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Critiques de Javier de Isusi (40)
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Voir des Baleines

Personnellement, c'est la première fois que je lis de la BD politique engagée et, pour dire le vrai, j'ai trouvé cela très bien. Je ne connaissais pas grand-chose d'ETA, de son histoire, et de la situation récente. Maintenant, tout est plus clair dans mon esprit.



L'auteur se place à mon avis nettement du côté des indépendantistes basques mais sans faire du tout l'apologie du terrorisme, bien au contraire. C'est une œuvre pacifiste et intimiste qui nous invite à prendre du recul sur nos convictions, leur vigueur, leurs fondements et les altérations de la perception dont nous pouvons souffrir.



Au moyen d'une anecdote sur le fait d'avoir vu des baleines probablement imaginaires, l'auteur espagnol, Javier de Isusi renouvelle l'expression classique française " voir des chimères ". Et il s'agit bien d'essayer de débusquer toutes nos chimères, tout ce que nous avons cru très fort, tout ce que nous nous sommes persuadés d'avoir vu de façon certaine, toutes ces baleines et qui n'était sans doute… que du vent dans les vagues. D'où cette illustration de couverture qui brille par l'absence de son sujet.



Nous suivons en particuliers deux personnages atteignant probablement la cinquantaine, voire la cinquantaine bien sonnées : Antón Uriarte et Josu Gorostiaga. Les deux étaient d'excellents amis naguère ; le premier a vu son père se faire tuer par ETA ; le second est emprisonné pour avoir été un membre actif d'ETA.



Josu n'est pas le tueur du père d'Antón mais on suppose qu'il a pu en assassiner d'autres ou concourir à en faire mourir. L'auteur montre, selon moi de façon convaincante, qu'il n'y a pas de salut dans 1) le déni, 2) la haine, 3) le communautarisme aveugle.



1) Le déni : On n'arrive pas à oublier. Que ce soit Antón qui clame haut et fort qu'il a pardonné ou Josu qui culpabilise bien plus vis-à-vis de sa propre conscience que par rapport à un quelconque jugement public. Les deux sont tiraillés par leurs vieux démons même des décennies après.



2) La haine : C'est le recours facile, les solutions qu'on croit définitives au moyen du corollaire de la haine, la violence. Mais la haine ne produit aucune solution (contrairement à la violence qui, si elle est mauvaise et à bannir, peut parfois faire bouger les choses à moyen ou long terme, à condition que préalablement la haine ait disparu, j'y reviendrai plus loin). La haine est un aveuglement qui maquille la vérité.



3) Le communautarisme : Croire que l'on peut régler des problèmes en se repliant sur soi-même, en faisant abstraction de ceux qui pensent différemment, en se mettant des œillères sur tout et en ne jurant que par son propre petit trou du cul est une autre stupidité. Pour la bonne et simple raison que l'autre n'a disparu que dans l'esprit du communautariste, or il est bien réel et il faudra, qu'on le veuille ou non, apprendre à vivre avec lui.



En somme, d'après l'auteur, le seul salut c'est, pour les victimes, d'aller remiser son orgueil au placard, d'aller faire des pas vers l'autre en vue d'un réel pardon qui ne se bornerait pas à des paroles jolies et creuses. Bref, d'aller vers l'autre.



Pour les criminels, c'est d'aller remiser son orgueil au placard, d'aller faire des pas vers l'autre en vue de réelles excuses qui ne se borneraient pas à des paroles jolies et creuses. Bref, d'aller vers l'autre.



Vous avez remarqué, il s'agit de deux démarches très différentes. Les deux, à force d'aller l'un vers l'autre finissent par se rencontrer, se regarder, se parler, échanger, prendre la mesure de l'autre, la douleur de l'autre, la conviction de l'autre, la façon de penser de l'autre et finalement, respecter l'autre, le considérer comme un être humain lui, comme vous, comme moi, comme n'importe qui d'autre, qui a ses qualités et ses défauts, mais qui a droit au respect et à l'écoute.



185 pages de bandes dessinées au trait et avec deux nuances seulement, des lavis d'encre de Chine et de jaune que pour ma part j'apprécie beaucoup plus 6 pages de chronologie détaillée en petits caractères qui retracent l'histoire du sentiment national basque. Vraiment très intéressant et enrichissant pour qui souhaite creuser un peu la question basque.



Bref, quelque chose qui n'est peut-être pas un chef-d'œuvre mais qui s'en approche fort. Cependant, si vous y regardez bien, cet avis n'est peut-être qu'une baleine au-dessus des flots, c'est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. : J'ai parlé plus haut de la violence qui peut amener, à terme, des avancées contrairement à la haine. Il est bien évident que tout recours violent est, par nature, à proscrire. Mais, dans l'histoire, on s'aperçoit que bien souvent, avant la table des négociations, s'il n'y a eu aucune action de force, on nous renvoie chez nous avec une jolie tape dans le dos et une bonne parole apaisante du style : « Compte là-dessus et bois de l'eau. » C'est, par exemple, le thème du merveilleux roman de Romain Gary, Les Racines Du Ciel.
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Asylum

Le droit d'asile, c'est fuir.

