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Critiques de James Cañon (71)
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Dans la ville des veuves intrépides

La Colombie vit une période difficile, les hommes et ados à compter de 12 ans sont réquisitionnés pour entrer dans l'armée. Quiconque refuse se retrouvera percé d'une balle.

Dans un village de 93 âmes, les femmes vont prendre le pouvoir ou plutôt vont changer leur mode de vie. Sans homme, il va falloir penser à la survie de l'espèce, plusieurs possibilités s'ouvrent à elles, soit attendre que les plus jeunes atteignent 15 ans et puissent participer activement à la sauvegarde de la communauté, soit profiter du don du prêtre, ce dernier étant enclin à faire abstraction de son vœu de chasteté pour le bien de tous, évidemment.

Une construction assez étrange, avec une première partie assez longue, lente et plutôt vide. La deuxième partie avec la prise de conscience des femmes relève légèrement la note du livre.

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Dans la ville des veuves intrépides

A Mariquita, tout allait bien avant que les guérilleros débarquent et réquisitionnent tous les hommes et garçons de plus de douze ans de la ville. La ville se trouve alors peuplée seulement de femmes et d'enfants. A travers quelques épisodes de la vie citadine, on découvre comment ces femmes vont vivre...



Je ne m'attendais pas à ce genre de narration, je ne suis pas arrivée à savoir combien de temps s'était écoulé depuis que les hommes étaient partis. A part ça, j'ai beaucoup apprécié ses épisodes entrecoupés par les histoires des combattants pour nous rappeler que la guerre est bien là et contrebalancer son humour sur la vie pratiquement féminine de la ville. Certains moments m'ont moins touchés mais j'ai beaucoup aimé l'humour de l'auteur malgré la situation difficile. J'ai bien apprécié les moments surréalistes ou légèrement absurdes. L'auteur réussit bien à faire passer des messages de tolérance, de partage... Un bon moment malgré le sujet.
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Dans la ville des veuves intrépides

Pour le mois de janvier, le Club des lectrices avait décidé de s’aventurer ou bien en Afrique ou en Amérique Latine.

La Colombie fut finalement choisie, avec un auteur James Cañon, colombien, qui écrit en anglais. Mais le thème de ce roman est bien colombien.



Par contre, je dois avouer que je suis moyennement satisfaite de ce livre.

C’est simple, mon avis a joué au yoyo durant tout le temps de ma lecture. J’ai beaucoup aimé le début, je n’ai pas du tout aimé le milieu ou je me suis carrément ennuyée et j’ai recommencé à aimer ma lecture à la fin.







Le roman est construit en chapitres alternant le récit personnel d’une des femmes et de témoignages des hommes, qu’ils soient des guérilleros ou militaires.



Mon personnage préféré était la Veuve Morales, que j’ai trouvé être la personne la plus attachante. Je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal avec Rosalba, surtout au début, avec sa liste de choses à faire et d’interdits.







J’ai donc beaucoup aimé ce premier temps, ce désœuvrement des femmes une fois que les hommes ne sont plus là. Ces femmes, qui sont capables des plus grands sacrifices (se priver pour leurs enfants, endurer un mari violent des années et des années sans rien dire), se retrouvent incapables de prendre la moindre décision les concernant.



Et c’est le début d’un très long apprentissage (qui va d’ailleurs prendre des années!) de la liberté. Elles vont longtemps faire des erreurs et être incapables de se prendre réellement en main, laissant le village et ses habitants s’enfoncer dans la catastrophe et presque la folie à la fin (une fois qu’il n’y a plus de temps, on ne peut pas dire que tout le monde va vraiment bien !)



Et enfin, le déclic aura lieu, quand Rosalba arrêtera de faire des listes et des listes de choses à faire, mais commencera immédiatement à les faire. Arrêter de remettre au lendemain et faire les choses tout de suite.

Et surtout elles vont se rendre compte qu’elles sont bien entre elles, sans les hommes. Sans le remarquer, tout ce qui était masculin a fini par partir du petit village : les garçons sont morts, le prêtre est parti, Julio est devenu Julia et Santiago est surnommé « L’autre veuve ». Il n’y a plus rien qui rappelle vraiment les hommes dans le village.



