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Critiques de Jean-François Vilar (31)
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Etat d'urgence

Etat d'urgence est un polar symbolique des années 70, des combats perdus de la gauche européenne des lendemains déçus ou trahis, de la fin d'une époque, dans une ville belle, décrépite, vieillissante, Venise, cénotaphe de sa grandeur passée.

Le cinéaste Adrien Leck se trouve en Vénitie en période de carnaval. Il rencontre une belle inconnue, soudainement abattue devant ses yeux. Cette femme est une figure locale, Laetitia Vanese, une juge qui travaille sur un dossier explosif, celui des Brigades Rouges, des repentis et des vengeurs.

Il y a du Visconti dans cette peinture que fait Vilar de la ville, on pense parfois à Laura de Preminger avec ce personnage de femme fantomatique qui hante le personnage principal.

Etat d'urgence est un roman noir triste et mélancolique signé par l'une des plumes les plus singulières du polar français. Je remercie Babelio et la maison d'édition le beau Jardin qui a eu l'excellente idée de confier la rédaction de la préface à Hervé le Corre, pour l'envoi de ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.

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Bastille Tango

De la Bastille… au tango argentin. Olé !



Si les titres de certains romans ne sont pas des plus faciles à comprendre, « Bastille Tango » ne classe assurément pas dans cette catégorie.



Dans les années 85, depuis que Mitterrand a décidé d’ériger l’opéra Bastille (1) en lieu et place de la gare de Paris-Bastille, les bulldozers sont à l’œuvre et changent radicalement le décor des environs de la place de la Bastille.



Pendant ce temps, le photographe Victor Blainville se plait à sillonner le quartier afin d’immortaliser à jamais cette longue agonie. Au cours de ses sorties le plus souvent nocturnes, Victor découvre une affiche intrigante d’un homme torturé et part aussitôt à la recherche du colleur d’affiche, un certain Oscar.



Pour retrouver le second mot du roman de Jean François Vilar, il faut s’aventurer à la Boca, une boite de tango tenue par une japonaise et fréquentée par de nombreux argentins mais également par le fameux Victor et la sulfureuse Jessica.



Alors que va s’ouvrir en Argentine le procès des responsables des tortures et morts de milliers de civils durant la dictature, la disparition d’expatriés argentins à Paris sème le trouble parmi les habitués de la Boca. Seraient-ce les fantômes de la junte argentine débarquant en Île de France ?



Pour mon premier Vilar, je découvre un roman noir marquant, violent et dérangeant. Contrairement à un roman policier classique, même si les flics enquêtent sur les disparitions, l’auteur ne délivre pas toutes les clés de l’intrigue, libre à chacun d’interpréter le fin mot de l'histoire.



Sans être totalement fan du genre, que je ne pourrais d’ailleurs ingurgiter qu’à dose homéopathique, j’ai été intrigué et happé par ce roman sans concession, permettant à l’occasion de déambuler dans Paris de jour comme de nuit. O L É ! (2)



(1) L'opéra Bastille est inauguré le 13 juillet 1989 pour les festivités du bicentenaire de la prise de la Bastille.

(2) Comme Vilar, je vous laisse imaginer. Si vous pensez à « Observe Les Étoiles », sachez qu’elles sont difficiles à percevoir dans le ciel parisien.

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Les exagérés

Coupez !



Un livre bien étrange !



Victor Bainville est passionné par le musée Grévin pour lequel il travaille en tant que photographe.



Mais voilà que la tête en cire de la princesse de Lamballe disparait, puis d'autres personnalités, dont la statue d'une star de cinéma oubliée…



Une enquête un peu tortueuse, entrecoupée par des ballades dans Paris, à la recherche des habitations des révolutionnaires de 1789.



Un film sur les massacres de septembre 1792 est en cours de tournage, dont Adrien Leck, le réalisateur, est un ami de Victor, qui l'engage sur le tournage pour jouer le personnage de Jacques-René Hébert !

D'où le titre "Les exagérés" qui fait référence aux hébertistes, ou « exagérés » pendant la Révolution française, qui sont des membres du club des Cordeliers, appartenant pour un grand nombre aux rangs de la Montagne à la Convention, à l'administration de la Commune.





Tandis qu'une ancienne star déchue, tient un établissement échangisme " le Mirabeau" et que son fils Stan nous délivre des scoops sur les révolutionnaires.



Ce roman se déroule à Paris en 1986 où la capitale est secouée par de terribles attentats (je m'en souviens, je prenais mon premier poste à ce moment là !).





J'ai vraiment apprécié les promenades dans Paris à la recherche des anciennes maisons de Robespierre, Danton, Hebert, et les prisons de la Révolution, mais je n'ai pas accroché à l'enquête en arrière-fond qui m'a semblée peu intéressante et longue…



Les visites au Musée Grévin (ancienne version) sont complètement immersives, le travail de moulage de la cire est bien décrit, même si la vie de Madame Tussaud n'évite pas les erreurs…



Un style un peu vulgaire, parfois soigné, parfois dans un "langage-parler" m'a un peu déstabilisée…



Une très bonne connaissance de la Révolution française de 89 est la qualité première de ce roman. J'ai apprécié d'apprendre beaucoup sur le personnage d'Hébert, même si les découvertes restent un peu inachevées (Hébert a-t-il participé aux massacres de Septembre ?)



