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4/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Angers , le 12/10/1934
Mort(e) à : Paris , le 29/11/2015
Biographie :

Jean Louis Houdebine est écrivain et sémiologue.

Il fut jusqu'en 1998 chargé de cours à l'Université de Paris VII.

Personnalité aux multiples talents, il jouait de la guitare et de la trompette, traduisait de l’allemand ou de l’anglais. Grand amateur de Jazz, il a traduit les grandes biographies américaines parmi lesquelles celles de Louis Amstrong et John Coltrane.

Homme de revues, il a animé pendant plusieurs années (avec Guy Scarpetta) la revue Promesse à Poitiers. A la fin des années 1970, il participe à l’éphémère mais riche aventure de Documents sur…, orientée vers l’art moderne et la littérature.

Auteur de "La France à vol d'oiseau" (1999), il est également l'auteur d'un ouvrage préfacé par Théodore Seldine, "Images de la France" paru en 1991. Il a consacré de nombreuses études à la littérature moderne.

Il a notamment adapté des textes d’auteurs étrangers pour les éditions Gründ sur l’hindouisme, le christianisme et la mythologie grecque.
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Source : Éditions Gründ Le Monde
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Jean-Louis Houdebine
Joyce-Nora, décembre 1909


Un corpus de lettres, donc. Entre un homme et une femme. Joyce-Nora, 1909. Qu’est-ce qui est venu jouer, s’inscrire dans cet entre-là, cet entre-deux de la différence sexuelle ? Entre ces deux corps parlants sexués, et sexués d’une différence vraiment de fond ? Au fondement : cunt et bottom, prick et arse, arseways. Une affaire de cul — ô combien... En lettres d’amour. Tendre, luxurieux, passionné.

8 December 1909
44 Fontenoy Street, Dublin
My sweet little whorish Nora I did as you told me, you dirty little girl, and pulled myself off twice when I read your letter, I am delighted to see that you do like being fucked arseways. [...]

9 December 1909
44 Fontenoy Street, Dublin
My sweet naughty little fuckbird. Here is another note to buy pretty drawers or stockings or garters. Buy whorish drawers, love, and be sufe you sprinkle the legs of them with some nice scent and also discoloUf them just a little behind. [...]
Tell me the smallest things about youfself so long they are obscene and secret and filthy. Write nothing else. Let every sentence be full of dirty immodest words and sounds. They are alliovely to hear and to see on paper even but the dirtiest are the most beautiful.
The two parts of your body which do dirty things are the loveliest to me. I prefer youf arse, darling, to your bubbies because it does such a dirty thing. I love your cunt not so much because it is the part I block but because it does anothet dirty thing. I could be frigging all day looking at the divine word you wrote and at the thing you said you would do with your tongue. [...] Good night, my little cuntie [4] [...]
Jim

