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4.5/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Jean-Marie Maguin est professeur d'anglais à l'université Paul Valéry à Montpellier, directeur du Centre d'études et de recherches élisabéthaines, directeur de la rédaction des Cahiers élisabéthains.

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Bibliographie de Jean-Marie Maguin   (6)Voir plus

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Christopher Marlowe, quant à lui, frappe par le romanesque de sa vie, par une carrière aussi fulgurante que brève et par l’exceptionnelle stature de ses personnages. Mais c'est aussi à lui que revient, semble-t-il, le mérite, à travers le retentissant succès de ses pièces, d'avoir fixé certains traits formels qui devaient devenir typiques du drame élisabéthain dans son ensemble : choix du pentamètre (décasyllabe) iambique non rimé, aussi appelé vers blanc (blank verse), mélange de vers et de prose. Marlowe n'invente pas à proprement parler le vers banc, car les auteurs de Gorboduc, Norton et Sackville, l'avaient exploité un quart de siècle plus tôt, mais l'usage qu'il en fait marque une véritable révolution du langage.
La force de sa poésie dramatique, qu'il dénomme son "vers puissant" (mighty line), est frappante. Jamais spectateur n'avait encore entendu la langue anglaise résonner de façon aussi soutenue. Dans les deux parties de Tamerlan, par exemple, le vers ronfle, se pare d’accents épiques qui alternent avec la sécheresse d'apostrophes cruelles et cyniques à l'égard des ennemis que Tamerlan, le berger scythe devenu conquérant, a vaincus. Les pièces de Marlowe - dont la chronologie est incertaine mais qui se situent entre 1587 et 1593 -, émaillées par ailleurs de farces horribles et cruelles, font nettement ressentir tout ce qui sépare éloquence, tant dans le registre lyrique qu'épique, de la simple boursouflure qui est le lot de certains dramaturges élisabéthains, eux aussi influencés par Sénèque.Cette langue admirable est à la taille de l'univers - à moins que celui-ci ne soit trop étroit pour eux - et les projette au-delà du bien et du mal tout en enflammant l'imagination des spectateurs à l'aide de multiples sonorité exotiques (la Méditerranée, l'Orient, Zanzibar, l'Afrique, etc.) ainsi que de rythme et d'images inoubliables.

Introduction
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En Angleterre, le théâtre populaire des années 1570-1600 est encore imprégné de paganisme, de folklore, de croyances et de magie. C'est le lieu de l'affleurement du monde vert rustique et vaguement animiste, qui sera progressivement chassé des zones reculées du royaume par les puritains et le progrès. La scène des théâtres publics servira de refuge à ces coutumes ancestrales, avec leur bouffonnerie, leur paillardise et leur langue souvent imagée et pittoresque avant que le démantèlement des théâtres décidé par le Parlement en 1642 ne l'élimine à nouveau sans cependant l'éradiquer tout à fait.

Introduction
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Combien de Français sont capables de mentionner plus d'un ou deux auteurs élisabéthains, hormis Shakespeare (1564 - 1616) ? Pourtant, le corpus de la période, âge d'or du théâtre anglais, est considérable - pas loin d'un millier de pièces recensées - et comprend des œuvres majeures, qui ont parfois valu en leur temps à leurs auteurs une réputation bien supérieure à celle de Shakespeare : les funérailles de Ben Jonson (1572 - 1637) poète-lauréat, attirèrent ainsi une foule innombrable à l'abbaye de Westminster, où un monument funéraire fut érigé à sa mémoire, tout comme pour Francis Beaumont (1584 ou 1585 - 1616), l'auteur aujourd’hui méconnu du Chevalier de l'Ardent Pilon (1607), inclus dans cette anthologie. Pourtant, un ouvrage réunissant une sélection d’œuvres de contemporains de Shakespeare tient quelque peu du paradoxe, tant la fortune critique de ces auteurs qu'il est convenu d'appeler "élisabéthains" - bien que la période corresponde aux règnes de trois monarques - est inversement proportionnelle à celle de l'homme qui les a tous éclipsés et reste encore aujourd'hui l'aune à laquelle on mesure tous les autres. Le jugement de T.S. Eliot garde toute son actualité : "Le fait que que Shakespeare ait transcendé tous les autres poètes et dramaturges de son temps impose une norme shakespearienne."