Fuir, c'est se déraciner, la douleur de perdre ce qui nous appartient de droit, notre vie. C'est accomplir un grand saut dans le vide, tu sais d'où tu pars, mais tu ne sais pas où tu vas atterrir. Tu dois partir, autrement tu vas venir grossir la liste des disparus.

Fuir, c'est l'espoir, ce sont les rêves de vie. C'est la quête d'un lieu où pouvoir vivre.

Trop souvent l'asile est emprisonné, on n'accueille pas les personnes, on les transforme en prisonniers. Quand tu débarques ailleurs, tu regardes autour de toi et tu te rends compte que tu n'es personne. Tu as réussi à fuir la tyrannie, mais tu vis et tu rêves dans la peur.

Le plus important dans l'asile, c'est la chaleur humaine, l'accueil, les bras qui te serrent.

L'asile c'est le navire de l'Espoir.

Rigoberto Jara, Asile: le droit à l'espoir, Comision de Ayuda al Refugiado de EUSKADI, 2007



Asile égal pays de l'Exil

Chili, Afrique ou Brésil

Echange cordon ombilical

contre patrie carcérale

ils ont rêvé Espoir

on les prend pour des poires....

Bien loin d'une illusion fantasque

une Réelle Espérance accrochée à nos Basques.



Cet Exil vers les terres hispaniques vous emmène vers la chaleur humaine, vous ne pourrez pas échapper à une certaine Emotion versée, au bien fait des bras autour de vous retrouvés .



Pour soutenir Euskadi , ma petite contribution :

aMIGO bABELIO, Bibliothèque, aux gens que je connais,...

j'en ferai une large Promotion. :-) 5* ++++

Vous Devez le lire. Vous devez le Dire . Merci à Amatxi (mamie en Basque), Merci pour eux...





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La divine comédie d'Oscar Wilde

Encore un auteur britannique considéré comme l'un des meilleurs de sa génération et qui va subir les affres de la bien-pensante justice de la moralité. En effet, il avait des mœurs sexuelles interdits par la loi comme par exemple l'homosexualité. Certains pays répriment encore ce crime de la peine de mort.



Je pense également à un autre britannique de génie à savoir Alan Turing qui va terminer sa vie dans la misère alors qu'il est à l'origine de ce qui va fonder l'informatique. Poursuivi en justice en 1952 pour homosexualité, il choisit, pour éviter la prison, la castration chimique par prise d’œstrogènes.



En l’occurrence, on va se concentrer sur la dernière année de vie du célèbre écrivain Oscar Wilde qui s'est réfugié dans un hôtel à Paris après avoir fuit son pays qui m'a emprisonné durant deux ans. Au terme de trois procès retentissants, Oscar Wilde avait été condamné pour « grave immoralité » à deux ans de travaux forcés. Ruiné par ses différents procès, il a été condamné à la banqueroute. Il meurt à Paris en 1900, dans le dénuement, à l'âge de quarante-six ans.



A la fin de l'ouvrage, on aura droit à un repère biographique au sujet d'Oscar Wilde qui a eu une courte vie : de 1854 à 1900. Il y a également la galerie des amis d'Oscar Wilde avec une biographie de chacun d'eux assez détaillé.



La BD est assez bavarde mais joue surtout sur les relations amicales de l'écrivain dandy avec son entourage qui l'a suivi jusqu'à la fin. Oisif, Wilde sort avec ses amis ou fréquente de jeunes prostitués à Paris. Comme il le disait, il peut résister à tout sauf à la tentation.



C'est toute cette dernière période de sa vie qui sera exploitée avec des dialogues assez vifs et incisifs ce qui caractérisait sa personnalité. Il est attachant malgré tout.



Oscar Wilde reste une figure majeure de la littérature dont l’atmosphère singulière continue de provoquer l’admiration. Cette œuvre y contribue en tous les cas. Se rendant aux Etats-Unis pour une série de conférences, Oscar Wilde aurait lancé au douanier : "Rien d'autre à déclarer que mon génie" !
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La divine comédie d'Oscar Wilde

MAGNIFIQUE ! Offrez-le vous, offrez-le aux amoureux de Wilde, aux adeptes des héros déchus et des braves de l'ombre sans laurier.



Javier de Isusi teinte de sépia la dernière révérence d'un irrévérencieux brisé.



Pour cette "Divine Comédie d’Oscar Wilde", il s’est vu remettre le réputé "Premio Nacional del Cómic", (parrainé tout de même par le ministère de la Culture espagnol!), ses lavis, dégradés de brun, sont superbes et se prêtent parfaitement à cette mise en lumière des sombres années de Wilde, distillant dans toutes les planches la douceur mélancolique des adieux.



Qui d'autre que De Isusi pour ce recueil de délicatesse? Ce dessinateur et artiste-peintre espagnol s'est révélé très jeune être un adepte de Wilde. À 7 ans, malade et alité, lui est offert son 1er recueil de contes d'O.Wilde. Après avoir approfondi sa découverte de l'auteur, il illustrera en 2012 "Le portrait de Dorian Gray" et publiera en 2019 cette "Divine Comédie".



