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Citation de malimor1


"Quiconque marche sur le Chemin finit tôt ou tard par penser qu'il y a été condamné. Que ce soit par lui-même ne change rien : les sanctions que l'on s'impose n'ont pas moins de rigueur, souvent, que celle qu'inflige la société.
On part pour Saint-Jacques avec l'idée de liberté et bientôt on se retrouve, parmi les autres, un simple bagnard de Compostelle. Sale, épuisé, contraint de porter sa charge par tous les temps, le forçat du Chemin connaît les joies de la fraternité, à l'image des prisonniers."


"Le Chemin est une alchimie du temps sur l'âme."


"La nuit tomba et je la contemplai avant de me coucher pour de bon. En une journée, j'avais tout perdu : mes repères géographiques, la stupide dignité que pouvaient me conférer ma position sociale et mes titres. Cette expérience n'était pas la coquetterie d'un week-end mais bien un nouvel état, qui allait durer.
En même temps que j'en subissais l'inconfort et que je pressentais les souffrances qu'il me ferait endurer; j'éprouvais le bonheur de ce dépouillement. Je comprenais combien il était utile de tout perdre, pour retrouver l'essentiel.
Ce premier soir, je mesurais la folie de l'entreprise autant que sa nécessité et je me dis que, tout bien considéré, j'avais bien fait de me mettre en route."


"A mesure que la transformation s'opère, on devient à la fois complétement étranger à ce que l'on était avant et prêt à rencontrer les autres."


"...Il me semble que le passé doit être laissé à la discrétion d'un organe capricieux mais fascinant qui lui est spécialement dédié et que l'on nomme mémoire.
Elle trie, rejette ou préserve selon le degré d'importance dont elle affecte les événements. Ce choix n'a que peu à voir avec le jugement que l'on porte sur l'instant. Ainsi des scènes qui vous ont paru extraordinaires, précieuses, disparaîssent sans laisser de trace tandis que d'humbles moments, vécus sans y penser, parce qu'ils sont chargés d'affects, survivent et renaissent un jour."

"Mais le Chemin est plus fort que ces démons tentateurs. Il est habile, il est retors : il les laisse s'exprimer, se dévoiler, croire à leur triomphe et puis, d'un coup, il éveille le dormeur qui se dresse en sueurs dans son lit. Telle la statue du Commandeur, le Chemin est là, qui pointe sur vous un doigt accusateur. " Comment ? Tu vas te dérober, connaître la honte du retour prématuré ! La vérité est que tu es un lâche. Tu as peur. Et sais-tu de quoi ? De toi-même. Tu es ton pire ennemi, celui qui fait obstacle à l'effort, depuis toujours. Tu n'as pas confiance en toi. Et moi, Saint-Jacques, je te donne l'occasion unique de te délivrer de ces entraves, de t'affronter toi-même et de te vaincre."

"Le marcheur se retrouve lui-même avec émotion comme s'il rencontrait soudain une veille connaissance. Projeté dans l'inconnu, l'ailleurs, le vide, le lent, le monotone, l'interminable, il laisse sa pensée se blottir dans l'intimité d'elle-même.
Tout devient exaltant et beau : les souvenirs, les projets, les idées. On se surprend à rire tout seul. D'étranges mimiques se forment sur le visage qui ne sont destinées à personne puisqu'on a pour seule compagnie les arbres et les poteaux télégraphiques. Le pas, c'est bien connu, agit sur la pensée comme un vilebrequin : il l'ébranle, la met en route, reçoit en retour son énergie. On avance à l'allure de ses songes et, quand ils sont lancés à plein régime, on court presque."

"Et là, dans ces splendeurs, le Chemin m'a confié son secret. Il m'a glissé sa vérité qui est tout aussitôt devenue la mienne. Compostelle n'est pas un pèlerinage chrétien mais bien plus, ou bien moins selon la manière dont on accueille cette révélation. Il n'appartient en propre à aucun culte et, à vrai dire, on peut y mettre tout ce que l'on souhaite. S'il devait être proche d'une religion ce serait à la moins religieuse d'entre elle, celle qui ne dit rien de Dieu mais permet à l'être humain d'en approcher l'existence : Compostelle est un pèlerinage bouddhiste. Il délivre des tourments de la pensée et du désir. Il ôte toute vanité de l'esprit et toute souffrance du corps, il efface la rigide enveloppe qui entoure les choses et les sépare de notre conscience ; il met le moi en résonance avec la nature. Comme toute initiation elle pénètre dans l'esprit par le corps et il est difficile de la faire partager à ceux qui n'ont pas fait cette expérience."

"Le poids, c'est de la peur."

"Pour moi, le raccourci c'est l'aventure et, quoi qu'il advienne, le bonheur."

"Certains aspects du Chemin sont un peu plus durables : pour moi, ce fut surtout la philosophie de la mochila (sac à dos en espagnol). Pendant plusieurs mois après mon retour, j'ai étendu la réflexion sur mes peurs à toute ma vie. J'ai examiné avec froideur ce que littéralement je porte sur le dos.. J'ai éliminé beaucoup d'objets, de projets, de contraintes. J'ai essayé de m'alléger et de pouvoir soulever avec moins d'efforts la mochila de mon existence."

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