"Dans la gueule de l'ours" de James McLaughlin lu par Guillaume Orsat l Livre audio
Après les gros orages, un automne frais et lumineux était arrivé en avance, quelques érables et chênes d'un rouge humide vers le haut de la montagne, la forêt vert pâle sur les contreforts.
Son long visage nordique était pâle dans la lumière indirecte.
La vue était époustouflante : trente mètres plus bas, la canopée moutonneuse de la forêt primaire occupait tout le canyon. Les cimes majestueuses de sapins ciguës, de chênes rouges et blancs, de hickorys, de gommiers, de frênes -- une douzaine d’espèces au moins, uniquement des spécimens géants, oscillant dans la brise humide chargée de brume. Ça et là, des branches nues émergeaient de la canopée comme des doigts osseux.
Les ours ressemblent beaucoup aux gens, juste en plus sauvage.
Summer aima les musées. elle dit qu'ils étaient comme des entonnoirs qui concentraient les efforts et les connaissances humaines en un seul endroit, ce qui permettait d'en absorber une grande quantité à la fois. Bowman se montra dédaigneux, disant que ces "entonnoirs" servaient principalement à concentrer les anciens êtres vivants ainsi que les artefacts créés par les peuples indigènes, tous commodément retirés de leur contexte afin que les humains occidentaux à l'esprit étroit puissent en faire l'expérience de manière isolée et élaborer des analyses réductrices faisant des Autres* et de l'humanité indigène des objets qu'ils s'autorisaient à dominer.
*Pour Bowman et sa soeur Summer les Autres représente l'ensemble des êtres vivants autres que les êtres humains.
« La forêt était étrangement animée, une gigantesque bête verte en train de rêver, sa peau parcourue d’ondes frissonnantes .
Pas vraiment menaçante , mais puissante.
Attentive.
Il imagina un instant que la forêt était en colère , déçue, qu’il était personnellement responsable de cette intrusion des braconniers tueurs d’ours » ...
Les membres de ma famille ont veillé sur ce dernier-né peu prometteur et m'ont très tôt donné de bons livres à lire.
Quelque chose dans la forêt obnubilait son esprit : une séduction inédite, une attirance nouvelle. La lueur blafarde des étoiles, la forêt obscure et ses bruits nocturnes.
« Les plaques continentales luttaient et frémissaient .
Très loin, le soleil vaporisait l’eau des océans et la faisait retomber en pluie sur les terres.
La vie jaillissait et se tortillait , inhalait et exhalait , parlait et pleurait , s’épanouissait et mourait .
Quand il se leva , son camouflage « GHILLLIE » bruissa doucement .
Il se sentit calme et fort. »
La patience du prédateur n'est pas un acte volontaire où l'on se réfrène et bride son énergie, mais un acte de foi fondé sur l'absolue certitude que la proie va arriver.