Ces souvenirs ne sont pas en nous. Nous sommes ces souvenirs. Faut-il passer notre vie à essayer d'en oublier une partie ?
Ou simplement nous rappeler que, si nous avons des souvenirs, c'est que nous avons vécu ou que nous vivons encore. Et que c'est certainement la meilleure nouvelle qui soit.
Soixante-dix pour cent des patients qui souffrent d'hallucinations auditives cherchent d'ailleurs à s'en protéger en écoutant de la musique forte, en chantant, en se bouchant les oreilles ou en demandant directement à la voix de les laisser tranquilles.
Il me parait donc plus juste de parler d'une personne atteinte de schizophrénie, c'est-à-dire sur laquelle un type de fonctionnement schizophrénique s'est ajouté, plutôt que de la considérer une et entière "schizophrène".
Les hallucinations à proprement parler ne sont pas non plus une expérience rare et vécue uniquement par les personnes souffrant de schizophrénie, loin s'en faut. Elles peuvent tout d'abord apparaître dans des conditions particulières. Il a été montré, par exemple, que des périodes importantes de privation de sommeil pouvaient être à l'origine de phénomènes hallucinatoires. Le même phénomène se produit également après des phases de privation sensorielle ou de solitude. Ou au contraire pendant des périodes de stimulation ou de stress intenses. Les cas d'hallucinations sous l'emprise de produits stupéfiants ne sont bien sûr pas l'exception, notamment sous l'effet du LSD. Un phénomène également très fréquent est la perception de la voix d'une personne défunte dans les jours qui suivent le décès, en raison vraisemblablement de la tristesse et de la fatigue souvent présentes dans ces moments difficiles. Des chercheurs ont montré expérimentalement qu'il est possible de créer des hallucinations chez les sujets non malades en leur faisant entendre un bruit blanc.
Nous avons tendance à ne pas réellement nous confronter à ce que nous craignons. Ce modèle thérapeutique propose la démarche inverse: une confrontation pour une meilleure maîtrise de ce qui nous inquiète.
J'espère, par cet ouvrage, avoir permis à tous ceux que la schizophrénie interroge ou assaille de mieux avancer vers cette confrontation.
La conception de la schizophrénie que j'ai tenté de décrire dans cet ouvrage est celle d'une maladie dont les symptômes ne constituent que des exagérations (en fréquence et en intensité) de mécanismes psychologiques communs à tous. J'y vois une différence plus quantitative que qualitative.
[Après avoir montré une illusion d'optique de ce type:http://trendly.fr/wp-content/uploads/sites/3/2015/11/illusion-optique-4.jpg]
Les illusions perceptives se rapprochent de ce que peut être une hallucination: nos sens perçoivent quelque chose qui n'existe pas. La seule différence avec une hallucination repose sur la possibilité que d'autres personnes voient elles aussi du mouvement là où il n'y en a pas.
De nombreuses recherches ont mis en évidence que les symptômes des patients se retrouvent chez beaucoup de personnes qui ne nécessitent pas de soins psychiatriques. Une étude américaine a par exemple montré que 28% d'un échantillon interrogé avait déjà connu des symptômes proches de ceux des patients.
Les symptômes négatifs peuvent être plus discrets même s'ils sont tout aussi invalidants.
L'idée générale est d'aider le patient, non pas à éviter de penser aux idées gênantes comme il le fait habituellement -nous avons vu à quel point cela était contre-productif-, mais au contraire d'en prendre pleinement conscience.