m’attirent depuis mon enfance, pourrais-je répéter à l’instar de Danylo Kiš. Les ruines m’attirent depuis mon enfance, cette trace particulière, ce tracé particulier de l’existence d’autrefois. Je ne cherche pas à l’expliquer par des inclinaisons outre mesure métaphysiques ou romantiques. La raison en est peut-être tout simplement une odeur, et pas un quelconque Geist. Une humidité putride, une sensation physique, frémissante, totale. Les vieilles murailles, les poutres vermoulues, les choses à moitié décomposées, ont une respiration qui leur est propre : peut-être suis-je toxicomane ?
Dieu merci, les paysages de mon coin du monde sont suffisamment imprégnés de ces choses. Vieilles demeures biscornues, quartiers entiers pris au piège du centre-ville, abandonnés, écorchés, les recoins des cours intérieures sentant la moisissure et l’urine, les cages d’escalier tapissées d’éternelles feuilles d’automne.
Le 23 janvier 1907 un groupe d’étudiants ruthènes a occupé l’Université de Lviv, blessé le secrétaire de l’université, Alojzy Winiarz, et détruit les galeries universitaires. Au cours des mois suivants, ils ont été arrêtés, libérés, puis à nouveau arrêtés. Ils ont commencé une grève de faim et sont finalement sortis de prison. La presse de Galicie, tout comme la presse internationale, a exagéré cette affaire, faisant état de violences extraordinaires autour de cet événement.
La presse ruthène y a vu les couleurs sombres de l’oppression des Ruthènes par les Polonais galiciens, tandis que les médias polonais ne voyaient dans l’incident qu’une preuve de la barbarie russe. Des journaux autrichiens, français et allemands ont présenté la complexité des relations, en laissant entendre qu’ils soutenaient le point de vue ruthène, alors que – comme les périodiques locaux le mentionnaient – ils avaient pris une attitude pro-polonaise avant.
Dans une lettre au ministre de l’Instruction publique, Serge Ouvarov, le panslaviste Nicolas Pogodine attira l’attention de son interlocuteur sur « Notre vieille et très célèbre principauté de Galitch » dont les habitants étaient de « purs Russes », nos « véritables frères » !
Il désignait un territoire plus restreint que l’effective Galicie du XIXe siècle, situé au sud-ouest de la Rous’ kiévienne qui avait vécu son apogée culturelle et économique dans la première moitié du xiiie siècle. Malgré la multiethnicité de la région, Pogodine y voyait un territoire russe, c’est-à-dire « grand-russe », terme qui devenait sous sa plume synonyme de « ruthène », désignation utilisée par l’administration autrichienne à l’égard des Ukrainiens.
Pour l’écrivain, il n’y avait donc pas de différence réelle entre les deux régions d’Europe orientale, une prétendue unité linguistique et le passé médiéval justifiant cette fusion.
La solitude irrémédiable de l'individu amène à douter de l'aptitude du langage comme outil de communication. Ce scepticisme fondamental constitue un des aspects de la "crise du langage" si souvent évoquée comme un phénomène caractéristique de la crise de la modernité autour de 1900.
Diagnostic et critique de l'individualisme comme maladie moderne de la culture, exaltation de l'individuel comme fondement ultime de la culture authentique : à la suite de Nietzsche, la fin et le début du siècle oscillent entre ces deux appréciations d'un phénomène ressenti comme ambivalent.
-- Or la forme de vie qui semble aller de pair avec cet individualisme est le sentiment de la solitude. Solitude orgueilleusement assumée, solitude douloureusement subie.
On est frappé chez Mauthner par le contraste entre la démarche du scepticisme déconstructeur qui conduit au silence et le besoin irrésistible de reprendre la parole, encore et toujours, pour clamer sa défiance envers les mots. Que reste-t-il au terme de la critique mauthnérienne du langage ? Une subjectivité dont le je a été réduit à une illusion verbale, réduite à la solitude face à un monde obscur, insaisissable et innommable, comme "toi" à la fin de Compagnie de Samuel Beckett (...). La critique du langage est une tâche de toutes les époques : Mauthner en a fait un signe distinctif de la modernité du début du XXe siècle, mais elle revient à l'ordre du jour dans tous les cas où l'on cherche à analyser un système culturel en crise.
La façon dont Simmel envisage la sociabilité ne remet pas en cause le règne contemporain de l'individualisme et fait de l'interaction entre l'individuel et le collectif une dynamique créatrice. Mais une tension irréductible demeure, car la sensibilité subjective de l'homme moderne l'empêche de faire partie d'unions traditionnelles ou de se soumettre à des liens contraignants qui ne respectent pas ses goûts et sa sensibilité personnelle.
On pourrait dire que toute l’œuvre romanesque et théorique de Robert Musil a placé le thème de la crise d'identité au centre de ses préoccupations. A la fois contemporain de la modernité viennoise et, durant les années 1920 et 1930, historien et analyste critique et distancié de cette période, Musil a réuni dans L'homme sans qualités des observations et des réflexions fondamentales pour notre propos.
"Redonner des couleurs aux mots, sans retourner à la rhétorique, c'est le projet de l'écrivain de la modernité."