Le temps était donc venu de créer un autre système.



Un système « purgé » de tout ce qu’il y a de masculin, de chacun pour soi, de compétitivité, mais plutôt un système féminin, basé sur le partage, l’entraide (moi, cela me fait quand même légèrement penser au communisme mais bon…cela a l’impression de marcher…peut-être parce que ce sont uniquement des femmes ?) En tout cas, cela fonctionne et on peut dire qu’elles sont relativement heureuses.



Le principe de la ville de femmes dans un pays d’homme m’a donc bien plu. Surtout quand, à la fin, les hommes reviennent et veulent tout décider à nouveau et qu’ils se font envoyer promener.



Par contre, je n’ai pas trop réussi à adhérer au principe d’être nue tout le temps. C’est aller trop loin pour moi.







Ce qui m’a beaucoup moins plu, c’est l’entre-deux…du moment, où elles commencent à essayer de se prendre en main, jusqu’à ce que Rosalba et Cleotilde trouvent le nouveau système et le proposent aux villageoises.



J’ai trouvé que cela allait dans le grand n’importe quoi (et tout particulièrement l’affaire avec les quatre garçons) et je me suis désintéressée au roman. Mais après c’est vrai que j’ai du mal avec le réalisme magique. Le seul livre sur le réalisme magique que j’ai aimé est « Cent ans de solitude » de Garcia Marquez qui a une écriture magnifique.







Dernier point : J’ai beaucoup aimé découvrir une facette du pays, avec ses guerres civils et ses massacres. Les témoignages des hommes étaient pour cela très intéressants et ont montré comment la situation était complexe.



———————————–



Je ne peux donc pas vraiment vous conseiller ce livre, même si j’ai apprécié plusieurs aspects. Disons plutôt que ce que ce roman m’a donné envie de faire, c’est de relire Garcia Marquez et de découvrir ses œuvres que je ne connais pas encore.
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans le village colombien de Mariquita, au milieu de la jungle, l’ensemble des hommes a été soit réquisitionné par les guérilleros, soit tué. Les femmes doivent apprendre à survivre seules. Après quelques temps d’anarchie, elles vont créer leur propre communauté, avec leur propres règles et reprendre les rênes de leur village.



Dans la veine des romans sud-américains, avec leur galerie de personnages extravagants, cette histoire est racontée sur le ton de l’humour. Et mieux vaut en rire que pleurer ! Certains passages dépeignant les hommes à la guerre sont franchement tristes et tranchent avec le loufoque de la vie à Mariquita. Malgré quelques longueurs, ce roman burlesque au ton féministe est plus profond qu’il n’y parait et pose des questions éthique et écologique. Peut-on vivre sans les hommes ? Comment préserver ses maigres ressources en environnement hostile? Que faire si les hommes reviennent? Il dénonce également les dictatures et prône la tolérance et l’amour pour tous et toutes. Un roman facile à lire et optimiste, que l’auteur a dédié à toutes les femmes sur terre !
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Dans la ville des veuves intrépides

Désolé de ne pas partager les avis plutôt très favorables des lecteurs de Babelio. J'y suis venu par le biais des suggestions du site, attiré - je crois bien - par la mention "réalisme magique". Mais la magie n'a pas opéré. Une première moitié assez laborieuse, mais une fin un peu plus intéressante.

Pourtant l'accroche était séduisante : que deviendra le petit village colombien de Mariquita, privé de tous ses hommes embarqués un beau jour par les guérilléros ? La réponse tient en 14 chapitres correspondant à un épisode de la vie de ce village, associé le plus souvent à un personnage, mis soudain en lumière puis disparaissant plus ou moins de la scène par la suite. Entre les chapitres, de brefs récits ou témoignages (1.5 à 2 pages) de guérilléros, de militaires ou de victimes viennent rompre le déroulé de l'action. Ils ne prennent sens qu'à la fin lorsqu'on on fait connaissance avec le personnage de Gordon Smith, reporter américain, qui a recueilli tous ces témoignages et qui enquête aussi sur ce village de femmes. Cette construction donne l'impression d'un collage de nouvelles. D'ailleurs, les remerciements, à la fin du livre, précisent bien qu'il s'agissait au départ d'une nouvelle qui a été enrichie de quelques autres "pour donner à ces histoires la forme du présent livre". Le titre orignal ("Tales from the town of widows") va dans le même sens. Cela explique sans doute le manque de souffle. On peut aussi se demander si le fait que le livre soit écrit en langue anglaise n'introduit pas un biais fatal. La description de la démocratie participative et du matriarcat reste un peu schématique. A un moment, Gordon, le reporter "s'installa dans le hamac, (...) avec un exemplaire en miettes de García Márquez qu'il lisait et relisait depuis un certain temps" (p. 327). Qui n'y pense pas au cours de sa lecture ? Hélas, Maraquita n'est pas Macondo et il est exagéré de présenter en quatrième de couverture James Cañón comme "le fils spirituel de García Márquez et de Vargas Llosa".
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Dans la ville des veuves intrépides