Un roman à réserver aux passionnés de la Révolution française ou (et) du Musée Grévin !

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Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts t..

Que ce soit dans les médias, sur les réseaux sociaux ou sur les blogs, il n'est plus question que de rentrée littéraire qui débarque de plus en plus tôt sur les étals de nos librairies avec une cohorte d'ouvrages grands formats reléguant les collections de livres de poche dans les rayonnages. Si vous n'êtes pas encore enfiévré par cette quête des nouveautés et si vous fouinez un peu, peut-être aurez-vous la chance de dénicher un roman de Jean-François Vilar. Peu importe le titre, prenez-le. Vous ne le regretterez pas car il s'agit de romans noirs d'une grande envergure tant au niveau de l'écriture qu'au niveau de l'intrigue où l'on perçoit l'engagement politique de l'auteur comme militant trotskiste. Durant les vingt-et-une dernières années de sa vie, Jean-François Vilar n'a publié que deux nouvelles et on peut se dire qu'avec un roman comme Nous Cheminons Entourés De Fantômes Aux Fronts Troués, publié aux éditions du Seuil en 1993,il n'avait peut-être plus rien d'autre à ajouter en parvenant au sommet de son art. Evoquant notamment l'écrasement du Printemps de Prague, dont on "célèbre" les 50 ans, Nous Cheminons Entourés De Fantômes Aux Fronts Troués aborde, avec une certaine forme de désenchantement empreint de nostalgie, plusieurs époques révolues comme la lutte des proches de Trotski qui doivent survivre à Paris en 1938 ainsi que l'effondrement du mur de Berlin en 1989 et cette fameuse révolution de Velours qui précipita la chute du Parti communiste tchécoslovaque.



En 1989, après trois ans de captivité, le photographe Victor Blainville débarque à Paris avec son compagnon d'infortune Alex Katz. On parlerait bien de cette libération des deux otages, mais l'actualité se trouve soudainement chamboulée avec l'annonce de la chute du mur de Berlin. Déboussolé, Victor peine à retrouver ses repères, ceci d'autant plus que son appartement a été complètement vidé. Tant bien que mal, la vie reprend son cours lorsque survient la mort d'Alex. Un malheureux accident ? Une exécution ? Qui peut le dire ? Victor trouvera peut-être la réponse dans le mystérieux journal du père d'Alex qu'on lui a confié. Rédigé en 1938, il découvre les événements d'une autre époque qui semblent faire écho à cette période chamboulée. Et si l'histoire n'était qu'un éternel recommencement ? Un adage funeste où les fantômes se rappellent aux bons souvenirs de ceux qui survivent.



Il s’agit bien d’une balade à la fois funèbre et poétique dans ces rues de Paris qui deviennent des lieux ou plutôt des liens de transition pour passer d’une époque à l’autre en déterrant les secrets enfouis dans les méandres de l’histoire. Bâtiments, monuments, tout est prétexte pour suivre les pérégrinations hasardeuses de Victor Blainville ce photographe presque désinvolte dont on ignore les circonstances de sa captivité qui l’a éloigné de Paris durant trois années. Un mystère de plus pour ce guide étrange, presque las de tout, dont le nom rend hommage à Marcel Duchamp qui fait partie de ce courant surréaliste que l’auteur affectionne tant. Il en sera d’ailleurs constamment question tout au long du récit où nous aurons l’occasion de croiser André Breton, Salvatore Dali, Paul Delvaux et bien d’autres notamment au cours de cette première exposition internationale du Surréalisme se déroulant en 1938. Une année charnière de l’intrigue puisqu’il s’agit également de la période où Lev Sedoy, le fils de Trotsky, meurt dans d’étranges circonstances qui seront évoquées sous la forme d’un mystérieux journal qui ne recèle que la « vérité » de son auteur mais qui va offrir à Victor une espèce d'échappatoire salutaire. Engagements et trahisons, Jean-François Vilar met en scène avec une belle intensité tous les aléas d’une lutte dévoyée qui n’a plus rien de révolutionnaire mais dont l’inspiration reste éternel. Texte érudit mais complètement accessible, c’est par le prisme de cette littérature noire que l’auteur parvient à secouer l’histoire dans le choc des circonstances et des rencontres improbables. De l’audace des surréalistes aux conflits larvés entre staliniens et trotskistes, des étreintes dans un hôtel que fréquentait Burrough et Kerouac à l’effervescence de cette Révolution de Velours, Jean-François Vilar romance l’histoire avec le talent de celui qui en maîtrise toutes les arcanes dans un entrelacs d’époques qu’il nous projette au travers d’intrigues qui ne doivent pas forcément apporter toutes les réponses. Dans ce labyrinthe de rues et de passages obscurs, le lecteur s’égare ainsi dans l’incertitude de personnages refusant de livrer tous leurs secrets et va cheminer, parfois en vacillant, entourés de fantômes et de regrets mais avec la conviction d’avoir découvert un grand roman noir que l’on ne pourra pas oublier.



