Citation de Alice_
C'est à la décharge publique, parmi le papier, l'acier, la ferraille, la rouille, les vieilles bottes et tout ce que les gens de la ville avaient rejeté comme désormais inutile et sans valeur, que Francie, Tobie, Daphné et Poulette de temps en temps seulement parce qu'elle était trop petite et qu'elle traînassait, allaient à la chasse au trésor. A la décharge, on se serait cru dans une coquille, avec son liseré doré de ti-ti pour se faire la chatouille, et la fourrure verte d'herbe et de chiendent qui poussait sur les tas d'ordures. Les enfants se tenaient blottis au creux des immondices, réchauffés parfois par le ruissellement de feux que les employés communaux avaient allumé pour hâter la mort de leurs dépouilles matérielles. De là ils voyaient le ciel passer en vagues bleues ou grises et ils entendaient dans le vent le gros sapin penché au-dessus du trou se balancer et parler tout seul en répétant son nom, ssapin-ssapin-ssapin, tandis qu'il perdait ses aiguilles, de rouille qui glissaient jusque dans la coquille ardente jaune et vert pour recoudre la plaie vive, emplie de vie, où les enfants venaient chercher, pour leur première et plus grande joie, des contes de fées.
