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Critiques de Jean Bédard (10)
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Maître Eckhart, 1260-1328

Eckhart von Hochheim, dit tout simplement Maître Eckhart, est un théologien mystique de la fin du Moyen-Âge. C’était un de ces libre-penseurs qui se préoccupaient vraiment au sort des pauvres gens, des laissés-pour-compte et des persécutés, mais son érudition l’a amené à s’intéresser aux questions religieuses et à vouloir réformer le dogme. Et les questions scientifiques ne lui étaient pas étrangères non plus. Bref, c’était un touche-à-tout.



En même temps, c’était un mystique, un individu déclaré hérétique et censuré. Si Maître Eckhart se souciait de monsieur-et-madame-tout-le-monde, au point d’adresser ses sermons en langue vernaculaire - quel sacrilège! -, aujourd’hui, il est assez inconnu du grand public. Et encore plus en Amérique. Pourtant, Jean Bédard en a fait le sujet de son premier roman – pas une monographie, non – en racontant un épisode de sa vie. Assez audacieux. Je me demande pourquoi ce choix, même pour un romancier-essayiste ayant une formation en philosophie. Il me semble que ça ne serait pas la première idée à me venir en tête...



Comme je l’ai écrit plus haut, le théologien s’occupait de tout, en plus de prêcher et d’enseigner, il expérimentait et discutait de l’identité métaphysique de Dieu – par moment, je me sentais un peu perdu. Il chercha même à en trouver des traces visibles. C’était un homme à part. Mais, ce qui est une qualité peut également se transformer en défaut. Certains grands esprits sont tellement absorbés par leurs recherches qu’ils semblent refermés sur eux-mêmes, peu conscients du monde qui les entoure. Ou pas du tout. Ainsi, souvent, Maître Eckhart m’a paru distant, froid, voire inaccessible. Un peu comme les personnages cérébraux, intellectuels de Hermann Hesse (Le jeu des perles de verre ou bien Siddartha). Avec un pareil sujet, était-il impossible de faire autrement ?



J’écris ces lignes et je sens que je devrai me raviser. C’est un peu injuste. Maître Eckhart savait se montrer attentif à son entourage. Du moins, aux gens qu’il respectait. Ne sauve-t-il pas des griffes de l’Inquisition (et d’une mort certaine) Katrei, une de ces femmes appartenant à des communautés religieuses laïques ? Indépendante, cultivée, intelligente… suspecte. Mieux, cette Katrei serait devenue sa fille spirituelle, l’aidant dans ses travaux. Il n’en fallait pas plus pour que beaucoup de persécutés le rallient et gravitent autour de lui. Heureusement qu’elles étaient là, ces femmes libres, sinon le récit du savant homme eut été probablement un peu moins captivant.



Incidemment, il n’en fallaut pas plus non plus pour que les autorités religieuses s’en inquiètent également. À trop vouloir secourir son prochain, à commencer par ceux et celles suspectés d’hérésie, Eckhart ne pouvait que s’attirer les foudres de l’Inquisition. Mais son influence chez d’autres penseurs persistera.



L’auteur Jean Bédard s’est attelé à un défi de taille et l’a remporté. Lui aussi, il a fait preuve de beaucoup d’érudition en reconstituant les fragments de sa vie (le mystique n’a pas laissé d’autobiographie et la censure dont il a fait l’objet a fait en sorte que, pendant très longtemps, personne n’osait écrire sur lui). L’époque a été bien rendue, pareillement pour tout l’aspect religieux. Les ouvrages sur lesquels Bédard s’est appuyé sont cités à la fin. On y retrouve également un bref lexique qui définit certains mots se rapportant à des réalités du Moyen-Âge. J’aurais souhaité qu’il y en ait un peu plus, surtout en ce qui touche à la théologie.
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Le Chant de la Terre Blanche