L’énormité de ces phrases frappe d’entrée de jeu. Par leur impact sexuel, évidemment. Critère de vérification tout trouvé : le scandale de la publication. Celle-ci intervint pourtant très tardivement, longtemps après leur rédaction, et bien après la mort des deux protagonistes. Restées totalement inconnues jusqu’en 1957, ces lettres ne furent publiées intégralement par Richard Ellmann qu’en 1975. Scandale auprès de la famille et des amis de la famille (dont Beckett) ; sans compter nombre de spécialistes éberlués... Quant à Ellmann, il dut modifier (quoique très timidement) en plusieurs points le livre monumental qu’il avait consacré à Joyce. Dernier ouvrage en date : la superbe biographie de Nora publiée par Brenda Maddox [5].
Ces brefs rappels pour en arriver à ceci : l’analyse de telles lettres (mais il en va probablement de même pour toute forme d’écrit épistolaire) fait nécessairement intervenir des considérations de divers ordres, portant non seulement sur la textualité qui leur est propre, mais tout aussi bien sur leurs conditions de production-réception (les circonstances, le rapport destinateur-destinataire, etc.), et en l’occurrence également sur celles de leur publication. Le tout fait scénario d’ensemble ; une sorte de texte général dans lequel s’inscrit le texte particulier des lettres. A cet égard, question quasi méthodologique : que veut dire « épistolaire » ? Où ça commence et où ça s’arrête ? Surtout quand il y a de la littérature qui vient interférer dans l’affaire. Car il est bien clair qu’il s’agit là d’épîtres qu’on ne saurait séparer de l’oeuvre de leur auteur. James Joyce écrivant à Nora, c’est du même coup l’auteur de Gens de Dublin, de Portrait de l’artiste en jeune homme, d’Ulysse, de Finnegans Wake — soit l’auteur de l’une des plus grandes oeuvres romanesques du XXe siècle, dans laquelle le matériau autobiographique n’a cessé d’être abondamment sollicité. Paradoxe : c’est précisément cette notoriété, ce statut de grand auteur unanimement (et à juste titre) révéré, qui a contribué pour l’essentiel à faire le scandale de la publication posthume de cette correspondance. Comme si Joyce avait pu écrire ce qu’il a écrit sans que cela ait entraîné dans sa vie, y compris dans sa vie amoureuse, sexuelle, quelques petites choses curieuses... Les gens (les familles) sont incroyables...
Je commencerai donc par donner quelques points de repère sur le contexte biographique de ces lettres (leurs conditions de production-réception). J’essaierai ensuite de définir quelques-uns de leurs traits épistolaires les plus significatifs (sans m’engager pour autant dans une interprétation psychanalytique, pour laquelle je n’ai pas compétence). Et je terminerai en revenant brièvement sur quelques avatars le de leur publication — avatars au demeurant fort savoureux, qui tiennent du roman, et d’un roman typiquement joycien.

Ce qui (se) passait en 1909 entre papa et maman


Les lettres dont il s’agit ici (environ une douzaine) font partie d’une correspondance échangée par Joyce et Nora durant une période très précise, et très brève : d’août à décembre 1909. Rien — du moins de cet ordre — ni avant ni après.
Où en sont-ils l’un et l’autre à cette époque ?
Joyce a vingt-sept ans, Nora vingt-cinq. Ils ont quitté l’Irlande en 1904 (l’année même de leur rencontre). Ils vivent maritalement à Trieste (leur vie commune ne sera légalisée, par un mariage civil, qu’en 1931). Joyce a abandonné l’école Berlitz, où continue d’enseigner son frère Stanislaus venu le rejoindre en 1905, et il donne des leçons particulières. Le couple vit dans une grande gêne matérielle, que les excentricités de Joyce n’arrangent évidemment pas. Leurs deux enfants sont nés : Giorgio a quatre ans, Lucia deux ans. Joyce a déjà écrit Gens de Dublin et a commencé Portrait de l’artiste. Nora s’occupe tant bien que mal du ménage et des enfants.
En août et octobre 1909, Joyce fait à deux reprises le voyage de Dublin. Son premier séjour dure un mois : il a emmené Giorgio avec lui pour le présenter à son père. Il en profite également pour signer le contrat de Gens de Dublin (mais le recueil ne sera publié qu’en 1914, après de multiples difficultés en raison de la censure exercée par ses éditeurs). Il revient à Trieste avec Eva, l’une de ses soeurs, que Nora et lui ont décidé de recueillir chez eux.
Il repart — seul — en octobre à Dublin, pour s’y occuper de l’ouverture d’un cinéma (l’un de ses mirifiques projets théoriquement destinés à lui apporter la fortune...). Cette fois, le voyage dure deux mois et demi : Joyce rentre à Trieste dans les premiers jours de janvier 1910, accompagné d’une autre de ses soeurs, Eileen, qui vient elle aussi s’installer chez lui.
Ainsi : deux périodes (relativement) brèves de séparation. Pratiquement les premières depuis leur départ de Dublin en 1904. Il n’y en aura guère d’autres par la suite, et toujours très brèves. « Je ne te quitterai jamais plus » (13 décembre 1909).
A noter, au début du premier séjour (6 et 7 août 1909), l’affaire bien connue [6] de la crise de jalousie rétrospective à l’égard de Nora (« Georgie est-il mon fils ? », soudaine, violente et semble-t-il injustifiée, dont je ne retiendrai ici que deux traits : que tout s’y soit traité justement par lettres (éclatement et résolution de la crise en quelques jours), et qu’elle inaugure leurs relations épistolaires sur le mode d’une intensité dramatique maximale ; ce n’est sans doute pas un hasard si cette intensité trouve aussitôt à se convertir en réitérations enfiévrées de ferveur amoureuse, pour aboutir finalement à la stupéfiante séquence des lettres de décembre.