Jean-François Vilar : Nous Cheminons Entourés De Fantômes Aux Fronts Troués. Editions du Seuil 1993. Edition Points 2014.



A lire en écoutant : Body And Soul de John coltrane. Album : Coltrane’s Sound. 1964 Atlantic Records.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts t..

Le titre est sublime, non?

Un photographe retenu comme otage pendant trois ans est libéré en 1989, pendant que tombe le mur de Berlin. L'homme avec qui il avait été fait prisonnier meurt dans un "accident" et Victor va enquêter sur lui. Son père, Katz, militant trotskyste, poète adoubé par Breton lui-même, tient un journal qui va servir de fil conducteur: l'Histoire se mêle à la fiction, les luttes entre trotskystes et staliniens font écho à l'élection de V. Havel en Tchécoslovaquie, les amours de Victor renouent avec la passion d'André Breton pour Nadja. Faux polar languissant saturé de références littéraires, ce roman carbure au mystère et à l'onirisme. C'est parfois long, souvent envoûtant et patatras voici, 100 pages avant la fin, qu'adviennent les Explications. Les twists se succèdent, après Nadja, c'est Harry Quebert qui se radine; adieu poésie, bonjour platitude. Tour de force littéraire pour signaler la fin des illusions lyriques? Si seulement...
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Meurtres exquis : Une histoire sociale du r..

Je dois, à la lecture de ce livre rédigé par le regretté Ernest Mandel (économiste marxiste de renommée mondiale et dirigeant de la IVème Internationale) et très intelligemment préfacé par le tout aussi regretté Jean-François Vilar, mes premières approches du monde littéraire du roman noir, du polar.

J'avoue humblement, qu'auparavant, ce domaine m'était non seulement étranger mais surtout interdit.

Pour faire court, c'était, à mes yeux, la mise à l'index ("l'enfer" en quelque sorte) mais également un univers à forte odeur de soufre "réactionnaire".

Depuis, je suis accroc (ma bibliothèque en atteste) et continue inlassablement ma recherche de nouvelles pépites.

Encore merci camarade !
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C'est toujours les autres qui meurent

Au cœur des fameux Passages parisiens, ce polar post-soixante-huitard de Jean-François Vilar, amoureux fou de la capitale, passionné d'histoire et ancien activiste de l'ultra gauche, est une mine à souvenirs. L'art moderne et particulièrement les œuvres de Marcel Duchamp fournissent la trame originale en diable de l'enquête de Victor Blainville, photographe et journaliste free-lance, double parfait de l'auteur.

La question qui émerge de cette histoire bien menée, est la suivante : comment de jeunes gauchistes peuvent-ils appréhender désormais leur rapport au pouvoir alors que la France est passée à gauche depuis l'élection de François Mitterrand (nous sommes en 1982) ? Leur militantisme a pris un coup dans l'aile et leurs aînés, à l'image de Victor Blainville, sont rentrés dans le rang, usés par les luttes et désabusés par le résultat.

Dans ce contexte, le recours aux symboles est la solution retenue par un groupe de jeunes, purs de toute compromission, mais manipulés par une pasionaria délirante et cynique.

Blainville est entraîné, à son corps défendant, dans cette aventure risquée, susceptible de conduire aux pires extrémités.

Vilar réussit à exorciser ses vieux démons tout en rendant un bel hommage à cette ville qu'il chérit tant et dont il connaît le moindre recoin. Ce roman épatant, et parfois douloureux, était le point de départ de la saga Blainville. Un coup d'essai qui annonçait une suite brillante, comme l'ont confirmé "Passage des singes" ou "Les exagérés". Trop méconnu, Vilar, qui est décédé en 2014, mérite amplement une redécouverte.

A bon entendeur...
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Etat d'urgence

C'était sa troisième incursion dans le monde du polar. Jean-François Vilar avait abandonné temporairement le Paris de son photographe fétiche Victor Blainville (entre "Passage des Singes"1983 et "Bastille Tango"1986) pour sillonner les rues et les canaux d'une Venise submergée par une vague rouge sang alors même qu'elle se cachait derrière les masques et les oripeaux de son carnaval.

Nous sommes en 1982 et le sang en question est celui versé par une résurgence des tristement célèbres Brigades Rouges, décidées à mettre la cité des doges sous un feu roulant qui atteint d'abord une juge de l'anti-terrorisme. Un attentat perpétré sous les yeux du cinéaste Adrien Leck, qui vient juste de faire la connaissance de la victime avec qui il entamait une relation amoureuse. C'est à travers son regard acéré et cynique que nous suivons le déferlement de violence dont il devient le témoin privilégié, puis un acteur de premier plan. Venu, accompagné d'un repenti, faire des repérages pour son futur film sur le terrorisme, il est servi, vivant en réel ce qu'il voudrait inscrire sur pellicule.

