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4.8/5 (sur 5 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Étienne , le 19/01/1960
Biographie :

Jean-Marc Ghitti est un philosophe, romancier et poète français d'origine italienne. Il vit et enseigne la philosophie en Haute-Loire.

Après des études de lettres et de philosophie à Saint-Étienne, Paris, puis Nice, Jean-Marc Ghitti soutient une thèse sur le lieu comme source d’inspiration. De celle-ci sortira son premier livre, La parole et le lieu, topique de l’inspiration, Paris, Éditions de Minuit, 1998.

Tout en enseignant comme professeur agrégé de philosophie en Haute-Loire, il écrit une série d’essais philosophiques, mais aussi deux romans, des contes et un recueil de poèmes. Il est l’auteur, aux Éditions du Cerf, de quatre ouvrages socio-philosophiques sur les évolutions familiales (2003, 2004, 2005, 2010), ainsi que d’une série d’ouvrages et articles sur la philosophie de l’espace et la philosophie de la parole, dans la lignée de La Parole et le lieu : notamment L’Homme lyrique, essai sur le vocal, HD, 2017 et diverses contributions sur le territoire des philosophes et des artistes, parues à la Découverte, chez Champion et en revue.

C’est encore sous l’angle du lieu qu’il vient de faire paraître un essai sur Simone Weil : Passage et présence de Simone Weil, État des lieux, Paris, Kimé, 2021.

Il a créé et anime plusieurs associations, l’une de philosophie, « Présence Philosophique », une autre d’animation, notamment musicale, du milieu rural.
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Source : https://www.musicologues-auvergne.org/les-musicologues/
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Bibliographie de Jean-Marc Ghitti   (7)Voir plus

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
     
La voix et le rythme. Il semble que pour Maldiney, on trouve en tous les arts un élément musical : c’est le rythme. Celui-ci est au cœur de la création en tant que telle. Si Rousseau donnait une primauté à la mélodie, Maldiney donne une antériorité au rythme. (...) Le philosophe lyonnais parle du rythme antérieur au temps et à l’espace. Il ne s’agit donc pas d’un rythme marqué : ni compté dans la durée comme le fait la mesure musicale, ni scandé par des répétitions visibles comme en architecture ou en peinture. Le rythme est la genèse de la forme et de la formulation. La formulation est la formation de cette forme non visible qu’est la signification. Considérer le rythme, c’est donc s’introduire dans un chaos en retrait du monde, là où les formes et les significations ne sont pas encore formées ou formulées, où elles sont en cours en train. Eh bien, ce chaos, c’est la voix elle-même, c’est le chaos vocal (…)

Quand sa voix lui arrive, quand elle sort, l’homme est convoqué par un processus de formulation, il est mis au travail par l’autoproduction d’un sens. La con-vocation, c’est pour l’homme l’appel à se laisser mettre à l’œuvre par sa propre voix. Celle-ci convoque l’homme à entrer dans l’univers du sens selon un certain rythme, qui est le rythme de son dévoilement. (…)

« Le temps du rythme, écrit Maldiney, c’est un temps de présence et non pas un temps d’univers ». La convocation appelle l’homme à être présent, à être là pour ce processus de formulation qui ne peut se faire sans lui bien qu’il n’en soit pas le maître. Et, dans cette présence au sens, n’y est que par intermittence. Le rythme est l’alternance entre y être et n’y être pas. C’est un rythme d’existence où alternent la présence à la voix qui convoque et l’oubli de cette voix. Si bien que définir la musique par le rythme, c’est faire d’elle un appel, une convocation.

(Troisième partie : Intériorité et Extériorité de la voix – II. Voix de l’abîme, pp. 130-131).
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Les traces que laissent les grands passages spirituels ne s’inscrivent pas dans les lieux, mais sur de fragiles papiers. Et des carnets, des feuilles manuscrites, Simone Weil en a laissé en abondance derrière elle. Le site d’une pensée est l’écriture, et c’est dans l’écriture que se déploie toute sa teneur spirituelle. Écrire, ce n’est pas laisser traces sur le corps même de la terre. Que Simone Weil écrive au Puy, à Roanne, à Saint-Etienne, à Bourges, à Auxerre ou à Paris, ou encore en Italie, à Marseille ou à Londres, peu importe. Elle écrit d’abord sur son cahier, et un cahier c’est facilement transportable. C’est itinérant et hors lieu. Aujourd’hui, l’écriture, avec l’ordinateur, est encore plus hors lieu qu’hier. On tape sur le clavier, on écrit à un endroit mais c’est instantanément partout à la fois. La pensée est numérisée. Seul le clavier est quelque part, pas l’écriture. On tomberait vite dans l’illusion d’une pensée humaine totalement délocalisée par la numérisation.
     
Ce n’est pourtant pas si simple. Car celui qui écrit n’est pas que des doigts. Sa vie, sa pensée sont, à un certain moment, quelque part. On peut bien soutenir qu’être quelque part n’affecte pas la personne qui s’y trouve. Et il en est peut-être souvent ainsi. Néanmoins, le lieu n’est-il pas un élément essentiel dans la vie intérieure d’une personne, dans la formation d’une parole en elle ? Car toute écriture procède d’une parole intérieure. Dans le cas des lieux d’inspiration, le lieu met en route la pensée et la parole. Il faut bien différencier le lieu d’inspiration et le lieu de sédimentation. Le second porte les traces de pensées anciennes, il est une stratification culturelle, inscrite sur le corps même de la terre : il est de l’ordre de la langue. Le premier est un évènement dans la vie de l’esprit, il précipite le processus de formulation d’une pensée et vient s’inscrire dans une réalité dématérialisée, qu’on nomme un texte : il est de l’ordre de la parole.
Les êtres qui ont noué, comme, Simone Weil, une relation personnelle et profonde avec la vie de l’esprit, définissent, par leurs passages, une géographie d’existence. (…) – p. 11
     