Cette référence à "La Commedia" de Dante Alighieri (composée entre 1303 et 1321) opère un parallèle entre la descente aux enfers contée par Dante et celle vécue par Wilde, ruiné par des dettes et frais de justice, renié socialement, et ayant perdu son épouse et ses deux fils.



Car porté aux nues il y a peu, auteur idolâtré de pièces et d'un unique roman, il revêt ensuite l'infamie de son "crime" et la honte de sa condamnation pour "grave immoralité".

Il entretint en effet une liaison tumultueuse avec lord Alfred Douglas, alias Bosie, et fut dénoncé comme sodomite par le père de ce dernier: le marquis de Queensberry. L'écrivain, bien que passible de prison, refusera l'exil et fera face courageusement (ou frappé d'inconscience, voire d'une suffisance suicidaire!) en poursuivant le marquis pour calomnie. Cette attitude lui rapportera un second procès en 1895, toujours contre le marquis. La sentence sera à la hauteur de l'impudence de l'artiste...

Après deux années d'emprisonnement (de 1895 à 1897) dans la terrible prison de Reading pour travaux forcés, il s'exile en France, dans une misère aussi sombre que son succès fut flamboyant. Et n'écrira plus jamais.



Javier de Isusi a construit ce roman graphique sur une alternance

- de moments prélevés dans ces deux dernières années

- et d'interviews fictives (à postériori de la mort de Wilde) de personnes ayant côtoyé Wilde.



Le procédé est ingénieux et rythme le roman graphique. Les rencontres durant ces deux années, les dialogues qui en découlent, les monologues de l'artiste, tout cela est mis en relief par des entretiens avec ceux de ses rares amis qui ne l'auront jamais abandonné, mais aussi avec André Gide (qui reconnaîtra avoir pris conscience de sa propre homosexualité auprès de Wilde) ou le pathétique et veule Lord Alfred Douglas (qu'on devrait selon moi rebaptiser "l'affreux Alfred").

C'est l'occasion pour eux de se confier sur leur relation avec Wilde, de livrer ce qu'ils retiennent de l'artiste, offrant chacun un éclairage ampliatif.



Comment ce brillant écrivain, cet esthète, dandy, amoureux de la beauté, a t-il pu à ce point dégringoler de son piédestal ?

Molière, lui aussi victime expiatoire de la morale pudibonde de son époque, aurait pu lui asséner le célèbre "Que diable allait-il faire dans cette galère?"

À n'en pas douter, Oscar maniait brillamment un art consommé de l'autodestruction, le tout en prétextant la passion.

Or, malheureusement pour lui, il trouva là enfin son "maître", en la personne du toxique Alfred Douglas, qui avec son père, surnommé le "Marquis écarlate" tant il était colérique et irascible, surpassaient largement la moyenne en matière de bassesse, de hargne et de médiocrité... encouragés probablement par leur condition d'aristocrates.

Certainement sa sagacité intellectuelle, et l'adulation qui en découla, créèrent l'illusion chez Wilde qu'il pouvait à sa guise se jouer des codes sociaux et des lois. C'était d'ailleurs l'essence même du charme d'Oscar Wilde: oser de fines saillies pointant travers et paradoxes, mais si intelligemment formulés qu'on en riait. C'était sans compter sur une hypocrisie propre à cette classe sociale qui se délecte de la chute des icônes qu'elle a elle-même engendrés !



À trop jouer les provocateurs, fort de son succès et de son assurance intellectuelle, Wilde a sûrement fait preuve d'une insolence qui confine à l'arrogance. Et la société victorienne d'alors, si elle se délecta des bons mots de l'artiste, n'était pas prête pour autant à voir ses valeurs puritaines endosser le rôle de dindon de la farce.



Oui, Wilde trimballe son fatras de frasques, à "dîner de jeunes éphèbes", cueillis au caniveau, monnayant leur corps pour vivre, (soulevant la question de leur réel consentement, quand manger à sa faim en dépend...) Mais que n'attendait- elle, cette belle société pétrie de moralité, pour réinsérer ces jeunes hommes en perdition ? Comme si l'aristocratie britannique n'avaient pas, elle, les mains sales! Anne Perry en dressait un tableau ignoble dans "La fin justifie les moyens".



Oscar Wilde n'est plus. C'en est fini du fringant dandy britannique, aux aphorismes percutants et souvent tapageurs. Ne reste de ce brillant et insoumis esthète qu'une silhouette dégingandée, qui se rit de lui-même, en regardant ce flamboyant Oscar comme un personnage qu'il n'est plus. Il promène sur le monde un regard toujours aussi ironique, mais tristement éteint, maniant un certain flegme, non plus anglais, mais nonchalant et désenchanté.



En s'appuyant sur de sérieuses connaissances, De Isusi n'hésite pas à revisiter cette période, quitte à nous livrer des évènements ou rencontres fictionnels. Il nous offre une entrevue imaginaire avec le fantôme d'un Verlaine, jeune et fringant, qui vient sermonner Wilde :

"Tu t'es toujours délecté de ta propre voix ! De tes trouvailles ingénieuses et de tes brillants paradoxes ! Autrefois tu t'y adonnais en prenant des poses de dandy décadent, en étalant ta vaste culture artistique ! Maintenant tu te drapes dans ton destin tragique et ton infortune sans égale !"