La réédition bienvenue de ce roman du regretté JF Vilar (disparu en 2014) démontre, s'il était besoin, la large palette du talent d'un auteur qui réussit à mêler avec bonheur un mirage politique, une histoire d'amour impossible et une réflexion désenchantée sur la société des années 80. En outre la poésie mélancolique, qui émane de cette odyssée tragique et qui doit beaucoup à une cité de tous les fantasmes, ajoute au charme du livre. Vilar met en scène avec brio ses personnages ("des êtres singuliers", dit Hervé Le Corre dans une préface éclairante), leurs failles, leurs illusions, leurs compromissions, rendant très crédibles ces révolutionnaires aux causes viciées, que lui-même eut l'occasion de côtoyer dans sa jeunesse.

Enfin, on a même le plaisir de retrouver Victor Blainville dans un rôle secondaire, qui vient photographier Venise avec la même passion qu'il le fait pour Paris et que Vilar magnifiera dans ses romans majeurs que seront "Les Exagérés" (1989) et "Nous cheminons entourés de fantômes au front troués" (1993) qui séduiront tous ceux qui ont une âme de piéton de Paris.

Décidément, une excellente initiative que cette réédition, qui est une invitation à aller plus avant dans l'oeuvre d'une des meilleures plumes du roman noir français du XXe siècle finissant.

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C'est toujours les autres qui meurent

Sans cesse galvaudé, le mot surréaliste prend tout son sens à la lecture de C’est toujours les autres qui meurent, premier et exceptionnel roman de Jean-François Vilar mettant en scène son futur héros récurrent, le photographe et ancien activiste trotskyste Victor Blainville.



C’est autour de Marcel Duchamp que se noue l’intrigue de ce livre qui voit Blainville, au gré d’une de ses pérégrination dans les passages couverts de Paris, se trouver face à la reconstitution macabre d’une œuvre de l’artiste (né à Blainville-Crevon…), Étant donnés, représentant un corps de femme nue étendu sur un lit de brindilles et de feuilles mortes et tenant dans main gauche un bec Auer. Le photographe, bien vite, va s’apercevoir qu’il n’y a pas de hasard à cette rencontre et qu’elle a un lien avec le rendez-vous qu’il devait avoir avec un ancien compagnon de route. Plus encore, qu’il était surveillé depuis des mois. Nonchalant, mais curieux et amoureux de la mystérieuse Rose qui semble tout connaître de lui, intrigué par le policier Villon qui semble en savoir autant que Rose à son propos, Blainville se lance dans une enquête qui l’entraîne au cœur de l’œuvre de Duchamp.



Cet étonnant roman tire donc le lecteur avec Blainville dans une atmosphère qui mêle morbidité, érotisme trouble, humour et illusions politiques plus ou moins perdues. Et, même, tout ne semble être qu’illusion, léger décalage avec la réalité, dans C’est toujours les autres qui meurent. De la scène d’ouverture où Victor ne sait s’il se trouve face à un cadavre ou à un mannequin à l’une des dernières où il en viendra à se demander s’il a bien assisté à une exécution et à la fin du roman, violente et volontairement confuse, rien n’apparaît comme certain ou comme totalement réel. Illusions d’optiques, illusions politiques qui prennent place dans ce mois de juin 1981 où la gauche arrive au pouvoir et où les révolutionnaires gauchistes ont fait leur temps ; s’il en est un qui peut s’y frotter, c’est bien le photographe qu’est Blainville.

On suit donc à l’aveuglette Victor dans ce roman érudit qui voit se matérialiser le monde de Duchamp au travers des noms (Blainville, donc, Rose, bien entendu, mais aussi Villon le flic étonnamment proche de Blainville qui porte le nom du frère de Duchamp) et des lieux comme des reconstitutions des œuvres de l’artiste qui parsèment le livre de manière plus ou moins visible, en faisant à certains égard un intelligent roman à clef. En tirera-t-on une quelconque résolution ? Une quelconque vérité ? Sans doute pas et peu importe, comme le rappelle Blainville lui-même qui se laisse porter par les événements et fait moins figure d’enquêteur que de témoin pas forcément fiable : « Ce qu’elle dit est vrai. Ou faux. Je m’en fous un peu ».



Remarquable d’érudition et d’intelligence, porté par une écriture d’autant plus efficace qu’elle semble couler de source alors que chaque phrase, pour ne pas dire chaque mot, à son importance, C’est toujours les autres qui meurent est un roman simplement vivifiant.


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Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts t..

Quel beau titre pour ce roman de Jean-François Vilar… Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués… Cette phrase-titre provient d’une citation de Natalia, la femme de Léon Trotsky et fait référence aux militants assassinés par la police de Staline.



