On m'a demandé si j'avais ressenti le mal du pays à Fort Marion, et si "ma terre" m'avait manqué. Comment aurais-je pu regretter ma maison, n'en ayant jamais eu ? Comment me languir d'une terre que je n'avais jamais possédé - une terre où je n'avais été considéré que comme un ennemi ? Non, je n'ai jamais eu le mal du pays, mon chez-moi étant l'endroit où se trouvaient ma mère et ma sœur.
Note du traducteur :
Lorsqu'un Apache meurt, on cesse définitivement de prononcer son nom. Si son patronyme était celui d'un objet ou d'un animal, comme c'était fréquemment le cas, on s'efforçait d'en trouver un nouveau pour désigner la chose en question. Ce qui explique qu'après un certain laps de temps, le langage a tellement changé que les vieux ne comprennent plus les jeunes, et vice-versa. Ce n'est que tout récemment que Jason a accepté de sortir de l'oubli le nom de "Baishan", et il faut se rappeler qu'il est l'un des Indiens ayant fait le plus d'effort pour s'affranchir des superstitions traditionnelles.
(Note : Jaison Betzinez décrit Baishan comme l'un des plus grands chefs de l'histoire apache.)
Cette nouvelle vous surprendra peut-être, mais l'Apache possède un sentiment aigu de supériorité raciale, et regarde les autres comme des créatures inférieures.
On dressa notre camp sur le versant est du canyon, où l'on séjourna tout l'hiver. Le seul évènement inhabituel survint lorsqu'un des nôtres, un nommé She-neah, décida soudain de tirer sur le seul Navajo qui avait accompagné Géronimo pendant tout ce temps. Alors qu'il était encore éclaireur au service des Américains, le Navajo avait tué l'un des proches parents de She-neah. Depuis toujours, l'Apache n'oublie pas et ne pardonne jamais. Aussi est-ce sans prévenir que She-neah tua le Navajo. Nous fûmes tous désolés de ce qui était arrivé, mais nul ne songea à y redire.