Javier de Isusi a de la tendresse pour son personnage, il crée des scènes particulièrement bouleversantes où

c'est un homme "nu", dépouillé de tout vernis, qui nous est révélé.

Point de volonté de briller, il n'y a plus de public à impressionner, ne reste qu'une triste lucidité :

- "On vient de t'opérer de l'oreille et tu te mets déjà à boire... Tu ne vas pas récupérer, Oscar.

- Cher Robbie. Que devrais-je récupérer ? Ma place dans cette mascarade ? C'est précisément ce dont je suis las. L'alcool aide à ôter le masque et à voir les choses telles qu'elles sont.

- Mais que dis-tu, Oscar ?

- Oui, après le premier verre, tu vois les choses comme tu aimerais qu'elles fussent... Passé le deuxième, tu les vois telles qu'elles ne sont pas... Après le troisième verre, tu vois les choses comme elles sont réellement.

C'est le moment le plus horrible de tous."



Non, Oscar Wilde n'est plus. À présent, il se fait appeler Sebastian Melmoth. Melmoth, la version fanée du clinquant poète. La prison a avalé un Wilde solaire pour recracher un Melmoth cireux et disloqué. Chez Oscar Wilde, homme très cultivé, rien n'est laissé au hasard. Le pseudonyme de Melmoth fait référence au roman gothique fantastique publié en 1820 "Melmoth ou l'Homme errant", de Charles Robert Maturin (qui était le grand-oncle par alliance de Wilde). Melmoth, incarnation de l'anti-héros, dont la vie n'est qu'une longue quête d'un Dieu qu'il ne pourra plus rejoindre...



Non, Oscar Wilde ne peut plus être. S'être focalisé sur un Wilde brisé, à son crépuscule, est un choix original de l'auteur. Les événements qui précipitèrent l'auteur dans cette déchéance ne sont jamais figurés, simplement évoqués. C'est un véritable "chant du cygne", et l'auteur illustre des scènes bouleversantes où dessins et textes se complètent à la perfection à m'en serrer la gorge.

"- Laisse le public profiter de la pièce... Laisse le pleurer et applaudir... Laisse-lui le personnage... Et laisse-moi baisser le rideau... Ôter le masque... Et... Ne pas sortir saluer... Oui, voilà... Je ne dois pas aller saluer... Cela risquerait d'être mal interprété... Pourquoi pleures-tu Robbie ?

- Parce que tu fais tes adieux..."



Il en est revenu Oscar. Revenu de la vie, ses faux-semblants, sa vacuité.



Lorsque j'étais enfant, j'écoutais sur une K.7 un conte, "Le Prince heureux"... D'un certain Oscar Wilde.

La statue éclatante d'un prince, après une vie de plaisir, sans aucun malheur, découvre les horreurs du monde, et contemple le malheur autour de lui. Une petite hirondelle en migration s'arrête à ses côtés et va alors l'aider à adoucir le sort de ses prochains, en le dépouillant à sa demande de ses riches apparats : le rubis de son épée, les saphirs de ses yeux, l'or qui le revêt...

«Feuille à feuille, l'Hirondelle arracha l'or fin jusqu'à ce que le Prince Heureux n'eût plus ni éclat ni beauté »

Mais l'hiver arrive et l'hirondelle tarde à quitter son ami, répondant fidèlement à ses demandes d'aide envers les plus malheureux. Après une ultime action de charité, elle tombe, morte, aux pieds de cette statue dépouillée de tout apparat, et dont le coeur de plomb se brise alors.

Uniquement focalisés sur les apparences, ingrats et inconscients de ces actions de bienfaisance, les habitants ôtent la statue de son piédestal, en fondent le métal et jettent le cœur brisé et le corps gelé de l'hirondelle aux ordures.



Comment ne pas, enfant, être figée de chagrin à la fin de l'histoire. Et comment ne pas établir de similitudes avec la vie d'O. Wilde, histoire presque prémonitoire, préfigurant ce destin tragique de ceux qui, admirés et portés aux nues, finissent miséreux et oubliés.

Et comme il est paradoxal de "sourire en pleurant" à l'écoute de cette histoire, car il y a chez Wilde encore du panache, celui des modestes, des humiliés et des reniés, qui sortent sans bruit, sinon celui du vide terrible laissé par une belle âme.



La fin d'Oscar Wilde aurait pu être vue par le prisme de son misérable enterrement, ultime outrage à cet esprit libre, mais à l'inverse, Javier de Isusi offre à l'artiste une sublime sortie de scène et à l'homme un hommage émouvant.
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Ometepe : L'île aux deux volcans et aux mille..

