Une médecine de mort - dir. Lise Haddad & Jean-Marc Dreyfus - Ed. Vendémiaire
Du code de Nuremberg à l'éthique médicale contemporaine « Plus jamais ça ! » Bannir les atrocités dont les médecins du IIIe Reich se rendirent coupables au n...
Au sortir de la guerre, Marcel Lob, ancien interné à Austerlitz, raconta avec émotion, dans une lettre aux descendants de Georges Ascoli, professeur de littérature française du XIXème siècle à la Sorbonne, arrêté et déporté à Auschwitz le 7 mars 1944 : "Ancien élève de Normale, ancien professeur révoqué comme Juif par Vichy, j'ai été, en mars 1944, arrêté par la Gestapo et envoyé à Drancy. Comme ma femme n'est pas juive, je n'ai pas été amené en déportation mais transféré à la Dienststelle . Vu mes connaissances, j'ai été affecté au services des livres. Un jour de juillet 1944, il m'est arrivé la bibliothèque et les papiers du professeur Ascoli que je connaissais de réputation. J'ai été professeur moi-même et je sais ce que ça représente pour nous, nos bouquins. Les évènements (débarquement allié) permettant d'espérer une libération prochaine, j'ai fait ce que j'ai pu pour sauver ses papiers ; notes de cours ou d'ouvrages, fiches, etc. J'avais tout camouflé dans deux ou trois vieux sacs cachés sous des tables pour les empêcher d'aller à la presse à papiers. Il ne m'a pas été possible d'en faire autant pour les livres". Que leurs propriétaires aient été célèbres ou obscurs, les objets triés constituaient l'univers de milliers d'hommes et de femmes dont les internés furent les derniers témoins.
page 133/134
L'arrivée de la main d'œuvre :
A Drancy, les détenus étaient répartis par catégories. Or cette classification administrative se traduisait géographiquement par l'attribution des escaliers à tel ou tel groupe. André Cohen, ancien interné d'Austerlitz, racontera, après la guerre, son arrivée à Drancy le 6 avril 1944 : "Nous fûmes conduits à un bureau qu'on nommait Kanzlei. Chacun passait à tour de rôle, suivant son dossier, à l'application de la loi de Nuremberg. On y recevait suivant son cas une petite fiche rouge pour les A (conjoints d'aryens), violette pour les B (déportables), ou verte C (destinés aux travaux à l'organisation Todt.
page 114
L'organisation des transferts et le moyen de transport utilisé
ne sont pas connus avec précision. Si dans les récits, revient la présence de gendarmes français, le véhicule varie.
Le premier détachement de travailleurs arriva donc au 85-87, rue du faubourg Saint-Martin , le 18 juillet 1943.
page 119
Conçue dans un esprit nationaliste, la collection Goering visait à exalter la pureté et le grandeur d'un art allemand prétendument imperméable aux influences extérieures. Elle finit en un odieux trophée de chasse, issu de la spoliation crapuleuse de joyaux de l'art européen. Les oeuvres d'art ne doivent jamais être des proies. Elles constituent le bien commun de l'humanité. Cette vérité est intemporelle : la publication de cet ouvrage est une occasion de le rappeler.
La collection de Goering avait déjà fait l'objet de diverses publications, principalement en allemand et en anglais; mais outre qu'il s'agit ici du premier ouvrage français qui lui est consacré, cette publication présente deux particularités extraordinaires. D'une part, elle restitue à l'identique l'ensemble des données et des photographies contenues dans le catalogue - photographies originales réalisées dans les années mêmes où la collection fut constituée. D'autre part, les nombreuses références détaillées donnent une idée précise de la circulation des oeuvres - qu'elles aîent été volées, échangées ou saisies.
L'équipe des Monuments and Fine Arts, au sein de l'armée américaine, constituée d'historiens de l'art et de conservateurs de musée et placée sous la direction de James Plaut, le directeur du musée Fogg d'Harvard, fut chargée de localiser les trésors cachés dans la zone d'occupation américaine.
Elle est aussi une conséquence directe de l'asservissement de l'Europe au joug hitlérien ainsi que de la persécution des juifs. Elle interroge en outre l'un des mystères du XX siècle: la relation entre l'héritage de la grande culture européenne d'une part et la pire barbarie d'autre part.
Le manuscrit, traduit et intégralement reproduit dans le présent ouvrage, a été rédigé entre 1940 et 1944. Il répertories mille trois cent soixante-seize tableaux acquis par Goering soit "légalement", soit par spoliation.
Hermann Goering ne cessa, durant tout le III Reich, de sa définir comme un "homme de la Renaissance". Loin bien sûr de l'humanisme, il voulait mettre en avant son amour du luxe, sa démesure, son attirance pour les arts.
Goering constitua sa collection de trois façons différentes: il reçut des cadeaux, acheta des oeuvres et en pilla purement et simplement.