Que faire des jeunes filles qui veulent désespérément un homme? Que faire quand plus personne n'a de de notion du temps? Que faire quand le village n'a plus de quoi se nourrir? Les anecdotes sont bien croustillantes , ces bonnes dames sont des beaux personnages tour à tour grotesques ou émouvantes ...

Le rythme est très enlevé, l'histoire est bien menée : aucun risque d'ennui! Les femmes et leur curé, après une période de désarroi , décident de se prendre en main pour éviter de sombrer dans la misère. Elles finissent par chasser le curé , s'adapter à un monde sans hommes et fonder un village idyllique où tout est partagé, où l'on vit en harmonie avec la nature. Un peu d'optimisme et de tolérance dans un monde de brutes...



Le contexte , on le connait, malheureusement : la guerilla en Colombie qui s'oppose aux paramilitaires et au gouvernement. Les portraits de soldats qui apparaissent à la fin de chaque chapitre nous plongent dans la cruelle réalité de la guerre civile. Car du reste , une fois que les hommes sont partis, réquisitionnés par la guerilla, les souris dansent... Non, disons que les femmes qui restent sentent souffler le vent de la liberté et qu'il sera difficile de leur lui enlever même quand les hommes reviendront...

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Dans la ville des veuves intrépides

Je commence la lecture, m'attendant à un livre drôle et décalé. Au fil des pages, je découvre quantité de meurtres, de scènes de torture, de viols, de situations de guerre civile et de misère plus pathétiques et noires les unes que les autres. Du coup j'avais laissé le livre de côté. Une amie, le voyant traîner chez moi, me le demande à prêter. Je me décide quand même à le finir avant. Et c'est la découverte de la seconde moitié du livre, dans laquelle les veuves parviennent enfin à sortir de la misère en créant un vivre-ensemble tout à fait nouveau ! J'ai été positivement surprise par ce revirement ; c'est principalement cette construction d'un "nouvel ordre social" autarcique et féminin qui m'a intéressée. Mais je regrette qu'il arrive si tard dans le roman.
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Dans la ville des veuves intrépides

Roman agréable à lire, histoire légère mais qui ne m'a pas touchée
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans les années 1990, des guérilleros passent par un petit village de Colombie qu’ils dépouillent de tous les hommes et garçons de plus de 12 ans à l'exception du prêtre et d'un jeune garçon déguisé en fille.

Les femmes qui restent s’organisent. Elles réagissent différemment à cette absence d'hommes.

Le roman alterne le portait de certaines veuves du village qui décident de se prendre en main, plus ou moins à maladroitement, avec de courts chapitres sur la guerre et la situation difficile de la Colombie à travers le témoignage d'enfants soldats, de paramilitaires, de guérilleros ou encore de paysans.

Un roman original avec un soupçon d'humour et de dérision. Les différents portraits sont parfois burlesques, parfois cyniques. Mais beaucoup de légèreté se dégage de ce roman et les personnages sont attachants. La lecture de ce roman est également un moyen de mieux appréhender la culture de la Colombie avec le poids de la magie dans le quotidien mais aussi la guérilla et la pauvreté auxquelles la Colombie a été confrontée.
Lien : http://www.carnetsdeweekends..
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Dans la ville des veuves intrépides