Ometepe est située au Nicaragua, sa particularité première réside dans le fait qu’elle est la plus grande île lacustre du monde. Mais son apparence est tout aussi singulière. Les deux volcans qui constituent Ometepe font penser à des seins dressés fièrement vers le ciel. L’endroit est d’une beauté ensorcelante. Dans ces lieux la magie est partout et peut faire basculer la vie des Hommes qui s’y aventurent. C’est cela que Saracino et Isusi vont nous raconter à travers une poignée d’histoires courtes aux allures de contes.



Chacune des six histoires qui composent la B.D est un pur délice. Les balades dans lesquelles nous emmènent les auteurs sont véritablement enchanteresses. Le côté onirique et magique des histoires ne les empêche pas d’être liées au réel, ce sont des histoires entre deux mondes. Ometepe est comme le lieu de croisement entre le réel et le monde magique. Les éléments surnaturels s’invitent dans le réel sans que ça ne surprenne les gens du coin mais pour autant ces éléments magiques sont toujours perçus comme tels, comme extérieurs. Cela donne une atmosphère étrange et poétique à la B.D, ambiance qui m’a littéralement envoûtée.



Les aquarelles de Isusi ne sont pas d’une originalité folle mais elles sont très belles, très maîtrisées. La colorisation est particulièrement remarquable. On a une impression d’explosion de couleurs alors que le nombre de couleurs utilisées est très réduit mais l’illustrateur parvient à jouer avec toutes les nuances de ces quelques couleurs. La forme se met au service du fond et participe pleinement du caractère ensorcelant de ces légendes.



Vous l’aurez compris, « Ometepe » est un coup de cœur. J’ai été totalement séduite par ces récits pleins de magie et débordant de sensualité. Fascinant et envoûtant !

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Transparents

Après l'inoubliable Asylum, Javier de Isusi réussit une galerie de portraits, tout en demi-teintes. Il donne à lire, entre les lignes, l'histoire qui les relie. L'exil est une expérience tout autant individuelle que collective, une tragédie propre à l'histoire d'un pays en particulier, mais commune à des millions de personnes à travers le monde. Une bande dessinée d'une grande pudeur, qui s'attache à représenter les processus de transmission et les blessures tues, les récits « trans-parents », et qui replace l'espoir de changement au centre des destinées.



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Les voyages de Juan Sans Terre, tome 1 : La..

Ma récente lecture de « Ometepe » m’avait donnée envie de m’intéresser aux autres travaux des auteurs de cette très belle B.D. Ma bibliothèque ne proposait pas d’autres B.D de Saracino, le scénariste, en revanche elle avait en rayon la série « les voyages de Juan sans terre » illustrée et scénarisée par De Isusi. En entamant ma lecture de ce 1er volet intitulé « la pipe de Marcos » j’avais une petite appréhension, allais-je être déçue par cette nouvelle rencontre avec l’auteur ? Il n’en est rien. Si j’ai eu un peu de mal à rentrer dans la B.D, par la suite j’ai été rassurée pour finalement refermer ce 1er tome le sourire aux lèvres.



Vasco est à la recherche d’un ami disparu quelques années plus tôt. Ses recherches le conduisent au Chiapas dans un village où se côtoient autochtones paysans, zapatistes et occidentaux venus donner un sens à leur vie. Ici, il faut se méfier de tout et de tout le monde, les faux-semblants, les mensonges et les demi-vérités sont la norme.

J’ai trouvé le début du récit assez confus, inutilement alambiqué. J’ai eu l’impression que l’auteur peinait à donner une direction à son récit. Puis, au fur et à mesure, cette impression s’est estompée et je me suis rendue compte que cette façon de démarrer l’histoire était voulue. C’est volontairement que l’auteur perd son lecteur au début de l’album, comme s’il voulait qu’il se sente comme le héros qui débarque dans ce monde qui lui est totalement étranger et dont il ignore les règles. Petit à petit, comme Vasco s’est acclimaté à la vie dans le village, je me suis sentie de plus en plus en osmose avec le récit jusqu’à être happée totalement. A la fin du tome, aucun mystère n’est résolu, aucune question n’a trouvé de réponse, il y en a même de nouvelles, mais pourtant on a, comme le héros, l’impression de comprendre l’esprit des choses.

J’ai adoré la façon dont De Isusi donne une dimension poétique à cette évocation des révolutionnaires. Et c’est vraiment fait avec délicatesse et subtilité. A ce titre, la dernière scène est absolument superbe.



Au début de ma lecture, je me suis demandée dans quoi je m’étais embarquée. Mauvaise impression de départ qui s’est vite estompée pour laisser la place à un envoûtement total. Bien joué Monsieur De Isuso. Je vais attendre un petit peu avant de lire le 2ème tome de la série, j’ai envie de laisser celui-ci vivre un peu en moi encore.



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Les Voyages de Juan Sans Terre, tome 2 : L'..