C’est à Jean Bédard que l’on doit des romans excellents comme Maître Eckhart puis Nicolas de Cues. Ces dernières années, sa passion pour les Innus et les premières nations d’Amérique l’ont amené à se lancer dans l’écriture de son Cycle des chants de la terre, qui leur rend hommage. D’une certaine façon. Je n’avais pas aimé particulièrement le premier volet. Je croyais que, depuis un certain temps, roman historique et rythme rapide pouvaient aller de pair. Au moins, cette fois-ci, dans Le chant de la terre blanche, on retrouvait une certaine unité d’action. Bon, je ne suis plus un enfant qui a besoin de son schéma actantiel pour comprendre une histoire mais me perdre dans la contemplation de la nature et la poésie des mots ne me suffit pas. J’ai besoin d’une histoire, d’une intrigue. Et il y en a une dans ce deuxième volet, qui m’a intéressé et plu. Au XVIIIe siècle, des Frères Moraves s’installent au Labrador dans le but de convertir les Inuits à leur foi. Chocs culturels en perspective ! Les traditions millénaires des autochtones feront-elles le poids face au «progrès» et aux mœurs chrétiennes ? Pas si certain, on sait que les Inuits se sont adaptés à leur environnement, peut-être que ce seront les religieux qui auront besoin d’aide ? Mais on sait aussi que les autochtones ont été pervertis par les «innovations» de l’homme blanc et que les changements radicaux dans leur société en ont conduit plusieurs à des comportements autodestructeurs : alcoolisme, suicide, violence, meurtre, etc. Le lecteur suit ces aventures à travers Mikak, une jeune inuite qui sert de guide, puis une narration à la troisième personne. Les transitions n’étaient pas toujours réussies. Aussi, j’ai eu de la difficulté à me lier aux personnages. Je n’arrive pas à me l’expliquer, parce que Mikak et d’autres vivent des moments beaux et troublants, successivement, mais quelque chose dans l’écriture me les rendait un peu distants. Au moins, le sort, le destin du peuple inuit dans son ensemble m’a ému.
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Le chant de la Terre Innue

Le Chant de la terre innue est un hymne à ce peuple qui occupait le Nitassinan, à leur mode de vie plusieurs fois millénaires, à leur amour de la nature, avec laquelle ils ne faisaient qu’un. Avant la venue de l’homme blanc… C’est donc un voyage dans le temps. Les amoureux de la nature aimeront. Les passionnés des histoires sur les premières nations également. Pour les autres, eh bien… ils ne détesteront pas mais je ne suis pas certain qu’ils l’apprécieront à sa juste valeur. Pourtant, la plume de Jean Bédard est belle, poétique. Il sait s’arrêter sur les lieux, les animaux et les gens juste assez longtemps pour qu’on s’en fasse une tête sans s’ennuyer. Alors, quel est le problème ?



Dans mon cas, ce qui m’a un peu perdu, c’est que je ne savais plus à quoi me raccrocher pendant ma lecture. Le chant de la terre innue est comme un ensemble de tableaux, de très jolis tableaux, racontant la vie jadis, comme les Innus la vivait. Il n’y a pas vraiment une histoire à raconter mais plutôt une multitudes de courtes histoires, une succession d’événements qui n’ont pas toujours de liens directs les unes avec les autres. À part le fait qu’ils constituent un apprentissage de la vie pour Uhu, son fils Tshiashk, sa petite-fille Shashauan, et quelques autres.



On pourrait arguer que c’est un peu ça le but. Les Innus, pour autant que je sache, ne constituaient pas des clans guerriers qui léguaient des exploits héroïques. Non, ils vivaient en harmonie avec la nature, comme leurs ancêtres le faisaient depuis de nombreuses générations. Donc, exit les grands drames. Ainsi, c’est très réaliste. Il y a bien quelques épisodes de chasse et de survie en forêt – ou dans l’étendue blanche du nord –, quelques rencontres intéressantes mais, dans l’ensemble, c’est une grande déclaration d’amour à la terre et aux Innus.
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Marguerite Porète : L'inspiration de Maître Eck..

Il y a quelques années, j’ai lu quelques romans de Jean Bébard, Maître Eckhart ainsi que Nicolas de Cues. Lectures intéressantes mais complexes, traitant d’histoire, de religion, de philosophie. Bref, pas le genre de bouquin à lire dans le métro ou à la plage. Ainsi, c’est en toute connaissance de cause que je me suis lancé dans Marguerite Porète, en ce début de quatorzième siècle troublé par l’Inquisition et le procès des Templiers.