Comment bâtir une société idéale fondée sur le respect et l'équité ? En se débarrassant des hommes bien sûr ! Et l'amour me direz-vous ? C'est justement là le problème : encore faut-il d'abord rétablir la paix, et puis aussi l'égalité, et puis peut-être après inventerons-nous la douceur... Comme les hommes du village de Mariquita en sont dénués, qu'un coup du destin nous en débarrasse ! Et c'est ce que fit le destin : voilà qu'un jour les guerrilleros réquisitionnent tous les hommes du village. Dès lors, l'anarchie s'installe lentement : avant de résoudre le problème de l'électricité et de rétablir l'eau courante, le plus important c'est le corps. Pour le satisfaire, ces dames créent un bordel ambulant. En patronne moderne Emilia met en place un plan de formation avec des positions et des techniques sexuelles hors du commun en faisant passer des « oraux » à ses congénères. Mais le drame devient fatalité lorsque la petite communauté se met en quête de procréer. Le prêtre lui-même se lance dans une croisade de reproduction sacrificielle, baisant allègrement au nom du Seigneur. Mais de ses visitations divines, ne sortent que le souffle du vide et quelques brutalités. Quelle fatalité encore frappe les jeunes adolescents en qui on place tout le salut séminal du village, lorsque le jour de l'exploit attendu ils subissent une tombée magique de pénis ? Bref le destin s'est abattu sur le petit village de Mariquita pour qu'aucun homme n'y survive.
Lien : http://ameleia.over-blog.com/
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Dans la ville des veuves intrépides

Un beau jour de 1992, des guerilleros de passage raflent tous les hommes de plus de 12 ans dans le petit village de Marquerita, en Colombie et tuent tous ceux qui refusent de partir avec eux. Depuis, le village vivote autour des femmes, des veuves pour la plupart, qui ont bien du mal à s'organiser. Mais peu à peu, une nouvelle société s'organise, ce qui ne se fait pas sans mal car les personnalités s'opposent...



Quelle chouette découverte que ce roman atypique ! Au départ, la survie de ce petit village semble franchement compromise après le départ des hommes et les petites histoires de chacune peinent à laisser croire qu'un avenir est possible. Mais finalement, après bien des déboires et des aventures assez rocambolesques, on entrevoit une lumière et on se prend à rêver à cette espèce d'utopie en pleine jungle. Le récit est entrecoupé de témoignages de soldats qui viennent ponctuer l'histoire, de manière souvent sordide et violente, comme pour rappeler la brutalité du monde, en dehors de cette oasis féminine dans la forêt. On rit souvent, on est parfois touché par une personnalité qui laisse filtrer une fêlure, bref, on passe un bon moment à la lecture de ce roman réjouissant et plein d'humanité.
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Dans la ville des veuves intrépides

Magique, drôle, fantasque, fou, coloré, amusant…. Le premier roman de James Cañón est un petit bijoux scintillant; un petit bonbon coloré et sucré pour les gourmands. Comparé au très célèbre Gabriel Garcia Marquez (je me suis rappelée Cent ans de solitude en lisant le roman), James Cañón évolue dans ce que tous appellent le réalisme magique.

L'auteur, à l'imagination follement débordante, pense la société sans homme et spécule. Comment les femmes s'organiseraient -elles sans la présence de l'Autre masculin? Dans ce petit village colombien, Mariquita, les femmes sont désormais seules. Les hommes ont “disparu”, tous sont réquisitionnés par les guerilleros révolutionnaires qui ont débarqué un beau jour dans le village.



Déboussolées au départ, pleurant la disparition des hommes et leur propre perdition, les veuves et autres femmes de Mariquita vont commencer à s'organiser sous l'autorité de la tenace Rosalba qui, à la suite d'une auto- proclamation, est devenue maire du village. Sous l'impulsion de cette veuve, au caractère trempé, les femmes de Mariquita vont travailler l'agriculture et l'élevage pour assurer leurs besoins alimentaires. Elles vont progressivement et effectivement, non sans quelques difficultés et réticences de la part des plus “fortunées”, pratiquer l'idéal communiste. Sur une période de près de 10 ans, elles vont assurer l'existence d'une cité plus égalitaire et plus démocratique, qui repose sur un partage réel des richesses. Toutes participent à la vie de lacité. Certaines s'occupent de la Terre, de l'élevages, d'autres encore sont tenues de la réparation des toitures, des maisons… etc. Mariquita s'organise en une véritable communauté. De propriété privée, il n'en existe pas.