Avant-propos
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Les troupes elisabéthaines comptent une moyenne de seize acteurs - chacun d'eux jouant souvent plusieurs rôles dans une même pièce -, mais le nombre fluctue en fonction des besoins et des nécessités économiques. Ils se répartissent en trois grandes catégories : sociétaires (sharers) - au nombre de six à l'origine chez les Comédiens du Chambellan - , pensionnaires (hired men) et apprentis (les boy actors auxquels étaient confiés les rôles féminins).

Introduction
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BALTHAZAR : Et du bien et du mal : je suis content et triste ;
Content d'apprendre qui est l'obstacle à mon amour,
Triste car je crains qu'elle me haïsse, moi qui l'aime.
Content de savoir de qui je dois me venger,
Triste de la perdre si vengeance il y a.
Et pourtant il me faut me venger ou mourir,
Car l'amour repoussé devient impatient.

Thomas Kyd : LA TRAGÉDIE ESPAGNOLE, Acte II, Scène 1, (v. 111-117).
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Entre la fable satirique du chameau, de la belette et de la baleine au moyen de laquelle Hamlet, pointant vers des nuages défilant au - dessus du château d'Elsinore ou tissés dans les tapisseries ornant la grande salle et décryptant leurs formes, teste la servilité du courtisan chez Polonius et la grande homélie de Prospéro sur l'insubstantialité du monde, à la fin de La Tempête, Shakespeare ouvre ici pour Antoine le livre du ciel vespéral, qui est aussi celui d'une sagesse païenne devant la mort.
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C'est en 1603 que l'on trouve la dernière allusion à Shakespeare l'acteur; il figure dans la distribution de la tragédie Sejanus écrite par son ami Ben Jonson. La pièce ne remporta pas le succès espéré par Ben, et le ton des plaisanteries échangées à la Sirène dut refléter ce désappointement. Le vin de maître Johnson — le maître de céans, et non le poète dont le nom s'orthographiait indifféremment «Jonson» ou «Johnson» comme ci-dessus —, comme tous les vins, devait délier les langues jusqu'au moment où il embrumait les esprits, et celui à qui il restait le plus de clarté devait se lever, comme Octave au terme de la fête offerte aux triumvirs par Sextus Pompée sur sa galère.
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Un livre très intéressant parce qu'il y a beaucoup de détails et d'anecdotes! On n'a l'impression que l'auteur nous raconte la vie et le milieu où a vécu Shakespeare oralement! Très bon livre comme la plupart des livres des éditions Fayard!
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Tout est bien qui finit bien.
Cette pièce, qui pose des problèmes de datation complexes et dans laquelle beaucoup ont voulu voir la pièce perdue Peines d'amour récompensées, titre sa source d'une novella de Boccace, Gillette de Narbonne, traduite en anglais par William Painter dans son Palais du plaisir. Dans ce que Shakespeare fait de l'histoire, Helena, fille d'un médecin réputé, trouve refuge, à la mort de celui-ci, chez la comtesse douairière de Roussillon et tombe bientôt amoureuse de son fils Bertram. La comtesse, qui a noué des liens d'amitié avec Helena, encourage ce sentiment mais le jeune homme, plein de morgue, demeure distant.
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On a longtemps voulu chercher dans la vie personnelle de William Shakespeare ou dans les vicissitudes de la fin du règne d'Élizabeth les raisons de cet assombrissement. Ce que nous savons de l'existence de Shakespeare nous fournit bien peu d'éléments pour soutenir cette thèse. Certes, la mort de son fils Hamnet pendant l'été 1596, puis la disposition de son père John en septembre 1601 sont des événements dont on sait assez qu'ils ébranlent généralement l'âme de façon profonde et durable et nous avons vu dans La Nuit des rois la cicatrice laissée par le premier deuil.
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