Marguerite est une mystique chrétienne appartenant à un groupe de femmes appelées béguines (bien que ça ne soit pas un ordre unifié, les croyances et doctrines variant d’un groupe à l’autre), qui prônent la primauté de la liberté. À l’époque, ça ne devait pas plaire à plusieurs. Comme le dit un envoyé du pape : « Il n’y a que deux status possibles pour les femmes : l’ordre religieux avec leurs vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance qui, bien entendu, doit rester sous la protection et la gouverne d’un ordre masculin, et le mariage qui soumet la femme à son mari. » (p. 223). Quiconque s’opposait à cet ordre des choses s’exposait à être taxé d’hérétique. Ainsi, ce roman me permettait d’en découvrir davantage sur ce courant philosophique, qui revenait de temps à autre dans mes lectures traitant de la fin du Moyen-Âge.



Malheureusement, je suis resté sur ma faim. Cela me semble dû à deux facteurs. Le premier, c’est que l’histoire n’est pas racontée par Marguerite Porète elle-même mais plutôt par Guion de Cressonaert, un secrétaire de l’Inquisition qui change de camp et devient son disciple. Drôle d’idée, de confier la narration de l’histoire d’une grande femme (d’une féministe avant son heure!) à un jeune homme. Incidemment, les premiers chapitres traitent de l’implication de ce dernier dans le procès des Templiers et cette préoccupation ne le quitte pas. Comme une toile de fond. Bien que ce procès et la situation des béguines soient liés, j’avais l’impression d’y perdre un peu. Dans tous les cas, Marguerite Porète demeure un personnage quelque peu inaccessible, dont l’aura touche visiblement ceux autour d’elle mais qui échappe au lecteur.



Cela m’amène au deuxième facteur, soit le concept même de béguinage. J’en saisissais les grandes lignes mais cela ne me suffisait pas. C’est petit à petit (parfois tardivement) que cette idée prenait forme. On assiste à une initiation puis, quand le groupe quitte le Hainaut, où « préchait » Marguerite Porète, pour rejoindre Bruxelles, on comprend un peu plus l’organisation de ces groupes. Pareillement à travers ses gestes, les relations entre Guion et les femmes, leurs occupations (sage-femme, herboriste, hospitalière, copiste, etc.). Mais ça me semblait disséminé un peu partout. Il ne m’était pas possible de revenir à un endroit spécifique (ou quelques uns) à relire pour comprendre la philosophie de ces groupes. Et c’est doublement dommage puisque Marguerite a produit des livres que Guion, entre autres, semble avoir copié. On a droit à quelques sages paroles de la béguine mais pas à des extraits de son œuvre. Étrange, encore une fois. J’ai dû faire des recherches en ligne pour mieux comprendre. Il y a bien un appendice à la fin, donnant plusieurs précisions très pertinentes ; j’aurais aimé le savoir avant d’entreprendre ma lecture, cela m’aurait évité des recherches inutiles.



Pour tout dire, le roman me semble porté davantage par l’action que par la philosophie. C’est peut-être ce qui rend accessible cette biographie au grand public. Le mouvement des béguines dérange et se retrouve en danger. Marguerite et sa suite doivent fuir, d’abord à Bruxelles, puis dans la clandestinité à Paris. Là encore, les péripéties se multiplient (et les digressions) et le procès de la grande dame est expédié dans les dernières pages. Fin. En refermant le bouquin, je me rappelle avoir pensé : « C’est tout? » Puis, je me suis pris à penser à quoi aurait pu ressembler le monde si ces femmes fortes avaient pu continuer à mener de telles existences, à exercer des métiers, à faire valoir leurs voix. Un monde plus égalitaire et peut-être moins violent. Donc, à défaut de m’avoir vraiment intéressé, ce roman aura suscité des questionnements.
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Maître Eckhart, 1260-1328

« Maitre Eckhart » est un roman très intéressant mains sa complexité le rend pénible à lire. On arrive au but, pourtant, si on le lit près d’on ordinateur qui vous permit de faire des recherches sur l’internet sur les personnages et les concepts.