Sans la présence de l'homme “viril”, les femmes se sentent libres. Libres, elles le sont effectivement. Cette sensation de liberté est sans le doute le fruit de cette nouvelle organisation communautaire mais résulte également de l'absence de toute oppression masculine. Tout change. Le village. Le calcul du temps. L'organisation. Les moeurs. Les femmes. Le regard de la femme sur le monde, la nature et les choses.



Parmi les changements opérés, leur rapport à la nudité. Les femmes délaissent progressivement leurs vêtements et se promènent nues dans les rues de Mariquita. Quel intérêt de porter des vêtements quand on ne vit qu'entres femmes? Le vêtement a été sûrement conçu, à l'origine, pour protéger le corps humain de l'extérieur, du mauvais temps, du froid mais a, au fil du temps, requis une importance toute particulière; le vêtement pouvant être la manifestation d'une oppression masculine. C'est que les moeurs et les “entreprises religieuses” sont passées par là. Il serait intéressant de s'informer sur l'origine du vêtement et l'évolution du rapport humain avec la question de la nudité, considérée dans nos sociétés occidentales et orientales comme dépravante et de l'ordre de la débauche. Puisque l'actualité s'intéresse au port du foulard, du niqab et autre tissu qui couvre la tête, le visage ou le corps féminin dans son ensemble, je me demande si les femmes voilées et autres continueraient à le porter dans une société sans homme? A voire.

Certes, les femmes de Mariquita apprennent à vivre sans les hommes. Mais qu'en est-il de leur sexualité? Et bien, dans l'imaginaire de l'auteur, les femmes pratiquent le lesbianisme. La grande majorité de ces veuves intrépides s'abandonne en effet à la pratique homosexuelle. De quoi faire plaisir à tous ceux qui, faute d'arguments pertinents, s'amusent à décrire les féministes comme des lesbiennes en puissance.

L'homme “viril” est lui réduit à son rôle procréateur. Sa présence est nécessaire pour la procréation et la perpétuation de l'espèce humaine. C'est en cela que son absence inquiète et perturbe la magistrate, Rosalba, qui espère le renouvellement de la population de Mariquita. Alors, le prêtre du village, seul homme “viril“, se propose pour apporter la semence. Au nom de Dieu, il baise toutes les femmes volontaires pour tomber enceinte. Généreux et véritable serviteur de Dieu, il viole même une jeune fille mineur. Mais le “programme” échoue. Le prêtre est effectivement stérile. Alors la magistrate trouve une autre idée: attendre que les quatre jeunes garçons du village - Che, Hochiminh, Vietnam et Trotski - atteignent l'âge de 15 ans pour choisir l'épouse de leur choix et procréer. Au jour fatidique, surgissent les problèmes. Les garçons se féminisent, chacun à leur façon. L'un perd son pénis, l'autre voit apparaitre des seins, le troisième pisse le sang comme s'il avait ses règles quand le quatrième parle comme une femme. Ces éléments surnaturels disparaissent rapidement mais le projet de Rosalba ne pourra être appliqué. En effet, le prêtre tue les quatre jeunes et se fait expulser du village de Mariquita.



Ne reste dans ce village que deux hommes; deux homosexuels qui ont des traits assez féminins. L'un d'eux est même travestie. Ils n'ont rien de l'homme “viril” et s'accomodent très bien de la vie en communauté exclusivement féminine. A croire qu'il faut développer son côté féminin pour accepter l'autorité nouvelle et officielle de ces femmes.



Dans ce premier roman, James Cañón dresse donc un portrait assez élogieux de l'être féminin en imaginant une micro société utopique et idéale et revèle le parcours nécessaire à l'émancipation de la femme. Cette émancipation ne peut se faire qu'à partir d'une prise de conscience de sa propre soumission et à condition de vouloir son indépendance et de se penser en dehors de l'homme. Dans la ville des veuves intrépides, les femmes, soumises au départ et effacées, apprennent l'indépendance, se découvrent et finissent par imposer leur modèle de société. En effet, seul quatre hommes sont revenus de la guerre, ayant pu s'échapper des mains des guerilleros. Les femmes, conscientes du problème que leur présence peut causer à leur nouvelle organisation, leur laissent une chance. Soit ils acceptent le mode de vie adopté en leur absence, soit ils quittent le village. Un seul des hommes sera chassé du village, n'ayant pas accepté les règles posées par les femmes.