« La pipe de Marcos », 1er volet des « voyages de Juan Sans Terre » avait été une très belle découverte. Cette B.D qui me semblait mal démarrer avait réussi peu à peu à me charmer jusqu’à finir par m’envoûter et j’avais refermé le livre émerveillée et émue, le sourire aux lèvres. Ce 2ème tome, intitulé « l’île de Jamais Jamais » (et non pas « l’île de Plus Jamais » comme indiqué sur Babelio » est un peu moins envoûtant mais est une grande réussite. Ce tome est moins envoûtant sans doute parce qu’il joue moins sur le registre du mystère poétique. L’intrigue de ce volet est plus classique, moins singulière mais est parfaitement menée et distille encore beaucoup d’émotions. S’il joue moins sur le registre poétique et étrange que « la pipe de Marcos » qui allait parfois jusqu’à l’abstraction, « l’île de Jamais Jamais » réserve de jolis moments oniriques comme cette charmante rencontre avec le Petit Prince. Il y a aussi une petite dose d’humour qui vient alléger une histoire aux thèmes parfois durs. Le dessin, sobre et efficace, met bien en valeur le récit sans être tape à l’œil.



C’est décidément une bien jolie série et je suis impatiente de voir où m’emmènera le 3ème tome intitulé « Rio Loco ».

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Asylum

Voila une BD que j' ai pris complètement au hasard à la bibliothèque et ce fut un beau hasard. C'est l'histoire d'une vieille dame qui se retrouve dans une maison de retraite, un asile selon elle sa fille et sa petite fille lui rendent visite. La vieille dame est en colère mais ce sera l'occasion de raconter sa vie, son parcours. Et à travers son histoire, c'est celle des espagnols ou plutôt des Basques qui ont dû fuir Franco et la guerre civile, de leur détention dans des camps en France (conditions dignes d'un crime contre l'humanité), mais c'est aussi l'histoire de réfugiés cherchant l'asile. Les histoires sont toutes plus terrifiantes les unes des autres. Une scène me hantera pendant longtemps.

Je referme cette belle bande-dessinée et ces histoires avec un sentiment d'injustice et d'inutilité face à ces terribles histoires.
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Asylum

Asylum est un roman graphique émouvant qui nous présente Marina, une rescapée de la guerre civile espagnole, qui a fuit en France d’abord et ensuite, au Vénézuela. Marina, qui est dans une résidence pour personne âgée, livre ses souvenirs à sa petite-fille Maialen.

« Tu sais pourquoi je suis si furieuse que ta tante m’ait enfermée dans cet asile?

Parce que j’ai passé une grande partie de ma vie à demander ça, justement, un asile. »



Les épisodes de vie de cette dame qui a vécu le plus grand exode de l’histoire de l’Espagne sont prétextes à la présentation de gens qui ont fuit l’oppression dont ils sont victimes et exposent leurs destins. On rencontre Aina qui a fuit le Nigéria, Christopher, l’Ouganda, Sanza, le Congo, Imelda, le Mexique et les autres à qui l’auteur donne un nom, un visage et une histoire. Ces victimes qui fuient l’homophobie, les violences sexuelles, la mort en somme, doivent vivre en exil pour survivre, souvent dans des conditions inhumaines.



Javier de Isusi propose un livre essentiel, avec des dessins vivants, pastels, souvent sombres, parfois lumineux. Quelle lecture bouleversante!



Asylum en latin : asile
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Ometepe : L'île aux deux volcans et aux mille..

Ometepe est une île au milieu du Lac Nicaragua. Cette île est très particulière, elle est composée de deux volcans et fait penser à une paire de seins. Cette forme inspire de nombreuses histoires et légendes. Luciano Saracino et Javier De Isusi nous les racontent de façon simple, comme un compte rendu d’une certaine réalité, on a envie de rester naïf et d’y croire sincèrement.

Le graphisme est dans le style de carnets de voyages, la mise en page est classique mais le trait est brut, comme des prises de notes rapides avec une colorisation riche malgré une gamme restreinte de couleurs, comme si l’auteur avait une mini palette d’aquarelles dont il ne restait principalement que deux couleurs. Le récit est une suite d’histoires indépendantes, mais qui tournent toutes autour de cette île et du lac et où les personnages féminins tiennent des rôles bien ambigus. Les histoires finissent par former un ensemble tout à fait dans l’esprit de ce qu’on appelle le réalisme magique, ces histoires auraient pu être racontées par Gabriel Garcia Marquez, la réalité et le fantastique s’imbriquent et donnent son identité si particulière à cet endroit du monde, qu'on tombe sous le charme envoûtant et inquiétant.
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Asylum

Maialen rend visite à sa grand-mère Marina, octogénaire en maison de retraite, pour lui demander de vendre son appartement, ce qui obligerait les locataires actuels à en déménager. Pour expliquer son refus, Marina va remonter le temps, et raconter à sa petite-fille son histoire, celle de son départ de l'Espagne franquiste pour le camp de rétention d'Argèles-sur-Mer, avant l'arrivée au Venezuela, puis le retour en terre natale avec la fin du régime.



Au fil de son histoire, sont aussi racontées celles d'autres exilés : Aina, nigériane, Christopher, ougandais, Sanza, congolaise, Imelda, mexicaine... qui ont eu, eux aussi, comme Marina, besoin d'un asile, dans un autre pays, à un moment de leur vie. Et le lien entre eux, plus encore que celui de l'exil et de l'asile, se fera en un dénouement touchant, bien que finalement attendu.