*
Une ville est forcément régénérée dès lors qu’on la met en rapport avec une pensée. Une pensée, certes, n’est situable en aucun lieu. Elle n’est pas une réalité spatiale. Mais la pensée fait retour dans les lieux. La pensée ne trouve pas sa place dans nos villes, contrairement aux bâtiments qui portent notre histoire sur nos façades : mais elle apporte une lecture de nos villes. Il est anecdotique de reconstituer les parcours de Simone Weil dans la géographie que sa biographie définit. En revanche, relire cette géographie à la lumière de la conception de l’histoire et de l’homme que Simone Weil développe est propre à mieux enraciner chaque habitant dans sa ville, dans son passé et dans son actualité. Méditer une œuvre, c’est entrer dans la vision du monde ouverte par cette œuvre. L’oeuvre de Simone Weil est un appel à l’enracinement. Par une sorte de création poétique qui consiste à y lire le monde, chaque lieu qu’elle traverse devient pour elle la terre d’un établissement possible, qui n’est pas seulement géographique, mais qu’elle laisse au rang de pure possibilité, ne s’établissant jamais elle-même nulle part.
     
On peut donc partir de l’anecdote, qui est celle du passage de Simone Weil ici ou là, mais pour la dépasser. Il ne s’agit pas tant de resituer la philosophe dans des villes que de penser avec elle au travers des villes, par des villes. Il s’agit d’inviter le lecteur à penser en prenant le support des lieux. Non pas à penser à Simone Weil, mais penser à travers Simone Weil, tant il est vrai, que pour celle-ci encore plus que beaucoup d’autres philosophes, le sujet de la pensée n’est jamais que traversé par le cours de sa pensée. C’est à cette condition qu’on pourra sortir du passage anecdotique de Simone Weil dans des lieux pour entrer dans la présence de Simone Weil en ces lieux susceptibles de devenir des lieux de commémoration. Qu’ont-ils d’ailleurs à commémorer, si ce n’est l’expérience spirituelle de celle qui, de l’avoir vécue en passant ici, en acquiert une présence à nulle autre pareille ? Toute la question est de savoir si l’on peut tenir ensemble l’exigence d’enracinement de la pensée, dans sa relation indépassable à la Terre, et l’expérience spirituelle qui suppose que l’on s’absente, justement en n’y faisant que passer. – p. 20-1.
     
     
UN PASSAGE (extraits).
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Partout nulle part : dans ma vie, cette présence. Le temps la diffuse comme un parfum : le tien, mon essence. Elle remplit un pays, partout nulle part, aux échos de ta voix, aux relents de ton aura.
     
*
Ce pays, le lit de mon passé. Un arbre, un chemin : tout est empreinte d’un tact ancien. La campagne s’étend comme une peau qui se souvient des frissons. Quand la lessive est faite, les draps à l’étendage claquent comme un appel à retrouver l’inhabité : libérer la couche pour d’inédits passages est d’un plus haut amour, d’un amour de l’intact. A la campagne, ne rien donner d’un moi y cheminant que son absence.
     
*
A la lisière de ses silences, le taciturne laisse des mots plus denses que les mots, des germinations en cours, des noms ininventés pour des présences déjà là, si intimes qu’inaperçues.
     
*
Mots tus, fagots de bois enfouis sous la neige. Comme la mort, l’hiver recouvre ses aveux. Au plus muet se tient la perfection.
     
*
Ici, c’est épaule contre épaule qu’on y tient, ensemble dans la même stupeur qui cherche voix. Le plus muet, où nous conjoint l’unique pouls, peut-il se prendre en la syntaxe ? Les mots, si le frisson s’y arrête, ouvrent des yeux aveugles à l’aveugle vertige qui a lieu.
     
     
(Vellaves, pp. 11-12)
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Une pensée, qui vient dissoudre l’obscur. Comme le givre sur la branche, comme le jour sur les flots. Mais qui pense dans la mer ou l’hiver ? Une pensée de personne, perdue dans l’hiver ou la mer. Une pensée qui s’ouvre en larme sur le cil. Est-ce la mer qui y laisse son sel ? Est-ce l’hiver qui la suspend comme son gel ?
     
*
Amitié du pied et de l’écume : plage. Extase des eaux et des chairs. Lieu d’un échange trop continu pour que s’y tienne un temple. Plus qu’une statue indécis et prodigue, le dieu au pied d’écume qui invisible marche au long des plages.
     
*
Aucun suaire ne tient l’élan du flot. Résurrection de la vague dans le blanc drap d’écume qu’elle déchire. Au soir des journées mortes, une autre aube se lève et claque au sable comme un drapeau. Passer pour s’approcher de la lisière du salut.
     
Camarguaises - p. 32
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Ces luttes festives ou ces fêtes en lutte sauvent notre relation au sauvage. Elles ouvrent des temps de réenchantement du monde en chaque lieu où elles s'enracinent. Elles rendent à la Terre sa présence et aux êtres l'état natif qui mérite en chacun d'eux d'être célébré.
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En méditant sur la Camargue, nous nous sommes préparés à la perdre, à la laisser s'engloutir, à en faire un objet perdu. C'est parce qu'elle est promise à la perte qu'elle peut introduire à une sagesse.
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Chantés par les poètes, les lieux résistent à leur traitement industriel.
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