Jacques Rifflet

Entretien radiophonique sommaire et confus de l’auteur avec Edmond Blattchen retranscrit ici dans ce petit opuscule dans lequel il est question de l’approche que Jacques Rifflet fait de Dieu et des religions.



L’homme est un animal croyant.



Jacques Rifflet s’est évertué à établir la filiation qui existe entre les religions monothéistes du livre : judaïsme, christianisme et islam, mais aussi avec les religions de l’Orient : du mazdéisme au zen.



Dieu d’abord :

Deux possibilités : Dieu est créateur ou bien Dieu a été créé par l'homme.

Deux concepts: les religions de la transcendance et les philosophies de l'immanence.

Deux autres concepts : le dualisme (Dieu créateur de l’autre) et le monisme (Dieu et les hommes sont de la même essence ; le Bouddhisme par exemple).



La filiation ensuite :

Avançant l’idée que l’Homme ne peut être une simple algue balancée par une vague ; le végétal se contentant de vivre, l’homme, lui, peut se demander d’où vient cette vague, où elle va et envisager l’océan.

Jacques Rifflet nous montre comment les périodes laïques s’enchainent avec les périodes religieuses.

Durant les périodes laïques naissent des philosophies et leurs questionnements. Mais l'Homme étant anxieux et les philosophies ne procurant pas toutes les réponses et ne procurant surtout aucune protection il plonge dans la religion. Or le religieux et ses dogmes n’admet pas le doute qui lorsqu’il devient envahissant fait basculer de nouveau l’Homme vers une période philosophique, une période du questionnement. et cætera…

Ainsi l'hindouisme devenant laïc par la lecture qui fut faite des upanisads a produit le jaïnisme et le bouddhisme, philosophies qui retombèrent dans le religieux.

Mais les questionnements et les croyances de l’homme ne sont pas seuls à faire se succéder ces périodes, ainsi le basculement d'une philo vers une religion est favorisé par les princes qui veulent assoir leur pouvoir.

Il en va ainsi des rois de droit divin, mais aussi, par exemple, de l’enseignement du Bouddha transformé 300 ans plus tard, par l’empereur Açoka en bouddhisme, religion d’Etat.





Son travail a consisté à repérer ce qui fait le tronc commun de toutes les religions ;

Une unicité qui ne s’entrevoit que dans les philosophies qui ont précédé les religions.

Car s’il ne choque personne de parler de philosophie bouddhiste, alors que le Bouddhisme, pratiqué au quotidien, est aussi une religion dogmatique, il en va de même pour toutes les religions. Ainsi c’est la philosophie chrétienne, celle de Jésus, celle des contemporains du Christ, qui a engendré la religion chrétienne.



Ceci étant posé, nous voyons ainsi se profiler un certain principe premier qui semble avoir émergé dans la culture indo-européenne et dans la région du Turkestan au XV e siècle av J.C. puis s’être déplacé vers l'Iran a l'ouest et l'Inde a l'est.

Ensuite les croyances se sont succédées comme des mues, chacune gardant l'ossature précédente : Mazda en Mithra, Ch'an en Zen. et cætera

Il y ainsi une soudure continue entre judaïsme, christianisme, islam, hindouisme et bouddhisme

Un exemple : la trinité chrétienne et la trinité hindou Brahma Vishnou Shiva



Voilà pour ce micro-fascicule que j’ai trouvé tout de même un peu confus.



Je voudrais exceptionnellement étayer l’idée maîtresse de Jacques Rifflet par un petit article paru dans science et vie (HS n°186) qui, certes ne traite pas de religion mais d’un point commun ayant migré ainsi laissant dans des endroits fort éloignés une croyance inexplicable :

Il s’agit de la constellation de la Grande Ourse.

Car si la forme dessinée par ces sept étoiles peut sans problème évoquer une casserole, un chariot, une louche, comment y voir une Ourse ?

Le mythe est le suivant : les quatre étoiles forment un trapèze représentant une ourse poursuivie par trois chasseurs. Cette histoire de chasse cosmique faisait partie du fond culturel indo-européen ce qui explique que de nos jours on puisse la retrouver chez des peuples si différents et éloignés que les Mongols, les Basques, les Hébreux, les Iroquois ou les Algonkins.