Histoires dures, racontées sans fard, particulièrement bien mises en valeur graphiquement, plus que nécessaires pour prendre conscience de la réalité, et de la violence, d'un exil, quel qu'il soit.



Asylum est une sacrée découverte qui me donne envie de continuer de me plonger dans l’œuvre de Javier de Isusi.
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Voir des Baleines

Difficile de faire une critique de cette BD. Plusieurs personnages prennent place tout au long de l'histoire. Un curé qui a perdu son père dans le terrorisme basque. Un de ses amis qui est en prison essaye de comprendre les actes qu'il a commis, leurs nécessités.

Je n'ai aucune connaissance sur ETA et ses rivalités avec d'autres "groupes". Ici, l'auteur nous montre l'effet qu'elles peuvent avoir sur les vies de ceux qui les rejoignent et les victimes.

De plus certaines pages sont très bien réalisées au niveau du graphisme.
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La divine comédie d'Oscar Wilde

La divine comédie d’Oscar Wilde est un roman graphique de Javier-de Isusi. Il s’attache à relater les dernières années de la vie de cet immense écrivain et dandy, après la perte de son procès puis la prison, lors de son exil à Paris.

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Le dessin est, au moins à mes yeux, très beau. Sépia, en lavis dégradés de brun. La façon de croquer Wilde m’a aussi beaucoup plu, raison pour laquelle j’ai emprunté cet ouvrage après l’avoir feuilleté. L’auteur se revendique par ailleurs comme un passionné de Wilde. Tout était en place pour une grande œuvre. Je ne trouve pas que ce soit le cas et le regrette.

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Manque d’inspiration ou volonté de rendre hommage à Wilde, fort souvent le but de nombreuses pages semble être de pouvoir placer/citer quelques traits d’esprit (fort connus) de Wilde. Ce pourrait être bien si l’approche ne semblait pas alors si maladroite et artificielle dans bien des cas. Nous sommes loin de la finesse, du sens de l’à-propos et du génie oratoire de Wilde et le contraste (me) dérange.

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Vouloir présenter une galerie des amis d’Oscar Wilde est parfois lourd et répétitif. Le nombre amène aussi à être trop souvent caricatural et sommaire. Là encore je me demande si c’est une volonté de respect qui a amené à quelque chose pouvant souvent sembler plat.

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Il me semble que, paradoxalement, ce sont ceux qui ne connaissent pas Wilde ou fort peu qui pourront trouver quelque chose d’intéressant dans cet ouvrage. Ils découvriront un peu de la vie mouvementée de cet écrivain, certains de ses traits d’esprit les plus connus, auront une (vague) idée de sa vie intime, à commencer par son homosexualité. La façon dont il fut traité par l’Angleterre de l’époque pour cela, à laquelle la mort de Turing fait, par exemple, écho, est édifiante.

En revanche qui adore Wilde, connait ses différents textes et aphorismes comme les détails de sa vie, non seulement n’apprendra pas grand-chose mais risque, comme moi, d’être agacé par certains défauts de cette « pas si divine comédie ». Un peu paradoxal et regrettable venant d’un très bon dessinateur « amoureux » de cet écrivain.

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Ometepe : L'île aux deux volcans et aux mille..

Voilà une bd qui donne envie d'aller visiter l'île d'Ometepe située dans le lac Nicaragua, au Nicaragua et qui est constituée de deux volcans. On peut trouver des requins bouledogues dans le lac Nicaragua et qui est pourtant un lac d'eau douce. C'est quand même assez curieux pour le souligner.



Ce lieu est presque magique par sa beauté ensorcelante. Cela donne lieu à toutes sortes de légendes qu'on va découvrir dans le folklore local. C'est intelligemment construit. J'ai aimé toute la cohérence de ces petites histoires qui vont se rejoindre. C'est un voyage à la manière d'une carte postale mais dans un lieu totalement onirique. On ne perdra pas son temps bien au contraire.
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Asylum

À sa petite-fille venue lui rendre visite à la maison de retraite, Marina raconte les événements qui ont marqué à jamais sa jeunesse. Le jour du coup d’État franquiste, elle fêtait ses 15 ans et dû bientôt fuir son village basque bombardé, puis la ville d’Irun assiégée, avant de se retrouver chez une tante à Barcelone puis, à partir de 1939 dans un camp de concentration sur la plage d’Argelès-sur-mer. Son père parviendra à trouver au Venezuela un nouvel asile pour la famille. Ils y sont restés 40 ans avant de rentrer en Espagne. Elle lui parle de ses amies, de sa sœur, mortes sous les bombes. (...)

Un livre à lire, à offrir, à prêter, à oublier sur un banc, à conseiller, à faire acheter par les bibliothèques,…



Article complet en suivant le lien.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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La divine comédie d'Oscar Wilde

Un trait d'aquarelle de toute beauté, ce livre est une merveille pétillante d'émotions.

Retrouver Oscar, mon Oscar, pour les deux dernières années de sa vie, c'est un immense cadeau de la part de Javier de Isusi et des éditions Rackham.

