Salon du livre romand 2016 - Table ronde du dimanche 20 novembre :
Quels chemins vers la vie intérieure ?
Avec François Gachoud, Jacques de Coulon, Philippe Roch
Modération : Dominique Rey
Nous sommes dans un monde de la pensée calculatrice, planificatrice. De codes. Il serait peut-être bon de développer un autre regard: lire de la poésie, méditer devant un beau paysage fait jouer son imagination. Pas besoin de partir à Tombouctou!
Je dépense donc je suis. Ceci est à comprendre dans les deux sens du verbe « dépenser » : vider son porte-monnaie et ne plus trop penser.
Ne perdez pas votre vie à vouloir la gagner.
Rien n'est impossible à qui sait rêver.
En accueillant sereinement ce qui m'arrive, comme les fleurs qui s'ouvrent au printemps ou la neige qui tombe en hiver, je vois que tout se dénoue. C'est en intégrant les événements que je ne me désintègre pas, non en m'y opposant.
Naviguer en solitaire
Le poète ne bêle pas avec le troupeau de moutons soumis au système.
Toute personne n'est-elle pas unique au monde ?
dans cette unicité réside sa distinction, sa valeur infiniment précieuse.
Or, toutes les sirènes actuelles nous appellent à quitter le cours de notre propre rivière pour nous couler dans un même moule
en conditionnant nos réflexes de travailleurs consommateurs.
Le poète refuse cette condition d'automate en uniforme
Il fait de son existence un poème . Il invente sa propre vie .
Tout au fond de moi jaillit une source de joie et d'énergie inépuisable qui m'ouvre de nouveaux horizons. Ce coeur de l'être est comparable à un ciel infini baigné de soleil, au-delà des nuages dans lesquels je m'enferme si souvent.
Nous sommes des paresseux.
Nous oublions de poétiser notre intériorité
=> Vous avez choisi le premier modèle :
Aïe ! Vous avez opté pour un modèle marxiste-léniniste ou communiste, qui a fait faillite au cours du XXe siècle. En réalité, l'État ne s'est pas éteint dans une communauté idyllique et sans classes. La « dictature du prolétariat » a donné naissance à une nouvelle classe dominante, la « bourgeoisie rouge » de la Nomenklatura. Elle a brimé les libertés en envoyant les dissidents au goulag et le système a implosé en 1989 avec la chute du mur de Berlin
=> Vous avez choisi le deuxième modèle :
Aïe encore ! Vous plébiscitez le capitalisme néolibéral qui nous a conduits à la crise et nous fait foncer droit dans le mur en accroissant le chômage et en détruisant l'environnement. Pour surnager (mais jusqu'à quand ?), ce système a dû se renier et faire piteusement appel à l'État, donc aux contribuables, afin de renflouer ses caisses.
Notez que les deux premiers modèles sont des utopies qui relèvent d'un optimisme béat. Ils ont d'ailleurs plusieurs points communs :
* les deux croient en la bonté naturelle de l'homme.
* les deux veulent moins d'état, voire l'extinction finale du pouvoir étatique jugé inutile et néfaste.
* les deux sont des matérialismes : le communisme se veut un « matérialisme dialectique » alors que le capitalisme encourage un matérialisme crasse, qui est un simple attachement aux biens matériels. Pour ces deux modèles, le bonheur de l'homme équivaut à l'assouvissement de ses besoins matériels.
Quand au troisième modèle, le libéralisme social, il part d'un pessimisme lucide : l'être humain doit être « cadré » et c'est en travaillant sur lui-même, dans l'espace de liberté qui lui garantit l'État, qu'il se perfectionnera.