Une histoire de chemins parcourus et de souvenirs en marge de l’Histoire avec un grand H…

Les quelques 1021 jours et nuits d’intimité forcés entre deux hommes qui ne se connaissaient pas mais qui sont devenus otages ensemble : Victor et Alex…

Tout un univers de roman noir, des flics déguisés, des agents doubles, des femmes mystérieuses, des fausses-pistes… Une enquête en forme de déambulation, paradoxale pour Victor qui déteste l’idée même de voyage, deux intrigues qui se télescopent au gré d’un croisement du passé et du présent et du hasard.

Une belle plongée dans l’entourage d’André Breton et de Man Ray et dans le quotidien de jeunes militants trotskystes pleins d’idéaux, épris de liberté… Une histoire d’amour et de trahisons avec la menace nazie en filigrane…

Des personnages sombres, auréolés de mystère et de non-dits, dont un médecin-flic, une journaliste d’origine tchèque et un vieil homme, réalisateur de télévision à la retraite…

Un café parisien…



Une écriture à la première personne, sans concession, désabusée. C’est Victor qui raconte ou plutôt, s’il s’écoutait, qui ne voudrait rien dire… Il a tout de l’anti-héros, photographe pigiste sans grande envergure. C’est par pur hasard qu’il a vécu trois ans de détention à l'autre bout du monde… À son retour, en novembre 1989, il ne reconnaît plus Paris à l'heure où tombe le mur de Berlin et où s’effondre l’Europe de l’Est et il ne comprend pas la surveillance policière dont il fait l’objet.

Alors, pour éviter de nous ennuyer avec la gestion de son stress post-traumatique, il se plonge et se réfugie dans la lecture d'un journal intime rédigé en 1938, entre surréalisme et révolution… Ce journal est celui d’Alfred Katz, le père de son camarade de captivité, mort à son retour dans de drôles de circonstances.

Les dialogues sont savoureux, les descriptions à la fois détaillées et évocatrices. La personnalité du photographe transparait dans le récit, dans la transcription de la lumière ou des contre-jours, dans le rendu des physionomies.

Jean-François Vilar nous balade et nous captive dans ce roman introspectif, didactique, historique et très humain.



Ce roman est le dernier volet d'une trilogie très remarquée qui met en scène Victor Blainville, photographe de presse et enquêteur, flâneur, dilettante, au regard aiguisé ; c’est par pur hasard que si j’ai commencé par la fin ; je vais me procurer rapidement les deux premiers : C’est toujours les autres qui meurent et les Exagérés.






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Etat d'urgence

Lu en diagonale. Je n’ai pas vraiment accroché l’intrigue centrée sur les Brigades Rouges sévissant en Italie durant la décennie 1970/1980.



Il s’agit d’une féroce dénonciation par Jean-Francois Vilar (1947-2014) de la violence, des attentats commis par les Brigades Rouges ainsi que. Du climat de terreur régnant alors en Italie où

il était pratiquement impossible de se déplacer sans la peur au ventre, donner son avis où tout simplement lutter contre lesdites Brigades Rouges sans être dans leur collimateur avant d’ être abattus par l’un de leurs tueurs à gage.



Un polar extrêmement dur, et, violent.
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Djemila

Pour avoir volé des CD dans un supermarché, Djemila se trouve entre les mains baladeuses d’un vigile. Des mains qu’elle ne peut supporter et qu’elle poignarde avant de fuir. Encarté au MNR, le parti d’extrême-droite qui caracole dans les sondages à la veille des élections, le vigile, qui a repéré sur les papiers de la chapardeuse son adresse, n’entend pas en rester là. Accompagné de deux amis, il prépare une expédition punitive. Mais Djemila vit avec Sinclair, intellectuel réputé, ancien résistant, ancien militaire ayant dénoncé la torture en Algérie. Les deux hommes qui sont montés jusqu’à l’appartement pour donner une leçon à la jeune femme n’en ressortiront pas. Leur complice, qui les attendait dans la voiture, ne fera pas long feu. Et le banal larcin va bien vite agiter les diverses officines en course pour les élections, entre ceux qui voudraient faire tomber l’agaçant Sinclair et les autres, qu’une telle affaire pourrait par trop déstabiliser eu égard à leurs relations étroites avec l’intellectuel.



Étonnant comme ce roman de 1988, réédité récemment en Folio, semble n’avoir pas pris une ride. Bien sûr, les anciens résistants sont beaucoup moins nombreux dans le personnel politique ou dans l’intelligentsia française, mais, pour ce qui nous est donné à voir ces derniers, les courants de fond qui parcourent la vie politique, les faits-divers exploités par les uns ou les autres, les barbouzeries et les récupérations sont encore monnaie courante.

Mais si Djemila est un roman qui reste d’actualité, ce n’est pas seulement par la grâce de ce récit des affres politico-barbouzardes qui se jouent en une veille d’élections. C’est parce que Jean-François Vilar aborde par ce biais des thèmes tragiques universels et intemporels : le désenchantement d’hommes vieillissants qui regardent leur glorieux passé d’un autre œil, sans doute plus avisé mais moins indulgent, la conjuration du passé par la recherche de la vérité – ou d’une vérité – pour le personnage de Djemila, la solitude et la superficialité forcée d’un jeune homme écrasé par le poids d’un père devenu un mythe…

Tout cela, et d’autres choses encore, fondu dans une intrigue complexe, qui navigue habilement entre passé et présent, joue d’un effet de dominos pour nous montrer d’inexorables chutes, et est servie par une écriture redoutablement efficace, à la fois dépouillée et d’une grande force d’évocation.