Mariquita nous parait d'autant plus idéale et utopique que l'auteur nous raconte, en parallèle, la guerre que se mène les hommes. Guerrilleros révolutionaires, militaires et paramilitaires nagent dans le sang, l'horreur, la mort. Ils tuent, éventrent, brûlent, pillent, violent, se vangent quand les femmes, à Mariquita, vivent dans la paix et la sérennité, ayant pu et su appliquer les idéaux pour lequels sont sensés se battre les guerilleros colombiens.



En bref, ce roman est à conseiller au plus grand nombre. Il est envoûtant, plein d'humour, fou et intelligent… une réussite que je préfère à Cent ans de solitudede Gabriel Garcia Marquez. La comparaison avec cet auteur très célèbre n'a rien de hasardeuse puisqu'on retrouve quelques mêmes ingrédients littéraires.
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Dans la ville des veuves intrépides

Colombie, années 1990. Les hommes du village de Mariquita ont été réquisitionnés par les guérilleros. Il ne reste que le prêtre et un jeune garçon, Julio, que sa mère a réussi à faire passer pour une fille. La sécheresse, la famine, les pénuries sont désormais le lot de ces veuves et de leurs enfants.

Une jolie découverte que ce récit, d'abord déroutant par sa construction, mais rapidement envoûtant. Des portraits hauts en couleur des habitants de Mariquita - essentiellement des femmes - alternent avec des témoignages brefs et percutants sur les violences masculines (guérilleros, paramilitaires et armée nationale) au cours de cette guerre. Se succèdent des situations cocasses et amusantes (les souvenirs de la tenancière du bordel), des épisodes très émouvants (la belle histoire douloureuse de Pablo et Santiago), du tragicomique ("le projet de procréation") et, comme des flashs, l'horreur de la guerre (tortures, viols, massacres), mais aussi ses trêves. Le style et certaines anecdotes évoquent la plume de John Steinbeck... Je regrette, faute de connaissances sur la situation colombienne, d'avoir parfois eu du mal à démêler la fable de la réalité, notamment en ce qui concerne l'état de dénuement du village... Un roman très réussi, un témoignage important... même si le récit tend hélas à s'essouffler après les deux premiers tiers.



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Dans la ville des veuves intrépides

Une très belle découverte. C'est un roman qui a beaucoup d'allant, on avance à cent à l'heure avec une écriture vive et alerte. Les personnages nous sont vite rendus sympathique.

Pour ma part j'ai bien apprécié les chapitres consacrés aux guérilleros bien que le lien avec l'histoire du village de Marquita ne soit pas vraiment évident. Ces passages ont fonctionné un peu comme une bouffée d'oxygène bien venue car plus j'avançais dans le roman plus l'absurdité de certain rebondissement et le repli sur soi des femmes de Marquita me donnait une impression étouffement.

J' ai trouvé que l'histoire qui par moment prend vraiment son temps pour se développer, faisait quelques fois de subit bon en avant. Cette disparition des hommes est une idée intéressante mais j'ai vraiment été gêné par les raccourcis que James Canon fait prendre à son intrigue, j'aurais préféré qu' il aille un peu moins loin dans son idée et développe plus certain changement.



Un roman qui m' a énormément fait pensé à ceux dans la même veine Arto Paasiilina, seule l'écriture change.

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Dans la ville des veuves intrépides

je conseille ce livre aux personnes qui aiment les romans un peu décalés, personnellement j'aime bcp les auteurs sud américains, avec peut etre un fin un peu trop moralisatrice à mon gout.

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Dans la ville des veuves intrépides

Un super moment de lecture. Une histoire originale écrite avec un humour décapant !
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Dans la ville des veuves intrépides

Un bijou ! Drôle, amusant et surprenant. Mais aussi une histoire qui ouvre à la réflexion.