Ma belle fleur sauvage des haies ! Ma fleur bleu-nuit inondée de pluie ! [...] J’aimerais entendre tes lèvres cracher ces mots immondes, célestes et excitants, voir ta bouche faire des sons et des bruits sales, sentir ton corps se tortiller sous moi, entendre et sortir ces gros pets sales de jeune fille faire pop pop en sortant de ton joli cul tout nu de petite fille, et puis foutre, foutre, foutre, foutre sans fin le con de ma petite polissonne en chaleur, de mon petit gibier de foutoir [...] Le cinématographe a ouvert aujourd’hui. Je pars pour Trieste le dimanche 2 janvier. J’espère que tu as fait ce que je t’ai dit pour la cuisine, le linoleum et le fauteuil et les rideaux.
D’une lettre à l’autre, ou à l’intérieur d’une même lettre, d’un paragraphe au suivant, se succèdent nouvelles de la journée écoulée, récit des démarches entreprises, notations (rapides !) sur les soucis financiers, les parents rencontrés sur place, comment vont les enfants, etc. — tout cela voisinant avec les déclarations amoureuses et les amples développements « immondes », directement issus de « la folie même du désir ». Lettres d’un homme à 1’« épouse » qu’il aime, d’un père à la mère de ses enfants, et tout pareillement (tout autrement) d’un « amant » à sa « maîtresse ») à sa « putain ». Ulysse, déjà, l’homme complet : « fils de Laërte, mais aussi père de Télémaque, mari de Pénélope, amant de Calypso) compagnon d’armes des Grecs devant Troie) et roi d’Ithaque ».

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Stanislas Joyce
Contexte familial omniprésent) à commencer par la mention, en haut de chaque lettre, du « 44 Fontenoy Street, Dublin » — l’adresse de la maison familiale où Joyce loge durant ses deux séjours) auprès de son père et de ses s ?urs ; et là-bas, à Trieste, à l’arrivée des lettres, il y a Nora et les enfants, Eva la soeur, et Stanislaus le frère [7].
Là est peut-être le plus sidérant : dans cette juxtaposition immédiate des différents registres de la vie, tout à la fois mêlés et délibérément maintenus séparés, comme la nuit l’est du jour. Lettres nocturnes, en effet : écrites et à lire de nuit. (« Lues dans la froide lumière du jour, elles doivent paraître horribles »). Lettres intimes, strictement personnelles (« Garde mes lettres pour toi, ma chérie. C’est pour toi qu’elles sont écrites »), à garder « secrètes ») aussi secrètes que « toutes ces choses de femme » — dessous) culottes à volants, etc.) uniquement réservées à la jouissance des amants ; aussi secrètes que cette « nuit du péché [...] à nouveau descendue sur le monde, et je suis seul à nouveau, en train de t’écrire, et ta lettre est à nouveau pliée devant moi sur la table ». Que le secret ait été si bien gardé, au point
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Vers le milieu du 13ème siècle, se produisit dans les pays du sud de l'Europe une véritable révolution dans l'appréhension du monde et des modalités de son expression. La Philosophie et l'Art, qui depuis des siècles s'intéressaient avant tout aux grands mystères de la religion, se tournent alors vers les beautés terrestres.
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Par les problèmes qu'elle a posés , les solutions qu'elle leur a apportées ,la Renaissance demeure en cette fin de XXème siècle une période particulièrement passionnante.
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