Ma grand-mère, assistée d'une dame d’œuvres, a essayé de me convaincre d'aller à Lourdes avec mes deux garçons. Elle veut me payer le voyage. Elle espère un miracle.
C'est loin, Lourdes, douze heures de train avec deux mioches qu'on ne peut pas raisonner.
Ils seront plus sages au retour, a dit bonne-maman. Elle n'a pas osé dire "après le miracle".
De toute façon, il n'y aura pas de miracle. Si les enfants handicapés, comme je l'ai déjà entendu dire, sont une punition du Ciel, je vois mal la Sainte Vierge s'en mêler en faisant un miracle. Elle ne voudra certainement pas intervenir dans une décision prise en au lieu.
Et puis là-bas, dans la foule, les processions, la nuit, je risque de les perdre et de ne plus jamais les retrouver.
Ce serait peut-être ça, le miracle ?