À lire. Sans conteste !
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans un pays troublé par la guerre civile, les femmes se retrouvent seules, tous les hommes ayant été tués ou enrôlés de force par les guérilleros. Pendant seize ans, elles vont s’organiser, constituer une société nouvelle.



Burlesque, cocasse, extravagant, absurde, délirant….. Quel livre ! Quel auteur !

Certes, c’est long, presque 500 pages, mais c’est écrit de telle manière qu’on ne trouve jamais le temps long.



Chaque chapitre est un long portrait d’une femme de Mariquita.avec en toile de fond l’évolution de la vie à Mariquita et la violence et la désolation amenées par la guerre civile.

Ces longs chapitres sur Maraquita sont séparés par des chapitres de 2 pages nous renseignant sur ce qui se passe dans le pays par de cours récits de guérilleros, de soldats d’Etat ou de paramilitaires.

Chaque chapitre peut constituer une histoire indépendante, et le tour de force de ce livre et de les lier toutes, avec cohérence, si bien qu’on n’est jamais perdu dans cette foule de personnages.

Jusqu'au bout, tout se tient, tout est soigné.



Chaque portrait est désopilant. Les filles Morales, Orquidea, Gardenia et Magnolia, la femme du brigadier, Rosalba, la tenancière du bordel, Dona Emilia, la femme du barbier, Francisac Viuda de Gomez, et aussi Virgelina Saavedera, Santiago et Pablo, amoureux depuis l’enfance, et Vietnam Calderon, Hochiminh, Che Lopez et Trostsky, les quatre garçons assassinés par le padre Rafael…..

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Dans la ville des veuves intrépides

Dans la ville des veuves intrépides, c'est une histoire de femmes colombiennes, non située géographiquement dans le pays ni dans le temps, qui se déroule après le départ des hommes du village, réquisitionnés par les guérilleros. Dans le village, après une phase de recueillement, vient la phase d'organisation, de libération, d'entraide, et de gestion hamronieuse de la ville. Après une période difficile où les ressources se font très rares et où chacune doit faire face à ses propres interrogations, on voit naître une organisation, une naissance du vivre ensemble complètement différent de ce que l'on connaît. Dans ce nouveau pays, les femmes vivent ensembles, les décisions se prennent à l'unanimité (ou presque), on aide ceux qui en ont besoin, on fonctionne par groupe (les plombières, les éleveuses, les cultivatrices, la maire, ... ), dans une société du partage. Un vériable nouvel ordre social féminin. Tout semble s'écrouler lorsque la cloche de l'église ne fonctionne plus ; qu'à cela ne tienne, les femmes inventent le calendrier féminin, basé sur le cycle féminin. C'est un très beau livre en général. Dans les détails, beaucoup de longueurs, et des passages véritablement criminels qui m'ont profondément heurtée que l'on ne peut pas vraiment occulter, un peu dérangeant. Même si l'idée générale est bonne, j'ai eu du mal à le terminer.
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Dans la ville des veuves intrépides

C'est un portrait très vivant et haut en couleur d'un village à l'écart du monde. On est totalement hors du temps, de très rares références sur des personnes connues ou des objets rappellent que l'histoire se déroule à notre époque. L'état de désolation et de solitude du village et de ses habitantes disparaît après plusieurs efforts de transformation (car elles n'y parviennent pas sans mal, il y a de la résistance, des maladresses...) pour laisser place à une communauté où doivent régner partage et bien-être de toutes.



L'auteur déploie tous ses talents pour doter ses personnages de traits de caractère originaux et fantaisistes, et d'un passé parfois révélateur raconté à travers des tranches de vie drôles ou émouvantes.



N"hésitez pas à vous plonger dans la lecture de ce roman où les femmes inventent un monde. Quand l'homme apparaît c'est pour nous parler de violence, car l'histoire de ce village de femmes est entrecoupé de chapitres consacrés à des guérilleros, des militaires, qui décrivent des scènes de guerre, de cruauté, de malheurs. Heureusement que ces chapitres sont brefs car on a qu'une hâte, c'est retrouver ces femmes !



Voilà, c'est cocasse sans être trop loufoque, ce qui était ma crainte à l'ouverture de ce livre. Souhaitons à cette petite société des échelles et des échelles de bonheur !



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