Bref, 200 pages qui non seulement en disent plus que de nombreux pavés mais le disent aussi bien mieux.




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Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts t..

« Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués » : Jean-François Vilar (Points, 560 pages)

En refermant cet extraordinaire roman, roman noir comme le titre plus que véritable polar, j'ai compris pourquoi il avait conquis si peu de lecteurs. Car c'est sans doute un roman qui s'adresse à quelques « happy few », et qui peut dérouter nombre de bibliophiles.

Si l'on n'apprécie guère les flâneries historiques guidées très pointues dans le Paris des années trente (avec même quelques incursions à l'époque de la Commune, voire de la Révolution Française), ou dans un Paris beaucoup plus récent de 1989 au moment de l'effondrement des dictatures de l'Europe centrale, ou dans Prague au même moment de l'implosion du joug stalinien, alors on risque d'être un peu décontenancé. Paris en particulier est un des personnages essentiels de ce roman foisonnant à plus d'un titre.

Si l'on est vite dépassé par la plongée dans le monde si particulier et si déroutant des minuscules courants trotskystes de la fin des années d'avant-guerre, dans leurs querelles personnelles et politiques apparemment si baroques, et dans la chasse mortelle que leur ont livrée les organisations staliniennes, alors là j'imagine qu'on peut se noyer très vite ; car il y en a des références dans ce roman très ancré dans une réalité historique à la vielle de la catastrophe, un vocabulaire, des noms et des anecdotes qui, lorsqu'on les connait un peu, aident à s'accrocher à la lecture, et à suivre Victor dans sa quête.

Victor donc, photographe de presse pigiste, qui jusque-là n'était guère sorti d'un Paris qu'il s'est fait une spécialité d'arpenter dans tous les sens appareil en bandoulière, a été enlevé avec un autre Français à son arrivée dans une ville du Moyen-Orient, à peine débarqué pour un reportage improbable qu'il avait accepté comme par défi, et retenu en otage pendant trois ans. le roman commence quelques jours après sa libération, au moment où il sort de l'hôpital après le checkup médical… et le débriefing des services secrets français. Or on est en Novembre 1989, c'est la chute du mur de Berlin, l'effondrement du bloc soviétique, qui secoue non seulement les équilibres stratégiques, mais aussi bien des consciences.

Alex, son compagnon de captivité, personnage énigmatique, est tué dans un étrange accident de voiture quelques jours après leur libération. Meurtre ? Victor se retrouve en possession d'un carnet de bord d'Alfred, le père d'Alex, jeune militant d'extrême-gauche disparu fin 1938. Découvrant page à page les notes de son auteur, Victor suit sa trace dans les rues de Paris, dans le milieu engagé des artistes surréalistes, d'où émerge (outre Breton, Man Ray et d'autres), la figure de Mila, jeune femme libre, fantasque et lumineuse dont Alfred tombe éperdument amoureux. Mais il n'est pas seul à ce moment-là à s'intéresser au carnet. le policier chargé de « veiller » sur Victor, la fille d'Alex, une journaliste tchécoslovaque immigrée à Paris, chacun avec ses préoccupations, son point de vue, tous cherchent une vérité improbable, en suivant Victor. Impossible d'en dire plus sur le scénario, évidemment in-résumable. Mais palpitant.

La construction quasiment sans chapitre de ces 560 pages ne laisse guère souffler le lecteur. J-F Vilar jongle avec brio entre les époques et les lieux. Et plus on avance dans le récit, plus Victor, le narrateur, s'identifie à Alfred, le trouble se fait à décoder qui est le « je » qui parle. On suit Victor dans sa quête, mais que cherche-t-il vraiment si ce n'est une part de sa propre vérité de désabusé chronique, de désillusionné qui pourtant ne parvient pas à rentrer dans le moule d'une société d'injustice et d'individualisme ? Les phrases de ce genre : « Sa tirade n'avait pas été vindicative. Désabusée plutôt. Nous ressemblions à quoi ? A rien d'autre que deux pauvres types lessivés » sont nombreuses. On vit ainsi tout à la fois les désillusions (et les défaites) dramatiques d'une génération d'avant-guerre qui rêvait de justice et de fraternité. Une génération qui n'a pas voulu tourner le dos à l'histoire, mais que l'histoire a si violemment éjectée de sa course, en l'écrasant. Puis celle d'après 68 qui s'est enfoncée dans la compromission facile et la consommation. C'est d'ailleurs la voie qu'a choisie Marc, ami de jeunesse et directeur du journal pour lequel Victor travaille (Marc qui m'a fait penser à un Serge July). Et si le roman se clôt sur le souffle de liberté de d'espoir qui nait de l'effondrement des dictatures de l'Est, en particulier à Prague, Victor et sans doute d'autres ne sont pas totalement dupes, ce ne sera pas le grand soir, l'annonce d'un monde plus fraternel. D'ailleurs, à Prague, Irina, jeune femme tchécoslovaque engagée dans la Révolution de Velours en marche, dit à Victor : « Tu es plein d'une amitié qui vient de loin. C'est bien. Nous avons été victimes, c'est vrai. Mais n'oublie jamais une chose. Même les victimes ont à rendre des comptes. Depuis 1939, depuis 1948, depuis 1969, les nôtres ne sont pas nettes. »

