Une petite fille, presque adolescente, façonne un bonhomme de neige dans son jardin. Celui-ci observe à travers ses yeux de charbon de bois l'agitation humaine. Ces êtres de chair et de sang ne sont-ils pas destinés à la décrépitude et l'anéantissement ? se demande-t-il avec circonspection et un rien de pitié. En tant que créature minérale et glacée, il se sent invincible, apte à survivre à sa créatrice. Le Flocon de Neige Éternel apparaît alors pour lui expliquer la vie, la mort, celle des êtres humains, mais aussi la sienne.
Après avoir présenté sur France Inter ce conte métaphysique et poétique de Janet Frame au micro d'Augustin Trapenard dans l'émission « Boomerang » du 25 mars 2022 , Isabelle Carré lit aujourd'hui « Bonhomme de neige Bonhomme de neige » dans son intégralité en livre audio pour « La Bibliothèque des voix ».
En précommande dès le 1er août 2022, le livre audio numérique sera disponible à la vente à partir du 18 août. Retrouvez-le le 1er septembre 2022 en librairie au format CD MP3.
Le texte français, traduit depuis l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Élisabeth Letertre et Keren Chiaroni, a paru aux éditions des femmes-Antoinette Fouque en 2020. Le conte original a été publié pour la première fois en recueil en 1963.
Directrice artistique : Francesca Isidori.
Janet Frame
Catherine Vieilledent (Autre)/5 1 notes
Catherine Vieilledent (Autre)/5 1 notes
Résumé :
A la rencontre de la terreur, mais aussi de l'émerveillement, un enfant entre dans la langue qui parfois a bien du mal à lui faire une place. Il est toujours difficile d'instituer l'enfant. A cette occasion néanmoins, le passage obligatoire par l'école et la religion se prolonge sans davantage de succès pour Daphné avec l'emprise de la médecine et l'hôpital psychiatrique. Il est un mot qui jamais ne prend son plein sens - le temps pour cette étrange fillette ne trou... >Voir plus
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Citations et extraits (4)
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C'est à la décharge publique, parmi le papier, l'acier, la ferraille, la rouille, les vieilles bottes et tout ce que les gens de la ville avaient rejeté comme désormais inutile et sans valeur, que Francie, Tobie, Daphné et Poulette de temps en temps seulement parce qu'elle était trop petite et qu'elle traînassait, allaient à la chasse au trésor. A la décharge, on se serait cru dans une coquille, avec son liseré doré de ti-ti pour se faire la chatouille, et la fourrure verte d'herbe et de chiendent qui poussait sur les tas d'ordures. Les enfants se tenaient blottis au creux des immondices, réchauffés parfois par le ruissellement de feux que les employés communaux avaient allumé pour hâter la mort de leurs dépouilles matérielles. De là ils voyaient le ciel passer en vagues bleues ou grises et ils entendaient dans le vent le gros sapin penché au-dessus du trou se balancer et parler tout seul en répétant son nom, ssapin-ssapin-ssapin, tandis qu'il perdait ses aiguilles, de rouille qui glissaient jusque dans la coquille ardente jaune et vert pour recoudre la plaie vive, emplie de vie, où les enfants venaient chercher, pour leur première et plus grande joie, des contes de fées.
22 janvier
Il fait toujours très chaud. Les enfants courant partout, tout nus. J'ai reçu une lettre de Daphné aujourd'hui, la première depuis longtemps. Comme il doit être bizarre, ce monde où elle vit. Sa lettre ne veut rien dire, c'est incroyable que le docteur l'ait laissée l'envoyer. Ca parle de Noël et d'un morceau de lune avec une souris qui grignote un linceul de soleil, à faire peur. Je ne la vois pas du tout guérir et mener une vie normale comme moi. Pauvre Daphné ! Elle renvoie la lettre que je lui ai écrite avec les mots "Au secours, au secours", griffonnés au bas, comme s'il fallait me sauver d'un sort affreux et que le destin (je pense à la Cinquième Symphonie) frappait à la porte. Bien sûr, c'est à elle-même qu'elle pense quand elle demande du secours.
Il fait toujours très chaud. Les enfants courant partout, tout nus. J'ai reçu une lettre de Daphné aujourd'hui, la première depuis longtemps. Comme il doit être bizarre, ce monde où elle vit. Sa lettre ne veut rien dire, c'est incroyable que le docteur l'ait laissée l'envoyer. Ca parle de Noël et d'un morceau de lune avec une souris qui grignote un linceul de soleil, à faire peur. Je ne la vois pas du tout guérir et mener une vie normale comme moi. Pauvre Daphné ! Elle renvoie la lettre que je lui ai écrite avec les mots "Au secours, au secours", griffonnés au bas, comme s'il fallait me sauver d'un sort affreux et que le destin (je pense à la Cinquième Symphonie) frappait à la porte. Bien sûr, c'est à elle-même qu'elle pense quand elle demande du secours.
C'est la radio qui avait tout commencé par des menaces et des rappels à l'ordre. Les journaux suivirent en insinuant qu'il y avait panique. Les boutiques reprirent l'affreuse proclamation et les mises en garde.
- Il reste peu de jours d'ici à Noël, disaient-elles. Avez-vous envoyé vos cartes et colis ? Avez-vous fini vos achats de Noël ?
Les boutiques de la ville se transformèrent en asiles pour vieillards à longue barbe, accoutrés de robes de chambre, de bottes de caoutchouc et de nez rouges, réels ou faux. Il tomba une neige de ouate sur le monde d'où sortirent de tendres pins et de mornes feuilles de houx. Les étoiles tombèrent du ciel, suivies en désordre par un grand nombre de mages tandis que, dans les plus belles vitrines, apparaissaient des crèches dotées de chauffage central et qui toutes attendaient une naissance certaine.
- Noël, soupira Amie Withers avec ravissement, Noël.
- Il reste peu de jours d'ici à Noël, disaient-elles. Avez-vous envoyé vos cartes et colis ? Avez-vous fini vos achats de Noël ?
Les boutiques de la ville se transformèrent en asiles pour vieillards à longue barbe, accoutrés de robes de chambre, de bottes de caoutchouc et de nez rouges, réels ou faux. Il tomba une neige de ouate sur le monde d'où sortirent de tendres pins et de mornes feuilles de houx. Les étoiles tombèrent du ciel, suivies en désordre par un grand nombre de mages tandis que, dans les plus belles vitrines, apparaissaient des crèches dotées de chauffage central et qui toutes attendaient une naissance certaine.
- Noël, soupira Amie Withers avec ravissement, Noël.
La journée promettait d'être belle, beau à très beau sur la zone côtière d'Otago, annonçait le journal, car le journal affichait chaque jour une carte météorologique. Quelqu'un, disait-on, qui vivait en permanence en haut d'une tour dans le nord, passait ses journées, non pas à travailler comme les autres, mais à capturer les courants aériens pour les aligner ensemble et faire une carte à tortillons et spirales. Quand il pensait à cet homme en haut dans sa tour, Bob disait:
- Certains se la coulent douce.
- Certains se la coulent douce.
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