On y retrouve le dandy et ses aphorismes, traînant la patte, dans un Paris de fin XIXe et de début XXe. Un Oscar perdu, sans le sou, protégé et aimé par ses seuls et derniers amis, un Oscar qui ne cesse de répéter qu'il n'écrira plus rien depuis qu'il a découvert et vécu la douleur.

L'ouvrage est parsemé d'interviews posthumes de Gide, Bosie, Robbie... Et la BD n'est pas dénuée d'humour (André Gide et Franck Harris, fumant une clope lors d'une soirée littéraire, m'ont beaucoup fait sourire).

Mais le génie de cet homme nous revient, et l'émotion nous prend. Il aurait pu écrire encore tellement de belles choses. Oscar, vous me manquez tant...
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Les voyages de Juan Sans Terre, tome 1 : La..

Le voyage de Vasco, marin sans bateau, va le conduire jusqu'en Amazonie entre le Pérou et l'Equateur. Cela va devenir un très long voyage initiatique. Pour trouver ce qu'il cherche, le héros va devoir accepter de se perdre lui-même. Le 3ème tome est d'ailleurs assez édifiant à ce sujet.



Le personnage de cet aventurier ressemble dans son allure à un certain Corto Maltèse comme une sorte d'hommage en guise de clin d'oeil et sans être une vulgaire caricature. Le portrait psychologique des personnages est d'ailleurs subtilement dressé par l'auteur. On arrive à mieux ressentir les péripéties du héros.



L'auteur a réussi à faire une synthèse entre une aventure à la Corto Maltèse et un travail d'enquête minutieusement documenté. Il traite des problèmes que rencontrent le continent sud-américain.



Il y a une belle fluidité dans la lecture avec des dialogues soutenus. Le trait graphique semble également impeccable.



Un quatrième épisode serait en cours de réalisation après une traduction de l'espagnol. L'action se passera cette fois-ci au Brésil. Bref, une fable sympathique mais que je trouve un peu longuette.
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Asylum

Asylum a pour thème les terres d’asile (d'ailleurs c'est même dans le titre). Il s’agit de fuir les guerres et les persécutions en tout genre qui sévissent dans de nombreux pays sur le globe. Aussi, les gens fuient pour aller dans nos démocraties occidentales qui représentent tout de même un havre de paix. Certes, le chemin ne sera pas facile et plutôt semé d’embûches. C’est l’épineux problème du devoir d’accueil des réfugiés.



C’est d’abord l’évocation d’une vieille espagnole qui a quitté son pays lors de la guerre civile qui a vu la victoire d’un général dictateur. Elle a connu un camp de concentration sur les plages d’Argelès-sur-Mer avant de s’envoler vers le Venezuela où elle vécue heureuse. Elle est revenue en Espagne avec la démocratie.



Puis, on va avoir des interludes avec d’autres réfugiés plus actuels dans une sorte de récit chorale actuellement à la mode. On se rendra compte à la fin qu’il y a un point commun avec une convergence de ces récits. Point de complaisance ou de manichéisme. C’est traité avec une certaine authenticité et beaucoup d’habileté de la part de l’auteur espagnol.



Au niveau du dessin, je regrette juste que la fille Maialen qui écoute sa grand-mère Marina ressemble à un jeune homme ce qui crée de la confusion. Pour le reste, c’est tout à fait correct. C’est surtout le pays basque qui est abordé avec son identité propre.
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Les voyages de Juan Sans Terre, tome 1 : La..

Vasco est à la recherche de Juan, un ami dont il a perdu la trace en Amérique centrale voilà six ans. Muni d'un laissez-passer, Vasco atteint sans heurts un campement de l'EZLN (Ejercito Zapatisto de Libéracion Nacionale), dans les confins du Chiapas. Il va vite s'apercevoir que les indiens manient à merveille le mensonge et la supercherie, volant l'identité des uns pour emprunter celles des autres. A la manière du sous commandant Marcos, tous avancent masqués et ce n'est pas le moindre charme de cet album.

Isusi réussit à faire jaillir des situations les plus banales une cocasserie fort réjouissante, pratiquant contre-pied et contrepoint allégrement, jonglant avec l'humeur du gars Vasco, montant en épingle intrigues et fausses rumeurs. De ce point de vue, l'ouvrage est appréciable. Le détachement de Vasco le rapprochant à peine de la nonchalance d'un Corto Maltese.



Côté dessin, c'est plutôt bon, voire excellent. Isusi soigne d'égale façon chacun des personnages et diversifie aisément leurs différentes émotions. Le noir et blanc est élégant, les cadrages variés, bref graphiquement c'est très agréable à lire.



Reste que sans vous gâcher le plaisir de la lecture, l'intrigue demeure entière à la fin du premier tome (car oui, c'est à suivre) et autant la légèreté de ton fait parfois merveille, autant un propos plus percutant aurait fait gagner de la profondeur à l'ensemble.

Une très bonne lecture donc, qui gagnera certainement en intérêt si l’intrigue tend à se nourrir davantage du formidable contexte sociopolitique dans lequel l’action se joue.
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