Oui, c'est un grand et beau roman, qui n'est pas que noir, très touchant, même si, par son contenu, il n'est pas simple d'accès.

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Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts t..

Ce bouquin date un peu, mais il traite un sujet qui me touche encore, des journalistes retenus en otage pendant quelques années avant d'être libérés et de rentrer en France. On ne sait pas dans quel pays le personnage principal de ce roman, un photographe, était détenu, mais "l'après retour" est abordé et intéressant.

On croise aussi des représentants célèbres du surréalisme, sur fond de trotskysme, à la fin des années 1930, à travers le journal d'un certain Alfred Katz. Puis on passe par Berlin, Prague, Bucarest, à la fin des années 1980.

Malgré quelques longueurs, ce roman noir ne manque pas d'intérêt, tant sur le plan du suspense que pour l'aspect historique.
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Les exagérés

Un polar assez bien ficelé, très référencé qui évoque la période la plus tumultueuse de la Révolution française. J'ai beaucoup aimé les ballades nocturnes sur les traces de personnage comme le père Duchesne ou Robespierre et tous les personnages qui peuplent ce roman..Par contre le rythme est un peu pépère...mais bon j'ai pris plaisir à lire ce roman et j'espère vous aussi!
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Bastille Tango

En 1986, Jean-François Vilar retrouve une nouvelle fois son héros, le photographe Victor Blainville, dans un Paris qui pour être en constante mutation n’en demeure pas moins une ville mystérieuse dans laquelle fantasme et réalité ne cessent de se confondre. Aussi, lorsque les compagnons argentins que Victor fréquente à la boîte de tango La Boca depuis notamment qu’il entretient une relation avec la belle et incandescente Jessica commencent à disparaître ou à subir des accidents suspects, le soupçon enfle. Ces exilés qui avaient fui la dictature des militaires et qui, pour certains d’entre eux, anciens desaparecidos, doivent retourner au moins provisoirement en Argentine pour témoigner au Procès de la Junte, voient dans ces faits la main des militaires aux réseaux encore bien organisés et, pourquoi pas, susceptibles d’éliminer les témoins les plus gênants jusqu’en France. D’autant qu’au même moment une affiche placardée au début des années 70 à Buenos Aires représentant un homme torturé réapparaît sur les murs parisiens.



Errant toujours dans cet entre-deux où se mêlent le vrai et le faux mis en exergue ici par les pellicules de films que laisse derrière lui Julio, le frère de Jessica, avant de disparaître à son tour, Victor Blainville essaie vaguement, presque forcé par la présence du policier Villon de plus en plus spectral, de lever le voile sur cette vague de disparitions et les apparitions suspectes de personnages qui pourraient être liés aux militaires. Dans un quartier de la Bastille livré aux bulldozers pour faire place à un opéra controversé, le photographe, plus saisi par l’urgence de garder la trace de cette inéluctable disparition de lieux qui deviennent peu à peu des coquilles vides dont les façades peuvent receler de sombres secrets que par la traque de fantomatiques nervis de l’ancienne junte argentine, finit toutefois par se laisser emporter par le courant paranoïaque qui agite la petite communauté qu’il fréquente.

C’est l’occasion pour Jean-François Vilar de mettre à chaud sur le tapis – rappelons que le roman paraît l’année qui suit le Procès de la Junte – par le biais d’une intrigue comme toujours complexe et de récits amenés par petites touches jusqu’à ce que Jessica se livre sur sa propre disparition, évitant ainsi tout discours lénifiant, la question non seulement de ce terrorisme d’État de la dictature argentine, mais aussi et surtout celle de l’oubli. Oubli que voudraient obtenir les tortionnaires (et que la loi d’amnistie de 1986 leur offrira), impossibilité d’oublier pour leurs victimes aussi fort puissent-elles le désirer. Et derrière tout cela, l’oubli des idéaux de cette gauche paralysée par la présidence de Mitterrand aussi décevante soit-elle et qui a fini par rentrer dans le rang on ne peut mieux symbolisée par le personnage de Marc, directeur du journal de gauche Le Soir, qui ressemble fort à Libération, écartelé entre sa position de notable bourgeois et son désir de scoop qui pourrait déranger le pouvoir.



