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Critiques de Jean-Louis Dubut de Laforest (2)
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Morphine

Raymond Pontaillac éprouve secrètement une grande passion pour la marquise de Montreu, la femme de son meilleur ami et entretient parallèlement, pour donner le change, une relation avec Christine Stradowska, une artiste raffinée de haut niveau. Mais son véritable amour, c’est la morphine. Il lui en a été administré au cours de la guerre du Tonkin pour supporter ses blessures et il a continué, par la suite, à en faire très largement usage. Il en vante partout les bienfaits : sensation de bien-être, démultiplication des facultés intellectuelles, sentiment de toute-puissance. Il fait de nombreux adeptes autour de lui avant de devenir l’esclave de cette substance qui finira par le détruire.



Mais c’est surtout sur la déchéance progressive de Madame de Montreu à laquelle Raymond Pontaillac a ouvert les portes de ces paradis artificiels que Dubut de Laforest met l’accent. Et c’est à une véritable descente aux enfers que nous assistons alors. Très vite, elle est prête à tous les mensonges, toutes les dissimulations, toutes les bassesses, toutes les compromissions pour se procurer ses doses. Plus rien d’autre ne compte pour elle. Sa fille de quatre ans n’a plus aucune importance à ses yeux. Son mari devient son ennemi, parce qu’il s’efforce, dans la mesure du possible, de lui maintenir la tête hors de l’eau. C’est sous l’effet des incontrôlables exigences sexuelles que provoque chez elle la morphine qu’elle finit par s’offrir à Pontaillac, ce qui débouchera sur un avortement et sur un chantage, exercé sur elle par sa femme de chambre, auquel elle sera contrainte de céder. On la verra courir les rues, en pleine nuit, à demi nue, à la recherche d’une pharmacie qui consente à l’approvisionner. Sous les moqueries et les quolibets d’une foule qui la prend pour une prostituée. C’est la mort qui sera finalement sa délivrance.



Dubut de Laforest ne s’est pas lancé dans l’écriture de ce roman au hasard. Il est clair qu’il a pris soin de se documenter et qu’il s’est attentivement penché sur les connaissances scientifiques de l’époque auxquelles il fait parfois délibérément allusion. Et les descriptions qu’il nous fait des hallucinations qui s’emparent de ses personnages en état de manque sont de véritables morceaux d’anthologie.



À sa sortie, en 1891, ce texte a fait scandale : on y faisait clairement allusion à la masturbation féminine. On y mettait en scène une femme s’offrant à un homme par pur désir charnel. On y avait clandestinement recours à l’avortement. Ce qui semble ne pas avoir été perçu à l’époque, c’est que si Dubut de Laforest faisait de ces pratiques, tenues alors pour monstrueuses, les conséquences directes de l’addiction à la morphine, c’était pour mieux la dénoncer.
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La tête à l'envers

Jean-Louis Dubut de Laforest est né à Saint Pardoux la Rivière en 1853. Son père en était maire, son grand-père était maire de Quinsac mais ses ancêtres sortent de Saint Martin de Fressengeas. Il quitte les bords de la Dronne pour le lycée de Périgueux, puis celui de Limoges. Après une courte carrière de fonctionnaire, il s'adonne au journalisme et au roman, à Paris. Il s'attaque à des sujets de société parfois audacieux dans un réalisme cru. Tète à l'envers est la triste histoire d'une fille de paysans parvenus à la richesse par l'économie qui épouse un jeune notaire qui se ruine pour ses beaux yeux ce qui n'empêche pas Rosette de succomber aux assiduités de son jeune voisin. Il y a du Flaubert et du Zola dans ce roman. Il est vrai que l'auteur connait bien la vie rurale et nul doute que beaucoup de personnages ont certainement des modèles en Périgord ou en Limousin.

Je ne connaissais pas cet auteur périgourdin auparavant mais, dans le genre, ce livre est un très bon roman. La toile de fond de la fin du second Empire ajoute au drame de la situation. Jean-Louis Dubut de Laforest se suicide en 1902. A redécouvrir!
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