Maître Eckhart (1260-1328) le protagoniste est théologien et en même temps vicaire général de Bohème et provincial de Saxe chez les Dominicains. Eckhart est aussi le responsable de la direction des très controversées béguines une communauté religieuse laïque sans vœux perpétuels. Grace à son appui des béguines, il deviendrait le premier dominicain traduit devant l’inquisition. Le roman raconte l’histoire de ses deux procès ou ses adversaires essaient de le faire condamner comme hérétique.

L’époque est pleine de périls. Vatican impose les doctrines de Saint Thomas d’Aquin ce qui laisse très peu de marge de manœuvre pour des théologiens tels qu’Eckhart et Guillaume d’Ockham qui veulent éviter l’hérésie. La joute politique est aussi difficile. Le pape Clément V déménage le Vatican à Avignon en 1309 ce qui ne plait pas à tout le monde. Les franciscains et les dominicains, deux ordres mendiants qui relèvent du pape qui sont en conflit avec les évêques partout en Europe parce qu’ils veulent une église des pauvres.

Ce qui semble intéresser l’auteur le plus est le statut de la femme aux moyen-âge. L’église considère les femmes inférieures aux hommes intellectuellement et spirituellement. Elles sont vues comme étant les tentatrices. Quand deux moines violent une jeune ville, seul Eckhart la regarde comme étant une victime innocente de tout blâme. La grande majorité des prêtres et moines sont de l’avis que la fille est la coupable parce qu’elle a tenté les moines.

Eckhart est outré par les crimes commis contre les femmes. Aussi, il est convaincu que la femme joue un rôle essentiel dans le plan de Dieu pour le salut de l’humanité: « la femme seule porte le Verbe, … un Verbe ne peut naitre qu’une femme. » (p. 20) Eckhart devient un grand admirateur des Béguines. Il croit que l’église devra promouvoir une synthèse de l’« extrémisme rationnel » de Guillaume d’Ockham et de l’ « extrémisme irrationnel » des béguines.

Inévitable ses ennemis vont riposter. En 1324 à Cologne devant un tribunal sous la juridiction de l’archevêque Henri II de Virnebourg Eckhart se fera condamné comme hérétique. Cette décision sera portée en appel devant le pape Jean XXII à Avignon. Le deuxième procès qui débute en 1326. Jean qui ne se sent pas très confortable sur son trône aimerait s’en laver les mains. Le procès traine en longueur. On attend toujours un jugement quand Eckhart meurt en 1328. Le pape prétend qu’il n’est plus obligé de rendre une décision. Quand les adversaires d’Eckhard insistent, Jean XXII condamne comme hérétiques vingt-huit propositions mais ne condamne pas l’homme. Le procès finit alors avec un genre de verdict nul.

Le roman, en revanche, finit sur une note heureuse. Le secrétaire d’Eckhart et narrateur qui croit dur comme fer que les femmes inférieures change d’avis in extremis et se rallie à l’importance de la femme pour le salut et le bonheur des hommes.
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Sur la route des grandes sagesses

Un roman lumineux dont le cœur vibre de cette injonction à emprunter les chemins de traverse : « Vivre, c’est s’échapper du plan. »
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducati..

Un grand plaidoyer pour l'accessibilité à l'éducation, un grand livre.
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Le Chant de la Terre Blanche

Traversée éreintante d'une époque aussi ingrate que ces terres où se joue ce pan de l'histoire du Grand Nord, ce roman sur la perte de l'identité incarne avec force le déchirement entre deux mondes.
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Le chant de la Terre Innue

Ce conte est un fabuleux voyage à travers les terres et les traditions ancestrales de peuples autochtones, un hymne à la nature apaisant et empli d'espoir où le désir de vivre l'emporte sur la crainte de mourir, tant que l'être humain poursuit son chemin.
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Le chant de la Terre Innue

Comme un récit pressenti depuis la nuit des temps, comme une légende que notre époque réclame, Le chant de la terre innue porte en lui l'espoir d'une joie retrouvée.
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