Navigant dans un monde extravagant, aux frontières de l’onirisme, mais recelant des dangers bien réels, Victor Blainville entraîne à sa suite un lecteur toujours un peu désarçonné par ce qui s’offre à son regard toujours biaisé par celui, totalement subjectif, du photographe. Cela donne encore une fois un roman d’une rare intelligence et qui surtout évite avec finesse d’imposer une vérité au lecteur. Un bien beau livre.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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C'est toujours les autres qui meurent

Jean-François Vilar est quelqu'un à part dans le roman policier français.

En effet ses livres oscillent entre poésie, art, histoire, humour décalé et intrigue policière.

Dans celui-ci on peut dire que c'est Marcel Duchamp le héros !

Une femme est retrouvée morte dans un passage couvert de Paris, entourée d'une mise en scène qui rappelle "Etant données", la dernière oeuvre de Duchamp.

Victor Blainville, journaliste ex-soixante-huitard-trotskiste, doit couvrir à la fois les événements politiques (on est en juin 1981) et ce meurtre ;

Malgré lui il sera entraîné sur les pas de Duchamp et à l'intérieur même de son oeuvre dans tout Paris.



Vilar renouvelle ainsi, après Léo Malet, le regard du polar français sur la capitale dans des polars d'ambiance très originaux.

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C'est toujours les autres qui meurent

Mon roman préféré de Vilar, auteur de polars érudits, où l'art et la politique sont toujours présents. Aujourd'hui, 22/12/2014, J.F. Vilar vient de décéder. Pensées...
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Bastille Tango

Bastille tango, ce sont deux univers qui se confronte : d'un côté, on embarque dans l'histoire de la fin d'un quartier, avec la destruction de son cinéma et de ses cafés parfois emblématiques, le tout pour laisser place à un nouvel opéra que le quartier regarde arriver avec un certain scepticisme. On découvre aussi la vie du dit quartier, au détour de ses rues, de ses porches et de ses multiples et secrètes cours intérieures ou de ses souterrains sous la colonne de Juillet.



De l'autre côté, comme Luz ou le temps sauvage ou Mapuche, Bastille tango nous fait découvrir les coulisses des heures sombres de l'Histoire argentine. Il convient néanmoins de noter qu'à la différence de ces deux autres titres, Bastille tango a été écrit très peu de temps après les événements auxquels il fait référence puisque sa première publication date de 1986. Peut-être d'ailleurs est-ce parce que le contexte était alors dans beaucoup d'esprits que l'auteur ne fait aucun rappel sur les faits, si ce n'est dans la seconde moitié du roman, lorsque Jessica expliquera à Victor son histoire... Ceci dit, une petite recherche sur l'outil magique qui vous permet de me visiter, et vous aurez vite fait de comprendre qu'il y a eu à la fin des années 70 une dictature militaire en argentine avec disparitions et tortures d'opposants au régime.



Avec un univers sombre et parfois dur, mais aussi une énorme humanité entre ces personnages plus ou moins éclopés par la vie, Bastille tango nous offre une vision de Paris en plein mouvement. Une belle découverte pour ce livre acheté au hasard pour son titre et qui nous embarque à la rencontre de personnages attachants..
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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C'est toujours les autres qui meurent

Paris, 1981, peu après l’élection de François Mitterrand. Le narrateur, Vic-tor Blainville, gauchiste repenti, photographe et occasionnellement journa-liste, aime photographier les passages parisiens. Un jour, il découvre, pas-sage du Caire ce qu’il prend d’abord pour un mannequin, dans la position de la dernière œuvre de Marcel Duchamp Étant donnés… En regardant mieux, il se rend compte qu’il s’agit d’une femme morte. Inquiet, il s’éloigne : il est là en effet à l’invitation d’un ancien camarade de lutte qu’il n’a pratiquement plus vu depuis les barricades de mai 68 ; mais il semble bien qu’il s’agisse d’un piège. Poussé par la curiosité, il revient pourtant sur ses pas et joue le rôle parfait du reporter dans la cohue qui a succédé à la découverte du corps.

Il décide donc de se mettre à la recherche de Francis et de se documenter de la manière la plus précise possible sur Marcel Duchamp, célèbre dadaïste, surréaliste et précurseur du Happening.

Il s’agit d’une fiction policière bien sûr, on pourrait sans doute dire un ro-man noir. Tout y est : le décor – les abords du canal Saint-Martin où vit le narrateur, le quartier des Halles fraîchement rénové mais où règne encore le monde des prostituées et des souteneurs –, le héros – journaliste gauchisant, empreint de préjugés de classe, détective à l’occasion pour se tirer d’un mauvais pas –, les « actes » commis qui, sans être des crimes au sens propre du terme, relèvent d’un univers assez sordide.

Pourtant l’intérêt principal du roman réside dans son ancrage tout particulier dans l’univers de Marcel Duchamp, dont on se rend compte peu à peu qu’il inspire tous les événements voulus par Rose, la jeune femme qui très vite se met à manipuler le narrateur, à son corps défendant.

A retenir également l’épisode dans le musée d’art moderne au Centre Georges Pompidou.

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